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facile quotiescumque bibetis, in meam commemorationem.

Quotiescumque enim manducabitis panein hunc, et calicem babetis, mortem Domini annuntiabitis donec veniat.

• Verumtamen eccè manus tradentis me est mecum in mensâ.

Et quidem Filius homin's vadit secundum quod definitum est: verumtamen væ homini illi per quem tradetur.

Erat ergo recumbens unus ex di-cipulis ejus in sinu Jesu, quem diligebat Jesus.

Innuit ergò huic Simon Petrus, et dixitei: Quis est de quo dicit?

Itaque cùm recubuisset ille supra pectus Jesu, dic't ei: Domine, quis

est

Respondit Jesus: Ille est, cui ego intinctum panem potresero.

en mémoire de moi, toutes les fois que vous le boirez 4.

12. Car toutes les fois que vous mangerez ce pain et que vous boirez ce calice, vous annoncerez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il viennea.

13. Cependant voici que près de moi, à cette table, est la main de celui qui me trahit.

14. Il est vrai que le Fils de l'homme s'en va selon ce qui a été décrété, mais malheur à celui qui le livrera.

15. Or un des disciples était à table contre le sein de Jésus: le disciple que Jésus aimait3.

16. Simon Pierre lui fit un signe et lui dit: Qui est celui de qui il parle?

17. Et ce disciple s'étant penché sur la poitrine de Jésus, lui dit: Seigneur, qui est-ce?

18. Jésus répondit : Celui à qui je vais présenter du pain trempé.

111. Par ces paroles Jésus-Chri-t donne à ses apôtres et à leurs successeurs le pouvoir de consacrer, d'offtir en sacrifice et de distribuer aux fidèles son corps et

son sang.

2 12. Ces dernières paroles ne sont point de l'Évangile, mais des Épîtres de saint Paul, à qui elles ont été révélées, et qui, pour ce passage, est évangéliste lui

même.

* 15. Saint Jean, pour ne point se nommer, se désigne ainsi plusieurs fois dans son Evangile.

4 17. Les Orientaux, pour prendre leurs repas, n'étaient point assis, mais couchés sur des lits, trois à trois, appuyés sur le coude gauche, et placés de telle sorte que la tête du second était vis-à-vis la poitrine du premier: c'était la situation où se trouvait saint Jean à l'égard du Fils de Dieu. En penchant la tête en arrière pour le questionner en secret at attendre sa réponse, il reposait la tête sur la poitrine de son divin Maitre.

111.

12

Et cùm intinxisset panem, dedit Judæ Simonis Iscariotæ.

Et post buccellam, introivit in ecin Satanas.

19. Et ayant trempé du pain, il le donna

à Judas Iscariote.

20. Et sitôt que Judas eut mangé ce

Et dixit ei Jesus: Quod pain, Satan entra dans lui, et Jésus lui

facis, fac citiùs.

Hoc autem nemo scivit discumbentium ad quid dixerit ei.

Quidam enim putabant (quia loculos habebat Judas) quòd dixisset ei Jesus: Eme ea quæ opus sunt nobis ad diem festum, aut egenis ut aliquid daret.

Cum ergò accepisset ille buccellam, exivit continuò. Erat autem nox.

dit: Ce que vous faites, faites-le vite.

21. Or, aucun de ceux qui étaient à table ne comprit pourquoi Jésus disait cela. 22. Quelques-uns crurent, de ce que Judas avait la bourse, que Jésus lui avait dit: Achetez ce dont nous avons besoin pour le jour de la fête, ou qu'il lui avait commandé de donner quelque chose aux pauvres.

23. Après avoir pris le pain, Judas partit aussitôt. Or, il était nuit 1.

23. Ceux qui font mal aiment les ténèbres. - C'était pour Judas une double nuit: la nuit naturelle, et ensuite la nuit du péché qui régnait dans son cœur.

