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4. Et tout à coup un violent tremblement de terre se fit sentir: car un ange du Seigneur descendit du ciel, et, s'approchant, il roula la pierre et s'assit dessus.- Un grand tremblement de terre vient de sceller la résurrection, la mort voit s'évanouir sa puissance, les ténèbres se sont dissipées, le Seigneur, Maître souverain des vertus célestes, s'est relevé, et l'enfer a tremblé jusque dans ses profondeurs. Un ange du Seigneur descend du ciel, roule la pierre et s'assied dessus; cet ange est l'emblème de la miséricorde divine: Dieu le Père envoie à son Fils sortant du tombeau une vertu des cieux pour le recevoir, et pour lui donner la faculté d'annoncer par un ange sa résurrection d'entre les morts. Mais les gardiens qui avaient vu tout cela, et les Princes des prêtres qui auraient dû se convertir à la pénitence, et proclamer la résurrection et la divinité de Jésus-Christ, persévèrent dans leur méchanceté, et ils emploient l'argent réservé aux usages du temple à acheter un mensonge sur la résurrection, comme ils avaient, quelques jours auparavant, acheté d'un traître la vie de Jésus-Christ. (SAINT-HILAIRE.)

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4-5. Et tout à coup un violent tremblement de terre se fit sentir: car un ange du Seigneur descendit du ciel, et, s'approchant, il roula la pierre et s'assit dessus. Son visage était comme l'éclair, et son vétement comme la neige. Frappés de terreur et d'épouvante, les gardes devinrent comme morts. Mais pourquoi la terre a-t-elle tremblé? Pour étonner ces soldats qui iront avertir les Juifs de ce qu'ils ont vu, et rendront, par leur effroi et par leur déposition, un solennel hommage à la vérité de l'événement.... Répandus dans la ville, ils y sèment la nouvelle de ce qui vient d'avoir lieu en leur présence. Des pontifes, opiniâtres dans leur haine, leur donnèrent, poursuit l'évangéliste, une somme d'argent considérable, les engageant à publier que les disciples de Jésus étaient venus enlever son corps. Imposture grossière! entreprise absurde! et dont l'exécution était bien évidemment impraticable de la part de tels hommes, et avec d'aussi insurmontables difficultés. Ils avaient eu raison de dire, ces pontifes menteurs, que l'erreur nouvelle serait pire que la première : car leur sacrilége obstination va consommer leurs iniquités passées. Ils ont acheté le sang de Jésus-Christ par de l'argent; ils voudraient encore acheter par de l'argent la nouvelle imposture qu'ils opposent à la certitude de sa résurrection! (SAINT JEAN-CHRYSOSTôme.)

7. Aussitôt Marie-Madeleine courut dire à Pierre et au disciple que Jésus aimait : Le Seigneur a été enlevé du sépulcre, et nous ne savons où ils l'ont mis. Cette femme, en qui le péché avait abondé, mais

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dont la grâce avait fait ensuite une âme de prédilection, un modèle de pénitence et de sainteté, Marie - Madeleine n'attend point que le jour paraisse pour courir au tombeau de son divin Maître. Malgré les ténèbres de la nuit, elle encourage et dirige les autres saintes femmes ; ni le ciel qui s'ouvre sur sa tête, ni l'ange qui descend comme un trait de feu, ni la terre qui tremble sous ses pieds, ne sauraient ralentir son ardeur. Arrivée au sépulcre, et voyant que la pierre qui le fermait a été renversée, elle croit que l'on a enlevé le corps de son Seigneur. Alors, laissant les autres femmes entrer dans ce tombeau vide, elle court annoncer au chef des apôtres ce qu'elle s'imagine être un nouveau surcroît de douleur. Voilà cette femme dont l'Évangile dit, en un autre endroit, qu'elle était la pécheresse de la ville! Ne désespérons donc jamais, quelle qu'ait été notre vie passée, à quelque profondeur que nous nous trouvions dans l'abîme du péché: la pénitence peut nous en retirer et nous purifier; comme aussi, la grâce de Dieu est toujours assez puissante pour changer un vase d'ignominie en un vase d'élection. (B.)

9. Vous cherchez Jésus de Nazareth qui a été crucifié : il n'est plus ici, il est ressuscité comme il l'avait dit. - Jésus-Christ est ressuscité, et avec lui il a ressuscité tout le genre humain. Il s'est ressuscité en brisant les liens de la mort; et il nous rappelle à la vie en dénonant les liens qui nous attachaient au péché. Adam, prévaricaleur, subit la mort; Jésus-Christ, innocent, la subit de même. Pourquoi ? afin que le premier Adam, qui avait trouvé la mort dans son péché, fût délivré de la mort par un autre Adam, mort sans avoir péché. Il s'est substitué au débiteur. Vous devez une somme d'argent que vous êtes hors d'état de payer, et vous êtes jeté en prison. Quelqu'un vient qui, sans rien devoir, consent à payer pour vous; et, en se portant votre caution, il vous délivre de la peine. Voilà ce qu'a fait Jésus-Christ en mourant pour les hommes. (SAINT JEAN-CHRYSOSTOME.)

