Adhuc multa habeo vobis dicere; sed non potestis portare modò. Cum autem venerit ille Spiritus veritatis, docebit vos omnem veritatem; non enim lequetur semetipso, sed quæ 23. J'ai encore beaucoup de choses à vous dire; mais vous ne pouvez pas les entendre à présent1. 24. Lorsque viendra l'Esprit de vérité, il vous enseignera toute vérité 2. Il ne dira cumque audiet loque- rien de lui-même, il ne fera que révéler ce tur; et quæ ventura sunt annuntiabit vobis. Ille me clarificabit; quia de meo accipiel, et annuntiabit vobis. qu'il aura entendu 3, et il vous annoncera les choses à venir. 25. Il me glorifiera, parce qu'il prendra de ce qui est à moi, et il vous l'annoncera. 125. Ainsi Jésus-Christ n'a pas dit lui-même à ses disciples tout ce qu'ils devaient savoir; d'un autre côté, les évangélistes n'ont pas même écrit tout ce qu'a dit le Fils de Dieu; d'un autre côté encore, les apôtres n'ont pas écrit tout ce que le Saint-Esprit leur avait dit de la part de ce même Sauveur; donc les quatre évangiles et les autres parties du Nouveau-Testament ne contiennent pas tout ce que nous sommes obligés de croire, ou de pratiquer, et laissent une large part à la tradition; donc les sectes protestantes, qui rejettent la tradition, n'ont pas toute la religion de Jésus-Christ. En vain iront-elles chercher dans l'Ancien-Testament, ce livre ne peut leur donner que ce qu'il a lui-même, des ombres et des figures toujours plus ou moins éloignées de la vérité. 224. Toutes les vérités nécessaires à l'homme, pour arriver à l'éternité bienheureuse pour laquelle il a été créé ; mais non point les vérités d'ici-bas. Quant à ces dernières, Dieu, nous dit l'Écriture, a livré le monde à la dispute des hommes, et c'est à eux à les chercher. 324. Le Saint-Esprit, qui de toute éternité est produit par le Père et le Dls, reçoit de l'un et de l'autre les lumières qu'il communique aux hommes. 1. Ce que je vous recommande, c'est que vous vous aimiez les uns les autres. Voilà la croix qui se déclare; mais, pour lui ôter toute sa rudesse, elle se déclare par le précepte de l'amour. Il a aimé, et il a donné sa vie. Aimons de même, et Jésus-Christ et en lui nos frères que l'amour qu'il a pour eux nous doit rendre chers. Quelle misère était la nôtre lorsqu'il a fallu pour nous en tirer la mort d'un tel ami! Quel crime était le nôtre lorsque pour l'expier il a fallu une telle victime, et pour le laver un sang si précieux! De quel amour nous a aimés celui qui nous a achetés à ce prix ! Pour ses amis. C'est ainsi qu'il nous appelle, pendant que nous étions ses ennemis, mais il était ami de son côté, puisqu'il donnait son sang pour nous racheter. Écou, : tons saint Paul le digne interprète de cette parole du Sauveur : Pourquoi est-ce que dans le temps que nous étions malades et dans le péché, JésusChrist est mort pour les impies? A peine trouve-t-on quelqu'un qui veuille mourir pour les justes, peut-être pourtant qu'il se trouverait quelqu'un qui le ferait. Mais lui il est mort pour les impies, c'est-à-dire pour nous tous, et c'est en cela qu'il fait éclater son amour, en ce qu'il est mort pour des ennemis, pour des pécheurs. Voilà donc quel est l'ami que nous avons trouvé en la personne de Jésus-Christ. C'est un ami de ses ennemis, un ami qui nous a aimés lorsque nous lui faisions de toutes les forces de notre âme et de notre corps une guerre perpétuelle. Comprenons donc l'immensité de son amour en ce qu'il nous a aimės étant ennemis. Mais saint Paul sur ce fondement pousse plus loin Si lorsque nous étions ennemis de Dieu, nous avons été réconciliés par l'amour de son Fils, à plus forte raison étant réconciliés, nous serons sauvés par sa vie. S'il a été notre ami jusqu'à donner sa vie pour nous pendant que nous étions ses ennemis, combien plus le sera-t-il après que l'amitié étant réconciliée de part et d'autre, on est ami de deux côtés! Mais que conclut de là le même saint Paul? Qu'ayant un tel ami, nous n'avons rien à craindre: Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous? s'il n'a pas épargné son Fils, que nous pourra-t-il refuser, et comment nous l'ayant donné, ne nous donnerat-il pas en lui et par lui toutes choses? Qui accusera les élus de Dieu ? C'est Dieu qui les absout et les justifie. Qui les condamnera? C'est JésusChrist qui est mort pour eux, qui non-seulement est mort, mais qui est ressuscité, qui est monté aux Cieux, et a pris sa place à la droite