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XXXIII,
Calvin rétabli

catéchisme.

fecte.

AN. IS41.

& rendit de grands fervices à fa patrie. Comme il étoit trèsfavorable aux nouvelles héréfies, & que la ville de Strafbourg recevoit avec plaifir les Réformés chaffés de leur pays, Calvin y trouva beaucoup d'agrément, & obtint aisément la permiffion d'y établir une église pour les François. Il fe maria dans cette ville, l'année fuivante, à une nommée Idelette Burie, veuve d'un Anabaptifte. Il n'en eut qu'un fils, qui mourut avant lui. Il fut député par les Réformés de Strafbourg à la diete de Ratisbonne qui se tint en 1541. & où il conféra fur la cêne avec Bucer & Mélanchton. On croit que ce fut lui qui engagea les princes protestans à écrire au roi de France en faveur de ceux qui profeffoient la nouvelle religion, & que l'on poursuivoit vivement dans le Dauphiné & la Provence,

XIV,

Au mois de Septembre de la même année 1541. Calvin à Genève. Sa fut rappellé à Genève à Genève par la faction qui lui étoit favorable, difcipline. Son & qui étoit devenue la plus puiffante. Il fut reçu avec de Progrès de fa grands témoignages de joie, & les nouveaux fyndics lui Ibid. 1. cxl. donnerent un pouvoir abfolu, pour gouverner leur église n. 60. & fuiv. comme il le jugeroit à propos, En conféquence Calvin régla la difcipline, à peu près comme on la voit encore aujourd'hui dans les églifes prétendues - réformées. Il établit des confiftoires, des colloques, des fynodes, des anciens, (au lieu de prêtres) des diacres & des furveillans. Il dreffa la forme des prieres & des prêches, & la maniere de célébrer la cêne, de donner le baptême, & d'enterrer les morts. Il établit une jurisdiction confiftoriale, à qui il prétendit pouvoir donner le droit d'impofer des peines canoniques, & même de prononcer l'excommunication. Il composa aufsi un catéchisme latin & françois par demandes & par réponfes, fort différent de celui qu'il avoit déja publié, & beaucoup plus ample. Trémellius Juif, qui faifoit profeffion de chriftianifme, le traduisit en hébreu, & Henri Etienne en grec. Tous ces changemens faifoient de la peine aux Réformés, & il y en eut plufieurs à Genève qui s'oppoferent à l'établiffement

l'établissement de la nouvelle régle de foi & de difcipline. Mais Calvin l'emporta. Il fut ordonné dans une affemblée de tout le peuple, que le nouveau catéchifme auroit déformais force de loi; & le clergé & les laïcs s'engagerent pour toujours à s'y conformer. La févérité avec laquelle ce légiflateur moderne exerçoit fon pouvoir fans borne & les droits de fon confiftoire, lui attira beaucoup d'ennemis, & causa même quelquefois du défordre dans la ville; mais le nouvel apôtre ne s'étonnoit de rien. L'orgueil dont il étoit animé, le rendoit inflexible dans fes réfolutions. Il vouloit qu'on souscrivit aveuglément à ce qu'il avançoit, & il fe mettoit en colere contre quiconque ofoit le contredire. L'année fuivante 1542. il reçut un grand nombre d'étrangers, & fur-tout de François, qui abandonnoient leur patrie, pour avoir la liberté de vivre & de penfer fuivant les principes de la nouvelle fecte. En arrivant à Genève ils s'attachoient tous à Calvin, qui de fon côté avoit foin de leur procurer quelques établissemens, & d'empêcher qu'on ne leur fît aucune injustice. Sa follicitude s'étendoit encore fur d'autres royaumes, où il avoit déja des partisans, & il n'étoit occupé que des moyens d'en groffir le nombre.

XV.

XXXIV.

faculté de théologie de

Paris contre le

Calvinifme.

