Page images
PDF
EPUB

ne leur a pas dit: Allez; mais, Je vous envoie. Vous n'avez en partage que faiblesse ; mais Celui qui vous envoie est le Tout-Puissant, Celui près de qui toute résistance est vaine. Quoi de plus impétueux que la mer? Un grain de sable suffit pour arrêter sa fougue impétueuse. On les persécutera par l'exil et le bannissement, par la mort et les tortures n'importe, l'Église de Jésus-Christ prendra naissance dans la foi de ses apôtres et dans le sang de ses martyrs; les portes de l'enfer ne prévaudront jamais contre elle. Vous l'avez vu: quelles ligues formidables menaçaient de l'anéantir à son berceau! Aujourd'hui qu'elle s'élève jusqu'aux cieux, quelle force pourrait prévaloir contre la sienne? Jésus-Christ l'a dit : Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point. Le démon a épuisé ses ressources infernales sans qu'un seul de ses traits soit allé frapper au cœur de l'Église.

(SAINT JEAN-CHRYSOSTOME.)

[ocr errors]

15. Et ils commencèrent à parler diverses langues, selon les paroles que l'Esprit-Saint leur mettait dans la bouche. Les apôtres jusque-là si ignorants, les voilà tout à coup initiés dans la connaissance de toutes les langues du monde. Oseriez-vous les comparer avec les sophistes? ceux-ci n'ont affaire qu'à une seule nation. Nos apôtres, éclairés par l'Esprit-Saint, se trouvent en rapport avec tous les peuples du monde. Un pauvre Juif de la Galilée converse avec les Mèdes, avec les Perses; il en connaît la langue; il parle dans tous les dialectes des différents peuples qui habitent le globe de la terre. Il le fallait bien pour se faire entendre, pour devenir les docteurs de l'univers. Le pauvre docteur, que celui qui ne serait pas entendu de ses disciples! Voilà le premier miracle qu'opère la grâce de l'Esprit-Saint. (SAINT JEAN-CHRYSOSTOME.)

24. Et les apôtres, s'en allant, prêchèrent partout, le Seigneur agissant avec eux, et confirmant leur parole en la faisant suivre par des prodiges. Après la mort de Jésus-Christ, douze pauvres pêcheurs et artisans entreprirent d'instruire et de convertir le monde. Leur méthode était simple; ils prèchaient sans art, mais avec un cœur pénétré ; et de tous les miracles dont Dieu honorait leur foi, le plus frappant était la sainteté de leur vie. Leurs disciples suivirent cet exemple, et le succès fut prodigieux. Les prêtres païens, alarmés, firent entendre aux princes que l'Etat était perdu, parce que les offrandes diminuaient. Les persécutions s'élevèrent, et les persécuteurs ne firent qu'accélérer le progrès de cette religion qu'ils voulaient étouffer. Tous

les chrétiens couraient au martyre, tous les peuples couraient au baptême; l'histoire de ces premiers temps était un prodige continuel. (J.-J. ROUSSEAU.)

24. Elles apôtres, s'en allant, prêchèrent partout, le Seigneur agissant avec eux, et confirmant leur parole en la faisant suivre par des prodiges. Continuons d'admirer l'auguste souveraineté de la vérité chrétienne. Elle est venue sur la terre comme une étrangère, inconnue et toutefois haïe et persécutée, durant l'espace de quatre cents ans, par des préjugés iniques. Cependant, parmi ces fureurs du monde entier conjuré contre elle, elle n'a point mendié de secours humain. Elle s'est fait elle-même des défenseurs intrépides et dignes de sa grandeur, qui, dans la passion qu'ils avaient pour ses intérêts, ne sachant que la confesser et mourir pour elle, ont couru à la mort avec tant de force, qu'ils ont effrayé leurs persécuteurs, qu'à la fin ils ont fait honte par leur patience aux lois qui les condamnaient au dernier supplice, et ont obligé les princes à les révoquer. C'était donc le conseil de Dieu et la destinée de la vérité, si je puis parler de la sorte, qu'elle fût entièrement établie malgré les lois de la terre, et que dans la suite des temps elle les eût premièrement pour disciples, et après pour défenseurs. Il ne les a point appelés quand il a bâti son Église. Quand il a eu fondé immuablement et élevé jusqu'au comble ce grand édifice, il lui a plu alors de les appeler: Et nunc reges: « Venez, rois, maintenant. » Il les a donc appelés non point par nécessité, mais par grâce. Donc l'établissement de la vérité ne dépend point de leur assistance, ni l'empire de la vérité ne relève point de leur sceptre: et si Jésus-Christ les a établis défenseurs de son Évangile, il le fait par honneur et non par besoin; c'est pour honorer leur autorité et pour consacrer leur puissance. Cependant sa vérité sainte se soutient toujours elle-même et conserve son indépendance. Ainsi, lorsque les princes défendent la foi, c'est plutôt la foi qui les défend; lorsqu'ils protègent la religion, c'est plutôt la religion qui les protége et qui est l'appui de leur trône. Par où vous voyez clairement que la vérité se sert des hommes, mais qu'elle n'en dépend pas. (BossUET.)

