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malgré toutes leurs précautions et tous leurs soins, le corps du Sauveur, après trois jours de sépulture, ne s'étant plus trouvé dans le tombeau, que pouvaient dire les Pharisiens? que ses disciples l'avaient enlevé à la faveur de la nuit, et tandis que la garde était endormie ? Mais, reprend saint Augustin, comment a-t-on pu approcher du cercueil, lever la pierre, emporter le corps, sans réveiller aucun des soldats? D'ailleurs, si la garde était endormie, d'où a-t-elle su qu'on l'avait enlevé, et qui l'avait enlevé? Et si elle n'était pas endormie, comment a-t-elle souffert qu'on l'enlevât? Quelle apparence que ses disciples, qui étaient la faiblesse et la timidité même, soient devenus tout à coup si hardis?..... De plus, quand ils l'auraient osé, à quel dessein voudraient-ils faire croire aux autres une chose dont la fausseté leur était clairement connue? que pouvaient-ils espérer de là? car s'ils avaient enlevé le corps, il leur était évident que Jésus-Christ n'était pas ressuscité, et qu'il les avait trompés. Ils n'avaient donc, en publiant sa résurrection, rien à attendre que les traitements les plus rigoureux, les persécutions, les prisons, les fouets, la mort même. (BOURDALOUE.)

22-23. Dites que ses disciples sont venus durant la nuit, et l'ont enlevé pendant que vous étiez endormis. Et si cela vient à la connaissance du gouverneur, nous le gagnerons, et nous vous mettrons à l'abri de tout danger. Cette fable juive est bien digne d'être répétée par des hommes qui croient tout, excepté ce qu'ils doivent croire. Pour l'admettre, il faut dire que tous les gardes dormaient à la fois; que pas un seul ne put être éveillé par le bruit de plusieurs personnes qui arrivent au sépulcre, roulent la pierre énorme qui en ferme l'entrée, y entrent, en retirent le corps et l'emportent. Voici encore une autre circonstance remarquable: au lieu d'emporter le corps tout enveloppé, ce qui était plus facile et plus court, ces étranges voleurs font tout le contraire; ils détachent le linceul qui couvre le corps, et le laissent dans le sépulcre; ils plient même et placent à part le suaire qui couvrait sa tête car ces particularités sont expressément rapportées par les évangélistes. Que si l'on disait que les apôtres se sont avancés secrètement jusqu'au sépulcre par une voie souterraine, nous ferions à ce sujet une observation sans réplique: c'est qu'une telle fraude aurait laissé après elle des traces manifestes. Le sépulcre était taillé dans le roc; il aurait donc fallu y pratiquer une ouverture, et cette ouverture aurait trabi le complot et le vol sacrilege. Vous le voyez, celte supposition de l'enlèvement du corps, outre qu'elle est entièrement gratuite,

qu'elle ne repose sur aucune preuve positive, n'a pas même le mérite d'une simple probabilité: ce n'est qu'un échafaudage de pièces mal assorties qui tombent de toutes parts. C'est le cas de dire avec le poète romain : « Qu'un Juif le croie; moi, je ne le croirai pas. »

ÉLÉVATION.

(FRAYSSINOUS.)