Le roi François I. voulant arrêter le progrès du Calvinifme en France, renouvella les édits qu'il avoit déja publiés Face & de la contre ceux qui abandonnoient l'ancienne religion. Les magiftrats eurent ordre d'en faire une exacte recherche: mais il étoit fort difficile de les furprendre, parce qu'ils tenoient leurs assemblées pendant la nuit d'une maniere très- faculté. fecrette. Parmi les prédicateurs, il s'en trouvoit plufieurs lbid. n. 63. qui étoient infectés des nouvelles erreurs, & qui les débitoient dans leurs fermons. C'eft ce qui obligea le clergé de seconder le zèle du roi, pour empêcher les funeftes effets qu'une telle licence auroit pû produire. La faculté de théologie de Paris s'aflembla chez les Mathurins le dix-huitieme de Janvier 1542. & après la mefle du Saint-Efprit, elle dreffa Tome VIII.

G

& 64.
AN. 1542.

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des articles en forme de profeffion de foi, qui contenoient clairement & diftinctement ce qu'il falloit croire, & ce que les prédicateurs devoient enseigner fur toutes les matieres controverfées. Comme nous fommes obligés, eft-il dit dans ce décret, à l'exemple de faint Paul, de confidérer les dangers évidens qui menacent les Chrétiens, par la détestable doctrine de quelques prédicateurs, qui ne rougiffent point d'infpirer aux fideles par leurs difcours des erreurs pernicieufes voulant remédier à un fi grand mal, autant qu'il eft en nous, & fuivant les obligations de notre état, qui nous engage à maintenir la doctrine falutaire des faintes écritures & de l'Eglife catholique; nous avons cru devoir renfermer en abrégé fous certains titres quelques articles de foi que tout Chrétien doit croire, afin qu'on connoiffe plus facilement les opinions de chacun, & ce qu'il faut particuliérement prêcher au peuple dans le temps où nous fommes. (Beau modele que donnent ici ces anciens docteurs de Paris, pour les temps où il fe trouveroit dans l'Eglife des prêtres qui enfeigneroient des erreurs foit dans leurs fermons, foit ailleurs. Alors le devoir des théologiens eft d'établir clairement, fuivant la lumiere de l'écriture fainte & dé la tradition, les vérités qui font exposées à la contradiction, & que l'on voudroit anéantir; s'appliquer enfuite d'une maniere particuliere à en inftruire les fideles, & les avertir fouvent de fe donner de garde de quiconque leur annonceroit une doctrine différente, de quelque rang & dignité qu'il pût être revêtu; fût-il même un ange du ciel.)

La faculté établit enfuite vingt-neuf articles, dont voici les principaux. Il faut croire fans aucun doute que le baptême eft néceffaire aux enfans pour être fauvés, & qu'il donne la grace du Saint-Efprit. L'homme a un libre arbitre, avec lequel il peut faire le bien & le mal. Les adultes coupables de péché mortel, ont befoin de la pénitence, qui confifte dans la contrition, dans la confeffion facramentelle qu'on doit faire à un prêtre, & dans la fatisfaction. Le pécheur n'eft pas juftifié par la feule foi; les bonnes œuvres font néceffaires, & fans elles aucun adulte ne peut obté

