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chez les Ilaliotes à la fête de Saturne, au mois de septembre. Pour rappeler cette indulgence prophétique et typique à la fois, qui existait chez les Juifs à la fête de Pâque, les empereurs Valentinien, Théodore et Arcade avaient coutume d'accorder le premier jour de la fête une amnistie générale pour tous ceux qui avaient commis quelque délit peu considérable. Et vraiment ce serait un beau spectacle si quelque prince chrétien avait la sainte pensée de délivrer chaque année, le vendredi saint ou le jour de Pâque, un criminel repentant, en souvenir de ce que l'Homme-Dieu a délivré en ce même jour du péché et de l'enfer le genre humain tout entier.

(Dr SEPP.)

12. Or, pendant que Pilate était assis sur son tribunal, sa femme lui envoga dire: Ne vous mêlez point de ce qui concerne ce juste, car j'ai beaucoup souffert aujourd'hui en songe à cause de lui. - D'après le témoignage de la tradition, la femme de Pilate s'appelait Claudia Procula. Il est probable qu'elle était affranchie de la famille Claudia, d'où l'empereur Tibère était issu, et que c'est à cette circonstance qu'elle devait son premier nom. C'est peut-être elle aussi qui, par son alliance avec cette puissante famille, avait poussé son mari et lui avait obtenu la place de préteur, de même que plus tard Félix fut nommé gouverneur parce qu'il était affranchi de l'empereur Claude. La famille des Pontius avait pris peut-être le nom de Pilatus de l'arme romaine nommée pila, javelot. Ce qu'il y a de certain, c'est que Virgile et Martial emploient ce mot comme adjectif. Claudia eut un songe. Le paganisme tout entier vivait comme dans un monde de songes et d'illusions, et les païens se laissaient diriger, dans leurs actions les plus importantes, par des présages et des visions de cette sorte. Dans le sommeil, les deux mondes, celui de la réalité et le monde des illusions, se reflètent l'un dans l'autre. Mais ici, dans cette nuit mémorable de la Passion du Sauveur, l'événement qui allait s'accomplir se présente dans son affreuse réalité à l'imagination de la femme de Pilate. Et de même que Calpurnia, avertie par un pressentiment mystérieux, voulut empêcher Jules César de se rendre au sénat le jour où il devait y être assassiné, ainsi Procula veut épargner à son mari une démarche inconsidérée. (D' SEPP.)

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21. Alors Pilate prit Jésus et le fit flageller. Si le gouverneur n'attendit pas la réponse à cette question, Qu'est-ce que la vérité, c'est sans doute parce qu'il se rappela au même instant qu'il avait coutume de délivrer, le jour de la fête, le criminel que les Juifs lui demandaient,

et il sortit pour leur demander s'ils voulaient délivrer Jésus. Mais comme les Juifs ne consentirent pas à sa proposition, il est à croire qu'il ne le fit flageller que pour apaiser leur fureur, pensant qu'après cette punition, ils ne demanderaient pas sa mort. Il le fit donc flageller; mais ordonna-t-il aux soldats de le couvrir d'un manteau de pourpre, d'enfoncer sur sa tête une couronne d'épines, de le railler, de lui donner des soufflets, de lui cracher au visage? L'évangéliste se borne à raconter les atrocités des soldats. Il est pourtant difficile de croire qu'ils se fussent portés à de pareils excès si le gouverneur ne les y avait au moins autorisés. Par sa douceur et par sa patience, JésusChrist trace une route aux martyrs, et leur apprend à ne point faillir, quelque atroces que soient les douleurs, quelque humiliants que soient les outrages qu'ils auront à subir pour son nom. Lui, dont la puissance n'a pas de limites; lui, dont la royauté n'est pas de ce monde et qui n'a qu'à faire un signe pour ébranler et détruire tous les empires, il veut vaincre ce monde superbe par sa patience et par son humilité. Il jela la semence en un champ d'opprobre, pour l'y faire grandir dans la gloire. (SAINT-AUGUSTIN.)

