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et du cœur de l'homme: ces divines harmonies forment les preuves intrinsèques de la vraie religion.

Enfin, dans une troisième partie, M. Nicolas expose les preuves extrinsèques, historiques, de la mission divine de Jésus-Christ : les prophéties qui l'annoncent au monde, les miracles qui le manifestent, les effets surnaturels de la prédication de l'Évangile, la révolution salutaire qu'il opère et qui modifie toutes les conditions de l'existence de l'humanité, la perfection intellectuelle et morale dont il dépose au sein de la société les germes féconds que les siècles sont chargés de développer; enfin le prodige de la conservation de l'Église au milieu des épreuves, des oppositions de toute nature contre lesquelles se serait nécessairement brisée une œuvre humaine.

On voit que ces études sur le Christianisme embrassent un plan de défense le plus complet et tout à fait approprié aux temps où nous vivons. L'exécution a parfaitement répondu à la grandeur du dessein : ce livre, que l'auteur avait commencé, n'ayant en vue que l'état particulier d'une àme qui lui était chère, se trouvera répondre aux besoins d'un grand nombre d'esprits. La Religion s'y montre dans le véritable jour qui convient à notre époque, resplendissante, pour ainsi dire, de tous les rayons de lumière que les méditations d'une saine philosophie et les découvertes les plus récentes de la science font rejaillir sur les bases divines de son autorité.

Nous ne devons pas omettre un mérite de ce livre, qui, mieux encore que tout ce que nous venons de signaler, présage le bien qu'il est destiné à produire, et explique tout celui qu'il a déjà fait dans notre diocèse : c'est le sentiment qui a dicté cette œuvre; c'est la foi vive, c'est la piété profonde qui ont inspiré tant de belles pages, où se révèle l'âme encore plus que le talent de l'auteur.

Donné à Bordeaux sous notre seing, le sceau de nos armes, et le contreseing du secrétaire général de notre archevêché, le 23 mai 1845.

+ FERDINAND,

archevêque de Bordeaux.

Par mandement de Monseigneur,

H. DE LANGALERIE,

Chanoine honoraire, secrétaire général,

Les théologiens distingués, commis par Monseigneur l'archevêque de Bordeaux à l'examen de l'ouvrage, m'ayant fait apercevoir quelques inexactitudes faciles à rectifier, je vais le faire ici en peu de mots.

Ces inexactitudes portent sur trois points principaux :

1o A la page 131 du tome III, j'ai dit, en parlant du livre de l'Ecclésiastique, que quoique joint aux livres immédiatement inspirés, il ne fait cependant pas partie du canon. C'est une erreur formelle. Les Juifs, il est vrai, n'ont point mis ce livre au nombre de leurs livres canoniques, et les premiers chrétiens l'avaient compris seulement parmi leurs livres d'édification; mais depuis il a été reconnu et déclaré inspiré par les conciles de Carthage, de Rome et de Trente. Au surplus, je suis revenu moi-même de cette méprise à la page 410 du même tome, en donnant le nom de sacré à l'auteur de l'Ecclésiastique.

2o Dans le chapitre sur le dogme hors de l'Église point de salut, au tome III, tout en posant en principe invariable qu'on ne peut être sauvé que par la foi au moins implicite en JésusChrist, pages 381, 399, cependant, lorsque j'en viens à l'application et que j'expose les deux systèmes touchant le mode de cette foi implicite, je vais peut-être trop loin en prêtant à certains docteurs catholiques cette opinion, que le salut est acquis à tout homme qui suit la loi naturelle, ipso facto, Jésus-Christ étant considéré comme le principe de cette loi, page 399. Il est de fait cependant qu'il y a eu parmi les docteurs une opinion plus large que celle de saint Thomas, lequel exige la foi implicite en JésusChrist médiateur; mais la nuance qui fait cette différence est si délicate qu'il est difficile de la préciser; elle ne consiste pas tant dans le mode de la foi en Jésus-Christ que dans le moyen par lequel cette foi parvient à l'âme de l'infidèle. Le plus sûr est de s'en tenir à l'explication généralement suivie de saint Thomas, qui n'exige pas nécessairement, comme l'a très-faussement

prétendu Rousseau, la machine d'un ange, et qui se concilie au contraire très-heureusement, ainsi que nous l'avons expliqué, avec la situation générale des hommes par rapport aux traditions universelles sur l'attente d'un moyen de salut promis à l'humanité.

