Cont. de Fl. t. XXVIII. 21. & de ce dans fes membres, que pour condamner les nouvelles héréfies. Ce mémoire avoit pour titre : Avis pour la réforme de l'Eglife, dreffé par les cardinaux & les autres prélats choifis 1. cxxxviij. n. par N. S. P. le pape Paul III. compofé par fon ordre, & préfenté à fa fainteté en 1538. (a) Ces commiffaires comgraces, mencent par rendre à Dieu des actions de qu'il a infpiré au pape le deffein de rétablir la difcipline de l'Eglife, qui eft, difent-ils, presque entiérement ruinée, & de ce que pour y travailler, fa fainteté les a chargés de lui marquer les abus, ou plutôt les grandes maladies dont l'Eglise de Dieu est affligée depuis fi long-temps, & qui ayant augmenté tous les jours, l'ont réduite au triste état où nous la voyons. Ils rejettent la fource de tous ces maux, fur ce que quelques-uns des papes fes prédéceffeurs ayant les oreilles délicates, ont amaffé une foule de docteurs felon leurs defirs, non pour apprendre d'eux ce qu'ils devoient faire, mais afin de trouver par leur adreffe & leur application, le moyen de faire enforte que tout ce qu'ils voudroient fût permis. Que c'est ce qui a été cause que l'on a vû paroî tre plusieurs docteurs qui ont enfeigné que le pape étoit le maître de tous les bénéfices; d'où il s'enfuit, qu'un maître l'on Après avoir établi pour fondement, qu'il faut, autant que peut, obferver exactement les loix, & n'accorder des difpenfes que pour une caufe urgente & néceffaire, parce que rien n'eft plus pernicieux dans tout état que l'inobfervation des loix, ils entrent dans le détail des abus qu'ils ont (a) [Le continuateur de M. Fleury le rapporte à l'an 1537. I AN. 1538. II. Principaux défordres aux quels le concile général dcvoit remédier, remarqués. On n'eft point affez précautionné, difent-ils, ni affez attentif dans le choix des prélats & des prêtres. On impofe les mains à des hommes qui n'ont ni fcience ni mœurs. C'est ce qui produit une infinité de fcandales, & ce qui fait qu'on méprile tout l'ordre eccléfiaftique, & qu'on n'a aucun refpect pour la religion. Pour corriger un fi grand abus, il faudroit que le pape nommât dans la ville de Rome quelques prêtres vertueux & favans, pour examiner avec grand foin ceux qui doivent être élevés aux faints ordres; & que les évêques fiffent la même chose dans leurs diocèses. Les commiffaires, après avoir infisté sur ce premier abus qui a de fi funeftes fuites, en relevent d'autres avec beaucoup de lumiere. Quand il eft queftion, difent-ils, de conférer les bénéfices, ceux même où l'on eft chargé du soin des ames, comme les cures & les évêchés, on fe met peu en peine du troupeau de Jesus-Chrift & des vrais intérêts de l'Églife. On ne devroit certainement les donner qu'à des hommes vertueux, savans, & capables de s'acquitter dignement de leurs devoirs. Un autre abus, ce font les graces expectatives & les réferves des bénéfices, qu'il fandroit abolir entiérement. Mais que dirons-nous, continuent-ils, d'un autre défordre ? L'on voit aujourd'hui, à la honte de la religion un feul homme poffeder plufieurs évêchés. On voit aufli des évêques cardinaux, quoique les fonctions de cardinal & d'évêque foient incompatibles. Car les cardinaux font établis pour être avec vous, très-faint pere, & pour vous aider dans le gouvernement de l'Eglife; au lieu que le devoir des évêques eft de paître le troupeau confié à leurs foins. Les pasteurs doivent être toujours avec leurs brebis: or ce devoir devient impoffible, fi ces pafteurs ne réfident point. Il fau droit donc, difent toujours les commiffaires, qu'on ne donnât point le cardinalat à des évêques, ou que les évêques cardinaux ne quittaffent point leur diocèfe pour aller à la cour de Rome. Si le faint fiége fouffre cet abus à Rome, comment pourra-t-il le réprimer ailleurs? Si l'on eft difpenfé de la réfidence, parce qu'on eft cardinal, comment perfuadera-t-on aux autres évêques, qu'ils font abfolument obli gés de la garder? A qui fera-t-on croire que les évêques cardinaux ont droit de tranfgreffer une loi fi effentielle, parce qu'ils font membres du facré collége? Les commiffaires font enfuite fentir combien eft énorme cet abus de la non-réfidence des évêques. Quel affligeant fpectacle, difent-ils, de voir tant de troupeaux abandonnés & livrés à des mercenaires! Ce n'eft point affez de punir févérement ceux qui négligent ainfi les ames confiées à leurs foins, & de les excommunier, il faudroit les priver du revenu de leurs bénéfices, à moins que par indulgence on ne leur ait permis de s'abfenter pour quelque temps. Les anciens canons ne veulent pas qu'un évêque foit hors de fon diocèse pendant plus de trois semaines; cependant l'on en voit plufieurs s'absenter des années entieres. L'impunité des méchans eft encore un abus, que l'on ne fauroit trop promptement abolir. Lorfqu'ils ne fauroient fe fouftraire à la jurifdiction de leur évêque, ils ont recours au pénitencier, & ils en rachetent avec de l'argent la peine qui eft dûe à leurs crimes. C'eft ce que font particulièrement les prêtres, au grand scandale de la religion. Nous fupplions donc votre fainteté, ajoutent les commiffaires, par le fang de Jefus-Chrift, qui a racheté & sanctifié fon Eglise, d'abolir