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CHAPITRE CXIII.

1-7. On rompt les jambes des deux larrons; un soldat avec sa lance ouvre le côté de Jésus. - 8-20. Joseph d'Arimathie obtient le corps de Jésus, le détache de la croix, l'ensevelit, et le dépose dans un tombeau (vendredi saint, de trois à sept heures du soir). — 21-25. Le sépulcre de Jésus scellé et gardé par l'autorité (vendredi saint, dans la nuit).

MATH., XXVII, 57-66; MARC, XV, 42-47; Luc, XXIII, 50-56; JEAN, XIX, 31-42.

Judæi ergo (quoniam Parasceve erat), ut non remanerent in cruce corpora sabbato (erat enim magnus dies ille sabbati), rogaverunt Pilatum ut frangerentur eo um crura et tollerentur.

Venerunt ergò milites, et primi quidem fregerunt crura, et alterius qui crucifixus est cum eo.

Ad Jesum autem cùm venissent, ut viderunt eum jam mortuum, non fregerunt ejus crura;

Sed unus militum lan

1. Or, c'était la veille du sabbat : et les Juifs, pour que les corps ne demeurassent pas en croix durant ce sabbat, qui était très-solennel, demandèrent à Pilate que l'on rompît les jambes des crucifiés, et qu'on les enlevât.

2. Des soldats vinrent donc, et rompirent les jambes du premier, et de l'autre qui avait été crucifié avec Jésus.

3. Etant venus à Jésus, et voyant que déjà il était mort, ils ne lui rompirent point les jambes.

4. Mais un d'entre eux, avec sa lance, continuò exivit sanguis lui ouvrit le côté, et il en sortit du sang et

cea latus ejus aperuit, et

et aqua.

de l'eau 2.

11. Ce sabbat était plus solennel que les autres, parce qu'il tombait dans les huit jours que durait la Pâque : il y avait, en quelque sorte, double solennité. 24. Ainsi la mort de Jésus-Christ se trouve constatée de la manière la plus irrécusable; outre qu'elle était pour tous un fait évident, la barbarie du soldat ajouterait encore à cette évidence, s'il en était besoin, la preuve la plus complète et la plus décisive; ce sang qui se décompose et cette eau qui jaillit aussi de l'ouverture faite par la lance, sont, de l'aveu de tous, l'indice infaillible d'une mort certaine et accomplie. Et les précautions que prend Ponce Pilate avant de donner le corps de Jésus, et la conviction des hommes qui embaument ce corps, l'ensevelissent et le déposent sur la pierre froide au fond d'un tombeau..... Après des preuves aussi décisives, le doute ne serait plus un doute, ce serait l'absence de toute raison.

Et qui vidit, testimonium perhibuit; et verum est testimonium

5. Et celui qui le vit en rend témoi

ejus : et ille seit quia gnage, et son témoignage est vrai. Et il sait qu'il dit vrai, et il vous le dit, afin que

vera dicit, ut et vos cre

datis.

Facta sunt enim hæc, at Scriptura impleretur : Os non comminuetis ex

eo.

Et iterùm alia Scriptura dicit: Videbunt in quem transfixerunt.

Cam autem serò factum es et, ecce vir nomine Joseph, b nobilis decurio, vir bonus et justus.

I'c non consenserat consilio et act bus eorum, ab Arimatha a civi tate Juda æ, qui exspec tabat et ipse regnum Dei;

Qui et ipse discipulus eral Jesu, occultus autem propter metum Judæorum; baudacter in troivit ad Pilatum, et petiit corpus Jesu,

Pilatus autem mirabatur si jam obiisset. Et accersito centurione, interrogavit eum si jam mortuus esset,

Et cùin cognovisset à centurione, donavit corpus Joseph.

vous croyiez vous-mêmes.

6. Ceci arriva pour que fût accomplie cette parole de l'Écriture: Vous ne briserez aucun de ses os;

7. Et cette autre encore: Ils verront celui qu'ils ont transpercé.

8. Comme le soir approchait, un décurion fort considéré, nommé Joseph, homme bon et juste;

9. Qui n'avait point consenti au dessein ni aux actes des Juifs, qui était d'Arimathie, ville de Judée, attendant lui aussi le royaume de Dieu;

10. Qui était en outre disciple de Jésus, mais en secret, par la crainte des Juifs, entra courageusement chez Pilate, et demanda le corps de Jésus 2.

11. Pilate, s'étonnant qu'il fût mort si tôt, fit venir le centurion, et lui demanda si vraiment Jésus était déjà mort 3.

12. En étant assuré par le centurion, Pilate donna le corps à Joseph.

1 5. Saint Jean se désigne ici lui-même; quel témoin plus digne de foi pourrions-nous désirer?

