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temps de l'époque robenhausienne, voisins de l'apparition du bronze.

ÉPOQUE DE LA FONDATION

Après avoir examiné le camp, étudié ses combinaisons de défense et son outillage industriel, après avoir reconstitué par la pensée les mœurs de ses habitants, il est une préoccupation qui s'empare naturellement de l'esprit. On cherche à assigner dans le passé une date approximative à cette station qui, malgré la pauvreté de ses moyens, témoigne cependant par ses œuvres d'un progrès réel dans la marche de l'humanité.

Le cadre de cette Notice ne nous permet pas de nous livrer à des conjectures sur l'époque de l'apparition du bronze dans la Gaule et au nord de l'Europe, question d'un haut intérêt, aujourd'hui à l'étude et qui a été l'objet de savantes discussions au Congrès d'anthropologie tenu à Stockholm en 1874. Nous nous bornerons à citer la date approximative que M. Gabriel de Mortillet assigne à la disparition, en France, de l'industrie robenhausienne à laquelle se rattache le mobilier du Peurichard.

Voici comme il s'exprime à ce sujet dans le Préhistorique, p. 503:

« L'industrie robenhausienne, bien qu'ayant des carac<«<tères communs sur tous les points du globe, n'est pas « synchronique partout. C'est une industrie analogue, mais << contemporaine. Partout elle a précédé les autres; mais «elle s'est maintenue plus ou moins longtemps, suivant « les pays. Ainsi, tandis qu'elle avait déjà disparu d'Égypte,

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M. de Mortillet a donné, dans le PREHISTORIQUE, paris, 1883, à la période de la pierre polie, le nom de la cité lacuste de Robenhausen, canton de Zurich, dont le riche mobilier, exempt de tout mélange postérieur, caractérise le mieux l'époque de cette pierre et celle des premières poteries.

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« même depuis assez longtemps, quatre mille ans avant « notre ère, elle existait probablement encore en France << deux mille ans plus tard, et nous l'avons vue descendre jusqu'à nos jours chez certaines peuplades sauvages.» Quelles que soient les supputations chronologiques auxquelles puisse donner lieu l'étude du camp, n'offre pas moins pour l'histoire un intérêt réel, qu'ont constaté, par de fréquentes visites et par des notices, plusieurs des membres de la Commissiou des Arts et Monuments et de la Société des Archives Historiques de la Charente-Inférieure.

il

On a, en effet, sous les yeux, un des plus anciens systèmes de fortifications relevés jusqu'à ce jour. Il suffirait, pour lui restituer son aspect primitif, de déblayer les fossés, dont les parois et les arêtes sont encore intactes et de rétablir le couronnement des murailles des entrées, dont les pierres ont été renversées dans les fossés voisins. Quant au mobilier industriel recueilli, il permet déjà de saisir les détails de l'existence des populations de ces temps reculés. Mais on peut juger, par la quantité d'objets fournis seulement par les fouilles, quelle abondante récolte résulterait du déblai complet de tous les fossés, dont le développement est d'environ 2.500 mètres, et où presque chaque coup de pioche ramène un témoin de la vie passée.

Le dévouement à la science a entraîné le 29 mai 1883 M. Gabriel de Mortillet à visiter le camp et à examiner les objets qui y avaient été recueillis. Une cinquantaine d'amis des études préhistoriques, avides d'entendre sa parole, l'ont accompagné dans cette excursion.

Dès son retour à Paris, l'honorable conservateur adjoint du musée de St-Germain a tenu à exposer à la souscommission des Monuments Mégalithiques, réunie le 13 juin sous la présidence de M. Henri Martin, toute l'impor

tance que présentait la découverte du Peurichard.

La sous-commission, considérant cette découverte de fortifications primitives comme extrêmement intéressante, a été d'avis de leur classement comme monument historique; et puisqu'il est inévitable que ces restes, d'un caractère rare et exceptionnel, soient recouverts de nouveau, elle a voté l'exécution d'un plan conçu et exécuté de façon à pouvoir être ultérieurement transformé en un relief, qui serait susceptible d'être moulé et communiqué aux principaux musées archéologiques.

C'est en ces termes que l'éminent historien nous faisait part, le lendemain, de la décision prise sous sa présidence.

