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dans l'Église ne lui sera point enlevé, et que les portes de l'enfer n'ébranleront pas le siége sur lequel il est assis, jusqu'à ce que vienne celui qui est l'attente des nations, afin de juger les vivants et les morts. (Dr SEPP.)

22. Et il vous montrera une salle vaste et ornée: préparez-y ce qu'il nous faut. - Voici quelque chose de grand qui se prépare, et quelque chose de plus grand que la Pâque ordinaire, puisqu'il envoie les deux plus considérables de ses apôtres saint Pierre qu'il avait mis à leur tête, et saint Jean qu'il honorait de son amitié particulière. Les évangélistes ne marquent point que ce fût son ordinaire d'en user ainsi aux autres Pâques; ni aussi qu'il eût accoutumé de choisir un lieu où il y eût une grande salle tapissée. Aussi les caints Pères ont-ils remarqué que cet appareil regardait l'institution de l'Eucharistie. JésusChrist voulait nous faire voir avec quel soin il fallait que fussent décorés les lieux consacrés à la célébration de ce mystère. Il n'y a que dans cette circonstance où il semble n'avoir pas voulu paraître pauvre. Les chrétiens ont appris par cet exemple tout l'appareil qu'on voit paraître dès les premiers temps pour célébrer avec honneur l'Eucharistie, selon les facultés des églises. Mais ce qu'ils doivent apprendre principalement, c'est à se préparer eux-mêmes à la bien recevoir c'est-à-dire, à lui préparer comme une grande salle, un cœur dilaté par l'amour de Dieu et capable des plus grandes choses; avec tous les ornements de la grâce et des vertus, qui sont représentés par celle tapisserie dont la salle était parée. Préparons tout à Jésus qui vient à nous que tout soit digne de le recevoir... Voilà donc tout disposé. Le grand cénacle tapissé est prêt; on y attend le Sauveur. Voyons maintenant les grands spectacles qu'il y va donner à ses fidèles. Contemplons, croyons, profitons; ouvrons le cœur plutôt que les yeux. (BOSSUET.)

24. Sur le soir, Jésus vint avec les douze. Et ce même soir qui précédait le jour de la Pâque, sachant que l'heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père....-On sait que le mot de Pâque signifie passage. Une des raisons de ce nom, qui est aussi celle que saint Jean regarde en ce lieu, c'est que la fête de Pâque fut instituée lorsque 'ancien peuple devait sortir de l'Égypte pour passer à la terre proMise à leurs pères, ce qui était la figure du passage que devait faire le peuple nouveau de la terre à la céleste patrie. Toute la vie chrétienne consiste à bien faire ce passage, et c'est à quoi Notre-Seigneur

va diriger plus que jamais toute sa conduite, ainsi que saint Jean semble ici nous en avertir. La première chose que nous devons remarquer, c'est que nous devons faire cette Pâque, ou ce passage, avec Jésus-Christ. Et c'est pourquoi cet évangéliste commence le récit de cette Pâque de Notre-Seigneur par ces mots : Avant le jour de Pâque, Jesus sachant qu'il devait passer de ce monde à son Père. O Jésus! je me présente à vous pour faire ma Pâque en votre compagnie; je veux passer avec vous, du monde à votre Père, que vous avez voulu qui fût le mien. Le monde passe, dit votre apôtre; la figure de ce monde passe; ma's je ne veux point passer avec le monde ; je veux passer à votre Père. C'est le voyage que j'ai à faire, je le veux faire avec vous. Dans l'ancienne Pâque, les Juifs qui devaient sortir de l'Égypte, pour passer à la terre promise, devaient paraître en habits de voyageurs, le bâton à la main, une ceinture sur les reins; afin de relever leurs habits, leurs souliers mis à leurs pieds, toujours prêts à aller et à partir, et ils devaient se dép cher de manger la Pâque, afin que rien ne les retint, e' qu'ils se tinssent prê's à marcher à chaque moment. C'est la figure de l'état où se doit mettre le chrétien pour faire sa Pâque avec Jésus-Christ, pour pisser à son Père avec lui. (BossUET.)

