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dans ces questions impénétrables de la grâce et dans ce ténébreux mystère de la prédestination, mais tenons-nous-en à ce qu'il a plu à Dieu de nous révéler. C'est un mystère qui a servi de fonds aux hérésies, faisons-en pour nous un mystère de foi; c'est un mystère où l'on a donné aisément dans l'erreur, attachons-nous aux décisions de l'Église; c'est un mystère dont les libertins se sont prévalus pour demeurer dans leurs dérèglements, servons-nous-en pour nous exciter à la pratique des bonnes œuvres. Dieu me commande d'espérer en lui, puisqu'il m'a obligé de l'invoquer comme mon Sauveur, puisqu'il m'invite à la pénitence, puisqu'il me punit si je ne la fais pas, et que par là il m'apprend que je puis la faire, si je le veux, et me sauver. Voilà ce que je ne puis ignorer, ce que je reconnais, et ce qu'il me suffit de connaître pour me soutenir, pour m'animer, pour m'encourager. (BOURDALOUE.)

ÉLÉVATION.

Ce festin nuptial auquel tous sont appelés, Seigneur, c'est le ciel : vous connaissez notre faiblesse et l'inconstance de notre nature, mobile comme l'onde; vous savez que ce qui frappe nos regards attire notre cœur et l'entraîne; aussi ne vous lassez-vous pas de nous rappeler, par les images les plus saisissantes, que nous ne sommes que des voyageurs, qu'au terme du chemin il y a une patrie où nous sommes attendus, désirés, et que des biens dont nulle chose ici-bas ne saurait nous donner l'idée, seront éternellement la récompense de quelques jours de fatigues et de travaux. Et rien ne nous touche; nous marchons, car il ne dépend pas de nous de nous arrêter; mais ce n'est point vers la salle du festin que nous dirigeons nos pas : les affaires, les plaisirs, les hommes nous entraînent tour à tour par des routes opposées, mais dont le terme est le même. Nous remettons au soir, auquel nous sommes si incertains de parvenir, à nous préparer au banquet où nous avons été conviés; aussi combien trouveront fermées les portes du palais et entendront le maître justement irrité leur dire : Vous n'avez pas trouvé le temps de vous revêtir de la robe nuptiale qui devait vous faire admettre dans la salle des noces, il est trop tard maintenant, éloignezvous, je ne vous reconnais plus. Mon Dieu! mon Dieu ! préservez-nous d'un si grand malheur! Nous sommes sûrs d'être appelés; notre volonté, aidée de votre grâce, fera de nous des élus.

CHAPITRE LXXXVIII.

1-9. Jésus continue d'enseigner dans le Temple; il confond les Pharisiens au sujet du tribut à payer & César. 10-23. Il confond ensuite les Saducéens touchant la résurrection des morts (mardi saint, quatrième année de la vie publique du Sauveur).

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MATH., XXII, 15-33; MARC, XII, 13-27; Luc, XX, 20-39.

Tunc abeuntes Pharisæi, consilium inierunt ut caperent eum in ser

mone.

Et observantes miserunt insidiatores, qui

1. Alors les Pharisiens, s'étant retirés à l'écart, cherchèrent entre eux un moyen pour surprendre Jésus dans ses paroles 1. 2. Et, se tenant en observation, ils ense justos simularent, Voyèrent quelques-uns de leurs disciples avec des Hérodiens 2 lui adresser une question insidieuse en feignant d'être des hommes justes, afin de le livrer aux magistrats et au pouvoir du gouverneur.

b quosdam ex Pharisæis, discipulos suos, cum Herodianis, ut traderent illum principatui et potestati præsidis.

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3. Étant venus à Jésus, ces envoyés lui dirent: Maître, nous savons que vous êtes vrai dans vos paroles, et que vous enseignez la voie de Dieu dans la vérité, sans vous inquiéter de qui que ce soit, car vous ne considérez point la qualité des personnes.

4. Dites-nous donc ce qu'il vous semble de ceci : Nous est-il permis de payer le tribut à César, ou devons-nous ne point le payer 3 ?