entiérement une pareille licence; parce que nulle république, & à plus forte raison l'Eglife, ne peut fubfifter longtemps, fi les crimes y demeurent impunis. C'eft auffi avec douleur, difent-ils encore, que nous avouons qu'il y a beaucoup de défordres dans les monafteres, & des défordres fi publics, que les laïcs en font extrêmement fcandalisés. Nous penfons qu'il faudroit empêcher ces maisons déréglées de recevoir des novices, afin qu'en laiffant mourir les anciens, on mette en leur place des fujets plus réguliers. Il y a aussi de grands abus dans les monafteres des religieufes. Les commiffaires condamnent la conduite de plufieurs univerfités, qui souffroient que des profeffeurs de philofophie propofaffent des queftions pleines d'impiété, & foutinffent des thèses impies jufques dans les églifes. Les évêques, difent-ils, doivent travailler à détruire ces abus, en avertiffant les maîtres, & en leur recommandant d'inftruire les jeunes gens dans la piété & dans la crainte de Dieu. On doit auffi recommander aux princes & aux magiftrats, de ne laiffer rien imprimer ni publier qui foit contre les bonnes mœurs. Les commiffaires avoient grande raifon de ne point paffer fous filence un abus fi criant. Ils ne parlent que de livres contre les bonnes mœurs. S'ils faifoient leur mémoire aujourd'hui, ils ajoûteroient, contre la religion chrétienne, & contre Jefus-Chrift, que l'on blafphême impunément. Leur fiecle étoit bien malheureux; mais de pareils excès étoient réservés pour le nôtre. Les commiffaires parlent enfuite de la fimonie, de la trop grande facilité d'accorder des indulgences, & de quelques autres abus, qui comme les précédens regardoient particulierement l'Eglife de Rome. Après quoi ils fe plaignent de différens fcandales qu'il y avoit dans cette ville. On voit, difent-ils, des courtifanes & des femmes publiques fe promener hardiment dans les rues de Rome, montées fur des mules & accompagnées des gentilshommes des cardinaux, & souvent même de quelques clercs. Ces femmes font des mieux logées, & occupent des palais magnifiques. En un mot, on n'a jamais vû une diffolution pareille à celle qui régne à Rome, qui devroit être le modéle de toutes les autres villes. Ils parlent enfuite des inimitiés & des divisions scandaleuses qu'il y avoit entre plufieurs familles. Ils fe plaignent de la négligence avec laquelle on adminiftre les hôpitaux, & du peu de foin que l'on a des pauvres. Les commiffaires finif fent leur mémoire par ces paroles qu'ils adreffent au pape : Vous vous êtes fait nommer Paul : nous espérons qu'à l'exemple de faint Paul, vous ferez embrasé de zèle l'Eglife de Dieu. pour Le zèle de Paul III. alla jufqu'à renvoyer au jugement du concile futur, l'importante affaire de la réformation, quoiqu'on lui en fit voir avec la derniere évidence le befoin actuel & urgent; & à renvoyer enfuite le concile lui-même auffi loin qu'il lui étoit poffible. Par fa bulle du mois d'Août 1538. il en avoit prorogé l'ouverture, comme il a déja été II. réforme à un dit, jufqu'à Pâque de l'année fuivante. Lorsque ce délai fut expiré, il dit qu'il vouloit abfolument terminer l'affaire qui regardoit le concile; & pour ne laiffer aucun doute fur les difpofitions à cet égard, il tint un confiftoire où il la proposa avec vivacité. Les fentimens furent fort partagés. Quelques cardinaux vouloient qu'on ne parlât plus de concile, & que l'on révoquât tout ce qui avoit été fait jufqu'alors pour s'y préparer. D'autres un peu moins infenfibles à leur réputation & à celle du fouverain pontife, infifterent pour la tenue du concile. Mais fuivant les vûes ordinaires de la cour de Rome, qui craint toujours tout ce qui peut donner atteinte à fes prétentions, ils fe contenterent de parler en faveur de la convocation du concile, fans rien dire des moyens qu'il falloit prendre pour l'affembler au plutôt. Ils conclurent même qu'il falloit laiffer au pape le choix du temps & du lieu où on l'affembleroit, Leur avis fut fuivi; & en conféquence, le pape publia une bulle qui fufpendoit le concile déja convoqué, jufqu'au temps qu'il lui plairoit de le tenir. En voyant ce qui fe paffa dans ce confiftoire, & la bulle qui en fut le résultat, on feroit tenté de croire que ceux qui le compofoient, favorifoient fecrétement le progrès des nouvelles héréfies. Mais rien ne feroit plus faux & plus injufte qu'un pareil jugement. Il faut dire feulement, que la gloire de Dieu, l'intérêt de l'Eglife & le falut des Chrétiens, n'étoient pas ce qui touchoit le plus la cour de Rome, I I, IV. convoqué à s'y fait rien ans. Ife paffa près de trois ans, fans qu'il fût queftion de Le concile eft concile. L'empereur & les princes catholiques de l'empire Trente. Il ne defiroient toujours & avec raifon qu'il fe tînt en Allemagne; pendant deux & le pape, ou n'en vouloit point du tout, ou exigeoit qu'il fe tint en Italie, afin d'y être le maître. Vers le commenceXXVIII. ment de l'année 1542. il fit dire par fon légat, dans une 1 cxl. n. 31. diete qui fe tenoit à Spire, qu'il étoit résolu d'affister en per& fuiv. AN 1542. fonne au concile, & qu'ainfi il n'y avoit pas d'apparence qu'on pût le tenir en Allemagne, parce que fon grand âge Cont. de Fl. t. & |