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que

perfuaderoit jamais que Paul III. n'avoit point eu de part à Îa translation du concile; que ce pape n'avoit jamais donné que des paroles; qu'il n'agissoit qu'à la tête, & ne fuivoit fa fantailie, & que c'étoit un vieux obftiné, qui vouloit Pallavicin. ruiner l'Eglife. Le nonce lui ayant répliqué, que les évêques qui avoient quitté Trente, en étoient fortis librement; au lieu que ceux qui y étoient restés, y étoient retenus par fes ordres: Allez, monfieur le nonce, lui repartit l'empereur, çe n'est pas avec vous que je veux difputer: Allez trouver l'évêque d'Arras, ( ministre de Charles V.) Les évêques Efpagnols, qui étoient restés à Trente, craignant de caufer un fchifme, ne firent aucun acte fynodal, & s'appliquerent' uniquement à étudier les matieres que l'on devoit traiter dans les feffions fuivantes, fuppofé qu'on continuât le conçile. D'un autre côté, le pape fachant qu'il n'y avoit à Bologne ni évêques ni ambaffadeurs d'aucuns princes catholiques, excepté ceux d'Italie, fut d'avis de faire fufpendre les décrets. Il envoya donc un ordre aux prélats de ne rien faire dans la feffion, & de fe contenter de la proroger,

V.

feffion du con

le 21 d'Avril

gne le 2 de

ordonne de

traduire les

Į I,

Elle fe tint le vingt-unieme d'Avril, comme il avoit été Neuvieme ordonné dans la précédente. Après la meffe & le fermon, cile à Bologne, on lut un décret qui portoit en fubftance, qu'afin de donner 1547.Dixieme aux évêques abfens le temps de fe rendre à Bologne, le feflion à Bolo- concile remettoit & différoit la feffion jufqu'au Jeudi dans Juin 1547. On l'octave de la Pentecôte prochaine, c'est-à-dire, au deuxieme de Juin. Elle fut en effet tenue ce jour-là, & l'on y ouvrages des obferva les cérémonies ordinaires, Outre les deux légats, il langue vulgai- y avoit fix archevêques, trente-fix évêques, un abbé, les généraux des Cordeliers & des Servites. On y lut un décret qui prorogeoit la feffion jufqu'au quinzieme de Septembre fuivant. Quoiqu'on n'eût point traité des matieres de doctrine dans cette feffion ni dans la derniere, qui furent les deux feules qui fe tinrent à Bologne, on y réfolut néanmoins de faire traduire en langue vulgaire les fermons des peres de

faints peres en

re.

& fuiy.

Ibid. n. 42.

T'Eglife

l'Eglise & des anciens docteurs. On en chargea Galéas Florimonte, évêque de Seffa, qui fit imprimer à Venise en deux volumes in-quarto les fermons de faint Augustin, de faint Chryfoftome, de faint Bafile & de plufieurs autres peres, qu'il avoit traduits en italien. Le travail de Galéas fut continué par deux Bénédictins de Florence, qui traduifirent en italien d'autres ouvrages des peres ; qu'on imprima auffi en deux volumes in-quarto, [à Florence.]

Quoique nous tâchions de nous renfermer dans ce qui eft proprement l'objet de l'histoire eccléfiaftique ; il y a néanmoins certaines affaires temporelles qui ont tant de liaisons avec celles de l'Eglife, qu'il eft impoffible de les omettre entiérement. Paul III. avoit alors des intérêts à démêler avec l'empereur, ce qui n'influoit pas peu dans les entreprises qu'il formoit par rapport à la religion. En fe rendant maître abfolu du concile transféré à Bologne, il favoit bien qu'il mortifioit & embarraffoit l'empereur, & il n'en étoit pas fâché, à cause du différend qu'il avoit avec ce prince par rapport au duché de Parme & de Plaisance. Le pape avoit été marié avant que d'entrer dans l'état eccléfiaftique, & il avoit eu de fon mariage une fille nommée Conftance, & un fils nommé Pierre-Louis Farnèfe, qu'il fit duc de Parme & de Plaisance, en retranchant du patrimoine de faint Pierre ces deux villes que les François lui avoient autrefois confervées. Il attacha au faint fiége à titre d'échange, la principauté de Camerino & la feigneurie de Nepi, qu'il avoit données à fon petit-fils Octavio, lorsqu'il époufa Marguerite d'Autriche, fille naturelle de Charles V. pour en jouir eux & leurs enfans. De plus, il ordonna que pour le duché de Parme & de Plaifance, on payeroit chaque année huit mille écus à la chambre apoftolique. Tout cet arrangement ne fut nullement du goût de l'empereur, qui d'ailleurs avoit des raisons pour n'être pas content de Pierre-Louis Farnèse. Il refufa donc de ratifier ce qu'avoit fait Paul III. & ce pape chercha les occasions de fe venger. Son fils Farnèse ne tarda pas fe faire connoître par fa mauvaise conduite. Il foula aux pieds toutes les loix, s'attira la haine de la nobleffe & du Tome VIII.