11. Gr. öñws Kúrdy πayıdɛúswoiv ¿v λów, ut eum illaquearent in sermone, afin de l'enlacer dans un discours (captieux).

Afin de le surprendre dans ses paroles,

présente un sens différent et qui semble n'être plus le véritable.

2 y 2. C'est-à-dire des gens de la cour d'Hérode le tétrarque, prince fort attaché aux intérêts de l'empereur romain.

34. Le peuple juif s'était nourri de cette pensée, qu'il ne pouvait pas être assujetti à des infidèles. Si Jésus-Christ eût décidé contre le tribut, ses ennemis le

Cognità aulem Jesus

nequitia eorum, ait :

critæ ?

5. Mais Jésus, connaissant la malice et

Quid me tentatis, hypo- la duplicité de leurs cœurs, leur dit : Hypocrites, pourquoi me tentez-vous?

Ostendite mihi

nu

misma census, but videam. At illi obtulerunt ei denarium.

Et ait illis Jesus: Cujus est imago hæc, el superscriptio?

Dicunt ei Cæsaris. Tunc ait illis: Reddite ergò quæ sunt Cæsaris, Cæsari; et quæ sunt Dei, Deo.

Et non potuerunt verbum ejus reprehendere coram plebe; et mirati in responso ejus, Lacuerunt; et relicto eo, abierunt.

In illo die accesserunt ad eum Sadducæi, qui dicunt non esse resurrectionem, et interrogaverunt eum, • dicentés :

6. Montrez-moi la monnaie du tribut, que je la voie. Ils lui présentèrent un denier. 7. Et Jésus leur dit: De qui est cette image et cette inscription?

8. Ils lui répondirent: De César. Alors il leur dit Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu 1.

9. Et ils ne purent incriminer cette parole devant le peuple, et, admirant sa réponse, ils se turent, le laissèrent et s'en allèrent.

40. Ce même jour vinrent à Jésus quelques-uns des Saducéens, qui nient la réMagister, Moyses scripsit surrection, et ils l'interrogèrent en ces termes: Maître, Moïse a écrit dans notre loi :

nobis :

с

Si quis, habens uxo. rem, mortuus fuerit, et hic sine liberis fuerit, ut accipiat eam frater ejus uxorem, et suscitet semen fratri suo.

Erant autem apud nos septem fratres : et primus, uxore ductâ, de. functus est; et non habens semen, reliquit uxorem suam fratri suo.

b Et secundus accepit

eam, et mortuus est; nec iste reliquit semen.

11. Si quelqu'un, ayant une femme, meurt sans laisser de postérité, que le frère du mort en épouse la femme et suscite des enfants à son frère.

12. Or, il y avait parmi nous sept frères; et le premier, ayant pris une femme, mourut sans enfants, et laissa sa femme à son frère

13. Le second, l'ayant prise, mourut également sans enfants;

livraient entre les mains du gouverneur; et s'il eût dit qu'il ne fallait pas payer le tribut, ils eussent excité le peuple contre lui. (BOSSUET.)

18. Rendez à César ce sur quoi il a imprimé son effigie, comme chose sur laquelle il a droit; mais souvenez-vous en même temps que vous-mêmes vous avez été créés à l'image et à la ressemblance de Dieu, et qu'ainsi vous vous devez à lui.

El tertius similiter.

bEt acceperunt eam similiter septem : et non reliquerunt semen. Novissima omnium defuncta est et mulier.

In resurrectione er go, cum resurrexerint, cujus erit de septem uxor? omnes enim habuerunt eam.

Respondens autem Jesus, ait illis: Erratis, nescientes Scripturas, neque virtutem Dei

• Filii hujus seculi nubunt, et traduntur ad nuptias. Illi verò, qui digni habebuntur seculo illo, et resurrectione ex mortuis, neque nubent, neque ducent uxores:

Neque enim ultrà mori poterunt: æquales enim Angelis sunt, et filii sunt Dei, com sint filii ressurrectionis.