24. Et les apôtres, s'en allant, préchèrent partout. - La moderne incrédulité n'a pas droit de nous opposer les principes de vertu dont elle a embelli ses ouvrages: tout ce qu'elle a publié de beau, de pur, de saint, nous le réclamons au nom de Jésus-Christ: ce sont ses préceptes qu'elle a envahis; elle n'a fait que leur enlever leur autorité,

leurs motifs et leur fin. Semblables à ces peuples qui insultaient le soleil, tout couverts de sa lumière, les déistes puisent dans l'Évangile leurs principes, et ils attaquent les principes de l'Évangile; ils dépouillent le christianisme de sa morale, et ils s'en servent pour le combattre. Sortez donc des lieux éclairés par la révélation, vous qui voulez connaître jusqu'où s'est étendue la lumière de la raison; transportez-vous aux pays, aux temps qui n'ont point connu Jésus-Christ. Avec la connaissance du vrai Dieu, les principes fondamentaux de la vertu étaient égarés dans l'univers; la religion, faite pour perfectionner l'homme, concourait à le pervertir; elle avait corrompu jusqu'à la règle des mœurs; l'exemple même de la Divinité encourageait au crime: il n'y avait point de passion qui n'eût ses dieux, ses prêtres, ses temples, son culte, ses sacrifices, ses mystères, ses adorateurs, ses initiés; et c'était du haut des autels que les vices se répandaient sur les nations. Qu'ont fait les philosophes pour arrêter ce torrent corrupteur? S'ils ont recueilli quelques vérités morales dans l'ensemble de la conduite des peuples, ou dans les débris des anciennes traditions, qu'ont-ils fait de ces vérités? Trop peu nombreux pour les répandre, trop timides pour les publier, trop divisés pour les concerter, trop faibles pour les faire recevoir, trop peu vertueux pour leur concilier le respect, ils se sont contentés d'en dire un mot dans leurs écoles avant de les mentionner dans leurs livres ; et encore, de combien de fables ne les ont-ils pas entremêlées! (DE LA LUZERNE.)

24. Et les apôtres, s'en allant, prêchèrent partout, le Seigneur agissant avec eux, et confirmant leur parole en la faisant suivre par des prodiges. Nous pressons l'incrédule par cet invincible argument: Si Jésus-Christ n'est pas ressuscité, il reste donc dans l'état de mort. Mais alors, comment se fait-il que ses apôtres aient opéré des miracles en son nom? Dira-t-on qu'ils n'en aient point opéré? Mais comment s'est-il formé une société chrétienne? C'est là, du moins, un fait que l'on ne niera pas, puisqu'il est sous les yeux. Eh bien! soit, les apôtres n'ont pas fait de miracles, je le suppose; cette supposition tourne contre l'incrédule: car, sans miracles, avoir converti l'univers, l'avoir amené à la foi chrétienne par la prédication de douze misérables apôtres sans doctrine et sans lettres, c'est assurément là le plus grand des miracles. On ne dira pas que ce soit par le pouvoir de leurs richesses ni de leur éloquence, ni par rien de semblable, que ces pêcheurs, pauvres et ignorants aient conquis le monde. Puisqu'il devient impossible d'expliquer un aussi prodigieux changement par les seules

forces humaines, il faut donc avouer malgré soi qu'ils n'ont pu le faire que par la vertu infinie de Dieu. (SAINT JEAN-CHRYSOSTOME.)

