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par la même raison, qui participe dignement à l'un des deux, honore tous les deux ensemble et en reçoit le fruit et la sainteté, parce qu'il n'y a dans l'un et dans l'autre qu'une seule et même vertu, une seule et indivisible sainteté. Ainsi qui reçoit l'un ou qui reçoit l'autre, ou qui reçoit tous les deux, reçoit toujours également son salut. La substance n'en est pas plus dans tous les deux que dans l'un des deux; car où est toute la substance de Jésus-Christ, là est aussi, pour ainsi parler, toute la substance du salut et de la vie; car, comme dit l'Église elle-même, dans le saint concile de Trente, le même qui a dit : Si vous ne mangez ma chair et ne buvez mon sang, vous n'aurez pas la vie en vous, a dit aussi : Quiconque mange de ce pain aura la vie éternelle. Et le même qui a dit : Qui mange ma chair et boit mon sang aura la vie éternelle, a dit aussi : Le pain que je donnerai est ma chair pour la vie du monde. Et le même qui a dit: Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui, a dit aussi : Qui mange ce pain vivra éternellement, et qui me mange vivra pour moi.

(BOSSUET.)

11. Faites ceci en mémoire de moi. Il y a un grand nombre de vérités, et de foi, et de morale, qui semblent s'exclure mutuellement, et qui subsistent toutes dans un ordre admirable. La source de toutes les hérésies est l'exclusion de quelques-unes de ces vérités; et la source de toutes les objections que nous font les hérétiques est l'ignorance de quelques-unes de nos vérités. Ne pouvant concevoir le rapport de deux vérités qui semblent opposées, et croyant que l'aveu de l'une renferme l'exclusion de l'antre, ils s'attachent à l'une et ils excluent l'autre. Les Nestoriens voulaient qu'il y eût deux personnes en Jésus-Christ, parce qu'il y a deux natures; et les Eutichéens, au contraire, qu'il n'y eût qu'une nature, parce qu'il n'y a qu'une personne. Les Catholiques sont orthodoxes, parce qu'ils joignent ensemble les deux vérités de deux natures et d'une personne. Nous croyons que la substance du pain étant changée en celle du corps de notre Seigneur Jésus-Christ, il est présent au Saint-Sacrement. Voilà une des vérités. Une autre est que ce sacrement est aussi une figure de la croix, et de la gloire, et une commémoration des deux. Voilà la foi catholique, qui comprend ces deux vérités qui semblent opposées. L'hérésie d'aujourd'hui ne concevant pas que ce sacrement contient tout ensemble, et la présence de Jésus-Christ, et sa figure, et qu'il soit sacrifice, et commé moration de sacrifice, croit qu'on ne peut admettre l'une de ces vérités sans exclure l'autre. Par cette raison, ils s'attachent à ce point, que ce sacrement est figuratif; et en cela ils ne sont pas hérétiques.

Ils pensent que nous excluons cette vérité; et de là vient qu'ils nous font tant d'objections sur les passages des Pères qui le disent. Enfin, ils nient la présence réelle; et c'est en cela qu'ils sont hérétiques. C'est pourquoi le plus court moyen pour empêcher les hérésies, est d'instruire de toutes les vérités; et le plus sûr moyen de les réfuter, est de les déclarer toutes. (PASCAL.)

11. Faites ceci en mémoire de moi.... Après avoir établi la pâque figurative, Moïse dit aux enfants d'Israël : Vous célébrerez ce jour-là en mémoire du sang de l'agneau interposé entre vous et l'ange de la mort. En instituant la pâque véritable, Jésus-Christ ordonna à ses apôtres de la faire à l'avenir, non plus en mémoire de l'agneau immolé en Égypte, parce que le temps des figures est passé, mais en mémoire de lui-même et de son sang interposé entre la justice divine et le monde coupable. Ces paroles : Faites ceci en mémoire de moi, ne sont pas une explication de celles qui précèdent, mais une déclaration nouvelle du Fils de Dieu. Après avoir dit: Ceci est mon corps, ceci est mon sang, figurés par le corps et le sang de l'agneau pascal, le Sauveur ajoute Mais comme il y avait dans la pâque ancienne, outre la chair et le sang de l'agneau, un souvenir et une continuation de ce qui s'est fait en Égypte, ainsi dans la pâque nouvelle il y aura, outre ma chair et mon sang, un souvenir et une continuation du sacrifice que j'offre en ce moment pour vous. En disant : Ceci est mon corps... ceci est mon sang, il établit un sacrement où il est réellement et substantiellement présent. En ordonnant ensuite à ses apôtres d'offrir à Dieu ce corps et ce sang en commémoration et en continuation du sacrifice de la croix, il établit le sacrifice véritable, dont les oblations anciennes n'étaient que des ombres et des figures. (B.)

