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tacle de son martyre. Peut-être redoutait-il l'impressión que pourrait faire sur les habitants de Carthage le souvenir de tant de vertus et de bienfaits. Cyprien demandait intérieuson sacrifice fût consommé sous les

rement

que

son

de yeux peuple. Il devait être exaucé. « C'est dans sa propre ville, écrivait-il, qu'un évêque doit désirer de confesser le Seigneur, » afin que tout son peuple s'unisse en quelque sorte à la >> confession de son pasteur. Ce que l'évêque dit alors, tout » son peuple semble le dire avec lui. » Maxime, de retour à Carthage, fit appeler Cyprien, et le reçut dans la maison de campagne nommée Sexti, dans un des faubourgs, où il faisait sa résidence. « L'empereur, lui dit-il, exige que vous sacrifiiez à nos dieux.-Cela m'est impossible, je suis chrétien.

Songez-y sérieusement, il y va de la vie. - Exécutez les ordres qui vous ont été donnés; pour moi, c'est à mon Dieu que je dois obéir. » Le proconsul, voyant que rien n'ébranlerait la constance du saint évêque, rendit cette sentence: «Nous ordonnons que Thascius Cyprien ait la tête tranchée. >> Cyprien répondit : «Béni soit le Seigneur, qui va me délivrer de ce corps de mort. »

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De la maison du proconsul, il fut conduit au lieu de l'exécution. La plupart des fidèles étaient accourus pour le voir encore une dernière fois. Il se dépouilla lui-même de son manteau, se banda les yeux, et commanda qu'il fût donné vingt-cinq écus d'or à l'exécuteur. S'étant mis à genoux, après avoir adressé à Dieu une courte prière, il reçut la couronne du martyre. Les chrétiens présents à son supplice recueillirent son sang, et sur la fin du jour portèrent son corps dans un terrain appartenant à un officier nommé Macrobe Candide, sur le chemin d'Apelle, où il fut inhumé avec toute la pompe que la circonstance pouvait permettre. Il mourut le 14 septembre 258; sa fête se célèbre le 16 de ce mois.

Son pieux historien termine par ces paroles le récit qu'il

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nous a laissé d'une vie si pleine de bonnes œuvres: «< Après >> avoir été un modèle de vertu évangélique, il fut, depuis >> les apôtres, le premier évêque d'Afrique dont le sang ait coulé pour la cause de Jésus-Christ. Ce n'est pas qu'il n'y » ait eu avant lui de très-saints pasteurs à Carthage, mais au>> cun d'eux n'avait souffert le martyre. Que dirai-je mainte» nant et de la joie que je ressens de son triomphe, et de la >> douleur que me cause sa perte? Je me sens comme partagé » entre ces impressions contraires. Toutefois, quel que soit >> le bonheur que me donne la pensée de la gloire à laquelle » il a été appelé, il est un sentiment qui l'emporte sur celui

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là, c'est le regret de ne pas avoir partagé son sort1.»

* Pontius, Vita sancti Cypr., pag. 11, édit. Oxon.

DE

SAINT CYPRIEN.

I

COMMENT LES VIERGES DOIVENT SE CONduire 1.

La discipline est la gardienne de l'espérance, le soutien de la foi, la main qui nous guide dans le chemin du salut; elle cultive et augmente les dons natu

De habitu virginum.

Cette profession remonte aux premiers jours du christianisme. Honorée même chez les païens, elle compta bientôt chez les chrétiens grand nombre de personnes qui voulurent se consacrer à Dieu par des liens plus étroits. Elles menaient la vie ascétique, c'est-à-dire retirée, dans l'exercice continuel de l'oraison et de la pénitence, vivant soit chez leurs parents, soit dans des maisons où elles se réunissaient au nombre de deux ou trois, ne sortant que pour aller à l'église. Elles y avaient leurs places marquées. Celles qui quittaient leur sainte résolution étaient soumises à des peines canoniques.

Ce traité fut composé vers l'an 248 (ou 247). Il était bien connu de saint Augustin, qui s'est plu à en citer divers passages. Saint Jérôme partageait l'estime qu'en faisait le grand évêque d'Hippone: Certe et beatus Cyprianus egregium de virginitate volumen edidit, dit-il dans sa lettre 28o à la vierge Démétriade.

L'époque en paraît déterminée par le relâchement qui s'était glissé parmi les chrétiens, pendant la paix dont l'Eglise jouit pendant plusieurs années sous le règne de Philippe; car le calme qui suivit la persécution de Dèce ne dura pas assez pour occasionner les désordres que saint Cyprien reprend dans cet écrit.

rels, elle nous apprend à connaître nos devoirs et à les pratiquer, nous attache à Jésus-Christ par des liens indissolubles, et nous fait vivre d'une vie toute divine, gage des récompenses célestes et des biens immortels qui nous sont promis. Obéir à la discipline, source de salut; s'en écarter, en méconnaître les ordonnances, source de mort.

L'Esprit saint lui-même nous donne cet avis: 7enez ferme dans la discipline, de peur que le Seigneur ne s'irrite, et que vous ne périssiez en vous éloignant de la voie droite, alors que sa colère, prompte à s'enflammer, se répandra sur vous 1. Dans un autre endroit, s'adressant au pécheur : Pourquoi vous mélez-vous d'expliquer ma loi et de parler de mon alliance, vous qui haïssez la discipline et ne tenez nul compte de mes paroles??

Nous lisons encore que celui qui rejette la discipline. est misérable. C'est à nous de même que Salomon adresse ces oracles de la Sagesse : Mon fils, ne négligez point la discipline du Seigneur, et ne vous découragez pas lorsqu'il vous reprend; car le Seigneur reprend celui qu'il aime. Si donc le Seigneur réprimande ceux qu'il aime, et ne les corrige que pour leur bien, c'est de la part de nos frères, et particulièrement des prêtres, un témoignage d'affection bien plutôt que de mauvais vouloir de reprendre ceux qu'ils cherchent par là à ramener à de meilleurs sentiments. Que l'on se rappelle les paroles de Jérémie anticipant par sa prophétie sur les temps où nous sommes: Je vous donnerai, dit-il, des pasteurs selon mon cœur.

Si nos livres saints ne cessent de nous répéter ce langage; s'il est vrai que tout le fondement de la reli

3

1 Ps. II, 12.—2 Ps. LXIX, 17.— 3 Sap., 1,11.-1 Prov., 1. — * Jér.,ш, 15.

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