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pour le recouvrement de Plaisance, mais encore pour la
confervation de Bologne & de Péroufe. D'un côté les Ben-
tivoglio, appuyés par le duc de Ferrare, n'oublioient rien
pour rentrer dans Bologne d'où Jules II. les avoit chaffés.
D'un autre côté Rodolphe Baglioné vouloit reprendre Pé-
roufe, dont Léon X. avoit dépouillé fa famille. Le
après s'être flatté pendant quelque temps, que l'empereur
lui donneroit la feigneurie de Sienne pour le dédommager
de Plaifance, s'apperçut enfin qu'on le trompoit, & qu'on
ne cherchoit qu'à l'amufer jufqu'à sa mort, que
l'on croyoit
prochaine à caufe de fon grand âge.

pape,

que

Paul III. voulant faire fentir à l'empereur combien il étoit mécontent, commanda expreffément aux prélats qui étoient à Trente, de fe rendre au plutôt à Rome, fous prétexte de les employer, comme il l'avoit promis, à commencer la réformation de l'Eglise & à régler fa discipline, de concert avec les évêques des autres nations. Mais l'empereur ne voulut permettre aux évêques qui étoient à Trente de se rendre à Rome, qu'à des conditions qu'il favoit bien la cour de Rome n'accepteroit jamais. La principale étoit, que les réglemens que l'on feroit ne feroient point contraires à l'Interim. Le pape ne voyant aucune apparence de faire réuffir fon projet, prit d'autres mesures. Il envoya deux lettres différentes, l'une à quatre des évêques qui étoient à Trente, & l'autre à quatre de ceux qui étoient à Bologne. Il leur mandoit en substance, qu'ayant deffein de tenir une congrégation fur les affaires de l'Eglife, il leur ordonnoit fous peine de défobéiffance, de se rendre à Rome dans quarante jours, pour lui faire part de ce qu'ils jugeroient néceffaire, particuliérement fur la réforme générale à laquelle on vouloit travailler. Ceux de Bologne fe rendirent à Rome fur le champ. Mais les quatre prélats de Trente attendirent les ordres de l'empereur. Les ayant reçus, ils écrivirent au pape une lettre dont Mendoza lui-même voulut être porteur. Ils y expofoient les raisons qui les obligeoient de refter à Trente, pour y attendre le retour du concile que luimême avoit assemblé. Le pape témoigna être fort furpris

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XXXI.

Mort de Paul

de Jules III.

Ibid. n. 141.

& fuix.

du refus que faifoient les peres de Trente de fe rendre à Rome, & fe plaignit fur-tout du cardinal Pacheco, qui devoit, dit-il, fe rendre à fes ordres, étant honoré de la pourpre, & confeiller du facré collége. Il écrivit une feconde fois aux quatre prélats, pour leur marquer qu'il favoit bien qu'il ne feroit pas obéi; mais qu'il le faifoit pour empêcher qu'ils ne priffent fon filence pour une approbation de leur conduite & de leurs excuses. Enfin, après avoir délibéré sur le parti qu'il prendroit par rapport au concile, il crut qu'il n'y en avoit point de plus avantageux pour lui dans l'embarras où il étoit, que de le fufpendre. Il donna donc ordre au cardinal del Monté de renvoyer les peres de Bologne, & de leur fignifier que l'intention de fa fainteté étoit qu'il n'y eût plus de concile, parce qu'elle avoit résolu de faire travailler à Rome aux décrets néceffaires pour la réforme des mœurs & de la difcipline. Del Monté s'acquitta de cette commiffion le dix-feptieme de Septembre.