11-12. Faites ceci en mémoire de moi. Toutes les fois que vous mangerez ce pain et que vous boirez ce calice, vous annoncerez la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'il vienne. Lorsque nous considérons ce qu'opère Jésus-Christ dans ce mystère, et que nous le voyons, par la foi, présent actuellement sur la sainte Table avec ces signes de mort, nous nous unissons à lui en cet état, nous le présentons à Dieu notre unique victime et notre unique propitiateur par son sang, protestant que nous n'avons rien à offrir à Dieu que Jésus-Chris! et le mérite infini de sa mort. Nous consacrons toutes nos prières pour cette divine offrande; et en présentant Jésus-Christ à Dieu, nous apprenons en même temps à nous offrir à la majesté divine en lui et par lui comme des hosties

vivantes. Tel est le sacrifice des chrétiens, infiniment différent de celui qui se pratiquait dans la loi : sacrifice spirituel et digne de la nouvelle alliance, où la victime présente n'est aperçue que par la foi, où le glaive est la parole qui sépare mystiquement le corps et le sang, où ce sang, par conséquent, n'est répandu qu'en mystère, et où la mort n'intervient que par représentation; sacrifice néanmoins très-véritable, en ce que Jésus-Christ y est véritablement contenu et présenté à Dieu sous cette figure de mort; mais sacrifice de commémoration, qui, bien loin de nous détacher du sacrifice de la croix, nous y attache par toutes les circonstances, puisque non-seulement il s'y rapporte tout entier, mais qu'en effet il ne subsiste que par ce rapport, et qu'il en tire toule sa vertu. (BossUET.)

12. Toutes les fois que vous mangerez ce pain et que vous boirez ce calice, vous annoncerez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne. — Vous l'annoncerez comme une chose déjà accomplie pour le salut du genre humain; vous l'annoncerez comme une chose qui doit continuer en quelque façon jusqu'à la fin des siècles. La mort de Jésus-Christ est toujours présente dans l'Eucharistie, par la séparation mystique de son corps et de son sang. Toute la vertu de la croix est dans ce mystère.... On est touché le vendredi saint, parce qu'on y célèbre la mémoire de la mort du Sauveur : venez, mes enfants, c'est tous les jours le vendredi saint; tous les jours on érige le calvaire sur le saint autel. Venez, et souvenez-vous de cette mort qui est notre vie; venez participer à la chair et au sang de la victime immolée pour vous. Cette auguste victime est toujours là, attendant que les aigles viennent trouver en elle une nouvelle force et une nouvelle vie. (Bossuet.)

12. Faites ceci en mémoire de moi. Toutes les fois que vous mangerez ce pain et que vous boirez ce calice, vous annoncerez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne. Le sacrifice de la messe place tous les jours le chrétien au pied de la croix de Jésus-Christ; il le reporte au moment le plus important, le plus auguste qui ait jamais existé, qui a rapproché la terre du ciel, et rejoint le temps à l'éternité. Ce n'est point encore là le terme de la bonté divine. Non content de réitérer tous les jours le sacrifice de notre rédemption, Jésus-Christ descend au-dedans de nous, pour nous en appliquer les mérites; il se fait notre nourriture... Voyez autour de cette table sainte, tous les rangs se confondre, les distinctions disparaître, les grandeurs s'évanouir. Toute hauteur s'abaisse aux pieds de la majesté suprême. Leçon profonde et

précieuse de cette égalité primitive, que les institutions humaines peuvent suspendre, mais non pas anéantir; dont nous sommes sortis, mais où nous devons rentrer; qu'avait établie la nature, et que rétablira la religion! Loin de l'autel où l'Agneau sans tache daigne se communiquer, toute âme souillée de quelque péché grave! elle y mangerait son jugement, et en remporterait sa réprobation. L'Eucharistie attache donc le fidèle à la vertu elle exige qu'il soit saint, pour le rendre plus saint encore. En attirant souvent ses enfants à la table sainte, en les y ramenant au moins une fois chaque année, l'Église leur impose l'obligation la plus forte de conserver ou de réparer leur innocence. (DE LA LUZERNE.)