de son Père, qui intercède pour eux. Il n'y a rien à ajouter à ce commentaire de saint Paul: Nous y entendons parfaitement tout l'amour que nous devons à celui qui nous a aimés élant ses ennemis jusqu'à donner sa vie pour être notre rédempteur, notre Sauveur, notre intercesseur, et il ne reste qu'à conclure avec le même apôtre : Que ni l'affliction ni la persécution, l'épée et la violence, ni la vie, ni la mort, ni les maux présents, ni tous ceux que nous avons à craindre, ni le ciel quand il serait conjuré contre nous, ni l'enfer quand il lancerait contre nous tous les démons, et enverrait contre nous toutes ses peines, ni quelque autre chose que ce soit, ne sera capable de nous séparer de JésusChrist. (BOSSUET.) 1. Ce que je vous recommande, c'est que vous vous aimiez les uns les autres. Voilà le précepte et le mystère de la croix dans toute son étendue; c'est là qu'est renfermé le précepte de la charité fraternelle, qu'on est obligé de pousser jusqu'à mourir pour ses frères, selon ce que dit saint Jean, autre interprète admirable du précepte de la charité En cela nous connaissons l'amour de Dieu, parce qu'il a donné sa vie pour nous, et nous devons aussi donner notre vie pour nos frères. Autrement nous n'observons pas le commandement d'aimer comme il a aimé, c'est-à-dire jusqu'à donner sa vie. Le précepte de la croix est donc encore dans la charité fraternelle, et quoique l'occasion de donner sa vie pour son frère soit rare, néanmoins l'amour fraternel sera dans la croix si nous pratiquons ce que dit saint Paul: De ne nous regarder pas nous-mêmes, mais ce qui est de l'intérêt des autres. Ainsi l'amour fraternel sera un sacrifice continuel, non-seulement de son ressentiment, lorsqu'on croit être offensé, mais même sans avoir aucun sujet de plainte de son humeur, de son intérêt, de son amour-propre, et c'est à quoi nous oblige l'amour fraternel. (Bossuet.) 2. Si le monde vous hait, sachez qu'il m'a hai avant vous. Après avoir montré à ses disciples combien ils doivent s'aimer les uns les autres et aimer tout le monde, parce que tout le monde est des nôtres par la grâce que Dieu fait à tous de les appeler à notre unité, JésusChrist leur apprend que s'ils doivent aimer tout le monde, ce n'est pas dans l'espérance d'être aimés eux-mêmes, puisqu'au contraire ils seront haïs de toute la terre, et c'est la vérité qu'il leur explique à fond dans tous ces versets. Il commence à leur découvrir la source de cette haine par ces paroles: Si le monde vous hait, sachez qu'il m'a haï le premier. On ne peut assez admirer la bonté de notre Sauveur. Il n'y a rien de si fâcheux à un bon cœur, ni en soi rien de plus triste à la nature, que d'être haï. On a besoin d'être prémuni contre un mal qui en soi est si dur et dont aussi les effets sont si étranges. Mais c'était pour les apôtres la plus grande de toutes les consolations que celte aversion de tout le genre humain leur fût commune avec JésusChrist. Si le monde vous hait, dit-il, il m'a haï le premier. La cause de cette haine nous est expliquée par cette parole: Celui qui fait mal hait la lumière. Le monde me hait parce que je lui découvre ses mauvaises œuvres. Les Apôtres associés à la prédication du Sauveur devaient aussi encourir la haine du monde dont ils reprenaient les crimes et les ignorances. (BOSSUET.) 3. En vous choisissant, je vous ai séparés du monde. - Bénissons le Sauveur de nous avoir tirés de cette région de ténèbres et d'aveuglement... Que pouvait nous offrir ce monde frivole, qui fût capable de nous rendre heureux ?... Des richesses? Mais que de peines pour les acquérir! que d'alarmes et de sollicitudes pour les conserver! et que de regrets quand on vient à les perdre! Quelle déchirante séparation quand vous en serez dépouillé! O enfants des hommes! jusqu'à quand poursuivrez-vous la vanité, et rechercherez-vous le mensonge? Que peut-on nous offrir encore sur la terre? Les honneurs? J'admets que vous parveniez à les obtenir. Vous voilà dans un poste éminent : c'està-dire exposé à plus de regards, jugé avec plus de rigueur, en butle à la malignité de tous. Dans la profession des armes, que de veilles, que de fatigues au service du prince! et toujours plus près de la mort que de la récompense !... Mais la gloire? me dites-vous. Il nous sied bien de parler de gloire, à nous cendre et poussière! D'ailleurs qu'est-ce que la gloire humaine, sinon un vain bruit, qu'il est bien difficile d'obtenir sans éveiller l'envie? Vous n'arriverez qu'en supplantant des rivaux, qu'en provoquant leurs jalousies. Votre élévation fait leur tourment et le vôtre. (SAINT BERNARD.) 