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XLI. Injures atro

adverfaires.

Infolence avec laquelle il traiperes. Combien il est étonreil réforma teur ait pu fé. duire tant de Catholiques.

te les faints

nant qu'un pa

Hift. des va riations.

faints peres: l'un & l'autre n'ont pu fouffrir qu'on les contredît, & leur éloquence n'a été en rien auffi féconde qu'en injures.

X X.

Ceux qui ont rougi de celles que l'arrogance de Luces dont Cal- ther lui a fait écrire ne feront pas moins étonnés des vin accable ses excès de Calvin. Ses adverfaires ne font jamais que des fripons, des fols, des méchans, des ivrognes, des furieux des enragés, des bêtes, des taureaux, des ânes, des chiens des pourceaux; & à chaque page le beau ftyle de Calvin eft fouillé de toutes ces groffiéretés. Catholiques & Luthériens, perfonne n'eft épargné. L'école de Veftphale, felon lui,eft une puante étable à pourceaux. S'il dit fouvent que le diable poffede les papiftes, il répéte auffi cent & cent fois qu'il a fafciné les Luthériens. Au milieu de ces injures, il vante encore fa douceur. Il remplit un livre de tout ce qu'il y a de plus atroce, & il croit en être quitte en difant que quand il a écrit ces injures, il étoit fi tranquille & fi exempt de fiel, qu'il eft étonné d'avoir dit des choses si dures fans la moindre amertume. Il veut pourtant bien avouer qu'il en avoit dit plus qu'il ne vouloit, & que le remede qu'il a appliqué au mal étoit un peu trop violent. Mais après ce modefte aveu il s'emporte plus qu'il n'avoit fait; & après avoir dit à fon adverfaire: M'entends-tu, chien? m'entendstu bien, phrénétique ? m'entends-tu bien, groffe bête? il ajoûte, qu'il eft bien-aise que les injures qu'on lui dit, demeurent de fa part fans aucune réponse. Auprès de cette violence de Calvin, Luther étoit la douceur même. Il n'y a perfonne qui n'aimât mieux effuyer la colere impétueufe de fun, que la profonde malignité de l'autre, qui fe vante d'être de fang froid,lorfqu'il répand le plus de fiel & d'amertume dans fes difcours. Tous deux, après avoir attaqué les hommes, ont ouvert leur bouche infolente contre le ciel,. en méprifant ouvertement l'autorité des faints peres. Chacun fait combien de fois Calvin s'eft mocqué de leurs décisions & avec quelle audace il a donné le nom d'écoliers, à ces

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hommes merveilleux dont tous les fiecles ont admiré & admireront les lumieres & la fainteté. A juger de la prétendue réforme par le caractere & le génie de fes chefs, ne paroît-elle pas vifiblement une œuvre diabolique? Quel prodige de féduction, qu'une pareille œuvre ait pû enlever à l'Eglise un fi grand nombre de fes enfans!

ARTICLE VII.

Concile de Trente depuis fes préparatifs jusqu'à fa
tranflation à Bologne.

L

Des que l'héréfie de Luther commença à se répandre,
DÉS
tout le monde fentit la néceffité d'affembler au plutôt un
concile général, foit pour en arrêter le progrès, foit pour
corriger les abus, qui en étoient l'occafion & le prétexte.
On ne ceffoit en Allemagne de le demander; & l'empereur
Charles V. le follicita lui-même avec beaucoup d'inftances.
La cour de Rome feule s'y oppofoit, parce qu'elle ne crai-
gnoit rien tant que la réforme. Elle laiffa croître le mal
pendant plus de quinze ans, fans vouloir jamais confentir
que l'on employât l'unique remede que l'on pouvoit y ap-
porter. Enfin le pape Paul III. voyant que le feu gagnoit de
tous côtés, & menaçoit l'Europe entiere, crut qu'il n'y
avoit plus moyen de différer la convocation du concile.
Nous avons vû les démarches qu'il fit à ce fujet. Nous avons
auffi parlé du defir qu'il paroiffoit avoir de réformer la cour
de Rome avant la tenue du concile, & du peu de fuccès
des mesures qu'il prit pour y parvenir. Mais nous n'avons
rien dit des abus qui étoient expofés dans le mémoire des
commiffaires nommés par le pape pour travailler à cette
grande affaire. Il eft naturel d'en rapporter ici les princi-
paux articles, afin de donner quelqu'idée des maux aux-
quels le concile avoit à remédier; & de faire voir qu'il n'étoit
pas moins néceffaire pour réformer l'Eglife dans fon chef &