Rr

à

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VII.

Le concile eft fufpendu. L'empereur preffe inutile

ment le pape

de le rétablir à Trente,

Ibid. n. 82. & fuiy,

peuple, & devint un vrai tyran. Ses crimes infâmes donnerent lieu à une confpiration, dans laquelle il fut affaffiné, & auffi-tôt les troupes de l'empereur furent reçues dans Plaifance. La nouvelle de la mort de Pierre-Louis Farnèfe affligea beaucoup le pape; mais il ne fut pas moins touché de la perte de Plaifance: & il étoit uniquement occupé à chercher moyens pour engager l'empereur à lui rendre cette ville. Mais ce prince demeura ferme, & ne voulut entendre aucune propofition.

des

Le pape qui favoit combien Charles V. avoit à cœur le concile, vouloit profiter de cette difpofition pour obtenir ce qu'il defiroit. Ainfi il n'eft point furprenant qu'il ait toujours éludé toutes les raisons qu'on lui alléguoit, pour l'engager à renvoyer à Trente le concile qui étoit à Bologne. Le quinzieme de Septembre, jour auquel la feffion avoit été affignée, approchant, le légat del Monté affembla dans fon Palais tous les Prélats, & leur dit qu'il étoit d'avis de proroger de nouveau la feffion pour tout le tems qu'il plairoit au concile, fans déterminer le jour. On approuva cet avis, & le concile fut fufpendu. Cependant les évêques d'Allemagne écrivirent au pape pour lui demander le réțabliffement du concile à Trente. Mais leurs inftances & leurs follicitations ne firent aucune impreffion fur le pape. L'empereur envoya à Rome Mendoza en qualité d'ambaffadeur, qui demanda à être entendu publiquement en plein confiftoire, & en présence des ambaffadeurs de tous les princes. Il expofa en termes modeftes, mais avec feu, les motifs qui devoient engager à rétablir le Concile à Trente. pape lui fit dire par un de fes fecrétaires, qu'il en délibéreroit avec les cardinaux. Le réfultat de cette délibéra tion fut que l'affaire feroit renvoyée aux prélats affemblés à Bologne. Le pape leur écrivit donc leur écrivit donc pour favoir leur fentiment. Mais il n'étoit pas difficile de prévoir qu'il feroit conforme aux defirs du pape. 11 y eut néanmoins fix évêques qui opinerent pour le retour à Trente. Les autres, qui faifoient le très grand nombre, mais dont le légat del Monté difpofoit abfolument, écrivirent au pape une lettre qu'il

Le

montra à Mendoza dans une affemblée de cardinaux, pour
lui
prouver que le concile de Bologne n'étoit pas d'avis de
retourner à Trente. Il protefta en même temps qu'il ne de-
firoit rien tant que de fatisfaire l'empereur. J'aurois voulu,
dit-il, pour l'amour de ce Prince & de Ferdinand, pouvoir
leur donner une réponse plus agréable; mais on ne doit at-
tendre d'un pape & d'un chef de l'Eglife, que ce qui eft
conforme au bien public. Comme fi le bien public deman-
doit que le pape privât l'Eglife du feul moyen qui pouvoit
apporter quelque remede à fes maux. Cependant les Pro-
teftans devenoient de jour en jour plus puiffans ; & c'étoit
pour arrêter leurs progrès que l'empereur defiroit fi ardem-
ment le rétabliffement du concile de Trente. Nous allons
voir les mouvemens qu'ils fe donnerent depuis la premiere
convocation du concile.