24. Et les apôtres, s'en allant, préchèrent partout, le Seigneur agissant avec eux, et confirmant leur parole en la faisant suivre par des prodiges. - Mais pourquoi ne voyons-nous plus aujourd'hui les miracles qui accompagnèrent la descente du Saint-Esprit sur les apôtres? On nous fait conmunément cette demande. Tous ceux qu'ils baptisaient, recevaient à la fois le don des langues; aujourd'hui, ce n'est plus la même chose. Qu'entend-on par ce mot, le don des langues? C'est-à-dire qu'à l'instant même les nouveaux baptisés parlaient les langues des peuples divers, Indiens, Égyptiens, Perses, Scythes ou Thraces; et si vous eussiez vécu de ce temps, vous les auricz entendus vous parler dans la vôtre. Nous en voyons au livre des Actes l'incontestable témoignage. Pourquoi donc le miracle a-t-il cessé? Est-ce pour nous punir? Était-ce que les chrétiens d'alors furent privilégiés? Je réponds Les hommes nouvellement convertis à la foi, et par conséquent se ressentant encore de la grossièreté dont les ténèbres de l'erreur les avaient si longtemps enveloppés, tenaient encore trop fortement aux impressions des sens, pour être sitôt accessibles à des grâces purement intérieures. Ils ne savaient pas même ce que c'était qu'une grâce spirituelle, qui ne se fait sentir que par la foi: voilà pourquoi il fallait des miracles; et il s'en opérait. Parmi les dons spirituels, il en est d'invisibles et qui n'agissent que par la foi ; d'autres opèrent à l'extérieur, d'une manière sensible: ceux-là étaient nécessaires pour la conversion des infidèles. Par exemple, la rémission des péchés est quelque chose de spirituel; c'est un don qui s'accomplit sans être vu, parce qu'il n'agit que sur l'âme, invisible de sa nature. Parler diverses langues sans les avoir apprises... il y a bien là encore une action tout intérieure de l'Esprit-Saint, mais en même temps un miracle extérieur et sensible tel, que l'infidèle était forcé de se rendre au surnaturel de l'événement. Dans ce cas, ce qui agit intérieurement dans l'âme, sans être aperçu au-dehors, se trouve justifié et manifesté par l'expression sensible de ce langage étranger que l'on entend. Or, nous dit l'apôtre, les dons visibles du Saint-Esprit ne sont donnés à chacun de ceux qui les reçoivent qu'en proportion de l'utilité commune. Maintenant, qu'ai-je besoin de miracles? Me faut-il de ces signes extraordinaires pour croire à la parole du Seigneur? C'est à l'incrédule qu'il en faut ; à moi qui crois à la parole de Dieu, ils me sont inutiles : ai-je besoin de parler toutes les langues de l'univers pour être assuré

que j'ai reçu la rémission de mes péchés? Bon pour les païens, qui n'auraient pas cru s'ils n'avaient vu des miracles. Aussi Dieu voulait-il bien leur en accorder pour les soumettre à la foi. Ce n'était donc point à titre de fidèles, mais comme à des infidèles, que les miracles étaient donnés, ainsi que l'apôtre le déclare, pour les arracher à l'infidélité. En nous les retirant, Dieu ne prétend pas nous traiter moins favorablement; au contraire, il ne veut que manifester notre foi en la rendant indépendante de ces signes extraordinaires. Il en fallait aux Gentils pour entraîner leur confiance: ma foi n'en a plus besoin pour croire. C'est pour cette raison qu'il ne s'en fait plus aujourd'hui.

(SAINT JEAN-CHRYSOSTOME.)

24. Et les apôtres, s'en allant, prêchèrent partout, le Seigneur agissant avec eux. Je me borne à demander comment une doctrine qui se serait contredite elle-même aurait pu obtenir créance parmi les hommes et conquérir les suffrages de tout l'univers, et cela quoiqu'elle eût beaucoup de témoins et d'ennemis : car ils ne se sont pas tenus à l'ombre pour écrire leur histoire; ils ne l'ont pas tenue secrète, tant s'en faut, eux qui parcouraient les terres et les mers, répandant en tous lieux leur doctrine et leurs livres, les proclamant de leur propre bouche. On les lisait comme aujourd'hui, en présence même des ennemis; et il ne tombait dans l'esprit de personne d'y soupçonner des contradictions. Eh! le moyen qu'il y en eût? c'était une vertu divine qui partout dirigeait leur langage. Autrement, comment supposer que des hommes nés dans la lie du peuple, des hommes sans lettres, comme l'étaient les apôtres, auraient pu embrasser d'aussi hautes spéculations? Cette doctrine, dont les sages du siècle n'avaient pu se former la plus simple idée, ils l'annoncent avec une pleine assurance; ils viennent à bout de la persuader non-seulement durant leur vie, mais après leur mort; non pas seulement à quelques disciples, mais à des peuples entiers, aux plus policés comme aux plus barbares, à tout l'univers : et pourtant c'étaient des dogmes qui excèdent la portée de notre intelligence humaine, des dogmes qui, s'élevant au-dessus de toutes les idées de la terre, vous transportent dans une région supérieure, vous parlent d'une autre vie, d'un royaume du ciel jusque-là inconnu, vous découvre un nouvel ordre de richesse et de pauvreté, de liberté et de servitude, de vie et de mort, un nouveau monde et une nouvelle manière de vivre; en un mot, un changement général et un renouvellement universel... Cependant l'Évangile n'est prêché que par de pauvres pêcheurs, persécutés partout où ils se montrent, souvent battus de

[ocr errors][merged small]
« PreviousContinue »