2 10. Cette grâce ne se refusait jamais parmi les Romains, à moins que ce ne fût un criminel de lèse-majesté, et Pilate ne considérait pas Jésus-Christ comme tel. Cicéron reproche à Verrès, comme une grande méchanceté, d'avoir abandonné aux bêtes féroces les corps de quelques criminels qu'il avait fait mourir, et d'avoir pris de l'argent pour permettre qu'on en enterrât d'autres.

3 11. Le préteur s'étonne que Jésus soit déjà mort. Ceci prouve que sa mort a été violente et bâtée par les tourments atroces qu'il avait soufferts, comme aussi qu'il n'avait point sous les pieds, pendant son supplice, d'appui où il pût se soutenir.

Joseph autem mercatus sindonem et deponens eum, venit.

Venit autem et Nico

demus, qui venerat ad

ferens mixturam myrrhæ

et aloes, quasi libras cen tum.

13. Et Joseph, ayant acheté un linceul, s'en alla et détacha Jésus de la croix 1.

14. Nicodème, qui autrefois s'était rendu

Jesum nocte primim près de Jésus durant la nuit, vint aussi, apportant une composition de myrrhe et d'aloès, du poids d'environ cent livres.

Acceperunt ergò cor

pus Jesu, et ligaverunt illud linteis cum aromatibus, et Joseph involvit illud in sindone munda,

45. Ils prirent donc le corps, l'entourèrent de linges avec des parfums, et l'ensicut mos est Judæis sepe veloppèrent dans un linceul sans souillure 2, comme les Juifs ont coutume d'ensevelir.

lire.

Erat antem in loco ubi crucifixus est, hortus, et in horto monumentum novum,

Quod sibi Joseph exci

derat in petiâ, bin quo

16. Or, près du lieu où l'on avait crucifié Jésus, se trouvait un jardin, et dans ce jardin un sépulcre neuf,

17. Que Joseph avait taillé dans le roc nondum quisquam posi- pour lui-même, et dans lequel personne

tus fuerat.

Ibi ergò propter Parasceven, quia juxta erat monumentum, Joseph posuit Jesum. Et advol

d

vit saxum magnum ad ostium monumenti, et abiit, et sabbatum illucebat.

Erat autem ibì Maria Magdalene, bet Maria Jacobi, quæ cum eo venerant de Galilæå; ⚫ sedentes contra sepulcrum,

n'avait encore été mis.

18. Comme le jour de la préparation finissait, et que ce sépulcre était proche, Joseph y déposa le corps de Jésus; et ayant roulé une grande pierre à l'entrée, il s'en alla, lorsque le jour du sabbat commençait à luire.

19. Or, Marie-Madeleine, et Marie mère de Jacques, avaient suivi Joseph d'Arimabaspiciebant ubi pone thie, et étaient là, assises devant le sépul

1 13. Un homme nommé Joseph avait enveloppé le Sauveur dans des langes à sa naissance; un autre Joseph devait l'envelopper dans un linceul et l'ensevelir.

2 y 15. Celui qu'avait acheté Joseph d'Arimathie, et qui avait servi à descendre de la croix le corps du Sauveur, était tout ensanglanté; il en fallut un autre pour l'ensevelissement.

3 18. On se contenta donc de faire pour le corps du Seigneur ce qu'il était permis de faire même le jour du sabbat, lorsque le mort était encore dans la maison. On le lava, on l'enveloppa dans des linges avec des aromates, et l'on couvrit sa tète d'un suaire jusqu'à ce qu'on pût, le lendemain du sabbat, envelopper chaque membre en particulier, comme c'était dans la coutume, et achever l'embaumement.

retur, et quemadmodùm positum erat corpus ejus.

Et revertentes, sabbato

quidem siluerunt secundum mandatum.

Alterâ autem die,

quæ est post parasceven,

sacerdotum et Pharisæi

cre, regardant où l'on mettait le

Jésus, et comment il était placé 1.

corps

de

20. Et elles s'en allèrent aussi, et elles demeurèrent en repos pendant le sabbat, selon le commandement de la loi.

24. Le lendemain, qui était le jour du sab

convenerunt Principes bat, les Princes des prêtres et les Pharisiens, s'étant assemblés, vinrent trouver Pilate,

ad Pilatum.

Dicentes: Domine, recordati sumus quia se ductor ille dixit adhuc vivens Post tres dies resurgam.

Jube ergò custodiri sepulcrum usque in diem tertium, ne fortè veniant discipuli ejus, et furentur eum, et dicant plebi : surrexit à mortuis, et erit novissimus error pejor priore.