Que j'aime l'empressement de ces deux disciples qui, tandis que les autres refusaient de croire ce que leur disaient les saintes femmes de la résurrection du Sauveur, sortent du lieu où ils étaient tous rassemblés et courent en toute hâte vers le sépulcre : c'est que leur amour pour vous, Seigneur, était bien plus ardent que celui de leurs frères. La tendresse de Pierre s'était fortifiée par le souvenir de la faute qu'il avait commise; Jean, le disciple que vous semblez avoir chéri plus particulièrement, n'ayant jamais aimé que vous, vous aimait mieux que tous, car rien ne s'opposait à la vivacité de sentiment avec lequel son âme se portait vers vous. Aussi arrive-t-il le premier au tombeau d'où vous veniez de sortir d'une manière si miraculeuse. Madeleine, cette illustre pénitente, qui vous aimait d'autant plus que vous lui aviez plus pardonné, ne peut se résoudre à quitter ce lieu où elle avait vu renfermer le corps de son Sauveur; ses larmes coulent, parce que ses recherches sont infructueuses. Touché de cette douleur si vraie, vous lui apparaissez et vous lui parlez la première, comme quelques instants après vous récompenserez le zèle et l'amour des autres saintes femmes, en vous montrant à elles. Ah! bon Sauveur! comme Madeleine, nous pleurerons nos fautes en pensant à votre mort, et notre âme trouvera de grandes lumières à repasser les cruelles souffrances que vous avez endurées pour nous ces larmes seront bien douces, faites qu'elles deviennent un jour notre gloire.

CHAPITRE CXVI.

1-6. Les saintes femmes annoncent aux apôtres la résurrection du Sauveur; mais les apôtres ne les

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croient point. 7-27. Jésus apparaît à deux disciples allant à Emmaūs. les croient pas davantage (le dimanche, jour même de la résurrection).

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MARC, XVI, 9-13; Luc, XXIV, 9-11 13-35; JEAN, XX, 18.

Surgens autem manè,

prima sabbati, apparuit

de quà ejecerat septem dæmonia.

1. Jésus ressuscita donc le matin du

primò Maria Magdalene, premier jour après le sabbat, et apparut d'abord à Marie-Madeleine, de qui il avait chassé sept démons.

Illa vadens nuntiavit his qui cum eo fuerant, lugentibus et flentibus.

Et illi audientes quia viveret et visus esset ab eâ, non crediderunt.

Et regressæ à monumento nuntiaverunt hæc

cæteris omnibus.

2. Et celle-ci courut en faire part à ceux qui avaient été avec lui, et qui s'affligeaient et pleuraient1.

que

3. Quand elle leur dit Jésus était vivant, et qu'elle l'avait vu et qu'il lui avait parlé, ils ne la crurent point.

4. En ce même temps, les autres femmes,

omnia illis undecim, et de retour du sépulcre, annoncèrent aussi toutes ces choses aux apôtres et à tous les autres disciples.

Erat autem Maria Magdalene, et Joanna, et Maria Jacobi, et cæteræ quæ cum eis erant, quæ

5. Ces choses furent donc affirmées aux apôtres par Marie-Madeleine, Jeanne, Marie dicebant ad Apostolos mère de Jacques, et les autres qui étaient

hæc.

avec elles 2.

1 2. Déjà Marie-Madeleine, ayant vu la pierre du tombeau renversée, et concluant de là que l'on avait enlevé le corps de Jésus, était allée en informer le chef des apôtres; elle retourne maintenant vers les apôtres pour leur faire savoir qu'elle les avait induits en erreur, et que Jésus était vraiment ressuscité.

25. Remarquons en passant que la très-sainte Vierge ne paraît dans aucune des démarches que font aujourd'hui les saintes femmes. Elle ne va point avec elles au tombeau, parce que son divin Fils l'ayant visitée la première de toutes, elle savait déjà tout le mystère. Elle ne dit rien aux apôtres, parce que Jésus-Christ devait apparaître bientôt à saint Pierre, leur chef, comme il est dit dans saint Paul.

Et visa sunt ante illos

sicut deliramentum ver

6. Et les apôtres considérèrent ce qu'elles

ba ista, et non credide disaient comme des rêveries, et ne les cru

runt illis.

b Post hæc autem duo.

bus ex his ostensus est in aliâ effigie.

Et eccè duo ex illis

ibant ipsâ die in castellum quod erat in spatio

rent point.

7. Mais bientôt Jésus se montra sous une autre forme à deux d'entre eux.

8. Le même jour, deux d'entre eux al

stadiorum sexaginta ab laient à un village nommé Emmaüs, à soixante stades de Jérusalem1.

