obfcure, il s'étoit élevé par fes talens. Il prit le nom de ARTICLE IX. Nouvelle convocation du concile de Trente. Ce qui s'y passe I. JULES III. s'étoit obligé dans le conclave, par un ferment I. Le nouveau pape Jules 114. loir le témoigne vouconcile à Tren te. L'empereur un édit très-féve re contre les Proteftans. cet édit excite. Plaintes que Cont. de Fl. toelvj. n. s. & Juv. XXX. AN. ISSO II. Diete d'Auf bourg en isso. Ibid. n. s. & fuix. troubles dans les Pays-Bas, parcequ'il avoit été fait particulierement pour ces provinces. Il répandit l'épouvante dans tout le pays, fur-tout parmi les négocians Allemands & Anglois qui y étoient établis. Tous cefferent leur commerce à Anvers, ce qui fit un grand tort à cette ville; & la plûpart fe retirerent avec indignation. La reine de Hongrie, gouvernante des Pays-Bas, alla trouver l'empereur fon frere, pour le prier d'adoucir la févérité de fon édit, & d'en ôter fur-tout le terme d'Inquifition qui révoltoit tous les peuples. D'abord Charles V. ne vouloit rien écouter; mais enfin, preffé par les vives follicitations de fa fœur, il confentit à fupprimer le nom d'Inquifition, & à révoquer tout ce qui concernoit les étrangers dans fon édit. A l'égard des naturels du pays, il perfifta dans la réfolution de les contraindre d'y obéir. dre Les princes & les états luthériens furent extrêmement choqués de cette nouvelle ordonnance à laquelle ils ne s'attendoient point; & comme ils avoient repris courage après que l'empereur eut licencié une partie de fes troupes, ils protefterent hautement contre l'Interim, quoique plufieurs l'euffent accepté. Cependant Charles V. étoit parti de Flan pour se rendre à Aufbourg, où il arriva à la fin de Juillet 1550. Il étoit accompagné du duc de Saxe fon prisonnier, qu'il menoit toujours avec lui; & il avoit laissé le landgrave dans la citadelle de Malines. Charles V. étoit venu à Aufbourg pour y tenir une diete, dont l'ouverture fe fit le vingt-fixieme de Juillet. Quoique l'on fût alors en paix, il ne laiffa pas d'y faire venir beaucoup de gens de guerre, comme dans les dietes précédentes. On traita dans celle-ci de la continuation du concile & de l'obfervation de l'Interim. L'on y propofa les moyens de punir les rebelles, de rétablir la jurifdiction eccléfiaftique, & de reftituer les biens de l'Eglife qui avoient été ufurpés. En parlant du concile, l'empereur dit que l'intention de Jules III. étoit de le rétablir à Trente; & que l'ouverture s'en devoit faire inceffamment; que tous les Chrétiens, ceux même qui avoient changé de communion, pourroient s'y trouver avec une entiere liberté, & y propofer leurs fentimens fous fa protection & avec un bon fauf-conduit de tous les électeurs. La plus grande partie de l'affemblée approuva le rétabliffement du concile. III. Bulle de Jules recon du concile à Trente. Ibid. n. 9. & Jaiy. Le pape, avant que de publier la bulle de convocation, confulta les cardinaux & les évêques qui étoient à Rome. III. pour la Tous applaudirent à la résolution que le pape avoit prife convocation de convoquer de nouveau le concile à Trente. On délibéra fur les moyens d'avoir le confentement du roi de France, afin de l'engager à y envoyer les évêques de fon royaume, pour donner au concile toute l'autorité qui lui étoit néceffaire, comme à un concile œcuménique. Mais comme on n'ignoroit pas les difficultés que Henri II. pouvoit faire, & l'extrême répugnance qu'il avoit pour la tenue du concile à Trente, parceque c'étoit une ville de l'empereur, le pape pria le cardinal de Guise d'affurer le roi fon maître, que le concile ne feroit rien qui pût donner la moindre atteinte aux priviléges de fa couronne, ni aux libertés de l'Eglife Gallicane, & qu'on ne prendroit aucune réfolution fans l'avoir confulté auparavant. Le pape envoya auffi-tôt un nonce à ce prince, qui donna une réponse favorable, & promit d'envoyer les évêques de France au concile. Le pape le voyant d'un autre côté preffé par l'empereur de ne pas différer de rétablir le concile, publia la bulle de convocation datée du quatorzieme de Novembre, & l'envoya à ce prince, qui la fit examiner dans fon confeil. Il la trouva conforme à fes vûes, à quelques termes près, qu'il auroit de firé être plus mefurés. Il la fit lire dans la diete; mais elle produifit un effet tout contraire à celui que la cour de Rome attendoit. Les princes choqués de plufieurs expreffions de cette bulle, crurent qu'on avoit voulu les