9-10. Vous cherchez Jésus de Nazareth qui a été crucifié : il est ressuscité, il n'est plus ici. - Ces paroles sont bien différentes de celles que nous voyons communément gravées sur les tombeaux des hommes. Quelque puissants qu'ils aient été, à quoi se réduisent ces magnifiques éloges qu'on leur donne, et que nous lisons sur ces superbes mausolées que leur érige la vanité humaine? A celte triste inscription, Ci-git......; ce grand, ce conquérant, cet homme tant vanté dans le monde, est ici couché sous cette pierre, et enseveli dans la poussière, sans que tout son pouvoir et toute sa grandeur l'en puissent tirer. Mais il en est bien autrement à l'égard de Jésus-Christ. A peine

a-t-il été enfermé dans le sein de la terre, qu'il en sort, dès le troisième jour, victorieux et tout brillant de lumière en sorte que ces saintes femmes qui le viennent chercher, et qui, ne le trouvant pas, en veulent savoir des nouvelles, n'en apprennent rien autre chose, sinon qu'il est ressuscité et qu'il n'est plus là. Voilà, selon la prédiction et l'expression d'Isaïe, ce qui rend son tombeau glorieux. Au lieu donc que la gloire des grands du siècle se termine au tombeau, c'est dans le tombeau que commence la gloire de ce Dieu-Homme.

(BOURDALOUE.)

9-10. Vous cherchez Jésus de Nazareth qui a été crucifié: il est ressuscité, il n'est plus ici. Quand je vois ces riches tombeaux sous lesquels les grands de la terre semblent vouloir cacher la honte de leur corruption, je ne puis assez m'étonner de l'extrême folie des hommes, qui érigent de si magnifiques trophées à un peu de cendre et à quelques vieux ossements. C'est en vain que l'on enrichit leur cercueil de marbre et de bronze; c'est en vain que l'on déguise leur nom véritable par ces litres superbes de monuments et de mausolées. Que nous profite, après tout, cette vaine pompe, si ce n'est que le triomphe de la mort est plus glorieux, et les marques de notre néant plus illustres? Il n'en est pas ainsi du sépulcre de mon Sauveur. La mort a eu assez de pouvoir sur son divin corps; elle l'a étendu sur la terre, sans mouvement et sans vie; mais elle n'a pu le corrompre ; et nous lui pouvons adresser cette parole que Job adressait à la mer : Tu iras jusque-là, mais tu ne passeras pas outre ; cette pierre servira de borne à ta furie; et à ce tombeau, comme à un rempart invincible, seront enfin rompus tes efforts. C'est pourquoi Notre-Seigneur Jésus, après avoir subi volontairement une mort infâme, veut après cela que son sépulcre soit honorable. Il est situé au milieu d'un jardin, taillé tout nouvellement dans le roc; il faut de plus qu'il soit vierge, et que personne n'y ait encore été enseveli; il faut, en outre, que le Sauveur y repose doucement, jusqu'à ce que l'heure de son réveil soit venue. Mais voilà qu'il s'est éveillé, et que, se levant, il vient réveiller la foi 'endormie de ses apôtres. Les pieuses femmes étant accourues dès le grand matin, pour chercher le Fils de Dieu dans ce lit de mort : « Que cherchez-vous ici? leur ont dit les anges, vous cherchez Jésus de Nazareth, qui a été crucifié: il n'y est plus, il s'est levé et il est ressuscité. Voyez le lieu où on l'avait mis; mais ne cherchez point parmi les morts celui qui est vivant. >> (BOSSUET.)

