l'Eglife expofée à tant de malheurs. Luther écrivit un fort long traité contre la lettre du pape, où il n'épargnoit, à son ordinaire, ni les invectives ni les injures. XXIII L. ticles contre héréfies. Lu fonneries. Ses excès. 1. cxlij. n. 19. Ib. t. XXIX. Boffet, hiftdes variat. La même année 1544. l'empereur ordonna aux théologiens de Louvain de s'affembler, pour examiner & mettre de Louvain par écrit les dogmes qui devoient être propofés dans le con- dreflent des ar cile qui venoit d'être indiqué à Trente, & dont nous parle- les nouvelles rons bientôt. Les docteurs drefferent trente-deux articles, relies La qui tous combattent les erreurs de la nouvelle réforme. Ils que avec fun'appuyerent leur décifion d'aucun paffage de l'écriture reur. Ses bouffainte, foit pour être plus courts, foit parce que ces articles incroyables avoient été affez prouvés par d'autres écrits. Un an après,ibid. n. 41. Luther attaqua ces trente-deux articles de Louvain, par un écrit allemand & latin en foixante-quinze propofitions, & le répandit de tous côtés. On y voyoit que ce chef des réformateurs, en tirant à sa fin, devenoit de jour en jour plus furieux. En effet on ne peut rien voir de plus emporté que ce qu'il écrivit cette année, qui étoit la derniere de fa vie, contre les docteurs de Louvain & contre les Sacramentaires ; & nous ne croyons pas que fes difciples puiffent confidérer fans rougir les prodigieux égaremens de fon efprit. II accuse les théologiens de Louvain d'être des hérétiques & des idolâtres. Enfuite il fait le bouffon, mais de la maniere du monde la plus baffe, remplissant toutes les thèses de ces miférables équivoques; vaccultas au lieu de facultas, Cacolyca ecclefia, au lieu de Catholica, parce qu'il trouve dans ces deux mots Vaccultas & Cacolyca, une froide allufion aux vaches, aux méchans & aux loups. S'imaginant tourner en ridicule la coutume d'appeller les docteurs nos maîtres il nomme toujours ceux de Louvain noftrolli magiftrolli, bruta magiftrollia, croyant les rendre fort odieux & fort méprifables par ces impertinens diminutifs qu'il invente. Quand il veut parler plus férieusement, il appelle ces théoLogiens de vraies bêtes, des pourceaux, des Epicuriens, des Ibid. Païens & des Athées, qui prennent, non de l'écriture, mais Ce fut aussi à la fin de fa vie qu'il compofa en allemand Ils confiftent dans ces jeux de mots, Cæleftiffimus, Sceleftif XXIV. LI. Sa mort. 1. cxlij. n. so. Luther étant à Vittemberg où il achevoit fes commentaires fur la Genèfe, les comtes de Mansfeld lui écrivirent pour le prier de fe rendre à Iflebe fa patrie, afin d'y appaifer Fl. t. XXIX. quelques différends qui étoient entre eux au fujet du partage de leur fucceffion. Luther voulant obliger ces feigneurs, fe mit en chemin à la fin de Janvier 1546, quoiqu'il fût incommodé. Il avoit pris avec lui ses trois fils, Jean, Martin & Paul, & quelques amis. Les comtes envoyerent au devant de lui cent treize cavaliers pour l'efcorter. Etant arrivé à Iflebe, il y prêcha plufieurs fois, & y fit d'autres fonctions. Mais le dix-feptieme de Février, étant attaqué d'un violent mal d'eftomac, il prit par le confeil de fes amis quelques poudres dans du vin, & alla fe repofer, en exhortant ceux qui étoient préfens, à prier Dieu de maintenir la doctrine de l'évangile; parce que, difoit-il, le pape & le concile de Trente méditoient d'horribles deffeins. Il dormit un peu; & s'étant réveillé, il fe plaignit des douleurs qu'il fouffroit, & fentit que fa fin approchoit. Il témoigna être plein d'affurance qu'il alloit jouir de la vue de Dieu pendant toute l'éternité, difant que perfonne ne pourroit le ravir d'entre fes mains. Il lui recommanda fon ame, & mourut affez tranquillement, felon le rapport de ceux qui étoient préfens. Telle fut la fin de cet héréfiarque, qui avoit