21. Sachant que l'heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père. — 0 mon Sauveur! recevez votre voyageur. Me voilà prêt, je ne tiens à rien; je veux passer avec vous de ce monde à votre Père. D'où me vie. t ce regret de passer? Quoi! je suis encore attaché à cette vie? Quelle erreur me relient dans ce lieu d'exil? Vous allez pieser, mon Sauveur! et résolu que j'étais de passer avec vous, quand on me dit que c'est tout de Lon qu'il faut passer, je me trouble, je ne puis supporter ni entendre cette parole? Lâche voyageur que crains-tu? le passage que tu vas faire, est celui que le Sauveur va faire au-si dans notre Évangile, craindras-tu de passer avec lui? Mis écoute: Jésus sachant que son heure était venue de passer de ce monde. Qu'y a-t-il de si aimable dans ce monde que tu ne veuilles point le quitter avec le Sauveur Jésus? Le quitterait-il s'il était bon d'y demeurer? Mais écoute encore un coup, chrétien, Jésus passe de ce monde pour aller à son Père. S'il fallait seulement sortir du monde sans aller à quelque chose de mieux, quoique ce monde soit peu de chose et qu'on ne perdrait pas beaucoup en le perdant, on pourrait y avoir regret, parce qu'enfin on n'aurait rien de meilleur. Mais, chrétien, ce n'est pas ainsi que tu dois passer: Jésus passe.de ce monde, mais pour aller à son Père. Chrétien qui dois passer avce lui, tu passes à un Père: le lieu d'où tu

sors est un exil; tu retournes à la maison paternelle. Passons donc de ce monde avec joic; mais n'attendons pas le dernier moment pour commencer notre passage. Lorsque les Israélites sortirent d'Égypte, ils ne devaient pas arriver d'abord à la terre promise; ils avaient quarante ans à voyager dans le désert: ils célébraient néanmoins leur Pâque, parce qu'ils sortaient de l'Égypte et qu'ils allaient commencer leur voyage. Apprenons à célébrer notre Pâque dès le premier pas; que notre passage soit perpétuel. Ne nous arrêtons jamais; ne demeurons point, mais campons partout à l'exemple des Israélites. Que tout nous soit un désert ainsi qu'à eux; soyons comme eux toujours sous des tentes; notre maison est ailleurs. Marchons, marchons, marchons; passons avec Jésus-Christ. Mourons au monde; mourons-y tous les jours; disons avec l'apôtre : je meurs tous les jours, je ne suis pas du monde; je passe; je ne tiens à rien. (BOSSUET.)

ÉLÉVATION.

Seigneur, vous qui lisez au plus profond des cœurs, que vous savez bien démasquer la duplicité et l'avarice du disciple perfide qui condamnait l'action de cette femme amenée à vos pieds par la reconnaissance et l'amour! Aussi, voyant découverte la plaie de son cœur, cet homme, admis à votre table et à la douce familiarité de vos divins. enseignements, mais endurci par le plus bas des vices, ne cherche plus qu'une occasion de se venger de son maître, de son bienfaiteur «Que voulez-vous me donner, et je vous le livrerai?» En lisant cette parole du traître, nous frémissons d'indignation, et nous n'avons pas d'expression assez énergique pour flétrir la perfidie de Judas. Ah! Seigneur! nous faisons en tremblant un retour sur nous-mêmes. Si nous ne l'avons pas prononcée, cette odieuse parole, n'avons-nous pas agi souvent comme si elle eût été au fond de notre cœur? Donnez-moj du bonheur, des plaisirs; donnez-moi des honneurs, donnez-moi des richesses, et je vous livrerai Dieu, famille, amis, tout ce qui fera obstacle à mes désirs. Désormais, bon Sauveur, nous ne donnerons plus cette joie à l'ennemi de nos âmes; nous vous sacrifierons, au contraire, tout ce qui pourrait nous empêcher de nous élever jusqu'à vous, et de comprendre cette parole d'amour: « Mon temps est proche, je fais la Pâque chez vous, c'est-à-dire, je veux entrer dans votre cœur, en prendre possession pour toujours; je veux faire votre bonheur dans le temps pour être à jamais votre gloire et votre joie dans l'éternité. Amen.

CHAPITRE XCVI.

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1-6. Jésus, dans le cénacle de Jérusalem, mange la dernière Pâque avec ses apôtres. - 7-14. Il lear Jave les pieds. 15 20. Il leur déclare pourquoi il leur a lavé les pieds. 21-22. Il prédit de nouveau la trahison de Judas (le jeudi saint, vers les huit heures du soir, ce qui était pour les Juif, le vendredi).

MATH., XXVI, 20; MARC, XIV, 17; Luc, XXII, 14-18; JEAN, XIII, 2-19.

Et cùm facta esset bera, discu' uit, et duodecim Apostoli cum eo.

Et ait illis De iderio desideravi hoc Pascha manducare vobiscum antequàm patiar.

Dico enim vobis, quia

ex hoc non manducabo

in regno Dei.

