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XXVII.
Réglement

à

Jefus Chrift; ils n'ont que ce qu'ils ont reçu de lui. 24. L'E-
glife fait auffi mémoire des défunts dans le facrifice. La cha-
rité que nous devons avoir pour les morts, nous unit encore
eux, & nous inspire de prier pour eux. C'est un usage an-
cien que Jefus-Chrift nous a infinué, & qui vient de tradi-
tion apostolique. 25. Il feroit à
Il feroit à propos que, fuivant l'ancien
ufage, le prêtre ne fût pas feul communiant; mais que les
diacres, les autres miniftres & les fimples fideles y commu-
niassent auffi, du moins les jours folemnels.

Le dernier article regarde les cérémonies & l'ufage des facremens. On confervera les anciennes cérémonies du baptême, les exorcismes, le renoncement, la profeffion de foi, le faint chrême. On ne fera aucun changement dans les cérémonies de la messe, ni dans le canon, & tout s'observera felon les anciennes régles. S'il y a néanmoins des choses qui puiffent donner lieu à des fuperftitions, on les retranchera. Les autels, habits facerdotaux, croix, chandeliers, images, feront confervés dans les églises, de même que le chant des pfeaumes & les heures canoniales; mais on ne rendra point aux images un culte de latrie, & il n'y aura point de concours fuperftitieux. L'on célébrera les vigiles & les funérailles felon l'ancien usage. On folemnifera les fêtes ordinaires ; on obfervera les jeûnes & les abftinences prefcrites, les proceffions, l'eau bénite, les veilles de Pâque & de la Pentecôte. Enfin l'on ne condamnera point les bénédictions pourvû qu'on n'en attribue l'effet qu'à la vertu de Dieu. A l'égard des prêtres mariés, on attendra fur cet article la décifion du concile, fans les obliger de quitter à préfent leurs femmes, à cause du trouble que ce changement pourroit occafionner. L'on fouffrira auffi jufqu'à la décision du concile, l'ufage de communier fous les deux efpeces dans les lieux où il est établi, à condition que ceux qui font dans cette pratique, ne condamneront point ceux qui communient fous une feule efpéce. Il faut croire que Jefus-Chrift eft tout entier fous chaque espéce. On doit l'adorer dans le facrement: fon corps y eft d'une maniere permanente.

L'empereur avoit fait dreffer auffi un réglement pour la

fur la difcipli

ne, que l'empereur avoit fait auffi dref

fer pour être joint à l'Inte

rim.

réformation de la discipline, qui fut lû & accepté dans la diete le quatorzieme de Juin. Îl contenoit vingt-deux articles. On y traitoit des qualités que doivent avoir ceux que l'on élevoit aux ordres facrés; des devoirs des évêques, des archidiacres & des curés; des devoirs des chanoines; dé Ibid. n. 23. l'office divin; de la réforme des monafteres d'hommes & de filles; des univerfités & des colléges; des hôpitaux ; de la prédication de l'évangile; (on y recommande aux prédicateurs de l'expliquer dans fa pureté & felon l'interprétation des faints peres;) de l'administration des facremens; de la pluralité des bénéfices, qui eft condamnée; de quelques cérémonies de la mefle; on n'y doit rien chanter à l'élévation; des mœurs du clergé & du peuple; de la vifite des évêques. On y rétabliffoit les fynodes diocéfains tous les deux ans, & les conciles provinciaux tous les trois ans. On traitoit enfin de l'excommunication, & on recommandoit aux fupérieurs eccléfiaftiques de ne la point prononcer légérement; mais feulement pour des causes graves & mortelles, & lorsque l'on ne peut corriger le coupable par une autre voie.

XXVIII.

l'on porte fur

par l'empe

& fuiy.