III.

Nous avons parlé de la diete de Spire, qui fe tint en 1544, & dont les réfolutions furent fi favorables aux Proteftans. L'empereur avoit indiqué dans cette affemblée une autre diete à Vormes pour l'année fuivante, & qui se tint en effet le vingt-quatrieme de Mars. Ce prince n'ayant pû se trouver à l'ouverture, parce qu'il étoit incommodé de la goutte, y envoya fes ambaffadeurs ; & Ferdinand, roi des Romains, y préfida. Il y annonça la convocation du concile, & dit qu'on le commenceroit inceffamment. Il repréfenta auffi la néceffité de repouffer les Turcs, qui menaçoient toute l'Allemagne. Les Proteftans répondirent qu'avant de délibérer fur l'affaire des Turcs, il falloit conclure au sujet de la religion une paix abfolue, & qui ne dépen dît point d'un concile affemblé par le pape; & qu'ils ne reconnoiffoient point pour légitime celui qui devoit fe tenir à Trente. Ferdinand leur représenta que la liberté de religion ne leur ayant été accordée dans la dicte de Spire que jufqu'au futur concile, ils ne pouvoient rien demander actuellement fur cet article, puifqu'il y avoit un concile indiqué ; & qu'ainsi il ne s'agiffoit plus que de prendre des

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IX.

s'affemblent à

moyens pour s'oppofer aux Turcs. Les Proteftans déclarerent de nouveau qu'ils n'attendoient aucun bien du concile, attendu que le pape y feroit maître; qu'ils prioient l'empereur d'en convoquer un, dans lequel on pût traiter tranquillement des moyens de s'accorder fur la religion; que l'on étoit convenu à Spire qu'on n'inquiéteroit perfonne sur ce point, & que de-là dépendoit la paix de l'Allemagne ; que c'étoit pour empêcher cet accord que le pape avoit convoqué fon concile, où il feroit décider tout ce qu'il lui plairoit; qu'ils étoient prêts à fournir des troupes contre les Turcs, mais qu'il falloit les affurer auparavant qu'on ne les inquiéteroit point par rapport à leur religion. Ferdinand les voyant réfolus de ne point changer de fentiment, prit le parti d'attendre l'arrivée de l'empereur, qui ne fe rendit à Vormes que le seizieme de Mai. Il ne cherchoit point à rompre avec les Proteftans, parce qu'il avoit befoin d'eux contre les Turcs; & il auroit fort fouhaité qu'ils fuffent entrés dans fes vûes par rapport au concile indiqué à Trente. Mais il n'en put rien obtenir, & ils perfifterent à demander que le concile se tînt dans le centre de l'Allemagne, & que ce fût l'empereur lui-même ou le grand chancelier de l'empire qui y préfidât. Charles V. voyant leur obstination, rompit la diete, & en indiqua une autre à Ratisbonne pour le quatriéme de Mai (h) fuivant. En même temps Henri de Brunswick déclara la guerre aux princes proteftans, qui l'avoient dépouillé de fes Etats. Il forma cette entreprise malgré l'empereur, qui lui ordonnoit de pourfuivre fon droit en juftice. Le landgrave marcha contre lui, le défit entierement, & fe rendit maître de fa perfonne.

Au mois de Janvier 1546, les princes proteftans s'affemLes Proteftans blerent à Francfort, où ils prirent des mefures contre le Francfort. Pre- concile de Trente qui tenoit fes premieres feffions. Ils y renouvellerent leur ligue, & convinrent de défendre l'archevêque de Cologne, que l'empereur avoit fait citer

miers mouve

mens en Alle

magne. Cont. de Fl. tome XXIX. 1. cxlij. n. 49. & fuiv.

AN. 1546.

(h) [Le continuateur de M. Fleury dit, Janvier: mais M. Racine qui l'avoit dit ainfi d'abord, a fait mettre enfuite Mai, comme on le voit dans Ferrata de fa pre

, parce

miere édition. La fuite montre qu'il y eut une conférence indiquée à Ratisbonne pour le mois de Janvier, & une diete pour le mois de Mai. ]

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