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V I.

nouveau la

ment le pape tion où font les peres du con.

de la difpofi

cile au fujet de la réforme.

Ibid. n. 37. &fuiy.

432
étoit de commencer la réforme du clergé par les cardinaux,
ne fut point fuivi, & on réfolut de s'attacher d'abord à ce
qu'il y avoit de plus aifé. On finit cette congrégation du on-
zieme de Mars, par la lecture de douze articles de réfor
mation, que l'on propofa à examiner, & qui furent difcu,
tés dans les congrégations fuivantes.

I I I.

gran

à

fur

Tout le reste du mois fut employé en cérémonies pour On agite de la réception de quelques ambaffadeurs. On reprit au comqueftion de la mencement d'Avril l'examen des articles de la réforme; & réfidence. Les dans plufieurs congrégations, on agita de nouveau la de queftion de la réfidence des évêques; favoir, fi elle étoit de droit divin, c'est-à-dire, fi Jesus-Christ en établissant les évêques pafteurs du troupeau qu'il s'est acquis par fon fang, leur a ordonné de veiller fur ce troupeau & de le garder; ou, s'il leur a laiffé la liberté de le quitter, pour vaquer d'autres affaires. On n'auroit jamais ofé, comme nous l'avons déja dit, propofer une pareille queftion dans les beaux fiecles de l'Eglife; & elle auroit été bientôt décidée au concile de Trente, fi la cour de Rome n'y avoit pas pris un auffi vif intérêt qu'elle le faifoit. On disputa long-temps cette question dans les congrégations dont nous parlons, & on ne conclut rien. Dans le même temps les légats dé puterent à Rome un théologien, pour informer le pape de l'état du concile. Ils lui mandoient, que dès qu'ils étoient arrivés à Trente, ils avoient reconnu que tous les peres fouhaitoient une véritable & fincère réformation de la difcipline; qu'ils la regardoient comme le feul remede qu'on pût appliquer avec fuccès aux nouvelles héréfies; que des décrets & des définitions étoient des remedes trop foibles; eu égard à la grandeur du mal, comme il étoit aisé d'en juger par l'expérience de ce qu'on avoit fait fous le pontificat des deux derniers papes ; que tous les peres publioient hautement qu'on ne pouvoit rendre la réformation durable & folide, fans toucher à la cour de Rome & fans la réfor

mer

mer. Les légats ajoutoient, que le pape devoit leur marquer tous les chefs fur lefquels il vouloit qu'on délibérât dans le concile, pour être examinés, difcutés & publiés dans les différentes feffions; que par-là on diffiperoit les mauvais bruits qui fe répandoient, que les décrets venoient de Rome tout dreffés pour être publiés à Trente. Ils envoyoient en même temps au pape un mémoire de quatre-vingt-quinze articles, propofés par plufieurs évêques ou d'autres perfonnes bien intentionnées, fans y faire mention de la déclaration qu'on demandoit touchant la résidence. Dans une congrégation du vingtiéme d'Avril, les légats voulurent favoir le nombre des voix qui demandoient que la réfidence fût décidée de droit divin. Il fe trouva que c'étoit le plus grand nombre. Comme ils ne s'y attendoient point, ils furent fort embarraffés, parcequ'ils avoient ordre du pape de ne pas laiffer décider cette question, & ils prirent le parti de remettre l'affaire à une autre congrégation.

I V.

Les peres qui étoient pour la réfidence de droit divin, se plaignoient hautement de ce qu'on n'avoit point égard à leurs fuffrages, & de ce qu'on renvoyoit à une autre congrégation une affaire fi long-temps difcutée, & qui devoit être regardée comme finie. Euftache du Bellai, évêque de Paris, qui étoit arrivé depuis peu à Trente, témoigna fon étonnement de ce que le pape s'attribuoit le droit de décider après les déterminations des peres. L'archevêque de Brague, qui penfoit comme l'évêque de Paris, dit qu'il paroiffoit bien que l'on n'étoit pas porté à établir une bonne réforme, puifque le plus grand nombre des peres ayant été d'avis de déclarer la réfidence de droit divin, l'on vouloit néanmoins en renvoyer la décision au pape, qu'on avoit être d'un fentiment fort oppofé, de même que fes prédéceffeurs ; & que c'étoit ôter entierement la liberté au concile, que de laiffer le pape maître de décider fur toutes les délibérations prises. On examina dans les congrégations Tome VIII.

Iii

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VIII. Ambafladeurs de France en

voyés au contions qui leur font données.

cile. Inftruc

Ibid. n. 59. & 60.

fuivantes les autres articles de discipline, qui avoient été
propofés dans la congrégation du 11 Mars. Pendant cette
difcuffion, il arrivoit toujours à Trente des ambassadeurs &
des prélats, & on attendoit auffi ceux de France. On avoit
reçu quelque temps auparavant, la copie d'une lettre écrite
Charles IX. à fon ambassadeur à Rome, dans laquelle
par
ce prince marquoit entre autres chofes, que fon deffein
étoit de remettre au concile la décifion de toutes les dif-
putes qui s'étoient élevées dans fon royaume au fujet de la
religion; ce qui caufa une grande joie aux légats & à tous
les peres.