Tel eft le fameux réglement de Charles V. appellé Inte- Diverfité des rim, qui fit tant de bruit dans toute l'Europe, & qui fut blâ- jugemens que mé des deux partis. Quoique ce prince eût défendu de le le formulaire combattre, on vit bientôt paroître plufieurs écrits qui en de foi publié condamnoient la doctrine. On le comparoit à l'Hénotique reur. de Zénon, à l'Ecthèse d'Héraclius, & au Type de Conftant. Ibid. n. 24. L'empereur ne répondit autre chofe à toutes ces plaintes, finon que l'Interim ne regardoit point les Catholiques, mais feulement les Luthériens, qu'il vouloit par ce moyen remettre dans la bonne voie, d'où ils étoient fortis : Qu'il n'avoit point prétendu obliger les eccléfiaftiques de fe marier; & que ce qui avoit été ordonné touchant la communion fous les deux efpeces, n'étoit que pour les Proteftans. En effet dans ce décret ce prince ordonnoit aux Catholiques de demeurer unis à l'Eglife. Les partisans de l'empereur faifoient voir que l'Interim n'avoit rien de commun avec le Type, L'Eathèse & l'Hénotique; qui avoient été publiés pour enga

ger les Catholiques dans l'héréfie, au lieu que l'Interim n'approuvoit pas les articles contraires à la pratique de l'Eglife, (le mariage des prêtres & la communion fous les deux efpeces), mais les toléroit feulement pendant un temps & pour ceux qui étoient engagés dans l'héréfie : ce qui étoit beaucoup moins que de tolerer tout le Luthéranifme. Paul III. avoit d'abord formé le deffein d'obliger l'empereur de faire réformer, ou de fupprimer fon Interim; mais quelques-uns des prélats affemblés à Bologne lui confeillerent de n'en rien faire, & il fuivit leur avis. Les évêques qui étoient à Rome ne demeurerent pas fi tranquilles. Il y en eut un qui dit au cardinal del Monté, que tout étoit perdu, & que c'en étoit fait de la religion. D'autres publioient que l'Interim étoit conçu en termes ambigus, qui en apparence pouvoient recevoir un bon fens, mais qui dans le fond étoient pestiférés ; & pour le prouver, ils entroient dans le détail, & citoient plufieurs articles pour exemples. Quoiqu'il y eût en différentes parties de l'Eglife des théologiens qui s'élevoient contre ce décret, c'étoient néanmoins les Italiens & les partifans de la cour de Rome qui faifoient plus de bruit. Ils crioient tous qu'il s'agiffoit du capital de la religion; que fondemens de l'Eglife étoient ébranlés; qu'il falloit appeller tous les princes & tous les évêques au fecours, & que tout le monde s'opposât à un pareil attentat, Les hérétiques ne firent pas un meilleur accueil à l'Interim. Bucer ne le voulut jamais recevoir, difant qu'il rétablissoit la papauté. Les autres miniftres des principales villes proteftantes, aimerent mieux tout abandonner que d'y foufcrire. L'ancien électeur de Saxe Jean-Frédéric, malgré fon état d'humiliation, le refusa conftamment. On fit, fur-tout dans la Saxe & la Thuringe, des écrits fanglans contre ce décret impérial. Calvin l'attaqua auffi dans fes ouvrages. Plufieurs favans Catholiques prirent la défenfe de l'empereur, qui faifoit tout ce qu'il pouvoit pour foutenir fon décret. Le dernier jour de Juin ce prince termina la diete d'Aufbourg, après qu'il y eut été arrêté qu'on travailleroit à faire continuer le concile à Trente, & qu'on eut publié une feconde fois l'Interim, ayec

les

un

un ordre exprès de le recevoir fans aucune restriction. En congédiant la diete, l'empereur pria les états & les princes d'envoyer leurs députés au concile, dès que les obstacles que le pape y apportoit, feroient levés. Il invita aufli tous les eccléfiaftiques & les alliés de la confeffion d'Aufbourg, à s'y rendre fous le fauf-conduit qu'il leur donneroit, leur déclarant que les affaires s'y traiteroient felon les régles, & que les décifions feroient fondées fur l'écriture fainte & la doctrine des faints peres; qu'enfin on leur accorderoit une audience favorable, comme la raifon l'exigeoit.

Rome

V.

, pour

XXIX.
L'empereur

pape

demande au gats. Réponse dupape.

des lé

Ibid. n. 40.