2. Jésus se troubla intérieurement, et ses disciples étant à table et continuant de manger, it leur parta ouvertement et leur dit : En vérité, je vous le dis, un de vous me trahira. - Ce trouble dans l'âme sainte et dans l'esprit de Jésus est digne d'une attention extraordinaire. Ce qui se présente d'abord à notre esprit, c'est la cause de ce trouble: un de vous me trahira. Le crime, la trahison, la perfidie d'un des disciples de Jésus, c'est ce qui lui cause ce trouble intérieur. Ce qui le trouble donc en général, c'est le péché; ce sont, en particulier, les péchés de ceux qui lui étaient le plus unis, comme Judas, qu'il avait mis au nombre de ses apôtres. Quand il songeait que sa passion, par laquelle il venait détruire le péché, devait introduire dans le monde tant de nouveaux crimes; des crimes si énormes, si singuliers, si inouïs: la trahison d'un Judas, les inhumanités des Juifs, leur ingratitude, en un mot, le déicide; c'est là ce qui lui causait, plus que tout le reste, ce trouble intérieur, et on ne se trompera pas, en croyant que c'était là la partie la plus amère de son calice. Ainsi ce trouble que Jésus ressentit ici dans son esprit, c'est l'horreur dont il fut saisi en considérant le péché; c'est ce qui lui causa ce saisissement qu'il fit paraître en frémissant. Et s'il nous est permis de pénétrer dans ses sentiments les plus intimes, ce qui le troubla le plus vivement en cette occasion, c'est qu'il regarda le mauvais effet que sa mort et le mérite de son sang répandu devaient produire dans les pécheurs en leur étant une occasion de s'abandonner au péché par l'espérance qu'elle leur donnait d'en obtenir le pardon. C'est là ce qu'il y a de plus horrible dans le péché, d'y faire servir la bonté de Dieu et la grâce de la rédemption. Si c'est là ce que le péché a de plus horrible, c'est là aussi, par conséquent, ce qui causait au Sauveur le plus d'horreur, le plus de saisissement, le plus de trouble. (BOSSUET.)

2. Jésus se troubla intérieurement. - Pour en venir au trouble qu'il ressentit aux approches de sa mort, il n'était pas seulement causé par les crimes, par les cruautés, par les injustices et les perfidies qui devaient le mener au dernier supplice, mais encore parce qu'il voyait qu'il en serait en quelque façon l'occasion innocente; car encore que bien éloigné de donner lieu à la jalousie et aux injustices des Juifs, il n'ait rien omis pour les corriger, et que leur malice seule fût la cause de leurs fureurs, néanmoins il ne laissait pas d'être véritable que la sainteté de Jésus, sa doctrine, ses miracles, ses vives et puissantes répréhensions, qui devaient opérer leur salut, excitèrent cette jalousie et cette haine implacable contre Jésus-Christ, et que Judas prit occasion de s'éloigner de lui, des paroles qu'il avait dites en faveur de Marie lorsqu'elle avait épanché sur lui tant de parfums précieux. II faut ajouter à tout cela qu'il avait à souffrir la mort comme la juste punition de tous les péchés dont il s'était chargé, et il y allait en quelque façon comme coupable. Ainsi l'horreur du péché le saisissait; il s'en voyait tout environné, tout pénétré. Il voyait, cruel spectacle pour le Sauveur du genre humain, il voyait croître le péché par le mauvais usage qu'on ferait de sa mort. Elle ferait dire à plusieurs qu'il n'était pas le Fils de Dieu; que tous les miracles par lesquels il l'avait prouvé n'étaient qu'illusion. Elle était scandale aux Juifs et folie aux Gentils et aux fidèles même; quelle occasion de vengeance! puisqu'en général tous ceux qui ne voudraient pas en profiter en devenaient plus coupables, plus punissables, plus damnés. Combien était touché de leur mal ce bon Sauveur! qui aimait si tendrement tous les hommes, particulièrement ses fidèles, et qui ne s'était fait homme que pour les sauver! O Jésus! c'est ce qui troublait principalement votre sainte âme; c'est ce qui lui causa cette émotion et les autres que nous verrons dans la suite. Ayons donc horreur du péché, et voyons, dans le trouble de Jésus, combien notre conscience en devrait être troublée.

(BOSSUET.)