Dès la fin de Février, le roi avoit nommé le fieur de S. Gelais de Lanfac, fon ambaffadeur au concile. On lui donna pour collegues Arnaud du Ferrier,.préfident aux enquêtes du parlement de Paris, un des plus favans Jurifconfultes de fon temps ; & [ Gui] du Faur, feigneur de Pibrac, alors préfident au parlement de Touloufe, & depuis avocat général au parlement de Paris. Ils reçurent leurs inftructions au commencement d'Avril. Voici quelques-uns des articles qu'elles contenoient. Les ambassadeurs demanderont qu'il foit fait un decret par lequel on déclare que le concile eft convoqué de nouveau, & qu'il n'eft point une continuation du dernier tenu à Trente: Que le concile foit transféré dans une autre ville, qui foit libre, fûre, & qui convienne à tout le monde: Que la décifion des délibérations qui auront été prifes, ne foit point réservée au bon plaifir du pape ni de fes légats: Que fuivant les difpofitions des anciens conciles, même ceux de Conftance & de Bâle, le pape foit obligé de fe foumettre à tout ce qui aura été regle & décidé: Que l'on commence par la réformation de la discipline & des mœurs, tant dans le chef que dans les membres; comme on promit de le faire dans le concile de Conftance, ce qui néanmoins ne fut pas exécuté, non plus que dans le concile de Bâle, où cet important ouvrage fut commencé, mais enfuite interrompu. Les ambaffadeurs pourront expofer comment Martin V. au concile de Conftance, promit folemnellement la réformation, & la ren

voya à Rome, fans que ni lui ni fes fucceffeurs s'en foient enfuite mis en peine. Pour faire une véritable réformation, il feroit néceflaire de remonter jufqu'au premier âge de l'Eglife, & de fe rapprocher le plus qu'il feroit poffible de la pureté des premiers fiecles.

IX.
Suite des de-

mandes que les France font chargés de fai

ambaffadeurs

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re au concile. Ibid. n. 60.

Voici encore d'autres articles fur lefquels les ambaffadeurs de France avoient ordre d'infifter. Le pape ne doit fe mêler en aucune forte de l'élection, ni des provifions des évêques, abbés, curés, ni de leur adminiftration, fi ce n'eft en cas de négligence; le tout, conformément aux décrets des faints conciles & aux anciens droits & libertés de l'Eglife & fuiv. gallicane. Le pape n'accordera à l'avenir aucune difpenfe pour quelque caufe que ce foit, contre les décrets des conciles. Toutes les expéditions feront accordées gratuitement, comme il eft ordonné par les conciles ; & par ce moyen les annates & toutes les autres taxes feront abolies. Tous les archevêques & évêques feront obligés de réfider dans leurs bénéfices. On mettra en vigueur les anciens canons, par rapport aux qualités que doivent avoir ceux qui font chargés du foin des ames. Il feroit à propos que le concile pourvût à ce qui regarde les difpenfes, enforte qu'on ne fût plus obligé d'envoyer à Rome, où l'on n'eft jamais refufé quand on y porte de l'argent. On observera le fixieme canon du concile de Chalcédoine, qui veut que les évêques n'ordonnent des prêtres, qu'en les deftinant à des fonctions, afin de diminuer le nombre des miniftres inutiles. Les inftructions données aux ambaffadeurs contenoient encore des articles importans. On peut aifément juger comment de pareilles propofitions furent reçues, fur-tout par les légats & les évêques d'Italie. De Lanfac écrivit au premier légat, quelques jours avant fon départ, qu'il fe rendroit à Trente le plutôt qu'il lui feroit poffible; mais que s'il ne pouvoit y arriver avant le jour marqué pour la session, (14 Mai) il prioit les peres de la différer de quelques jours. Le roi auroit même fouhaité qu'elle fût différée jusqu'ẩu commencement de l'hyver, afin de donner le temps aux évêques de fon royaume de fe rendre au concile, le trifte

X.

feflion: le 14

de Mai 1562. B. 1. & fuiy.

Ibid. 1. clix.

état de leurs diocèfes ne leur permettant pas de partir auffi-tôt qu'ils auroient voulu. La plupart des peres croyoient qu'il étoit de la juftice de déférer à la demande de l'ambaffadeur; mais les Efpagnols s'y étant fortement oppofés, on prit un tempérament, qui fut de tenir la feffion au jour marqué, d'y lire feulement les lettres de créance des ambaffadeurs, & de remettre la publication des décrets à une autre feffion que l'on tiendroit huit jours après.

V.

La dix-neuvieme feffion fe tint donc le quatorzieme Dix-neuvieme de Mai, avec les cérémonies accoutumées. On n'y fit autre chofe que lire les pouvoirs des ambassadeurs, & un décret qui différoit la décifion des articles & la publication des décrets jufqu'à la feffion fuivante, que l'on affigna au quatrieme de Juin, fête du faint facrement. Quatre jours après la feffion, on vit arriver à Trente de Lanfac, ambaffadeur de France. Il fit fon entrée dans la ville, accompagné de plus de cinquante évêques qui étoient allés audevant de lui. Il étoit à cheval, au milieu de l'ambaffadeur de Portugal & de trois patriarches. Ses deux collegues arriverent les deux jours fuivans. Dès le lendemain de fon arrivée, de Lanfac écrit à de l'Ifle, ambaffadeur de France à Rome, pour le prier de représenter au pape combien il est important qu'il laiffe au concile une entiere liberté dans les propofitions, les avis & les délibérations, & qu'il ne fouffre point qu'on tourne en raillerie à Rome ce qui fera propofé & déterminé par le concile : comme j'ai appris, dit Lanfac, qu'on a fait de ce qu'on a traité de la réfidence des évêques, pour favoir fi elle eft de droit divin; ce qui eft une chofe plus claire que le jour. Il prie enfuite de l'Ifle d'affurer le pape que tous les prélats François qui feront à Trente, lui & tous les autres miniftres du roi de France, n'oublieront rien pour procurer, maintenir & défendre l'honneur & les prérogatives de fa dignité & du fiége apoftolique, fuivant l'intention du roi, qui imite en

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