La même année 1548, l'empereur envoya Mendoza à pour demander quelques légats en Allemagne, afin d'y maintenir le zèle pour la religion, & la vénération pour le faint fiége. Le pape répondit qu'il étoit furpris qu'on lui fit une pareille propofition après la publication de l'Interim. & fuiv. Il fe plaignit en même temps de ce que l'empereur qui il avoit toujours eu tant d'égards, lui donnoit fi peu de fatisfaction fur l'affaire de Plaifance; ajoûtant qu'il auroit trouvé le moyen de recouvrer cette ville, s'il eût moins compté sur la droiture de l'empereur. Il eft bon de remarquer comment les intérêts temporels des papes, entroient toujours en concurrence avec les avantages les plus essentiels de la religion. Nous faifons cette obfervation, parce que cette malheureuse affaire de Plaisance, a été le motif fecret qui a dirigé Paul III. dans la fufpenfion du concile de Trente, & qui l'a occupé & tourmenté jusqu'à la mort. Le pape envoya néanmoins des nonces en Allemagne, qui entrerent en négociation fur la tranflation du concile; mais les affaires demeurerent toujours dans le même état. Au commencement de l'année fuivante, l'empereur quitta Auf- &uiv. bourg, & alla en Flandre, ayant toujours avec lui le landgrave & le duc de Saxe Jean-Frédéric. Il voulut que celui-ci le fuivit par-tout où il alloit, avec une bonne garde. Pour le landgrave, quelques jours après fon arrivée à Bruxelles, Tome VIII.

Xx

Ibid. n. 75.

AN. 1549.

que

il l'envoya en prifon dans la citadelle d'Oudenarde, efcorté par deux cens Espagnols; & un mois après on le transféra dans la citadelle de Malines, où il demeura jufqu'à ce qu'il eût obtenu fa liberté. Cependant on ne finiffoit rien au sujet du concile. Charles V. croyant que la ville de Plaisance, dont il étoit maître, feroit comme un attrait pour faire venir le pape à fon but, qui étoit de faire continuer le concile à Trente, témoigna defirer favoir fur quoi étoient fondées les prétentions du pape fur Parme & Plaifance. Son deffein étoit de gagner du temps, efpérant que le pape qui étoit fort vieux, pourroit mourir avant la conclufion de l'affaire; & en attendant il vouloit le rendre favorable à ce qu'il fouhaitoit. Le pape après bien des difficultés, envoya fa réponse, qui portoit en fubftance que les droits de l'Eglife fur Parme & Plaisance, étoient fondés fur la donation lui en avoit faite l'empereur Maximilien I. en 1511. L'empereur répondit qu'il y avoit des titres plus anciens, plus authentiques & en plus grand nombre, fur la feigneurie de ces deux villes, en faveur de l'empire. Le pape fut très-offenfé de cette réponse, & affembla un confiftoire où il fit de grandes plaintes du procédé de l'empereur. Mais comme tout le monde favoit que c'étoit pour les intérêts de fa famille, & non pour ceux de l'Eglife, que Paul III. montroit tant de chaleur, & que d'ailleurs perfonne ne vouloit s'exposer au reffentiment de l'empereur, on laiffa faire le pape, fans vouloir lui donner de confeil. Il écrivit à l'empereur pour tâcher de lui donner des fcrupules, en lui repréfentant que dans cette affaire Dieu étoit la partie offensée, puisque l'on vouloit ôter à l'Eglife ce qui lui appartenoit. Mais bientôt après ne pouvant le diffimuler que Charles V. bien loin de vouloir rendre Plaifance, avoit envie de fe rendre encore maître de Parme, il lui fit propofer par un de fes nonces, de démembrer de l'empire la république de Sienne, & de la donner en échange au faint fiége, & à Octave Farnese en propriété, pour en jouir lui & fes defcendans. Mais cet ac Ibid. n. 132. commodement n'eut point lieu. Le pape toujours occupé de l'élévation de fa famille, étoit fort inquiet non-feulement

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