nir la vie éternelle. On doit croire fermement que le vrai corps de Jefus-Chrift eft contenu dans le facrement de l'Eucharistie, le même qui eft né de la fainte Vierge, & qui a fouffert fur la croix. On doit croire avec la même foi, que dans la confécration il fe fait une tranffubftantiation du pain dans le vrai Corps, & du vin dans le vrai Sang de JefusChrift. Le facrifice de la Mefle a été inftitué par Jesus Christ, & il eft utile aux vivans & aux morts. La communion fous les deux efpeces n'eft point néceffaire aux laïcs pour le falut, & l'Eglife a fagement ordonné qu'on ne les communiât que fous une feule efpece. Jefus-Chrift a donné aux prêtres ordonnés felon le rit de l'Eglife, la puiffance de confacrer fon vrai corps, & d'abfoudre des péchés dans le facrement de Pénitence. La Confirmation, le Mariage & l'Extrême-Onction, font de vrais facremens inftitués par Jefus-Chrift, qui conferent la grace du Saint-Esprit. C'est une chofe très-agréable à Dieu, de prier les faints qui font dans le ciel. C'est une pratique louable de fléchir les genous dans la priere devant les images du Crucifix, de la fainte Vierge & des Saints. Il y a un purgatoire dans lequel les ames des fideles qui font morts font aidées par la priere, le jeûne, les aumônes, & d'autres bonnes œuvres, pour être plutôt délivrées de leurs peines. Chaque Chrétien eft obligé de croire qu'il y a une Eglise univerfelle, visible sur la terre, infaillible en ce qui regarde la foi & les mœurs, & à laquelle tous les fideles doivent obéir en ce qui regarde la foi & les mœurs. On doit croire plufieurs chofes qui ne font pas en termes exprès dans l'Ecriture, & que l'on fait par la tradition. Jesus Christ a donné immédiatement à l'Eglise la puisfance d'excommunier; elle eft de droit divin, & par conféquent on doit beaucoup craindre les cenfures eccléfiaftiques. Le concile général légitimement assemblé, représentant toute l'Eglife, ne peut fe tromper dans les décisions qui regardent la foi & les mœurs. Les Ordonnances de l'Eglife touchant le jeûne, l'abstinence, &c. obligent en confcience. On voit avec quelle précifion & quelle clarté cette favante faculté expofe dans ces articles ce qu'il falloit croire

touchant les points conteftés. Telle eft la vraie maniere d'inftruire les fideles dans les tems de troubles & de difputes. Et c'est celle aufì que ne manquent pas d'employer alors ceux qui défendent la doctrine de l'Eglife.

XXXVI.
Vigilance &
fermeté du
Parlement de auffi
Paris. Nou-

veau progrès
Ibid. n. 3.

du Calvinisms.

& fuiv.

AN. 1543.

AN. 1545.

XXXVII. Théodore de Béze s'attache

Calvin.

Peu de temps après, la même faculté renouvella fes cenfures contre les principales erreurs des Luthériens. Ce fut par fon confeil, que le Parlement condamna au fea en 1543 un grand nombre de livres hérétiques, & principalement l'Inftitution chrétienne de Calvin, avec défenfes à tous Libraires & Imprimeurs d'imprimer & de vendre de femblables livres, & à toutes perfonnes d'en avoir chez eux. Les autres livres condamnés au feu avec l'inftitution de Calvin, étoient entr'autres les Epigrammes de Dolet, les cinquante-deux Dimanches, compofés par le Févre d'Etaples, le Chevalier chrétien, les Heures de la compagnie des pénitens, les œuvres de Mélanchton, une Bible de Genève. Malgré le zèle de la faculté de théologie de Paris & la vigilance du parlement, les difciples de Calvin, quoique cachés, travailloient toujours à répandre leurs erreurs, & ils féduifoient un grand nombre de perfonnes. Ils commencerent en 1545 (y) à former à Paris une efpece d'églife, qui s'accrut avec le tems. Ils nommerent quelques-uns d'entr'eux à qui l'on pût s'adreffer, foit pour l'administration du baptême, foit pour les avis dont les partisans de la fecte auroient befoin. Celui qui fut choifi le premier, étoit un laïc de vingt-deux ans, nommé la Riviere. On dreffa quelques réglemens, on établit une espece de confiftoire, & l'on pourvut à la fûreté & au bon ordre, autant qu'on pouvoit le faire dans de fi foibles commencemens.

X V I.

Vers la fin de 1548, Calvin eut la fatisfaction de voir à Genève le fameux Théodore de Beze, qui a été un des plus Cont de Fl. zèlés partisans de la nouvelle Réforme. Il naquit à Vezelai (y) [Le continuateur de M. Fleury différe cela jufqu'en 1555. tom. XXXI. 1. clij, n. 62.1

tome XXIX.

1. cxlv. n. 110.
& fuiv.
AN. 1548.

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