21. Alors Pilate prit Jésus et le fit flageller. - Jésus est donc livré à la fureur des soldats; et c'est ici, chrétiens, où je veux que volre foisupplée à mon discours : il servirait de peu de vous attendrir sur les souf frances du Sauveur; il vaut bien mieux que vous fassiez de Jésus-Christ souffrant le modèle de vos mœurs et le motif de votre pénitence. Des bêtes féroces se jettent sur son corps sacré; on le dépouille; celui qui était revêtu de la lumière comme d'un vêtement n'est plus ici couvert que de sa propre confusion: et, par la honte profonde de sa nudité, il répare vos scandales. On le meurtrit et on le déchire par cette exécution barbare: ce n'est plus qu'une plaie hideuse qui le couvre; mais la force manquera plutôt aux soldats sacriléges que la patience à cet. Agneau divin. Puis on le détache du poteau infàme; on le revêt d'une robe de pourpre; on met en ses mains accoutumées à lancer la foudre, un fragile roseau; on enfonce profondément sur son chef sacré une couronne d'épines; on jette sur son visage un voile ignominieux; on se prosterne pour lui rendre des hommages de dérision et d'insulle. Ah! dérobons à notre douleur les indignités que la suite de son histoire offre à notre souvenir: détournons les yeux des soufflets sacriléges dont on le charge, des crachats infâmes dont on couvre le Fils unique de Dieu. (MASSILLON.)

21. Alors Pilate le prit et le fit flageller. Comment se fait-il que les évangélistes n'aient écrit que ce peu de paroles au sujet de cette flagellation, le plus douloureux comme le plus humiliant des mystères de la passion de Jésus-Christ? Pourquoi ont-ils voulu dérober à notre foi et à notre piété la connaissance de toutes les circonstances qui durent l'accompagner? Et s'ils n'ont rien voulu dire, ni des instruments employés à déchirer la chair sacrée de l'Agneau divin, ni du nombre des coups qu'il reçut, ni de l'abondance du sang qu'il répandit, ni de la fureur brutale des bourreaux, pourquoi nous cacher encore les dispositions admirables dans lesquelles la victime devait se trouver pendant qu'elle était immolée pour notre salut d'une manière si atroce? Savez-vous la raison de ce silence? C'est parce que toutes ces choses se trouvaient déjà, depuis bien des siècles, rapportées d'une manière très-détaillée dans les livres de l'Ancien-Testament, qui contiennent non-seulement les prédictions générales, mais encore les récits circonstanciés de plusieurs faits de la vie du Sauveur. Les évangélistes se taisent donc sur les particularités de la flagellation de Jésus, par la raison qu'elles avaient déjà été désignées avec le soin le plus minutieux par les prophètes, que Jésus-Christ lui-même appelle ses historiens anticipés, puisqu'ils ont écrit sa vie avant même qu'il parût sur la terre. (LER. P. VENTURA.)

22. Ensuite les soldats du gouverneur, ayant emmené Jésus dans la cour du préloire, rassemblent autour de lui toute la cohorte, etc. - Jilmais la barbarie fut-elle plus ingénieuse à satisfaire son aveugle fureur? Ils avaient entendu dire que Jésus prenait la qualité de roi; et pour se jouer de cette royauté prétendue, selon leur sens, le dessein qu'ils forment est de lui en déférer avec une espèce de cérémonie et d'appareil, tous les honneurs, et d'observer à son égard tout ce que l'on a coutume de pratiquer envers les rois. Après l'avoir conduit hors du prétoire, on lui présente un siége qui doit lui servir de trône, on lui commande de s'asseoir; tous se rangent autour de lui. Ce n'est pas assez afin de le revêtir des marques de sa dignité, on le dépouille de ses vêtements, collés sur son corps déchiré et ensanglanté par la cruelle flagellation qu'il a endurée; ou lui jette sur les épaules un manteau de pourpre, comme son manteau royal; on lui met à la main un roseau qui lui tient lieu de sceptre. On fait plus encore: pour diadème on prend une couronne d'épines qu'on lui enfonce sur la tèle... Les épines appliquées avec force le percent de toute part; autant de pointes, autant de plaies; le sang coule de nouveau; et depuis la plante

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des pieds jusqu'au sommet de la tête, il n'y a plus rien en cet homme de douleur qui n'ait eu son tourment et son supplice. Voilà comment la Synagogue a traité son Roi; voilà comme elle a traité votre roi et le mien; voilà comme on a traité le Maître et le Roi de toute la nature: indignité que nous détestons; mais, tandis que nous la détestons dans les autres, que ne la délestons-nous dans nous-mêmes! Car nousmêmes, n'en avons-nous pas usé cent fois de la sorte à l'égard de JésusChrist? (Bourdaloue.)

