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sez aujourd'hui dans l'Église. Qui Êtes-vous? le grand-prêtre et le souverain pontife. Vous êtes le prince des évêques, l'héritier des apôtres; vous avez la primauté d'Abel, le gouvernement de Noé, le patriarchat d'Abraham, l'ordre de Melchisédech, la dignité d'Aaron, l'autorité de Moïse, le tribunal de Samuel, le pouvoir de Pierre, l'onction du Christ. Vous êtes celui à qui les clefs du ciel ont été données, celui à qui la garde du troupeau a été confiée. A la vérité, vous n'êtes pas le seul à qui soient confiés la garde du ciel et le soin des troupeaux; mais vous êtes d'autant plus au-dessus des autres, que vous avez mérité d'une manière bien différente. Chacun d'eux a son troupeau particulier; vous seul êtes le pasteur du troupeau universel; vous êtes le pasteur, nonseulement des brebis, mais encore de tous les pasteurs. Et si vous voulez savoir d'où je tire mes preuves, je vous dirai que c'est des paroles mêmes du Seigneur. Et, en effet, auquel, je ne dis pas des évêques, mais des apôtres, le soin du troupeau a-t-il été confié d'une manière aussi absolue? Si vous m'aimez, dit-il à Pierre, faites paître mes brebis. Mais lesquelles? Pensez-vous qu'il parle des habitants d'une ville, d'une contrée, d'un royaume? Mes brebis, dit-il; d'où il suit qu'il ne lui en a désigné aucune en particulier, et qu'il les lui a toutes confiées: il n'y a point d'exception là où il n'y a point de distinction. Peut-être les autres disciples étaient-ils présents, lorsque le Seigneur, confiant le troupeau à un seul, recommandait à tous l'unité en un seul troupeau et en un seul pasteur, selon cette parole: Ma colombe, ma belle, ma parfaite colombe est unique. Là où est l'unité, là est la perfection; les autres membres n'ont point la perfection, mais la division, en s'écartant de l'unité. C'est pourquoi les disciples, reconnaissant le mystère, prirent chacun la charge d'un peuple particulier. Enfin, Jacques, qui était regardé comme la colonne de l'Église, se contenta de Jérusalem, laissant l'univers à Pierre. Et il était bien juste que Jacques fût établi à Jérusalem pour augmenter la famille de son frère qui venait d'expirer; car il fut appelé le frère du Seigneur. Or, le frère du Seigneur, reconnaissant la prérogative de Pierre, qui aurait osé la lui contester? Ainsi, d'après les canons ecclésiastiques, les autres ont été appelés pour entrer en participation dans les soins que l'Église doit aux peuples; vous seul avez été établi dans la plénitude de la puissance. Leur pouvoir est restreint dans de certaines limites; le vôtre. s'étend sur ceux-là même qui ont reçu l'autorité sur les autres. Ne pouvez-vous pas, en effet, s'il le faut, fermer le ciel à un évêque, le déposer de son évêché et même le livrer à Satan? Votre privilége est donc inébranlable et sans limites, tant dans la garde des clefs qui

vous ont été confiées que dans le soin des ouailles qui vous ont été commises. Mais écoutez une autre circonstance qui confirme votre prérogative. Les disciples étaient en mer: Jésus-Christ leur apparut sur le rivage, et ce fut pour eux un grand sujet de contentement que de le voir ressuscité. Pierre, aussitôt qu'il a reconnu le Seigneur, se jette à la mer et parvient jusqu'à lui, tandis que les autres y arrivent avec leurs barques. Qu'est-ce que cela, sinon le signe de l'insigne pontificat de saint Pierre, qui a reçu mission de gouverner, non pas une barque, mais le monde entier? Car la mer représente le monde, et les barques représentent les églises particulières. Ayant marché une autre fois sur les eaux, à l'exemple de son Maître, Pierre prouva par là qu'il était le seul vicaire de Jésus-Christ, celui qui devait commander, non pas à un seul, mais à tous les peuples. De même que plusieurs eaux signifient plusieurs peuples, de même, tandis que chacun a sa barque particulière, il vous a été confié un immense vaisseau : c'est l'Église universelle répandue sur toute la terre et composée de toutes les églises particulières. (SAINT BERNARD.)