irriter, & rétracterent la parole qu'ils avoient donnée de se soumet tre au concile. L'empereur tâcha de les appaiser, en promettant une entiere fûreté à tous ceux qui voudroient y aller, foit qu'ils embraffaffent la vraie religion, foit qu'ils persistassent dans la confession d'Ausbourg. IV. Le nom voie à Trente me des préfidens, & les enavec tous les évêques qui fe trouvoient à Rome. Ibid. n. 102. & fuiv. AN. 1551. I I. Jules III. tint le quatrieme de Mars de l'année fuivante 1551 un confiftoire, dans lequel il nomma pour préfider au concile en fon nom en qualité de légat, le cardinal Marcel Crefcentio, qui joignoit à une grande érudition beaucoup de capacité dans les affaires. Il lui affocia deux évêques, Sébastien Pighin, archevêque de Siponte (k), & Louis Lippoman, évêque de Vérone. Il leur donna fes inftructions de vive voix, avec une commiffion très-ample par écrit. Il ordonna des prieres publiques le quatorzieme d'Avril, pour demander à Dieu de bénir une entreprise importante pour la religion, & envoya à Trente tous les évêques qui étoient alors à Rome au nombre de quatrevingt-quatre. Le cardinal Crescentio, seul légat, partit avec fes deux adjoints & quelques prélats, & arriva à Trente le vingt-neuvieme d'Avril. Madrucce, cardinal de Trente, avec les treize archevêques & évêques qui étoient déja dans cette ville, allerent au-devant du légat, & le reçurent avec beaucoup d'honneur. Crefcentio & les deux autres préfidens étant arrivés à l'églife la plus proche de la ville, y entrerent pour prendre leurs habits pontificaux. François de Vargas, jurifconfulte Espagnol, envoyé par l'empereur au concile en qualité de fon procureur fifcal, prefenta fes pouvoirs, & affura les préfidens du zèle de fon maître pour protéger le concile. Il loua beaucoup le pape, le légat & les deux nonces. Crefcentio lui répondit en peu de mots, marquant fon refpect & fa reconnoiffance pour l'empereur, Enfin tous étant montés à cheval, entrerent dans la ville deux à deux. Le même jour François de Tolede, ambassadeur de l'empereur, arriva à Trente; & deux jours après, c'eft-à-dire le premier de Mai, on ouvrit le concile par la feffion onzieme. (k) [Le continuateur de M. Fleury dit Manfrédonia; c'est le nom de la nouvelle ville où fut transféré le fiége de l'ancienne Siponte, ville ruinée près de laquelle fur bâtie la nouvelle. ] On V. Onzieme fef rivée de plu On s'affembla dans l'église cathédrale, où les fiéges étoient encore au même état qu'ils avoient été pendant la fion. Le i de tenue du concile fous Paul III. Le légat chanta la meffe Mai 1551. Ardu Saint-Esprit, & François Fedrio Diruta, cordelier, pro- fieurs évêques nonça le difcours. Après que le légat cut parlé pendant quelque temps fur les bonnes intentions du pape par rapport au fuccès du concile, il dit qu'il croyoit que l'on devoit différer la feffion fuivante jufqu'au premier de Septem bre. Le fecrétaire du concile fit lecture de la bulle de convocation, après laquelle on lut un décret où l'on déclaroit que le concile étoit commencé de nouveau, & continueroit l'examen & la difcuffion des matieres; & où l'on indiquoit la feffion fuivante au premier de Septembre. Philippe d'Autriche, fils de l'empereur, paffa le mois fuivant par Trente, & on lui fit de grands honneurs. L'archevêque de Maience & celui de Trèves y arriverent deux mois après, & furent fuivis de plufieurs autres prélats d'Allemagne. L'empereur & Ferdinand y envoyerent leurs ambaffadeurs. Maurice, électeur de Saxe, chargea Mélanchton & quelques autres théologiens de mettre par écrit les articles de doctrine que l'on devoit propofer au concile, & cet écrit fut approuvé par tous les théologiens & miniftres proteftans. Le duc de Vittemberg fit la même chofe, & ceux de Strasbourg publierent auffi une confeffion de foi semblable à celle des autres. Les deux princes écrivirent enfuite conjointement à l'empereur, pour demander que le concile accordât un fauf-conduit à leurs théologiens, afin qu'on ne les traitât point à Trente comme Jean Hus l'avoit été à Conftance. L'empereur leur répondit qu'il chargeroit ses ambasfadeurs d'obtenir ce qu'ils demandoient. III. L'arrivée des évêques d'Allemagne avoit causé à Trente une joie extraordinaire ; & on se prépara auffi-tôt à la douzieme session, qui fe tint le jour marqué premier de Septembre. L'évêque de Cagliari célébra la meffe, après la Tome VIII. YY bid a. 107. & fuiv. VI. Douzieme feffion. Le 1 de Septembre 1551. |