Peu de temps après, le pape eut de la part de fes propres III. Election neveux des fujets de chagrin, qui furent, dit Pallavicin comme un poifon qui s'infinua dans fon cœur, & qui le fir auffi-tôt tomber en foibleffe. La colere, la douleur, l'indi gnation de fe voir méprifé, le faifirent: ceux qui étoient auprès de lui l'ayant foutenu, le mirent fur un lit, où il demeura quatre heures fans parler, Revenu à lui-même, & fentant qu'il n'avoit pas encore long-temps à vivre, il appella les cardinaux, & leur dit de régler ce qu'ils croiroient avantageux à l'Eglife. Il mourut le dixieme de Novembre 1549. Il étoit dans fa quatre-vingt-deuxième année & dans la feizieme de fon pontificat. Comme il avoit toujours eu une affection aveugle pour fa famille, on dit qu'étant près d'expirer, il détefta l'ingratitude de fes parens; & qu'il répéta ce verfet du Pfeaume 18: Si les miens n'avoient pas dominé fur moi, je ferois fans tache & exempt très-grand péché. Après beaucoup de brigues, le cardinal del Monté fut élu le 8 Février [ 1550] pour lui fuccéder. Nous avons déja parlé de lui à l'occafion du concile de Trente où il préfidoit en qualité de légat. Né d'une famille

AN. ISSO.

d'un

obfcure, il s'étoit élevé par les talens. Il prit le nom de Jules III. en mémoire, difoit-il, de Jules II. qui avoit fait fa fortune en élevant fon oncle au cardinalat. Il avoit beaucoup de fermeté, & s'étoit appliqué férieufement aux affaires. Mais dès qu'il fut pape, il changea de conduite, & ne fongea plus qu'à vivre dans le repos & dans les délices. Un des premiers événemens de fon pontificat, fut le rétabliffement du concile à Trente.

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Nouvelle convocation du concile de Trente. Ce qui s'y passe jufqu'à fa feconde fufpenfion.

I.

I.

Le nouveau pape Jules 114.

loir rétablir le

te.

Proteftans.

Plaintes que Cont. de Fl. tocxlvj. n. 1. & Juv.

cet édit excite.

tome XXX.

JULES ULES III. s'étoit obligé dans le conclave, par un ferment fait avec les autres cardinaux, de reprendre l'affaire du concile. L'empereur qui ne defiroit rien avec plus d'ardeur, témoigne vouayant appris en Flandre l'élection du nouveau pape, lui concile à Trenenvoya un ambassadeur, pour le féliciter fur fon exaltation, l'empereur & lui témoigner combien il defiroit la continuation & l'heu- édit très-févereux fuccès du concile. Jules III. reçut cet ambaffadeur re contre les avec beaucoup de joie, & répondit aux complimens de l'empereur avec de grandes marques d'affection. A l'égard du concile, on en parla peu, parce que le nouveau pape avoit déja fait mander à l'empereur, que fon intention étoit de rétablir le concile à Trente, & de le continuer autant de temps qu'il feroit néceffaire pour le bien & l'honneur de la religion. L'empereur voulant répondre à cette bonne difpofition du pape, fit publier vers la fin du mois d'Avril un édit très-févere contre tous ceux qui feroient profeffion d'une autre religion que de la catholique ; & pour le faire exécuter, il établit plufieurs tribunaux femblables à ceux de l'Inquifition. Cet édit fit beaucoup de plaifir à la cour de Rome, qui ne manqua pas de louer le zele de l'empereur; mais il irrita fort les Luthériens. Il caufa de grands

AN. 1550

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troubles dans les Pays-Bas, parcequ'il avoit été fait particulierement pour ces provinces. Il répandit l'épouvante dans tout le pays, fur-tout parmi les négocians Allemands & Anglois qui y étoient établis. Tous cefferent leur commerce à Anvers, ce qui fit un grand tort à cette ville; & la plûpart fe retirerent avec indignation. La reine de Hongrie, gouvernante des Pays-Bas, alla trouver l'empereur fon frere, pour le prier d'adoucir la févérité de fon édit, & d'en ôter fur-tout le terme d'Inquifition qui révoltoit tous les peuples. D'abord Charles V. ne vouloit rien écouter; mais enfin, preffé par les vives follicitations de fa four, il confentit à fupprimer le nom d'Inquifition, & à révoquer tout ce qui concernoit les étrangers dans fon édit. A l'égard des naturels du pays, il perfifta dans la résolution de les contraindre d'y obéir.