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20-21. En vérité, en vérité je vous le dis: quand vous étiez jeune, vous vous ceigniez vous-mêmes, et vous alliez où vous vouliez; mais quand vous serez vieux, un autre vous ceindra et vous conduira où vous ne voulez pas aller. On a vu plus d'une fois dans le cours de cet ouvrage, que saint Pierre redoutait la mort violente et qu'il n'était aucunement disposé au martyre. Pour le consoler de cette faiblesse de caractère qu'il ne pouvait guère se dissimuler, et qui devait lui paraître incompatible avec la dignité dont il venait d'être revêtu, Jésus-Christ lui annonce que ce qu'il ne pourrait pas faire actuellement, faute du courage nécessaire, il y sera un jour amené par les circonstances et que malgré toutes les apparences contraires, sa mort sera digne de son apostolat. Avec quelle habileté, nous dirons presque, avec quel artifice tout divin le Fils de Dieu touche celte corde si délicate! La jeunesse et la vieillesse, semble-t-il dire à son apôtre, sont deux âges différents; on se soumet dans l'un à ce que l'on n'aurait pas souffert dans l'autre. Quand vous étiez jeune, vous vous ceigniez vous-même, et vous eussiez repoussé jusqu'à l'idée d'un secours étranger; mais quand vous serez vieux, ne pouvant plus faire autrement, vous étendrez les bras et un autre vous ceindra selon sa volonté, même avec des chaînes. Quand vous étiez jeune, vous alliez où vous vouliez; mais quand vous serez vieux, on vous conduira où vous ne voulez pas aller, même à la mort violente. Quelle bonté de la part du Dieu sauveur! Il touche la

plaie ; mais comme sa main est douce et comme elle s'arrête au moment où elle causerait de la douleur! Il fait un reproche, mais il y a dans ce reproche tant de ménagements et tant de charité, qu'il ne laisse après lui que la consolation et l'espérance. Quant à saint Pierre, non-seulement il finit par accepter le calice de la souffrance, selon la parole de Jésus, mais il joignit à son acceptation une circonstance qui en fait un trait d'héroïsme à jamais admirable: il demanda et obtint d'être crucifié la tête en bas, parce que, dit-il alors, il n'était pas digne d'être traité comme son divin Maître. (B.)

ÉLÉVATION.

Salut! ô Église de Jésus-Christ! source de la vérité, demeure de la foi, temple de Dieu. Pierre, malgré sa faute, conserve les prérogatives qui lui avaient été données avant sa chute. Vos apôtres, Seigneur, reçoivent tous une puissance égale, ils sont tous associés à l'honneur des mêmes fonctions et du même ministère mais lorsque vous confiez à Pierre le soin de paître vos brebis, la suprématie lui est donnée, afin qu'il n'y ait qu'une Église de Jésus-Christ, une seule chaire d'où la vérité se répande dans tout le monde. L'arbre planté par Pierre a porté ses fruits: l'Église de Rome subsiste toujours la même, et malgré les fureurs des hérésies et des schismes, elle conserve et présentera constamment à l'univers l'enseignement qu'elle tient de vous, Seigneur. Aimons-la donc cette Église du Sauveur; attachons-nous à elle du fond de notre cœur; Dieu lui-même lui a promis la victoire sur ses ennemis; chacun de ses membres a reçu les mêmes promesses et a droit au même héritage. Montrons-nous ses enfants soumis et dévoués; veillons désormais à l'observation de ses divins commandements, afin qu'après avoir été guidés par elle à travers la nuit qui nous environne ici-bas, elle nous conduise enfin jusqu'à la lumière éternelle qui éclaire le royaume des cieux.

CHAPITRE CXIX.

8. Il leur

1-7. Jésus apparaît de nouveau à ses disciples, mission des apôtres dans le monde entier. apparaît beaucoup de fois encore.— 9-30. 11 leur apparaît une dernière fois, confirme leur mission, baptême; il monte au ciel en leur présence (dans les premiers jours du mois de mai, quarante jours après la résurrection).

MATH., XXVIII, 16-20; MARC, XVI, 14-19; Luc, XXIV, 44-53; ACTES, I, 3-14.