3-4. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui serait à lui. Le serviteur n'est pas plus grand que son maître. - Ce n'est pas que les hommes du monde s'aiment les uns les autres, c'est tout le contraire, et tout le monde est rempli de haines et de jalousies. Mais c'est que les plaisirs et les intérêts du monde font des liaisons et des commerces agréables; mais les disciples de Jésus-Christ n'ont rien qui plaise au monde. Le monde veut des flatteurs, on n'y vit que de complaisances mutuelles, en s'applaudissant l'un à l'autre. A quoi est bon un chrétien? Il est inutile, il n'entre ni dans nos plaisirs ni dans nos affaires, qui ne sont que fraudes. Défaisons-nous-en, disent les impies dans le Livre de la Sagesse, car il nous est inutile; sa vie simple et innocente est une censure de la nôtre; il faut le faire mourir, puisqu'il ne fait que troubler nos joies. Chrétiens, innocent troupeau, c'est ce qui vous vaut la haine du monde ! Vous ne savez point vous faire craindre, ni rendre le mal pour le mal, vous serez bientôt opprimés. Quelque paisibles que vous soyez, on ne laissera pas de vous reprocher que vous faites des cabales contre l'État, pour lequel vous levez sans cesse les mains au ciel, et vous serez les ennemis publics. Parce que je vous ai choisis du milieu du monde, le monde vous bait. Dans votre séparation, on ne vous croit pas de même espèce que les autres. On croit que vous voulez vous distinguer, et on vous accable. (BossUET.) 10. Lorsque viendra l'Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage de moi; et vous aussi vous me rendrez témoignage. - Si Jésus-Christ était demeuré dans la mort, ou que sa résurrection n'eût pas été confirmée de manière à ne laisser aucune réplique, les Juifs n'auraient pas été convaincus et confondus dans les vains prétextes de leur incrédulité. Mais le Saint-Esprit descend visiblement sur les apôtres, les remplit de courage, leur donne des paroles qui fermaient la bouche à leurs adversaires, opère par leurs mains des miracles qui ne le cèdent en rien à ceux de Jésus-Christ, et même qui les surpassent en certaines circonstances, comme il l'avait prédit lui-même. Tous ces ouvrages admirables du Saint-Esprit prouvent que Jésus-Christ a dit la vérité, en assurant que ce même Esprit convaincrait de nouveau et d'une manière encore plus concluante l'incrédulité du monde. Voilà donc le témoignage du Saint-Esprit dans les apôtres; et ces derniers, en confirmant la résurrection de Jésus-Christ, ont pu dire: nous sommes les témoins de ces choses, et avec nous le Saint-Esprit que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent. C'était le dernier et le plus clair témoignage que Jésus-Christ leur réservait: et c'est pourquoi, prévoyant que le cœur de la plupart serait assez dur pour résister encore à ce témoignage et à cette conviction, il les avait avertis d'éviter ce crime comme celui qui, à la fin, leur attirerait une inévitable punition, et deviendrait irrémissible pour eux, Dieu ayant déterminé de ne le remettre jamais à ceux qui l'auraient porté à de certains excès qui lui étaient connus. C'est peut-être ce qui donna lieu à cette sentence du Sauveur: Que les blasphèmes contre le Fils seraient remis; mais que celui qui blasphemerait contre le Saint-Esprit ne recevrait aucun pardon, mais serait coupable d'un éternel péché. Ajoutez à toutes ces choses la sainteté que le Saint-Esprit établissait dans l'Église, par des effets si éclatants; et cette parfaite unité de cœurs, qui était son véritable ouvrage et le caractère sensible de sa présence. Ajoutez la redoutable autorité que Dieu mettait dans l'Église, en sorte que mentir à Pierre, c'était mentir au Saint-Esprit. On voit assez, par toutes ces choses, l'efficace du témoignage de ce même esprit pour convaincre l'incrédulité. Il faut aussi remarquer que Dieu, qui avait supporté les Juifs après le crucifiement de son Fils, résolut enfin de faire éclater sa justice d'une manière étonnante, et jusqu'alors inouïe, après que ce peuple ingrat eut continué de résister avec une opiniâtreté, et une dureté sans exemple, au témoignage des apôtres et à celui du Saint-Esprit. (BOSSUET.) 13. Ils vous banniront des synagogues; et vient l'heure où quiconque |