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Cont. de Fl.

t. XXVIII. 1. cxxxviij. n. AN. 1538.

21. & fuiv.

II. Principaux

défordres aux.

quels le conci

le général dc

voit remédier.

dans fes membres, que pour condamner les nouvelles héréfies. Ce mémoire avoit pour titre : Avis pour la réforme de l'Eglife, dressé par les cardinaux & les autres prélats choifis par N. S. P. le pape Paul III. compofé par fon ordre, & préfenté à fa fainteté en 1538. (a) Ces commiffaires commencent par rendre à Dieu des actions de graces, de ce qu'il a infpiré au pape le deffein de rétablir la difcipline de l'Eglife, qui eft, difent-ils, presque entiérement ruinée, & de ce que pour y travailler, fa fainteté les a chargés de lui marquer les abus, ou plutôt les grandes maladies dont l'Eglise de Dieu eft affligée depuis fi long-temps, & qui ayant augmenté tous les jours, l'ont réduite au trifte état où nous la voyons. Ils rejettent la fource de tous ces maux, fur ce que quelques-uns des papes fes prédéceffeurs ayant les oreilles délicates, ont amaffé une foule de docteurs felon leurs defirs, non pour apprendre d'eux ce qu'ils devoient faire, mais afin de trouver par leur adreffe & leur application, le moyen de faire enforte que tout ce qu'ils voudroient fût permis. Que c'est ce qui a été cause que l'on a vû paroître plufieurs docteurs qui ont enfeigné que le pape étoit le maître de tous les bénéfices; d'où il s'enfuit, qu'un maître ayant droit de vendre ce qui lui appartient, le pape ne pouvoit pas commettre de fimonie. Ainfi la volonté du pape, telle qu'elle puiffe être, devient la régle de fes actions, & par conféquent tout ce qui lui plaît eft cenfé permis. Ceft de cette fource, ajoutent-ils, très-faint pere, que font fortis ce grand nombre d'abus & ces griéves maladies, qui ravagent l'Eglife de Dieu, & qui l'ont mife dans un état fi déplorable, que nous la voyons prefque hors d'efpérance de guérifon, & que la religion de Jefus-Chrift eft devenue l'objet de la rifée & des infultes des Infidéles.

Après avoir établi pour fondement, qu'il faut, autant que fon peut, observer exactement les loix, & n'accorder des difpenfes que pour une caufe urgente & nécessaire, parce que rien n'eft plus pernicieux dans tout état que l'inobfervation des loix, ils entrent dans le détail des abus qu'ils ont (a) [Le continuateur de M. Fleury le rapporte à l'an 1537. ]