Jerusalem, nomine Em

maus.

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9. Et ils s'entretenaient ensemble de ce qui venait de se passer.

10. Or, pendant qu'ils conversaient ensemble, et se questionnaient mutuellement, Jésus lui-même les joignit et marchait avec

eux.

11. Mais un effet de sa puissance empêchait leurs yeux de le reconnaître 2.

12. Et il leur dit : De quoi vous entretenez-vous ainsi en marchant? et d'où vient que vous êtes tristes?

13. Et l'un d'eux, nommé Cléophas, lui répondit: Vous êtes donc le seul assez étranger dans Jérusalem pour n'avoir point appris ce qui s'y est passé en ces derniers jours?

14. Il leur dit : Quoi donc ? Et ils répondirent Touchant Jésus de Nazareth, qui était un prophète puissant en œuvres eten

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2 y 11. L'idée de puissance se trouve dans le texte grec : oí ¿pl«)μoi avtāv EXPATOűvTO, at oculi eorum potentiâ tenebantur (xpatos, potentia, puissance).

14. Jésus-Christ les interroge ici pour les faire parler, pour leur faire formuler leurs doutes et leur incrédulité, et pour leur reprocher ensuite celte lenteur à croire.

Deo et omni populo; paroles devant Dieu et devant tout le peuple: 15. Et comment les Princes des prêtres et nos chefs l'ont livré pour être condamné à mort, et l'ont crucifié.

Et quomodò eum tradiderunt summi sacerdotes et Principes nostri in damnationem mortis, et crucifixerunt eum.

Nos autem sperabamus quia ipse esset redempturus Israel: et nune, super hæc omnia,

16. Or, nous espérions en lui, nous pensions que c'était lui qui devait racheter tertia dies est hodiè quòd Israël1. Mais maintenant, outre tout cela2, voici aujourd'hui le troisième jour que l'événement a eu lieu.

hæc facta sunt.

Sed et mulieres quædam ex nestris terruerunt nos, quæ ante lucem fucrunt ad monumentum.

Et non invento corpore ejus, venerunt, di

17. Il est vrai que quelques-unes des femmes qui étaient avec nous, nous ont raconté des choses étranges.

18. Étant allées au sépulcre avant le jour,

centes se etiam visionem et n'ayant point trouvé son corps, elles sont

Angelorum vidisse qui dicunt eum vivere.

Et abierunt quidam ex nostris ad monumentum, et ità invenerunt sicut mulieres dixerunt; ipsum verò non inven.

runt.

Et ipse dixit ad eos: O stulti et tardi corde ad credendum in omnibus quæ locuti su prophetæ!

Nonne hæc oportuit pati Christum, et ità

venues dire
que des
anges leur étaient ap-
parus, leur annonçant qu'il était vivant.
19. Alors quelques-uns des nôtres sont
allés au sépulcre, et ont trouvé toutes
choses comme les femmes avaient dit; mais
lui, ils ne l'ont point trouvé.

20. Jésus leur dit : O hommes sans intelligence, ô cœurs tardifs à croire à ce que tous les prophètes ont annoncé !

21. Ne fallait-il pas que le Christ souffrît intrare in gloriam suam? ainsi, et qu'ainsi il entrât dans sa gloire? 22. Et commençant par Moïse, et par

Et incipiens à Moyse, et omnibus Prophetis, interpretabatur illis in

courant tous les prophètes, il leur inter

16. Ces disciples, encore charnels, n'attendaient de Jésus-Christ, comme Messie, que l'affranchissement du joug de la domination romaine, et l'établissement d'un royaume temporel, florissant et glorieux. Le voyant mort depuis trois jours, ils croient n'avoir plus rien à espérer de lui ; c'est à ce manque d'espérance que se rapporte le reproche que Jésus-Christ va leur adresser.

2 16. C'est-à-dire, outre qu'il a été moqué, flagellé, couvert d'opprobres et repoussé unanimement par les Juifs.

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