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sement doit en être pourvu; c'est une obligation à imposer à toutes les administrations qui ne l'auraient point encore devancée.

Un économe et des agens comptables sont nécessaires pour la tenue et la régularité de la comptabilité et pour divers services intérieurs : quant à ceux-ci, « qu'ils soient d'honnêtes gens par-dessus tout, dit le vénérable Coste : en matière de comptabilité, tout en deçà du moindre soupçon, comme en matière de soins, tout en deçà de la moindre négligence. >>

Si des hôpitaux de malades sont indispensables dans les cités où abondent les ouvriers et les pauvres dénués de moyens de se faire traiter à domicile, leur nécessité se fait moins sentir dans les villes d'un ordre inférieur, et surtout dans les campagnes.

Partout où le nombre habituel des malades n'est point assez considérable pour faire profiter de l'économie et des avantages résultant de la communauté de soins, les édifices et le personnel absorbent la majeure partie du capital et des revenus d'un hôpital de malades. Dans ce cas, un établissement de ce genre ne profite qu'imparfaitement à la classe indigente. Il faudrait donc s'abstenir d'en élever là où il n'en existe pas encore, et peut-être même ne faudrait-il pas hésiter à supprimer ceux de cette nature qui existent, et appliquer le prix de l'aliénation à l'acquisition de rentes qui permettraient d'entretenir un dispensaire desservi par des hospitalières, et de multiplier les secours à domicile aux malades.

Dans les campagnes, une pharmacie, une hospitalière, un médecin, une accoucheuse des femmes pauvres peuvent compléter le système de secours des malades toujours entourés d'ailleurs de la sollicitude de leurs voisins, des personnes charitables et surtout du prêtre, premier ministre de la charité.

Des écoles secondaires de médecine établies dans chaque

chef-lieu de nos départemens populeux, et des conseils de salubrité créés dans tous les chefs-lieux d'arrondissement contribueraient puissamment à répandre l'instruction et les lumières et à améliorer l'hygiène des pauvres.

Sous le rapport important de la salubrité et de l'économie, il serait avantageux que les hospices de malades fussent, autant que possible, toujours placés hors de l'enceinte des villes. C'est une observation qui ne doit point être perdue de vue dans le choix de l'emplacement des nouveaux hôpitaux à construire. Quant aux données du problème de ces constructions nouvelles, on nejpeut qu'engager les administrateurs et les architectes à se bien pénétrer des vues judicieuses développées dans l'excellent article sur les hôpitaux, rédigé par M. le docteur Coste, au Dictionnaire des Sciences médicales.

On a calculé que, dans la ville de Paris, le rapport des malades habituellement admis aux hôpitaux, à la population générale, est d'environ 1 à 106. Il en résulterait qu'une ville de 50,000 habitans devrait avoir un hôpital de 400 à 500 lits de malades: c'est aussi la proportion que nous avons généralement observée en France.

En appliquant ce rapport à la population générale du royaume, on aurait habituellement, en France, 292,428 32 106 indigens malades, susceptibles d'être reçus dans les hôpitaux.

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Mais il est à remarquer que le nombre des malades et des indigens est toujours moins élevé dans les campagnes que dans les villes. D'ailleurs, il n'existe guère d'hôpitaux dans les villes au-dessous de 5,000 habitans. Or, la pulation totale des villes au-dessus de 3,000 habitans ne s'élève guère, en France, qu'à 5,041,302 habitans. Ainsi, le nombre des malades indigens à secourir dans les hôpitaux ne serait guère que de 47,559 48|106. En ce moment, les hôpitaux de malades sont obligés de refuser plus ou moins d'indigens. On peut en porter le nombre à 1|10.

C'est environ 4,700 lits qui manquent encore, et qui donneraient lieu à une dépense de 1,715,500 fr. par an. On peut parvenir à les compléter, en encourageant les fondations par des priviléges et des garanties suffisantes de perpétuité dans les familles des fondateurs. Des associations spéciales de charité pourraient se former dans ce but si important. Enfin, les économies des hôpitaux devraient être consacrées à cette destination. Quant à la population rurale, ou des communes au-dessous de 35,000 habitans, elle n'a guère, pour le soulagement des malades indigens, que la ressource des secours à domicile. Il est vrai que la proportion du nombre de ces malades est beaucoup moins considérable. Cette population s'élève à 26,958,698 habitans. Le rapport des malades pauvres n'est guère que de 1 sur 800 habitans, et de 1 sur 47 indigens, ce qui donnerait 33,697. En supposant la durée du traitement à 36 jours et le prix de journée à 1 fr., on aurait une dépense totale d'environ 12,140,920 fr. (La dépense de 33,697 malades se trouvant renouvelée dix fois dans l'année.)

CHAPITRE VII.

DES HÔPITAUX DE FEMMES EN COUCHE.

Du sage agriculteur voyez les doux emplois :
De l'orme adolescent il soigne la jeunesse,
Du chêne décrépit, rajeunit la vieillesse.
(DELILLE.)

LES secours donnés aux femmes indigentes en couche sont d'une telle importance aux yeux de l'humanité et de la société, que l'on ne saurait s'arrêter à la considération de l'inconvénient qu'ils peuvent produire en favorisant l'imprévoyance des classes ouvrières et le principe de la population. Indépendamment de l'obligation de charité, `obligation déjà si impérieuse, il est certain que l'abandon dans lequel la société laisserait une pauvre femme en couche, l'exposerait à voir tomber complétement à sa charge des êtres estropiés, faibles et hors d'état de pouvoir payer leur tribut de travail à la communauté. La seule précaution d'économie et de morale à prendre par la charité publique, est de donner les secours à domicile, toutes les fois que cela est praticable, et de n'admettre, surtout, dans les hospices de maternité, que des femmes légitimes. Cette dernière règle devrait être observée dans tous les établissemens publics. Elle l'est en Angleterre,

sinon rigoureusement, du moins nominalement, dans toutes les institutions fondées par la bienfaisance.

Du reste, il est du devoir de l'autorité publique de veiller à ce qu'il se forme un nombre suffisant d'accoucheuses ou de sages-femmes habiles, éclairées et morales, pour subvenir aux besoins de toutes les localités de la France. Beaucoup de départemens du royaume (et dans ce nombre on peut citer le département du Nord, l'un des plus importans et des plus peuplés) n'ont point encore de cours public d'accouchement. Pour compléter le système des secours publics et de l'hygiène publique, il convien/drait d'ordonner la création de semblables institutions dans chaque chef-lieu de département, et de prendre des mesures efficaces pour que, dans un court délai, chaque commune de mille habitans fût pourvue d'une accoucheuse reçue conformément aux règles établies, et à laquelle il serait accordé un traitement convenable pour les soins à donner aux femmes en couche indigentes. De nombreuses sociétés de charité maternelles ont été fondées pour multiplier les secours qu'exige cette classe de malheureux. Il n'est pas douteux qu'on ne parvint à les étendre de manière à soulager tous les besoins.

On calcule qu'il existe, en France, habituellement, 18,365 indigentes en couche (1 sur 1,687 habitans, 1 sur 80 indigens). Le secours convenable à leur accorder est de 60 fr. La dépense totale s'élèverait à 1,101,900 fr.

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