6. Et pleins d'une grande tristesse, ils se mirent chacun à lui dire : Est-ce moi, Seigneur ? - Ils furent extrêmement affligés à ces paroles du Sauveur, de savoir qu'un de leur compagnie devait trahir leur maître. Quel scandale pour les Juifs! c'est un méchant; ses propres disciples le livrent et ne peuvent plus le souffrir. Quelle douleur à ceux qui avaient de l'amour pour leur maître, de lui voir faire un tel affront! Quand quelqu'un offense le Sauveur, ce devrait être une affliction pour tous les disciples, c'est-à-dire pour tous les chrétiens. Tous furent affligés, et lui demandaient : N'est-ce pas moi qui suis ce traître et ce malheureux? Et Judas, qui devait se confondre et se convertir en voyant l'horreur et l'affliction que ce discours causait à tous ses frères, loin d'en être touché, prend avec les autres un air de confiance et dit comme eux : Seigneur, est-ce moi? Et Jésus lui répondit: Vous l'avez dit, c'est vous-même. Cependant il n'est point ému, et, content de faire bonne mine, il persiste dans son dessein. Vous en êtes étonné! Mais quoi! quand vous machinez quelque crime, et que vous faites cependant bonne contenance, Jésus ne vous voit-il pas? Ignorez-vous qu'il vous dise : c'est vous-même? N'est-ce pas pour vous qu'il dit: Le Fils de l'homme s'en va ainsi qu'il a été écrit de lui? Il n'y a pour lui rien de surprenant ni de nouveau dans cette entreprise. Mais malheur à celui par qui le Fils de l'homme sera livré! Il vaudrait mieux pour cet homine qu'il n'eût jamais été. Il ne dit pas, il vaudrait mieux absolument; car, par rapport au conseil de Dieu et au bien qui revient au monde de la trahison de Judas, il faut bien qu'il vaille mieux qu'il ait été. Mais la puissance de Dieu n'empêche ni n'excuse la malice de l'homme. Le bien qu'il tire de notre crime ne nous justifie pas. Malheur, malheur à cet homme par qui Jésus est offensé! Il vaudrait mieux pour cet homme qu'il n'eût jamais été, puisqu'il est né pour son supplice, et que son être ne lui sert de rien que pour rendre sa misère éternelle. (BOSSUET.)

9. Prenez et mangez, car ceci est mon corps qui sera livré pour vous. - Puisque le Verbe a dit, ceci est mon corps, donnons à sa parole l'assentiment de notre foi, et contemplons son corps de l'œil de l'intelligence. Car Jésus-Christ ne nous a rien donné de tangible, de palpable; mais, sous des dons sensibles, des trésors spirituels. Il a fait comme dans le baptême : là, l'œuvre spirituelle, la régénération de l'âme, est accomplie par le moyen sensible de l'eau répandue sur nous. Si vous étiez incorporels, le Seigneur vous eût présenté des dons incorporels et sans voile; mais parce que votre âme est unie à un corps, il vous donne le spirituel sous une forme sensible. Combien de gens nous disent à ce propos, je voudrais voir sa beauté, contempler sa physionomie, ses vêtements, du moins sa chaussure! Et voici que vous le voyez, vous le touchez, vous le mangez lui-même! Vous demandiez à voir ses vêtements, et voici qu'il vous accorde, non-seulement de le voir et de le toucher, mais de vous en nourrir et de le recevoir dans votre sein. Mais que personne ne s'approche de lui avec un cœur dégoûté, une conduite dissolue. Soyez tous vigilants, fervents, enflammés d'amour. Si les Juifs devaient manger l'agneau en toute hâte, debout, la chaussure aux pieds, le bâton à la main, il vous faut, à vous, bien plus de diligence encore. Les Hébreux allaient partir pour la Palestine, et voilà pourquoi ils devaient être équipés en voyageurs; mais vous, vous avez à faire le voyage de la terre au ciel; veillez donc sur toutes vos démarches, d'autant plus qu'elle est sévère la peine portée contre les indignes. Quelle n'est pas votre indignation contre celui qui l'a trahi, contre ceux qui l'ont crucifié! Prenez donc garde de ne pas devenir vous-mêmes coupables de son corps et de son sang. Les Juifs ont frappé de mort son cœur très-saint; et vous, chrétiens, vous le recevriez dans une âme souillée! Oh! combien doit être pur, plus pur que le rayon du soleil, celui qui participe à ce grand sacrifice, la main qui distribue cette chair sacrée, la bouche qui se remplit de ce feu spirituel, la langue qui est rougie de ce sang redoutable! Voyez donc l'honneur qui vous est fait, voyez quelle table vous est servie! Celui que les anges n'envisagent qu'avec un certain effroi, tant est grande la splendeur qui rayonne autour de son trône, c'est celui-là même qui nous nourrit de sa substance! (SAINT JEAN-CHRYSOSTOME.)

9. Pendant qu'ils étaient au souper, Jésus prit du pain et rendant grâces, il le bénit et le donna à ses disciples, en disant : Prenez et mangez, car ceci est mon corps qui sera livré pour vous; faites ceci en mémoire de moi, etc. - A Saint-Jean-de-Latran, nous avons vu la Table de la cène eucharistique. Heureuse église, où l'on trouve un tel monument de l'amour de notre Dieu !... Arrivés dans le sanctuaire, nous nous sommes dit : « Autour de cette table, que nous vénérons, JésusChrist a réuni ses apôtres: Jean, le disciple de l'amour, repose silen

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