L'idée de responsabilité

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Librairie Hachette, 1884 - 251 pages
 

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Page 54 - L'homme ne se conçoit pas seulement comme un être vivant et sou mis, par suite, aux lois de la nature physique, qui se vérifient dans son organisme comme dans tous les autres. Il ne se conçoit pas seulement comme une unité sociale et, par suite, comme solidaire des intérêts de la société et comme lié par ses conventions. Il se conçoit aussi comme étant « par lui-même et pour lui-même » quelque chose de différent et d'un autre ordre; comme étant un être moral admirablement défini...
Page 25 - Et si certains esprits, d'ailleurs distingués, ont osé la mettre en doute, ce ne peut être que sous l'influence d'une idée préconçue dont la réalité ne s'accommode pas. « Tout ce que la loi demande pour considérer un homme comme responsable, dit M. Lévy-Bruhl, c'est qu'il soit capable de prévoir les conséquences de ses actions, et exempt d'impulsions morbides auxquelles il lui est impossible de ne pas céder ; en d'autres termes qu'il puisse comprendre les châtiments que la loi attache...
Page 75 - ... sinon parce que nous ne voulons pas « être dupes », comme parle M. Renan; sinon parce que nous en revenons toujours à cet adage « à chacun selon ses œuvres, à chacun ce qui lui est dû? » C'est la formule de la justice humaine : mais qui nous assure que toute justice ressemble à celle-là? « La justice que nous réclamons de Dieu avec tant d'impatience, que nous lui imposons presque avec une impertinence naïve, est une justice tout humaine. Sa justice à lui s'exerce sans doute d'une...
Page 15 - Elément nécessaire des conceptions morales et de la vie sociale de l'homme, elle a dû avoir son histoire, comme ces conceptions morales, comme cette vie sociale elle-même. Peut-être la notion mal assise qui subsiste aujourd'hui dans les esprits doit-elle son incohérence et ses contradictions en apparence inexplicables à la juxtaposition successive d'éléments d'âge et de provenance différents, qui se sont mêlés en elle sans pouvoir s'amalgamer." 3. Alexander Bain, The Emotions and the...
Page 65 - Dieu , et comment Dieu , qui est la lumière même , peut aveugler une créature raisonnable et intelligente , c'est un des secrets de la prédestination , ou , si vous voulez , de la réprobation des hommes, que nous devons révérer , mais qu'il ne nous appartient pas de pénétrer. A prendre les termes dans toute leur rigueur , on diroit que Dieu.
Page 67 - Il commet cette même faute une seconde, une troisième, une dixième fois : le trouble, la crainte ont disparu, la protestation de sa conscience est presque imperceptible. — C'est que cet homme, sans s'en rendre compte, se représentait la responsabilité morale comme analogue en quelque manière à la responsabilité légale: il concevait (vaguement, il est vrai) la loi morale agissant à la façon de la loi civile, et punissant de même, d'un châtiment réel, toute infraction volontaire. Son...
Page 127 - C'est pourquoi, comme par un Adam et Jésus-Christ ri' i 12-21. seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et qu'ainsi la mort a passé sur tous les hommes, parce que tous ont péché W...
Page 77 - L'homme est moralement responsable parce qu'il est l'origine première de son progrès ou de sa décadence au point de vue de la perfection. C'est à lui, considère'- dans l'essence de sa personnalité, que les décisions doivent être rapportées.
Page 72 - ... mais qui s'évanouit toujours avec le temps. Pour les autres c'est le sentiment amer de la faute, souffrance bénie, espérance de l'expiation, non l'expiation ellemême. Pour la plupart des hommes, dont les sentiments ne sont ni si bas ni si élevés, c'est un sentiment complexe, qui tient décès deux-là. On peut se servir du remords pour gouverner les âmes faibles, et les détourner de nouvelles fautes : les âmes fortes peuvent presque s'y complaire comme dans une salutaire horreur de leurs...
Page 26 - ... termes, qu'il puisse comprendre les châtiments que la loi attache à certains actes déterminés, et s'abstenir de ces actes par la représentation de ces sanctions. Le fou ne fait pas réflexion que s'il se précipite du cinquième étage d'une maison, il court grand risque de se rompre les os. Il ne réfléchit pas non plus que s'il tue son voisin, il viole une des lois fondamentales sur lesquelles repose la société, et qu'il mérite ainsi une peine très sévère. C'en est assez pour qu'il...

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