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quemadmodùm gallina congregat pullos sub alas, et noluisti!

Eccè relinquetur vobis domus vestra deserta.

Dico enim vobis: Non me videbitis amodò, donec dicatis: Benedictus qui venit in nomine Domini.

Et sedens Jesus contra gazophylacium, aspiciebat quomodo turba jac

cium, et multi divites jactabant multa.

ses petits sous ses ailes? et tu ne l'as point voulu !

27. Le temps approche, où votre demeure, abandonnée 1, restera déserte.

28. Car je vous le déclare, vous ne me verrez plus, jusqu'à ce que vous disiez: Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur 2!

29. Et Jésus s'étant assis près du trésor,

taret as in gazophyla- regardait le peuple y jeter chacun son offrande; et les riches, en grand nombre, y mettaient beaucoup.

Cùm venisset autem vidua una pauper, misit duo minuta, quod est quadrans.

Et convocans disci

pulos suos, ait illis : Amen dico vobis, quoniam vidua hæc pauper plus omnibus misit, qui

30. Et une pauvre veuve étant venue, Jésus la vit mettre deux petites pièces de monnaie, de la valeur d'un denier.

31. Et appelant à lui ses disciples, il leur dit En vérité, je vous le déclare, cette

miserunt in gazophyla pauvre veuve a donné plus que tous ceux qui ont mis dans le trésor de Dieu :

cium.

Omnes enim ex eo quòd abundabat illis

32. Car tous ont donné de leur abon

miserunt; hæc verò de dance, tandis qu'elle a donné de son indi

penuria sua, omnia quæ

habuit misit totum victum suum.

gence même, elle a mis tout ce qu'elle possédait, tout ce qu'elle avait pour vivre.

' 27. Abandonnée de Dieu, abandonnée aussi par ses habitants, c'est ce qui s'accomplit depuis près de deux mille ans avec une effrayante vérité.

2

28. C'est-à-dire : Jusqu'à ce que vous me reconnaissiez pour le Messie envoyé de Dieu. Les Juifs le reconnaîtront à l'approche du dernier jugement.

1. Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites! qui fermez aux hommes le royaume des cieux: car vous n'entrez point, et ceux qui se présentent pour entrer, vous les en empêchez.-Ecoutons bien ces Væ, << Malheur à vous. » Dès qu'on se fait maître pour soi-même et pour:

être honoré : malheur à vous. C'est une malédiction sortie de la bouche de Jésus-Christ. C'est une sentence prononcée qui sera suivie d'une autre : « Allez, maudits. » Comment est-ce que les Docteurs ferment le ciel? En débitant de fausses maximes et mettant l'erreur en dogme. Ils ne voulaient point croire en Jésus-Christ et empêchaient le peuple d'y croire. C'était véritablement fermer la porte du ciel, puisque JésusChrist est cette porte. Un autre moyen de la fermer, c'est de la faire trop large pendant que Jésus-Christ la fait étroite. Car dès là ce n'est plus la porte que Jésus-Christ a ouverte, c'en est une autre que vous ouvrez de vous-même. Parce qu'elle est plus aisée, vous faites abandonner l'autre qui est la véritable. Mais ce ne sont pas seulement les docteurs trop relâchés qui ferment la porte, Jésus-Christ attaque encore plus dans tout ce sermon ceux qui augmentent les difficultés et les fardeaux. Leur dureté rend la piété sèche et odieuse, et par là elle ferme le ciel. Ces faux docteurs gâtent tout. Il n'y a rien de meilleur que l'oraison: ils la gâtent, parce que, pour dévorer la substance des veuves, ils font semblant de prier Dieu longtemps pour elles, ou de leur vouloir apprendre à prier longtemps. Mais leur jugement sera d'autant plus grand que la chose dont ils abusent est plus excellente. Les maisons des veuves, faibles par leur sexe, maîtresses de leur conduite, et n'ayant plus de mari qui saurait bien écarter le directeur intéressé : voilà un vrai butin pour l'hypocrisie. La plus parfaite action d'un docteur, c'est de faire un prosélyte, de convertir les infidèles. Plus ils étaient éloignés, plus il y a de mérite à les ramener; ils gâtent cela: ils le font doublement damner; car ils l'attirent et puis ils l'abandonnent; ils le gagnent et puis ils le scandalisent, et ne lui font que trop sentir qu'ils n'ont travaillé à le convertir que pour s'en faire une matière de triomphe. Ces malheureux prosélytes se rebutent de la piété et peut-être de la foi; et ils se damnent doublement, parce qu'ils deviennent déserteurs de la religion; et que, sachant la volonté du maître, ils sont beaucoup plus punis. Il valait mieux les laisser dans leur ignorance que de manquer à ce qu'il leur faut pour profiter de la doctrine de la foi. Ne croyez donc pas avoir tout fait quand vous les avez convertis : c'est ici le commencement de vos soins. Autrement vous ne serez, comme vous appellent les hérétiques par mépris, qu'un malheureux convertisseur. Ne dites pas d'un pécheur : Il a commencé; il a fait sa confession générale : qu'il aille maintenant tout seul. Vous ne songez pas que le grand coup est de persévérer. Prenez garde que vous ne vouliez que la gloire de convertir et non pas le soin de con