4. Lorsque le moment fut arrivé1, il se mit à table, et les douze apôtres avec lui.

2. Puis il leur dit : J'ai désiré ardemment de manger cette Pâque avec vous avant de souffrir 3.

3. Car, je vous le dis, désormais je ne illud, donec impleatur mangerai plus la Pâque, qu'elle n'ait reçu son accomplissement dans le royaume de Dieu.

Et accepto calice, gratias egit, et dixit: Accipite, et dividite inter vos.

Dico enim vobis quod non bibam de generatione vitis, donec regnum Dei veniat.

1

El cœnâ factà, sciens

4. Et prenant la coupe, il rendit grâces, et dit: Prencz, et partagez entre vous“.

5. Car, je vous le dis, je ne boirai plus de ce produit de la vigne, que le royaume

de Dieu ne soit arrivé.

6. Et lorsque l'on fut au souper 5, sachant

1. Lorsque l'apparition des étoiles indiquait que l'on était au vendredi. 22. Après la manducation de l'agneau.

• ý 2. Ce n'était point la Pâque légale, laquelle allait finir, que Jésus-Christ avait désiré avec tant d'ardeur de manger avec ses disciples, mais la Pâque de la nouvelle alliance. (BossUET.)

4. Lorsque les Juifs faisaient la Pâque, le chef de la reunion bénissait la première et la dernière coupe, et après avoir bu, il la présentait aux autres, qui en buvaient tous à leur tour. Ce que l'Evangile dit iei doit s'entendre de la coupe bénie et présentée après la Pâque légale.

5 y 6. Voilà donc un autre souper. Il y en eut deux, dont le dernier se fit principalement après le lavement des pieds, et ce fut celui où Jésus institua l'Eucharistie.

(BOSSUET.)

quia omnia dedit ei Pater in manus, et quia à Deo exivit, et ad Deum vadit,

Surgicà co na, et ponit vestimenta sua; et cùm accepis et linteum, præ

cinxit se.

Deindè mittit aquam in pelvim, et cœpit lavare pedes discipulorum,

præcinctus.

et

que son Père lui avait remis toute chose entre les mains; qu'il était sorti de Dieu et qu'il retournait à Dieu :

7. Jésus se lève de table et dépose ses vêtements, et ayant pris un linge, il le mit autour de lui.

8. Ensuite il versa de l'eau dans un bas

extergere linteo quo erat sin, et se mit en devoir de laver les pieds de ses disciples, et de les essuyer avec le linge qu'il avait autour de lui.

Venit ergò ad Simonem Petrum. Et dicit ei Petrus Domine, tu mihi lavas peds!

Respondit Jesus, et dixit ei: Quod ego facio, tu nescis modò, scies autem posteà.

Dicit ei Petrus : Non lavabis mihi pedes in æternum. Respondit ci Jesus: Si non lavero te, non habebis partem me

cum.

Dicit ei Simon Petrus: Domine, non tantùm pedes meos, sed et manus et caput.

Dicit ei Jesus: Qui lotus est, non indiget nisi ut pedes lavet, sed est mundus tolus. Et vos mundi estis, sed non

omnes.

9. Il vint donc à Simon Pierre. Et Pierre luidit: Vous, Seigneur, me laver les pieds 21 10. Jésus lui répondit: Ce que je fais, vous ne le comprenez pas maintenant, mais plus tard vous le comprendrez.

14. Pierre lui dit : Non, jamais vous ne me laverez les pieds. Jésus lui répondit: Si je ne vous lave, vous ne serez point avec moi.

12. Simon Pierre lui dit: Alors, Seigneur, non-seulement les pieds, mais encore les mains et la tête 3.

43. Jésus lui dit: Celui qui a été lavé n'a plus besoin que de laver ses pieds, car il est entièrement purifié; et vous aussi, vous êtes purs, mais non pas tous.

1 ý 7. Ne conservant que la simple tunique, pour avoir l'extérieur d'un serviteur, en même temps qu'il en remplissait l'office, formam servi accipiens.

29. Ces paroles, Il vint donc à Simon Pierre, et la résistance de cet apôtre nous prouvent que c'est par lui que Jésus a commencé : car si déjà un autre eût été lavé, la résistance de Pierre se comprendrait moins.

12. Pierre, effrayé par cette menace, se hâte d'obéir; véhément dans son refus, il le fut plus encore dans sa soumission; la source de l'un et de l'autre, c'est son amour pour Jésus-Christ, (SAINT JEAN-CHRYSOSTOME.)

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