dent lut tout haut la bulle de l'indiction du concile, & I V. VII. Les légats écrivent au pape pour inftructions & des ordres. Ibid. n. 4. & fuiy. Les légats écrivirent auffi-tôt à Rome pour apprendre au pape que le concile étoit ouvert, & pour lui demander les pivu, ordres qu'il plairoit à fa fainteté de leur donner. Ils le prioient demander des d'établir des poftes de Trente à Rome, afin de pouvoir promptement donner & recevoir les avis nécessaires. Ils difoient au pape, qu'ils avoient évité adroitement de montrer aux prélats les pouvoirs de leur légation, ne fachant pas jufqu'où fa fainteté voudroit étendre l'autorité de leur préfidence. Ils lui donnoient avis, que plufieurs prélats vouloient que l'on opinât par nation: ce qui leur paroiffoit intolérable. Une de leurs raifons pour s'y oppofer, c'eft, difoient-ils, qu'il ne fervira de rien, que les Italiens, qui font les plus attachés au faint fiége, foient en plus grand nombre que les François, les Allemands, les Efpagnols, fi les fuffrages ne fe comptent point par têtes. Enfin ils infiftoient fur la néceffité de leur envoyer avant la feconde feffion, une inftruction pofitive fur tout ce qu'ils avoient à faire. Comme les prélats ne vouloient point paffer leur temps inutilement, ils folliciterent les légats de tenir des congrégations. Ceux-ci F V V 1 voulant leur donner quelque fatisfaction, en tinrent une le dix-huitieme de Décembre; mais on n'y parla que du bon ordre que les prélats devoient garder dans leurs maisons, du foin avec lequel ils devoient veiller fur leurs domestiques, & de la police qui devoit être observée dans la ville. Le pape ayant reçu la lettre des légats, établit une congrégation de cardinaux pour dreffer l'inftruction qu'il leur enverroit. On tint à Trente le refte du mois plufieurs congrégations, dans l'une defquelles on propofa de choisir les offiçiers du concile; mais les légats voulurent que le pape fût chargé de ce choix, & tâcherent d'appaifer les peres, qui fe plaignoient que le pape ôtât au concile le pouvoir de nommer fes officiers. Dans une autre congrégation on fit deux décrets : l'un qui regardoit les abbés & les généraux d'ordres, à qui l'on accorda voix délibérative & décifive dans le concile; l'autre fur le choix de trois prélats, chargés d'examiner les titres & les procurations des évêques, de marquer leurs places & celles des ambassadeurs des princes, afin d'éviter toute conteftation. VIII. que L'inftruction les légats avoient demandée au pape, Réponse du arriva à Trente au commencement de Janvier. Elle portoit, qu'il ne falloit pas fuivre ce qui s'étoit obfervé dans les conciles de Conftance & de Baile, où la décision générale fe faifoit à la pluralité des nations & non pas des perfonnes; qu'ils ne devoient traiter de la réformation, ni avant les dogmes ni en même temps, parce que ce n'étoit pas le principal motif de la convocation du concile; qu'ils devoient néanmoins se conduire à cet égard avec une extrême précaution, pour empêcher qu'on ne crût qu'à Rome on vouloit éluder la réformation; que s'il s'élevoit quelque contestation sur la cour de Rome, il faudroit écouter les prélats, non pour les fatisfaire dans le concile, mais pour en informer le fouverain pontife, qui appliquera les remédes convenables; que toutes les expéditions & les actes feront fignés au nom du concile, des préfidens & du pape; en forte néanmoins qu'il paroiffe que le pape a toute l'autorité; que les pape. Ibid. n. 9. por les ex décrets commenceront par cette formule : Le faint concile le Le 5 de Janvier 1546. on tint une congrégation générale, pour régler ce qui devoit fe faire dans la feffion fuivante. On y lut le bref qui exemptoit des décimes les évêques du concile. Mais quelques Efpagnols dirent que cette prétendue faveur leur étoit plus préjudiciable qu'avantageufe; puifqu'en l'acceptant, ils feroient cenfés reconnoître que pape avoit droit de mettre des impofitions fur les églifes, & que le concile n'avoit pas l'autorité de l'empêcher, ni d'exempter ceux qui ne doivent point fupporter de pareilles charges. Il y eut enfuite quelques conteftations dans l'examen que l'on fit de ceux qui auroient voix délibérative & définitive. Elles furent beaucoup plus vives fur le titre l'on donneroit au concile, La plupart vouloient qu'après ces mots, le faint concile