En conformité de cette décision, M. le Ministre des Beaux-Arts prononçait, par arrêté en date du 10 septembre suivant, le classement au nombre des Monuments Historiques du camp du Peurichard. Il invitait, en même temps, le préfet de la Charente-Inférieure à désigner un géomètre pour exécuter le relevé.

Ce haut encouragement profitera, nous n'en doutons pas, aux études historiques, en provoquant de nouvelles explorations dans un département aussi riche que les contrées voisines en souvenirs du passé.

E. ESCHASSERIAUX.

* M. Ruliier, architecte du département, à Saintes, a été choisi pour ce travail.

NOTES

sur les

POTIERS, FAIENCIERS ET VERRIERS DE LA SAINTONGE

(Lues à la séance du 27 juillet 1882)

(Suite)

Louis Sazerac installa sa « manufacture de faïence » aux Roches, dans des bâtiments qu'il avait construits pour en faire des chais, sur des terrains achetés par lui, en 1718 et 1719 (minutes de Prouteau). Plus tard, en 1735 et 1739, il acheta, de Marguerite Pineaud, d'autres chais ayant mur mitoyen avec les siens, confrontant ...... au nord, au grand chemin de Saintes à Pons, au levant, par derrière, aux rochers. (Minutes de Senné).

La transformation de ces bâtiments fut opérée en 1731, année en laquelle Sazerac ramena de Bordeaux, à titre d'associé, on lira plus loin dans quelles conditions, Jacques Crouzat, ouvrier faïencier, sans doute, de la manufacture royale de Hustin, d'où il apporta des moules. Mais l'union ne dura pas longtemps entre le maître et l'ouvrier. Une rupture, qui paraît avoir été violente, devint nécessaire, et l'acte de dissolution de société fut rédigé le 14 février 1733.

CONTRAT D'ASSOCIATION. * « Aujourd'huy huitième du mois de juin 1731, avant midy, pardevant les notaires royaux à Bordeaux soussignés, furent présens sieur Louis Sazerac, bourgeois et marchant de la ville de.

Je suis redevable de la communication de ce document à M. Jules Delpit, secrétaire général de la Société des archives historiques de la Gironde.

Xaintes en Xaintonge, et y demeurant, et sieur Jacques Croizat, fayancier, habitant du bourg et parroisse Saint Seurin les Bordeaux, lesquels ont dit que le sieur Sazerac, ayant commencé et même avancé l'établissement d'une fayancerie chés luy, au lieu des Roches, paroisse Saint-Eutrope dudit Saintes, ne scachant pas par luy même tout ce qu'il convient faire, pour la fasson, construction et perfection de la fayance, auroit proposé audit sieur Croizat, qui luy a fait entendre être expert en cella, de vouloir y prendre intérêt, ce qu'icelluy sieur Croizat auroit accepté, après avoir été examiné les lieux de ladite fayancerie, essayé et mis à l'épreuve les terres qui y doivent être employées, qu'il déclare avoir trouvées propres et très bonnes pour la construction de toutes sortes de fayances. De sorte qu'ils sont convenus et demeurés d'accord de s'associer entr'eux sous les conditions suivantes, scavoir que le dit Sazerac fera finir incesamment, à ses frais et dépens, l'établissement de ladite fayancerie, dans son fonds et possession, scitué au dit lieu des Roches, paroisse Saint Eutrope de Xaintes, avec generalement tout ce qui sera nécessaire pour raison de ce, afin d'y pouvoir facturer et construire toute sorte de fayance, bien et deument conditionnée, suivant que l'art et le mettier le requieront par les travaux, industrie et soins dudit sieur Crouzat (sic) et de ceux qu'ils y employeront d'un commun accord et intelligence; sans que le dit sieur Croizat soit tenu d'y contribuer en rien pour ledit établissement, mais lors qu'il sera en sa perfection il y sera ensuite entretenu à frais communs, moitié par ledit sieur Sazerac, et moitié par ledit sieur Croizat, pendant tout le temps de leur présente Société, après laquelle tout ledit établissement demeurera tel, qu'il se trouvera audit sieur Sazerac ; que le bois, drogues, couleurs et autres choses

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