let

Les princes & les états luthériens furent extrêmement choqués de cette nouvelle ordonnance à laquelle ils ne s'attendoient point; & comme ils avoient repris courage après que l'empereur eut licencié une partie de fes troupes, ils protefterent hautement contre l'Interim, quoique plusieurs Teuffent accepté. Cependant Charles V. étoit parti de Flandre pour se rendre à Aufbourg, où il arriva à la fin de-Juil1550. Il étoit accompagné du duc de Saxe fon prifonnier, qu'il menoit toujours avec lui; & il avoit laiffé le landgrave dans la citadelle de Malines. Charles V. étoit venu à Aufbourg pour y tenir une diete, dont l'ouverture fe fit le vingt-fixieme de Juillet. Quoique l'on fût alors en paix, il ne laiffa pas d'y faire venir beaucoup de gens de guerre, comme dans les dietes précédentes. On traita dans celle-ci de la continuation du concile & de l'obfervation de l'Interim. L'on y propofa les moyens de punir les rebelles, de rétablir la jurifdiction eccléfiaftique, & de reftituer les biens de l'Eglife qui avoient été ufurpés. En parlant du concile, l'empereur dit que l'intention de Jules III. étoit de le rétablir à Trente; & que l'ouverture s'en devoit faire inceffamment; que tous les Chrétiens, ceux même qui avoient changé de communion, pourroient s'y trouver

avec une entiere liberté, & y propofer leurs fentimens fous fa protection & avec un bon fauf-conduit de tous les électeurs. La plus grande partie de l'affemblée approuva le rétabliffement du concile.

III. Bulle de Jules

du concile à

Ibid. n. 9. & faiv.

Le pape, avant que de publier la bulle de convocation, confulta les cardinaux & les évêques qui étoient à Rome. III. Tous applaudirent à la réfolution que le pape avoit prife convocation de convoquer de nouveau le concile à Trente. On délibéra reco fur les moyens d'avoir le confentement du roi de France, afin de l'engager à y envoyer les évêques de fon royaume, pour donner au concile toute l'autorité qui lui étoit néceffaire, comme à un concile œcuménique. Mais comme on n'ignoroit pas les difficultés que Henri II. pouvoit faire, & l'extrême répugnance qu'il avoit pour la tenue du concile à Trente, parceque c'étoit une ville de l'empereur, le pape pria le cardinal de Guise d'affurer le roi fon maître, que le concile ne feroit rien qui pût donner la moindre atteinte aux priviléges de fa couronne, ni aux libertés de l'Eglife Gallicane, & qu'on ne prendroit aucune résolution fans l'avoir confulté auparavant. Le pape envoya auffi-tôt un nonce à ce prince, qui donna une réponse favorable, & promit d'envoyer les évêques de France au concile. Le pape le voyant d'un autre côté preffé par l'empereur de ne pas différer de rétablir le concile, publia la bulle de convocation datée du quatorzieme de Novembre, & l'envoya à ce prince, qui la fit examiner dans fon confeil. Il la trouva conforme à fes vûes, à quelques termes près, qu'il auroit de firé être plus mefurés. Il la fit lire dans la diete; mais elle produifit un effet tout contraire à celui que la cour de Rome attendoit. Les princes choqués de plufieurs expreffions de cette bulle, crurent qu'on avoit voulu les irriter, & rétracterent la parole qu'ils avoient donnée de fe foumettre au concile. L'empereur tâcha de les appaifer, en promettant une entiere fûreté à tous ceux qui voudroient y aller, foit qu'ils embraffaffent la vraie religion, foit qu'ils persistaffent dans la confefsion d'Ausbourg.

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