acuménique, on ajoûtât ceux-ci, repréfentant l'Eglife univerfelle, comme il avoit été obfervé dans les conciles de Conftance & de Bafle; mais le général des Servites & quelques autres s'y oppoferent fous différens prétextes. Les légats fe joignirent à ces derniers, & écrivirent que à à Paul III. qu'ils s'étoient fortement oppofés à ce titre, repréfentant l'Eglife univerfelle; parce que quelques-uns s'aviferoient peut-être de vouloir y ajoûter encore cette clause, qui avoit été employée dans les conciles de Conftance & de Bafle: lequel concile tient fon pouvoir immédiatement de * Jefus-Chrift, & que tous, de quelque condition qu'ils foient, même le pape, font obligés de lui obéir. Le pape fut trèscontent du zèle des légats. On dit même que d'abord il fut d'avis qu'on retranchât auffi les mots d'univerfel & d'œcuménique; mais comme il les avoit déja employés lui-même dans fa bulle, on n'ofa pas le propofer. Un évêque du royaume de Naples vouloit au contraire qu'on fupprimât les noms des légats; mais le cardinal del Monté rejetta la propofition avec chaleur, & parla longtemps en zélé Ultramontain. Si les légats s'efforçoient de maintenir la fupériorité qu'ils attribuoient au pape au-deffus du concile, les évêques de leur côté fouffroient impatiemment de fe voir dominer par les légats; & ils s'en plaignirent fortement en plufieurs occafions. On régla dans cette même congrégation la maniere d'opiner dans le concile. Il fut réfolu, fuivant le defir du pape & des légats, qu'on n'opineroit point par nation comme dans le concile de Conftance; mais que chacun donneroit fa voix en particulier. On régla encore que les prélats fe partageroient en trois claffes ou députations, pour traiter de différentes matieres; que lorfqu'elles auroient été murement examinées dans des congrégations particulieres, elles feroient enfuite portées à une congré gation générale, où chacun diroit librement fon avis; & qu'enfin ce qu'on auroit arrêté dans cette congrégation, feroit rapporté dans les feffions, où l'on formoit les décrets, V. Après que ces réglemens eurent été faits, on ne s'occupa Kk X. Seconde fel fon. Le 7 Janvier 1546. On cret pour le re y public un dé quatre archevêques, dont deux n'en avoient que le titre; vingt-huit évêques, trois abbés bénédictins, quatre généraux d'ordres, environ vingt théologiens, qui fe tinrent debout, les deux ambaffadeurs du roi des Romains, le pere le Jay un des premiers compagnons de faint Ignace, en qualité de procureur du cardinal d'Aufbourg, & dix-fept (d) barons ou gentilshommes du voifinage invités par le cardinal de Trente, & qu'on fit affeoir fur le banc des ambass.deurs. L'évêque de Caftellamare chanta la messe du SaintEfprit, après laquelle l'évêque de S. Marc prononça un difcours fur la corruption des mœurs, & le triste état où fe trouvoit la religion. Après que l'on eut fait les prieres comme dans la premiere feffion, les prélats s'affirent, & l'évêque qui avoit célébré la meffe, lut une bulle qui défendoit d'admettre le fuffrage des procureurs des abfens. Enfuite il lut un décret du concile, qui exhortoit tous les fideles qui étoient dans la ville de Trente, à vivre dans la crainte de Dieu, à combattre les defirs de la chair, à prier fans ceffe, & à s'acquitter exactement de tous les devoirs de la religion. On y recommandoit aux évêques & aux prêtres, de dire la mefle au moins tous les Dimanches; de prier pour toute l'Eglife, & en particulier pour le pape, pour l'empereur, pour les rois; de jeûner tous les vendredis ; de faire l'aumône; de veiller fur leurs domeftiques & de les inftruire; de mener une vie irreprochable; d'avoir une table fimple & frugale, & d'y faire lire l'écriture fainte; de penfer ferieufement aux moyens de diffiper les ténebres de l'ignorance, & d'éteindre les héréfies. Enfin le concile déclaroit formellement, que fi quelqu'un n'opinoit point dans fon rang, ce feroit fans préjudice de fes droits. On demanda enfuite les avis, & les peres répondirent Placet. La feffion fuivante fut indiquée au quatrieme de Février. Mais les François infifterent de nouveau, pour faire ajoûter au titre que l'on donnoit au concile, Qu'il repréfentoit l'Eglife univerfelle; & ils furent fuivis par plufieurs autres évêques, Efpagnols & Ita liens. (d) [Le continuateur de M. Fleury en met dix-huit.] |