environ soixante & trois ans. Dieu permet fouvent que la mort de fes plus grands ennemis n'ait rien qui frappe les hommes, ne voulant point fortir de fon fecret par des marques éclatantes de fa colere, & fe réfervant de leur faire éprouver dans l'autre vie les effets terribles de fa vengeance, d'une maniere proportionnée à leur malice & à leur impiété. Les comtes de Mansfeld vouloient que Luther fût enterré à Iflebe, parce que cette ville étoit fa patrie; mais par l'ordre du prince électeur de Saxe, il fut honorablement tranfporté à Vittemberg, & enterré cinq jours après. Il eft inutile de faire ici le portrait de ce malheureux chef de la réforme. Les faits inconteftables que nous avons rapportés dans cet article, fuffisent pour en donner une jufte idée. Avant que d'expofer les fuites qu'eut cette héréfie depuis la mort de fon auteur jufqu'au commencement du dix-feptieme fiecle, il eft à propos de faire connoître les autres réformateurs, & de montrer comment la doctrine de l'Eglife s'eft foutenue & établie contre eux dans le concile de Trente. ARTICLE VI. Héréfies de Zuingle & de Calvin, I. PENDANT que le Luthéranifine s'établissoit en Allema I. Commence gle. Contin. de Fleury, tome mens de Zuin- gne, Ulric Zuingle jettoit en Suiffe les fondemens d'une nouvelle fecte. Il étoit né à Vildehausen en Suiffe, le premier de Janvier de l'an 1487. Il apprit les langues à Bâle XXV. livre & à Berne, & fit fa philofophie à Vienne en Autriche, & fa cxxv. n. 94. théologie théologie à Bâle, où il reçut le bonnet de docteur l'an 1505. Il commença à prêcher l'année suivante avec assez de fuccès, & fut pourvu d'une cure dans un gros bourg de Suiffe. La réputation qu'il s'étoit acquife par fes fermons, le fit appeller [en 1516. ] à la conduite d'une autre Eglife, qu'on appelloit l'Hermitage de la Vierge, qui étoit un fameux pélerinage. En 1517, il eut une conférence avec le Cardinal de Sion, qui fe trouvoit alors en Suiffe. Il y fut queftion des maux de l'Eglife, & de la néceffité d'y remédier. Il représenta au cardinal combien ceux qui, comme lui, étoient dans les grandes places, devoient travailler à cet important ouvrage. S'il s'en fût tenu-là, on n'auroit point eu de reproche à lui faire. En 1518. il fut appellé à Zurich, pour y gouverner la principale paroiffe de la ville, & y annoncer la parole de Dieu. Quelque réputation qu'il fe fût acquife, on peut dire qu'il avoit beaucoup moins de fcience que de feu & de vivacité. Ce que l'on trouve en lui de plus fatisfaifant, c'est la netteté dans le difcours. Aucun des prétendus réformateurs n'a expliqué fes penfées, d'une maniere plus fuivie, plus uniforme, ni plus précife. Auffi aucun n'a été plus loin, ni n'a montré plus de hardiesse. Zuingle voyant que la publication des Indulgences étoit un moyen fûr d'amaffer de l'argent, & voulant devenir riche afin de s'avancer dans les dignités, cherchoit l'occafion d'avoir des indulgences à publier; mais le pape Léon X. les fit annoncer à Zurich en 1519. par un Cordelier Milanois, qui n'étoit ni moins intéreffé ni moins ambitieux que Zuingle. Ce religieux, d'ailleurs fort ignorant, crioit de toutes fes forces, qu'en donnant de l'argent pour avoir beaucoup d'indulgences, on recevoit la remiffion de tous fes péchés, & que l'on délivroit infailliblement les ames du purgatoire. Le peuple féduit par ces fauffes promeffes, ne ceffoit d'apporter de l'argent au cordelier, qui par-là recueillit des fommes confidérables. Zuingle indigné de n'avoir point été chargé d'une commiffion fi lucrative, parla vivement contre les indulgences. Il paffa enfuite des indulgences à l'autorité du Pape, à la nature du facrement de Pénitence, au Tome VIII. Bb II. La publica tion des indul gences lui don ne occafion d'enfeigner des Ib. 1. cxxvj. "47. 6 48. erreurs, n. & AN. 1519. |