Werther: traduction nouvelle

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Victor Lecou, 1845 - 196 pages
 

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Page xxxiv - Ortiz d'Ugo Foscolo. Mais si les considérations que j'ai émises tout à l'heure sont vraies, une telle comparaison entre Werther et les œuvres analogues qui l'ont suivi, même en se restreignant à celles qui ont le plus de rapport avec lui, ne serait rien moins qu'un tableau et une histoire de la littérature européenne depuis près d'un siècle : ce serait la formule générale de cette littérature, donnant à la fois son unité et sa variété, ce qu'il ya de permanent en elle et ce qu'il...
Page 116 - Je ne faisais pas un pas qui n'amenât un souvenir. Non. je le répète, un pèlerin de la terre sainte trouve moins d'endroits de religieuse mémoire, et son âme n'est peut-être pas aussi remplie de saintes affections. Encore un exemple : Je descendis la rivière jusqu'à une certaine métairie où j'allais aussi fort souvent autrefois : c'est un petit endroit où nous autres enfants faisions des ricochets à qui mieux mieux. Je me rappelle si bien comme je m'arrêtais quelquefois à regarder...
Page 75 - La nature hmaine a ses bornes, continuai-je ; elle peut jusqu'à un certain point supporter la joie, la peine, la douleur : ce point passé, elle succombe. La question n'est donc pas de savoir si un homme est faible ou s'il est fort, mais s'il peut soutenir le poids de ses souffrances, qu'elles soient morales ou physiques; et je trouve aussi étonnant que l'on nomme lâche le malheureux qui se prive de la vie que si l'on donnait ce nom au malade qui succombe à une fièvre maligne.
Page 184 - Tout est si calme autour de moi, et mon âme est si paisible ! Je te remercie, ô mon Dieu, de m'avoir accordé cette chaleur, cette force, à ces derniers instants! « Je m'approche de la fenêtre, ma chère, et à travers les nuages orageux je distingue encore quelques étoiles éparses dans ce ciel éternel. Non, vous ne tomberez point! L'Éternel vous porte dans son sein, comme il m'y porte aussi. Je vois les étoiles de l'Ourse, la plus chérie des constellations. La nuit, quand je sortais...
Page 172 - ... ma carrière, et que je me sacrifie pour toi. Oui, Charlotte, pourquoi te le cacher? il faut que l'un de nous trois périsse, et je veux que ce soit moi. 0 ma chère ! une idée furieuse s'est insinuée dans mon cœur déchiré, souvent... de tuer ton époux... toi... moi!... Ainsi soit-il donc ! Lorsque sur le soir d'un beau jour d'été tu graviras la montagne, pense à moi alors, et souviens-toi combien de fois je parcourus cette vallée. Regarde ensuite vers le cimetière, et que ton œil...
Page 4 - Quand les vapeurs de la vallée s'élèvent devant moi, qu'au-dessus de ma tête le soleil lance d'aplomb ses feux sur l'impénétrable voûte de l'obscure forêt, et que seulement quelques rayons épars se glissent au fond du sanctuaire; que couché sur la terre dans les hautes herbes, près d'un ruisseau, je découvre dans l'épaisseur du gazon mille petites plantes inconnues; que mon cœur sent de plus près l'existence de ce petit monde qui fourmille parmi les herbes, de cette multitude innombrable...
Page 71 - Albert : mais je n'aime pas ses cependant; car n'est-il pas évident que toute règle générale a des exceptions? Mais telle est la scrupuleuse équité de cet excellent homme: quand il croit avoir avancé quelque chose d'exagéré, de trop général, ou de douteux, il ne cesse de limiter, de modifier, d'ajouter ou de retrancher, jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien de sa proposition. A cette occasion, il se perdit dans son texte. Bientôt je n'entendis plus un...
Page 115 - J'avais devant les yen* celte chaîne de montagnes qu'enfant j'ai tant de fois contemplée avec un œil d'envie : alors je restais là assis des heures entières; je me transportais au loin en idée; toute mon âme se perdait dans ces forêts, daus ces vallées, qui semblaient me sourire dans le lointain, enveloppées de leur voile de vapeurs; et lorsqu'il fallait me retirer, que j'avais de peine à m'arracher à tous mes points de vue! Je m'approchai du bourg; je saluai les jardins et les petites...
Page xlviii - ... défaut, et l'amour individuel se trouvant lui manquer aussi, en apparence par le simple effet d'un hasard, mais en réalité par l'imperfection des choses d'icibas, il tombe sous l'empire exclusif de ce sentiment d'artiste qu'il a pour la nature. Il devient, faut-il le dire? la proie du monde extérieur. Enlevé de terre et sans racines, ^ il est livré aux vents comme les nuages.
Page 192 - Charlolte, tu les as touchés, sanctifiés : j'ai demandé aussi cette faveur à ton père. Mon âme plane sur le cercueil. Que l'on ne fouille pas mes poches. Ce nœud rose, que tu portais sur ton sein quand je te vis la première fois au milieu de tes enfants (oh! embrasse-les mille fois, et raconte-leur l'histoire de leur malheureux ami ; chers enfants, je les vois, ils se pressent autour de moi : ah! comme je m'attachai à toi dès le premier instant! non, je ne pouvais pins te laisser)...

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