remarqués. On n'eft point affez précautionné, difent-ils, ni affez attentif dans le choix des prélats & des prêtres. On impofe les mains à des hommes qui n'ont ni science ni mœurs. C'est ce qui produit une infinité de fcandales, & ce qui fait qu'on méprife tout l'ordre eccléfiaftique, & qu'on n'a aucun refpect pour la religion. Pour corriger un fi grand abus, il faudroit que le pape nommât dans la ville de Rome quelques prêtres vertueux & favans, pour examiner avec grand foin ceux qui doivent être élevés aux faints ordres; & que les évêques fiffent la même chose dans leurs diocèfes. Les commiffaires, après avoir infifté sur ce premier abus qui a de fi funeftes fuites, en relevent d'autres avec beaucoup de lumiere. Quand il eft queftion, difent-ils, de conférer les bénéfices, ceux même où l'on eft chargé du foin des ames, comme les cures & les évêchés, on fe met peu en peine du troupeau de Jesus-Chrift & des vrais intérêts de l'Églife. On ne devroit certainement les donner qu'à des hommes vertueux, favans, & capables de s'acquitter dignement de leurs devoirs. Un autre abus, ce font les graces expectatives & les réferves des bénéfices, qu'il fandroit abolir entiérement. Mais que dirons-nous, continuent-ils, d'un autre défordre ? L'on voit aujourd'hui, à la honte de la religion, un feul homme poffeder plufieurs évêchés. On voit aufli des évêques cardinaux, quoique les fonctions de cardinal & d'évêque foient incompatibles. Car les cardinaux font établis pour être avec vous, très-faint pere, & pour vous aider dans le gouvernement de l'Eglife; au lieu que le devoir des évêques eft de paître le troupeau confié à leurs foins. Les pafteurs doivent être toujours avec leurs brebis: or ce devoir devient impoffible, fi ces pafteurs ne réfident point. Il faudroit donc, difent toujours les commiffaires, qu'on ne donnât point le cardinalat à des évêques, ou que les évêques cardinaux ne quittaffent point leur diocèfe pour aller à la cour de Rome. Si le faint fiége fouffre cet abus à Rome, comment pourra-t-il le réprimer ailleurs? Si l'on eft difpenfé de la réfidence, parce qu'on eft cardinal, comment perfuadera-t-on aux autres évêques, qu'ils font abfolument obli

gés de la garder? A qui fera-t-on croire que les évêques cardinaux ont droit de tranfgreffer une loi fi effentielle, parce qu'ils font membres du facré collége?

Les commiffaires font enfuite fentir combien eft énorme cet abus de la non-réfidence des évêques. Quel affligeant fpectacle, difent-ils, de voir tant de troupeaux abandonnés & livrés à des mercenaires ! Ce n'eft point affez de punir févérement ceux qui négligent ainfi les ames confiées à leurs foins, & de les excommunier, il faudroit les priver du revenu de leurs bénéfices, à moins que par indulgence on ne leur ait permis de s'abfenter pour quelque temps. Les anciens canons ne veulent pas qu'un évêque foit hors de fon diocèse pendant plus de trois semaines; cependant l'on en voit plufieurs s'abfenter des années entieres. L'impunité des méchans eft encore un abus, que l'on ne fauroit trop promptement abolir. Lorsqu'ils ne fauroient se souftraire à la jurifdiction de leur évêque, ils ont recours au pénitencier, & ils en rachetent avec de l'argent la peine qui eft dûe à leurs crimes. C'est ce que font particuliérement les prêtres, au grand scandale de la religion. Nous fupplions donc votre fainteté, ajoutent les commiffaires, par le fang de Jesus-Christ, qui a racheté & sanctifié fon Eglise, d'abolir entiérement une pareille licence; parce que nulle république, & à plus forte raifon l'Eglife, ne peut fubfifter longtemps, fi les crimes y demeurent impunis. C'est auffi avec douleur, difent-ils encore, que nous avouons qu'il y a beaucoup de défordres dans les monafteres, & des défordres fi publics, que les laïcs en font extrêmement fcandalifés. Nous penfons qu'il faudroit empêcher ces maisons déréglées de recevoir des novices, afin qu'en laiffant mourir les anciens, on mette en leur place des fujets plus réguliers. Il y a aussi de grands abus dans les monafteres des religieufes.

Les commiffaires condamnent la conduite de plufieurs univerfités, qui souffroient que des profeffeurs de philofophic propofaffent des queftions pleines d'impiété, & foutinffent des thèses impies jufques dans les églifes. Les évêques, difent-ils, doivent travailler à détruire ces abus,

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