9-10. Vous cherchez Jésus de Nazareth, qui a été crucifié : il est

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ressuscité, il n'est plus ici. Une première conséquence de la résurrection de Jésus-Christ, c'est qu'il est véritablement l'envoyé de Dieu. Jésus paraît au milieu de la Judée; il se dit l'envoyé du ciel pour former à Dieu des adorateurs en esprit et en vérité; il ne dispute pas, il décide; il ne parle pas en philosophe qui disserte, mais en maître; la sagesse est sur ses lèvres, comme l'innocence est dans ses actions; sublime dans sa simplicité, il enseigne sans faste, sans efforts, comme ayant autorité le peuple est ravi de l'entendre, et dit que jamais homme n'a parlé comme lui. Sans doute, la sainteté de sa vie, la beauté de sa doctrine, annoncent en lui je ne sais quoi de céleste que la terre n'a pas encore vu, et décèlent un personnage qui, plus que tout autre, a le droit d'instruire et d'éclairer les hommes sur la religion. Mais il fallait surtout, pour les esprits vulgaires, des preuves de sa mission lui-même, il renvoie souvent à ses miracles. S'il passe sur la terre en faisant le bien, c'est qu'il y passe en opérant des prodiges qui presque toujours tournent au soulagement des malheureux, à la consolation des affligés, à la conversion des pécheurs. Il annonce solennellement qu'il ressuscitera le troisième jour, et il indique ce miracle comme la marque la plus éclatante de sa divine autorité : dès lors, s'il est ressuscité, il est ce qu'il se disait être pendant sa vie. Ce n'est pas seulement un philosophe plus sage et plus éclairé que les autres : c'est un dépositaire des secrets de Dieu, qui est venu les révéler aux hommes, pour les instruire de toute vérité nécessaire à leur bonheur. Une seconde conséquence qui découle de la première, c'est que Jésus-Christ doit être écouté dans tous ses enseignements, comme la vérité même. Le philosophe le plus savant se trompe quelquefois : borné dans ses pensées, égaré par le préjugé, entraîné par la passion, il se laisse séduire au mensonge, et il séduit à son tour. La vertu même la plus pure ne met pas à l'abri de toute illusion: avec l'âme la plus droite, on peut bien être innocent, on n'est pas pour cela infaillible. Mais dans Jésus-Christ, il faut voir constamment l'interprète des volontés de Dieu ce n'est pas en son nom, c'est au nom de Dieu qu'il parle; et Dieu l'autorise par des miracles, et principalement par celui de sa résurrection. Voilà le sceau de son ambassade céleste auprès des hommes; et s'il nous trompait, ce serait Dieu qui nous tromperait luimême. (FRAYSSINOUS.)

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10. Il est ressuscité comme il l'avait dit. — C'est avec la plus grande simplicité que les évangélistes publient l'événement le plus grand qui

fut jamais. Des contradictions apparentes, dans quelques détails accessoires, attestent que leurs récits ne furent point concertés; et lors même que ces contradictions ne sauraient être expliquées, elles contriburaient par cela même à prouver le fait principal d'autant plus clairement. Car il n'est certainement jamais arrivé que, je ne dirai point quatre personnes, mais seulement deux, aient raconté sommairement un événement fécond en circonstances accessoires, sans avoir été en désaccord entre elles sur ces accessoires. Les inégalités de cette nature ne sont jamais, sous aucun rapport, le résultat du défaut de vérité dans le récit, ni celui de l'ignorance ou de l'oubli, bien qu'il puisse en résulter des contradictions apparentes. Ces inégalités proviennent souvent de ce que l'un met en évidence certains faits qu'un autre effleure seulement ou passe sous silence, et qu'aucun ne rapporte ceux qui auraient pu coordonner les divers récits entre eux.

(STOLBERG.)

11. Allez dire à ses disciples et à Pierre qu'il est ressuscité. — Doiton s'étonner si l'ange désigne Pierre par son nom, s'il le distingue particulièrement? Non, sans doute; car si Pierre n'était appelé d'une manière particulière, oserait-il se présenter, lui qui a nié trois fois son Maître? Il n'oserait pas se mettre au nombre des disciples, et c'est pour qu'il ne désespère pas de sa faute que l'Ange le nomme par son nom. Mais ce qui doit vous étonner surtout, c'est que Dieu dans sa toutepuissance ait permis que celui qu'il destinait à gouverner son Église, se soit laissé terrifier par la voix d'une servante, jusqu'à nier son Dieu. La Providence voulut inspirer par là au chef futur de l'Église l'indulgence et le pardon pour ceux de ses enfants qui s'éloigneraient parfois du bon chemin. Elle voulut qu'il eût sans cesse devant les yeux ses propres infirmités, pour qu'il ne fût pas trop sévère, pour qu'il usât de miséricorde envers les autres. Il vous précède en Galilée, ajoute l'Ange, et là vous le verrez comme il vous l'a dit et comme je vous l'annonce moi-même. La Galilée doit se prendre ici pour une terre d'émigration; car notre Rédempteur est passé de la mort à la vie, des supplices à la gloire, de la corruption à la pureté. De même qu'en Galilée il apparaît à ses disciples dans toute sa splendeur, de même aussi nous le verrons dans toute la gloire de sa résurrection, si nous chassons les vices de notre cœur pour ne l'orner que de vertus. Celui qu'on vous annonce dans le tombeau, vous le verrez dans sa résurrection. Celui qui mortifie sa chair, nous le verrons dans la résurrection de son esprit. Il y a deux vies, la vie mortelle et la vie immortelle; la vie de

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