Ait illis Pilatus : Habetis custodiam; ile, custodite sicut scitis.

Illi autem abeuntes, munierunt sepulcrum,

22. Et lui dirent: Seigneur, nous nous sommes souvenus que ce séducteur, lorsqu'il vivait encore, a dit : Après trois jours, je ressusciterai.

23. Ordonnez donc qu'on garde le sépulcre jusqu'au troisième jour, de peur que ses disciples ne viennent l'enlever furtivement et ne disent au peuple, Il est ressuscité d'entre les morts; et que la dernière erreur ne soit pire que la première. 24. Pilate leur dit : Vous avez des gardes 2; allez, et gardez-le comme vous l'entendrez.

25. S'en allant donc, ils fermèrent soisignantes lapidem, cum gneusement le sépulcre, en scellèrent la pierre3, et y mirent des gardes 4.

custodibus.

1 19. Elles regardaient où l'on posait le corps, car elles se proposaient d'aller après le jour du sabbat, l'oindre avec des parfums.

2 y 24. Une troupe de soldats romains, cohors, était destinée à veiller à la sûreté du temple, ou plutôt à empêcher le peuple de faire des rassemblements dans le temple, ainsi que cela était arrivé plusieurs fois. Pilate parle de cette troupe; c'était parmi ces soldats que les chefs juifs devaient prendre la garde nécessaire.

5 25. Après avoir constaté la présence du corps de Jésus, sans quoi cette précaution si scrupuleuse eût été un non-sens.

25. La loi romaine punissait de mort le soldat qui s'endormait à son poste.Toutes ces mesures étaient ici nécessaires pour rendre incontestable le miracle de la résurrection, et les passions humaines ne secondèrent jamais mieux les desseins de ja Providence.

3-4. Etant venus à Jésus, et voyant qu'il était déjà mort, ils ne lui rompirent point les jambes; mais l'un d'eux avec sa lance lui ouvrit le côté, et il en sortit du sang et de l'eau. Il y Il y a dans ces paroles un mot digne de remarque, et que l'évangéliste a employé à dessein: il ne dit point, L'un d'eux avec sa lance le frappa au côté, le blessa, ou autrement; mais, Lui ouvrit le côté, pour qu'il y eût comme une porte de vie d'où sortissent les sacrements de l'Église, sans lesquels il est impossible d'arriver à la vie véritable. Le sang qui découla de celte ouverture a été répandu pour la rémission des péchés, et l'eau vint comme pour tempérer un breuvage d'une vertu toute divine; cette eau, en outre, nous est donnée pour nous laver de nos souillures comme pour élancher notre soif. Cet événement si salutaire pour nous avait été figuré par l'ouverture que Noé reçut ordre de pratiquer dans le côté de l'arche pour recevoir les êtres vivants qui ne devaient point périr dans les eaux du déluge. De même que du côté du premier Adam, endormi dans le paradis terrestre, sortit la femme qui devait être son épouse, ainsi, tandis que le second Adam, la tête penchée, dormait sur la croix, de son côté sortit l'Église à laquelle il devait être uni d'une manière mystérieuse et toute surnaturelle. (S. AUGUSTIN.)

4-5. Mais l'un d'eux avec sa lance lui ouvrit le côté, et aussitôt il en sorlit du sang et de l'eau ; et celui qui l'a vu en rend témoignage.Jésus-Christ mourant d'une mort cruelle, et versant sans réserve son sang innocent, avait répandu sur tout le Calvaire un esprit de componction et de pénitence. Ne soyons pas plus durs que les Juifs; faisons retentir le Calvaire de nos cris et de nos sanglots; pleurons amèrement nos péchés; irritons-nous saintement contre nous-mêmes; rompons tous ces indignes commerces; quittons cette vie mondaine et licencieuse; portons en nous la mort de Jésus-Christ; rendons-nous dignes par la pénitence d'avoir part à la grâce de son testament: il est fait, il est signé, il est immuable; Jésus a donné tout son sang pour le valider. Je me trompe; il en reste encore: il y a une source de sang et de grâce qui n'a pas été ouverte. Venez, ô soldat, percez son côté; un secret réservoir de sang doit encore couler sur nous par cette blessure! Voyez ruisseler ce sang et cette eau du côté percé de Jésus : c'est l'eau sacrée du baptême, c'est l'eau de la pénitence, l'eau de nos larmes pieuses. Que cette eau est efficace pour laver nos crimes! Mais, chrétiens, elle ne peut rien qu'étant jointe au sang de Jésus, dont elle tire toute sa vertu. Coulez donc, ondes bienheureuses de la pénitence; mais coulez avec le sang de Jésus, pour être capables de laver

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