Undecim autem disc'puli abierunt in Galilæam in montem ubi constituerat illis Jesus.

Deindè visus est plus quam quingentis fratriLus simul.

Et videntes cum ado-
quidam au-

raverunt
tem dubitaverunt.

Et accedens Jesus locntus est eis, dicens : Data est mihi omnis potestas in cœlo et in terrâ.

Euntes ergò docete omnes gentes, baptizan

1. Après cela, les onze apôtres s'en allèrent sur une montagne de Galilée où Jésus leur avait ordonné de se rendre.

2. Et il apparut de nouveau à plus de cinq cents disciples ensemble.

3. Et en le voyant, ils l'adorèrent. Et comme quelques-uns hésitaient,

4. Jésus s'approchant, leur adressa la parole, et leur dit : Toute puissance m'a été donnée dans le ciel et sur la terre:

5. Allez donc, enseignez toutes les nates eos in nomine Pa- tions, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit;

Sancti :

Docentes eos servare omnia quæcumque mandavi vobis. Et ecce ego vobiscum sum omnibus diebus, usque ad consummationem seculi.

Quibus et præbuit seipsum vivum pot pas sionem suam in multis argumentis, per dies quadraginta apparens eis, et

6. Leur apprenant à observer tout ce que je vous ai commandé. Et voilà que je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la consommation des siècles 1.

7. Jésus donna donc à ses disciples un grand nombre de preuves qu'il était vivant après sa mort, leur apparaissant pendant

16. Cette dernière parole montre que la mission des apôtres et la promesse que Jésus-Christ leur fait d'être avec eux s'étendent à tous ceux qui devaient leur succéder légitimement dans les fonctions de l'apostolat.

et convescens.

loquens de regno Dei, quarante jours, et leur parlant du royaume de Dieu, et mangeant avec eux 2.

Novissimè recumbentibus iis undecim apparuit et exprobavit incredulitatem eorum et

8. Enfin Jésus apparut aux onze disciples, comme ils étaient à table dans Jéru

duritiam cordis, quia iis, salem; et il leur reprocha leur incrédulité

qui viderant eum resurrexisse, non crediderunt.

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et la dureté de leur cœur, parce qu'ils n'avaient pas cru à ceux qui l'avaient vu ressuscité;

9. Et il leur dit: Allez dans tout le monde, et prêchez l'Évangile à toute créature:

10. Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé ; mais celui qui ne croira pas sera condamné.

11. Voici les signes qui accompagneront ceux qui croiront: ils chasseront les démons en mon nom, ils parleront des langues nouvelles;

12. Ils manieront les serpents; et s'ils boivent quelque poison mortel, il ne leur fera aucun mal; ils imposeront les mains sur les malades, et les malades seront guéris3.

17. C'est-à-dire les instruisant de ce qu'ils doivent faire pour l'établissement et pour le gouvernement de l'Église. C'est là l'origine des traditions apostoliques. Tout ce qui a été cru et observé dans tous les temps et dans toutes les églises, sans être énoncé distinctement dans les Écritures, vient des apôtres, et par conséquent de Jésus-Christ, car les apôtres n'ont rien enseigné ni rien établi unanimement que ce qu'ils avaient appris du divin Maître.

27. Le reste de ce chapitre est tiré en grande partie des Actes des apôtres. 39. Le prêtre ne doit ouvrir la bouche que pour parler le langage de l'Écriture. Je ne veux point d'un déclamateur haranguant à tort et à travers; ce que je demande, c'est un interprète éclairé dans la doctrine du salut, un homme consommé dans la science de nos mystères immortels. (SAINT JEROME.)

10. S'il croit comme il faut, s'il persévère à croire, s'il ne met point d'obstacle à la grâce du baptême, et s'il est soigneux d'en conserver la vertu.

512. Tant que les miracles palpables ont été nécessaires pour attirer les païens à l'Église, c'est-à-dire pendant quatre siècles, cette promesse de Jésus-Christ s'est accomplie à la lettre. Elle s'accomplit encore aujourd'hui, et non moins heureusement pour nous, mais dans le sens moral, pour l'ordinaire.

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