3o Les lecteurs versés dans la science théologique, se seront aperçus que toutes les fois que je parle de la grâce suffisante et de la grâce efficace et notamment tome II, page 20, et tome III, page 429, ces deux qualifications ne pourraient être prises, sous ma plume, dans un sens rigoureusement dogmatique, sans blesser l'orthodoxie. Il en sera tout autrement si on n'y attache qu'un sens ordinaire. J'ai voulu dire seulement que, depuis JésusChrist et par l'événement immédiat du Christianisme, les grâces du salut ont été versées avec plus d'abondance et ont agi plus visiblement sur le monde. C'est là ce que j'ai entendu par efficacité. Mais je n'ai pas voulu dire qu'avant Jésus-Christ il n'y eût pas de grâce efficace, théologiquement parlant; j'ai dit même, en plusieurs endroits, positivement le contraire.

Telles sont les trois explications que j'avais à présenter. Je n'ai pas la présomption de croire que ce soient là les seules choses à reprendre ou à éclaircir dans mon livre; mais ce sont les seules, ayant quelque importance, qu'il m'ait été donné de connaître.

Au surplus, je soumets mon écrit tout entier au jugement de la sainte Église catholique, apostolique et romaine; et la moindre parole, sortie de la bouche du vicaire de Jésus Christ contre une seule de mes opinions, me trouverait toujours empressé à déclarer que je tiens cette opinion pour erronée et que je la désavoue.

A MESSIEURS

LES AVOCATS DU BARREAU DE BORDEAUX.

MESSIEURS ET ANCIENS CONFRÈRES,

La composition de cet ouvrage remonte à une époque où je pouvais m'honorer du titre d'avocat au barreau de Bordeaux. Sa conception fut due à l'intérêt d'une amitié particulière; mais son développement imprévu ne tarda pas à réclamer un but plus large, et ce fut le cercle de votre bonne confraternité qui s'offrit d'abord à lui comme le premier horizon de sa destinée. Depuis lors j'ai cessé de compter dans vos rangs, pour aller m'asseoir dans une magistrature paisible,

au sein de laquelle il m'a été donné de mettre la dernière main à mon travail; mais la pensée qui avait présidé à sa laborieuse exécution m'y a suivi, et, navigateur arrivé au port, je viens acquitter aujourd'hui, en vous le dédiant, le vœu formé dans

la tourmente.

Ce que mon sujet peut paraître avoir d'inaccoutumé sous la plume d'un légiste1 n'affaiblira pas, et excitera peut-être davantage l'intérêt que vous lui auriez accordé s'il se fût agi de quelque traité relatif à la spécialité qui vous occupe. Il n'est pas un de vous, en effet, auquel il ne s'adresse, et qui n'y ait sa place et son argument: - aux uns il va à la partie la plus vive de leur âme, et répond à une confraternité plus indissoluble que celles que les hommes peuvent former, la confraternité de la foi; aux autres il touche à cette vaste et secrète plaie du doute qui accuse en eux un état de transition pénible, et qui leur fera trouver quelque prix à un travail où je me suis

-

Voir cependant le beau traité d'Erskine, intitulé: Essai sur la Foi; — Les témoins de la Résurrection de Jésus-Christ, examinés et jugés selon les règles du barreau, par Sherlock; Les études de d'Aguesseau sur la Religion; L'Athée redevenu Chrétien, par M. Delauro Dubez, conseiller à la Cour royale de Montpellier, un des meilleurs ouvrages qui aient été faits; et parmi les anciens le traité de la Nature des Dieux, de Cicéron,

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