ÉLÉVATION.

Les hésitations et la faiblesse de Pilate doivent être pour nous l'objet de sérieuses méditations, bon Sauveur; elles doivent nous convaincre de la nécessité de résister à l'esprit du mal dès le commencement de son attaque, car celui qui hésite est déjà vaincu. Notre ennemi, dont la ruse égale la malice nous conduit dans l'abîme en nous affaiblissant peu à peu par des prévarications dont il a soin de nous déguiser les suites, mais qui nous mènent presque toujours au but qu'il s'était proposé. Nous nous indignons, Seigneur, de la préférence accordée par les Juifs à un meurtrier, sur vous qui aviez rempli leurs villes et leurs bourgades de vos bienfaits: mais nous aussi nous vous préférons Barabbas, lorsque, pour suivre de malheureux penchants, nous étouffons la voix de notre conscience. Vous voulez recevoir de notre libre choix l'hommage que nous vous devons, et nous faisons usage de notre liberté pour nous donner à notre ennemi. O bon Sauveur, vous souffrez en silence la plus douloureuse flagellation, les outrages sans nombre dont vos ennemis vous accablent, et par votre exemple vous condamnez les vives plaintes que nous faisons éclater quand nous sommes appelés à prendre part au calice d'amertume que vous avez bu jusqu'à la lie. Ah! n'oublions plus que vous êtes entré dans votre gloire par les douleurs et par les opprobres, et que nous ne pourrons y arriver qu'en nous faisant un honneur en regardant comme un triomphe d'avoir été jugės dignes d'être associés à vos ignominies.

CHAPITRE CX.

1-4. L'homme de douleur montré aux Juifs altérés de son sang.-5-16. Pilate, après avoir bien des

fois essayé de le délivrer, l'abandonne à la fureur de la multitude. Calvaire avec deux criminels (vendredi saint, après onze heures).

- 17-25. Jésus est conduit au

MATH., XXVII, 15-32; MARC, XV, 6-22; Luc, XXIII, 13-32; JEAN, XVIII, 38-40,

Exivit ergò iterùm Pilatus forås et dicit eis: Ecce adduco vobis eum forås, ut cognoscatis quia nullam invenio in eo causam.

(Exivit ergò Jesus portans coronam spineam, et purpureum vestimentum). Et dicit eis: Eccè homo.

Cùm ergo vidis ent

eum pontifices et minis

et XIX, 1-17.

4. Pilate sortit de nouveau et dit aux Juifs: Voici que je vous l'amène dehors, afin que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun crime.

2. Jésus sortit donc portant la couronne d'épines et le vêtement de pourpre. Et Pilate leur dit : Voilà l'homme1.

3. En le voyant, les prêtres et les satel

"

tri, ciamabant, licentes: lites crièrent: Crucifiez-le, crucifiez-le.

Crucifige, crucifige eum.

Dicit eis Pilatus: Accipite eum vos, et crucifigile ego enim non invenio in eo causam.

Responderunt ei Judæi Nos legem habe mus, et secundùm legem debet mori, quia Filium Dei se fecit.

Pilate leur dit: Prenez-le et crucifiez-le vous-mêmes, car moi je ne trouve en lui aucun sujet de condamnation.

4. Les Juifs lui répondirent: Nous avons une loi, et selon notre loi, il doit être mis à mort 2, parce qu'il s'est donné pour le Fils de Dieu 3.

12. Comme s'il disait: Voilà l'homme que vous me ramenez tout meurtri de coups comme un esclave, couronné d'épines, couvert d'opprobre. Il a déjà trop souffert, pardonnez-lui, je ne trouve en lui aucun sujet d'accusation. Vous lui faites un crime de ce qu'il se dit votre roi; votre ressentiment doit être apaisé par les humiliations que vous lui avez fait subir.

24. Et le blasphémateur du nom du Seigneur sera puni de mort; que tous ceux qui l'ont entendu mettent leurs mains sur sa tête et que tout le peuple le lapide. (LÉVITIQUE.) 34. Ils changent encore une fois de moyen: ils reviennent à la première accusalion, l'accusation du blaspheme.

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