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ÉLÉVATION.

Pourquoi, Seigneur, cette tristesse profonde, ce trouble qui saisit votre âme au moment même où, plein de compassion pour les souffrances de l'homme, et ne voulant point le laisser orphelin sur la terre du passage, vous lui ouvrez la porte du ciel par la plus admirable invention de l'amour d'un Dieu? Ah! c'est que vous saviez que cette étonnante manifestation de votre amour appellerait aussi la plus incompréhensible et la plus noire ingratitude. Vous voyiez vos autels déserts ou profanés ; les indifférents, si nombreux, s'arrêtant au seuil du saint tabernacle sans une pensée, sans un désir vers vous, contemplant d'un œil curieux la pompe de nos religieuses cérémonies, et oubliant qu'au fond de ce sanctuaire où ses regards se reposent avec un intérêt tout profane, un Dieu caché, anéanti, attend un mot, un soupir du cœur qui réponde à un amour si tendre et si persévérant. Et cependant tous sont appelés, car l'affliction est au fond de toute vie humaine; pourquoi donc cette indifférence en cette profanation coupable d'un si immense bienfait? Seigneur, Seigneur, je veux fonder mon cœur avant de m'élever jusqu'à vous, afin que le germe de vie que je vais chercher en approchant de vos saints autels, ne devienne pas pour mon âme, comme il l'a été pour Judas, un principe de mort éternelle.

CHAPITRE XCVIII.

1-9. Jésus prédit sa gloire prochaine, et réprime l'ambition de ses disciples. - 10-11. La foi de Pierre ne doit point défaillir. -12-21. Le temps de la séparation approche, commandement nouveau, prédiction du renoncement de Pierre, prendre des épées (le jeudi saint, après la cène).

• Cùm ergò exisset, dixit Jesus: Nunc clarificatus est Filius hominis; et Deas clarificatus est in eo.

Si Deus clarificatus est in eo, et Deus clarificabit eum in semetipso; et continuò clarificabit eum.

Facta est autem et contentio inter eos quis eorum videretur esse major.

Dixit antem eis: Reges gentium dominantur eorum; et qui potestatem habent super eos, benefici vocantur.

Vos autem non sic; sed qui major est in vobis, fiat sicut minor; et

MATH., XXII, 24-38; JEAN, XIII, 31-38.

1. Lorsque Judas fut sorti, Jésus dit : Maintenant le Fils de l'homme est glorifié; et Dieu est glorifié en lui1.

2. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera en lui-même, et c'est bientôt qu'il le glorifiera.

3. Or, il s'éleva aussi parmi eux une contestation dont le sujet était lequel d'entre eux paraissait avoir la prééminence. 4. Mais il leur dit : Les rois des nations dominent sur leurs sujets; et ceux qui ont puissance sur les autres se font appeler bienfaiteurs 2.

5. Qu'il n'en soit pas ainsi parmi vous3; mais que celui qui est le plus grand parmi vous soit comme le moindre; et celui qui

1 1. Dieu a été glorifié par l'obéissance de Jésus-Christ et par son sacrifice, le plus parfait qui fut jamais, et d'un mérite infini. Après la mort sur la croix, le Fils de l'Homme fut glorifié à son tour en rentrant avec son humanité dans la gloire de son Père. (BOSSUET.)

24. Bienfaiteur (Evergète) est un surnom qui a été donné à quelques rois ; il est mis ici pour marquer en général les titres éclatants par lesquels les grands de la terre affectent trop souvent de se distinguer.

3 y 5. Il faut donc ôter du milieu de nous l'esprit de domination, l'esprit de fierté et de hauteur, l'esprit d'orgueil, l'esprit d'intérêt, et songer à gagner les cœurs par l'humilité, par amour, et en donnant le bon exemple. (BOSSUET.)

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