server. Le faux zèle est bien marqué dans ces paroles: Vous courez la mer et la terre pour faire un seul prosélyte. Qu'il est zélé! Tant de peine pour un seul homme! Faux zèle, puisqu'il ne sert qu'à la vanité; il se repaît de la gloire d'avoir fait un prosélyte. Plus la chose est sainte, plus il est détestable de la gâter. J'ai fait cette religieuse, j'ai attiré cet homme à l'ordre : achevez donc; cultivez cette jeune plante, ne la déracinez pas par les scandales que vous donnez; qu'elle ne trouve pas la mort où elle a cherché la vie. En un mot ne la damnez pas davantage par le mauvais exemple. Le mauvais exemple du monde lui aurait été moins nuisible: le mauvais exemple des serviteurs et des servantes de Dieu la perd sans ressources. Dieu dissipe les os de ceux qui plaisent aux hommes; ils sont remplis de confusion, parce que le Seigneur les méprise, comme des homines vains qui préfèrent l'apparence au solide et au vrai. (BOSSUET.)

1. Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, qui fermez aux hommes le royaume des cieux! car vous n'entrez point, et ceux qui se présentent pour entrer, vous les en empêchez. A quoi se termine le prétendu zèle dont les impies du siècle se prévalent, et par lequel ils troublent les âmes justes et innocentes? A quoi se réduit ce zèle hypocrite? A faire dans l'Église de Dieu ce que faisaient autrefois les enfants du grand prêtre Héli, qui détournaient les hommes du sacrifice, crime que détestait le Seigneur, et pour lequel il les réprouva; ou bien, si vous voulez, à renouveler ce que firent dans la suite les Pharisiens, à qui pour cela le Sauveur du monde disait avec indignation: Malheur à vous qui fermez aux autres le royaume de Dieu; car vous n'y entrez pas vous-même, et vous arrêtez encore ceux qui voudraient y entrer. Figure sensible de ce qui s'accomplit tous les jours dans la personne de ces mondains qui, par un endurcissement de cœur, s'étant eux-mêmes séparés du divin mystère où, selon la pensée de saint Cyrille, le royaume de Dieu nous est ouvert, voudraient, s'il leur était possible, en exclure tous les autres. Voilà à quoi ils travaillent, et même à quoi ils parviennent, en contrôlant les gens de bien sur leurs communions, en censurant leur vie, en critiquant leur conduite, en relevant leurs moindres défauts, en ne leur pardonnant rien, et en leur faisant un crime de tout. Saint Augustin, avec toutes ses lumières, n'osait pas désapprouver l'usage de communier tous les jours; un mondain, téméraire et aveugle dans les choses de Dieu, le condamne hardiment et sans hésiter. Le dernier concile souhaitait de voir la fréquente commu

nion rétablie dans l'Église, et le mondain voudrait au contraire l'exterminer et l'anéantir. (BOURDALOUE.)

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4. Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites! qui courez les mers et la terre pour faire un prosélyte. — Cette malédiction atteignait principalement les disciples de Hillel. Car Schammée maudissait tous les prosélytes; et les anciens Juifs les appelaient la lèpre et la gale d'Israël, les accusant de ne se faire prosélytes que pour épouser des Juives dont ils étaient épris. Au reste, nous pouvons comprendre par ce que nous dit l'historien Josèphe, jusqu'à quel point le prosélytisme des docteurs de la loi méritait les reproches sévères que leur adressait Notre-Seigneur. Précisément vers cette époque, un Juif de Rome, aidé de trois compères, avait converti au judaïsme une dame de la noblesse nommée Fulvia, et lui avait persuadé de léguer au temple de Jérusalem l'or et la pourpre qu'elle possédait. Puis il s'en était emparé luimême, et avait partagé son larcin avec ceux qui l'avaient aidé à le commettre. La découverte de cette friponnerie avait eu pour effet l'expulsion des Juifs de Rome sous l'empereur Tibère. C'est à ce fait et à d'autres de ce genre que le Christ fait allusion ici. (Le D' SEPP.)