Quia verò resurgant mortui, et Moyses osten

dit.

b Non legitis in libro

14. Il en fut de même du troisième.

15. Enfin tous les sept prirent la femme et ne laissèrent point de postérité; et la femme mourut la dernière de tous.

16. Or, à la résurrection, quand ils seront ressuscités, auquel des sept appartiendra-t-elle? car tous l'ont eue1.

17. Jésus leur répondit: Vous vous trompez, et votre erreur vient de ce que vous ne comprenez ni les Écritures, ni la puis

sance de Dieu.

18. Les enfants de ce siècle prennent des épouses, ou se donnent en mariage; mais ceux qui seront trouvés dignes du siècle à venir, à la résurrection des morts, ne prendront point les uns des femmes, les autres des maris:

19. Car ils ne pourront plus mourir; mais ils seront comme les anges dans le ciel, et enfants de Dicu, étant les enfants de la résurrection.

20. Or, que les morts doivent ressusciter, Moïse l'enseigne :

21. N'avez-vous point lu dans son livre quomodo dixerit illi comment, au buisson ardent, Dieu lui dit,

Moysi, secùs rubum

et vobis:

Ego sum Deus Abraham, et Deus Isaac, et Deus Jacob? Non est

ainsi qu'à vous,

22. Je suis le Dieu d'Abraham, et le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob? Or, Dieu

116. C'est-à-dire que les Saducéens allèguent une fable ignoble pour argumenter ontre un des points les plus importants de la religion. Combien de fois les soi-disant philosophes, les hérétiques et les libertins n'ont-ils pas imité ce triste exemple !

Deus mortuorum, sed viventium, omnes enim vivant ei; byos ergò mul. tùm erratis.

Respondentes autem quidam Scribarum, dixerunt ei: Magister, benè dixisti. • Et audientes turbæ, mirabantur in doctrinâ ejus.

n'est point le Dieu des morts, mais des vivants: car tous vivent devant lui. Vous êtes donc dans une grande erreur 1.

23. Alors quelques-uns des Scribes, élevant la voix, lui dirent: Maître, vous avez

bien dit. Et la foule, en l'entendant, admirait sa doctrine.

22. Prouver aux Saducéens l'existence d'une autre vie, c'était leur prouver la résurrection future des corps, car ils ne séparaient pas ces deux vérités l'une de l'autre ; ils ne niaient même la résurrection des morts que parce qu'ils ne voulaient pas reconnaître une autre vie.

1. Alors les Pharisiens s'étant retirés à l'écart, cherchèrent entre eux un moyen pour surprendre Jésus dans ses paroles. — O aveuglement profond! rien ne peut leur ouvrir les yeux, rien n'a pu toucher leur cœur; le désir de perdre Jésus-Christ les tourmente et leur conseille la ruse. Ils ne peuvent se saisir de lui en face et à cause de la foule; ils n'ont point de motifs; ils délibèrent pour en trouver. Ils ne peuvent l'accuser ni sur ce qu'il a dit, ni sur ce qu'il a fait. Mais ils veulent le prendre par une question insidieuse. Il rappelle, se disentils, le genre humain des vices du siècle et de ses anciennes croyances, pour lui promettre le royaume des cieux. Il attaque donc dans sa doctrine les puissances de la terre. Demandons-lui si nous devons payer le tribut à César; ainsi nous n'aurons pas à redouter la colère de la foule. Rendons-le suspect au gouverneur. Nous le perdrons de cette manière, car Theudas et Judas furent pour cela condamnés comme séditieux. Persuadés qu'il se prononcerait contre César, ils lui envoyèrent quelques-uns de ses disciples avec des Hérodiens qui pourraient témoigner de ce qu'il aurait dit. Dans le cas où il approuverait le tribut, ils devaient le décrier parmi le peuple comme un flatteur des Gentils. Remarquons avec quelle dissimulation les envoyés lui posent leur demande; ils veulent capter sa bienveillance; ils le prennent par la flatterie, afin qu'il ne se doute de rien et leur réponde avec confiance. Ils feignent d'aimer la justice et de se mettre sous sa protection. Maître, disent-ils, nous savons que vous êtes vrai dans vos paroles. Quelle perversité! Puisque vous savez qu'il est vrai dans ses pa

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