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4. Et quand vous avez fait ce prosélyte, vous le rendez, deux fois autant que vous, digne de la Géhenne. La plus profonde iniquité est celle qui se couvre du voile de la piété et de la religion. C'est où en étaient venus les Pharisiens et les Docteurs de la loi. L'avarice, l'esprit de domination, le faux zèle de la religion les transportaient et les aveuglaient, de sorte qu'ils voulaient, avec cela, se croire saints et les plus purs de tous les hommes. Sous couleur de faire pour les veuves et pour tous les faibles esprits de longues oraisons, ils se rendaient nécessaires auprès d'elles et dévoraient leurs richesses; ils parcouraient la terre et la mer pour faire un seul prosélyte, qu'ils damnaient plus qu'auparavant, sous prétexte de les convertir: parce que, sans se soucier de les instruire du fond de la religion, ils ne voulaient que se faire renommer parmi les hommes comme des gens qui gagnaient des âmes à Dieu; et, en se les attachant, ils les faisaient servir à leur domination et à l'établissement de leurs mauvaises maximes. Ils se donnaient en public comme les seuls défenseurs de la religion. Esprits inquiets et turbulents, qui retiraient les peuples de l'obéissance aux puissances, se portant en apparence pour gens libres qui n'avaient en recommandation que les intérêts de leurs citoyens, et en effet pour régner seuls sur les consciences. (BOSSUET).

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5. Malheur à vous, guides aveugles! qui dites: Lorsque l'on jure par le temple, ce n'est rien; mais quiconque jure par l'or du temple doit ce qu'il a juré. Jusqu'ici Jésus-Christ ne les a appelés qu'hypocrites, parce qu'ils mettaient la piété dans l'extérieur seulement. Voici une autre qualité qu'il leur donne : conducteurs aveugles. Et encore: insensés et aveugles. Marquez la liaison de ces deux paroles: conducteurs et aveugles, guides aveugles et insensés. Hélas! en quel abîme tomberez-vous, et ferez-vous tomber les autres? Car tous deux tombent dans l'abîme, et l'aveugle qui mène et celui qui suit. L'aveuglement qu'il reprend ici est lorsque l'intérêt fait oublier les maximes les plus claires et les plus certaines. Il est bien manifeste que le temple et l'autel, qui sanctifient les présents, sont de plus grande dignité que les dons qu'on met dessus pour les sanctifier. Et cependant ces guides aveugles étaient assez insensés pour dire que le serment qu'on faisait par le don et par l'or qu'on avait consacré dans le temple et sur l'autel était plus inviolable que celui qu'on faisait par le temple, et par l'autel même. Pourquoi? Parce qu'ils voulaient qu'on multipliât les dons et l'or dont ils profitaient, et c'est pourquoi ils en relevaient le prix, et ils poussaient leur aveuglement jusqu'à préférer le présent au temple et à l'autel, où on le consacrait. Lorsque Jésus-Christ dit que le temple et l'autel sanclifient le don, il parle pour l'ancienne loi, où en effet tous les dons et toutes les victimes, qui n'étaient que choses terrestres, étaient bien au-dessous du temple et de l'autel, qui étaient le manifeste symbole de la présence de Dieu. Mais, dans la nouvelle alliance, il y a un don qui sanctifie le temple et l'autel. Ce don, c'est l'Eucharistie, qui n'est rien de moins que Jésus-Christ et le Saint des saints. Et ce don est en même temps un temple. Détruisez ce temple, dit-il, et il parlait du temple de son corps, où la divinité habitait corporellement. Il est donc le temple et plus que le temple, comme il est écrit: Celui-ci est plus grand que le temple même. Il est l'autel, en qui et par qui nous offrons des victimes spirituelles, agréables par Jésus-Christ, comme dit saint Pierre. Ceux qui estiment le don plus que le temple et plus que l'autel sont encore ceux qui, donnant quelque chose à Dieu, le font valoir en eux-mêmes, au lieu de songer qu'on ne peut rien donner à Dieu, qui ne soit beaucoup au-dessous de la majesté de son temple, et de la sainteté de son autel. Voyez comme il élève l'esprit; du don à l'autel et au temple, du temple au ciel dont il est l'image, du ciel à Dieu qui y est assis, qui y règne, qui y tient l'empire de tout l'univers. Apportez votre don. Apportez

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