l'église de faint Pierre, d'où ils allerent proceffionnellement I I. On tint la dix-huitieme feffion au jour marqué. Antoine Elius, patriarche de Jerufalem, célebra la meffe, & le fermon fut prononcé en latin par l'archevêque de Patras, nommé à l'archevêché de Corfou. Il s'étendit fur les efforts que faifoient les hérétiques pour étendre leur fecte, & exhorta les peres à s'y oppofer. Après les prieres accoutumées, on lut les lettres de créance & les pouvoirs des ambassadeurs. On fit auffi la lecture de différentes lettres du pape, qui laiffoit au concile le foin de dreffer le catalogue des livres défendus; & d'un bref qui régloit le rang des évêques fuivant leur ordination, fans avoir égard aux priviléges des primats. Le patriarche de Jerufalem lut enfuite un décret touchant l'examen des livres qui devoient être prohibés. Le concile ordonne que les peres choifis pour faire cet exa (r) [Le continuateur de M. Fleury dit Mars, mais enfuite il revient à Février, lorfqu'il parle de la tenue de cette feffion. ] IV. Ce qui fe palle après la feffion. Exa men des ma tieres. Ibid. n. 31. & fuiv. men, lui en faffent enfuite leur rapport, afin qu'il regle ce qui femblera le plus convenable. Ce décret portoit encore qu'on pourroit accorder dans une congrégation générale, un fauf-conduit aux Proteftans ; & qu'il auroit la même force que s'il avoit été donné dans une feffion folemnelle & publique. Enfin on lut le décret qui indiquoit la feffion fuivante au quatorzieme de Mai, jour de l'octave de l'Afcenfion. Ces deux décrets furent approuvés de tous les peres, à l'exception de l'archevêque de Grenade, qui renouvella la difpute fur le titre du concile, voulant qu'on y ajoutât ces mots, repréfentant l'Eglife univerfelle. Il y eut douze évêques qui demanderent que l'on marquât à quoi s'occuperoient les peres pendant près de trois mois qui devoient s'écouler jufqu'à la feffion, afin qu'on ne pût pas leur reprocher de vivre à Trente dans la molleffe & l'inaction. D'autres fouhaitoient que l'on fît quelques bons réglemens fur la réformation des mœurs. Un évêque demanda que la feffion ne fût pas remife à un temps fi éloigné. Mais les légats n'eurent aucun égard à toutes ces remontrances ; ils fe leverent, & la feffion finit. Auffi-tôt après, les légats chargerent quatre évêques do dreffer le fauf-conduit, & ils en accorderent un fans aucune reftriction. Il fut publié à Trente le 8 de Mars, & envoyé dans toutes les cours. Le cardinal Seripand fut enfuite chargé de travailler à la réformation avec plufieurs évêques des plus vertueux & des plus zèlés. Le cardinal Simonette, comme très-habile dans le droit canonique, eut ordre de rédiger les matieres. Seripand propofa de commencer d'abord par ce qui concernoit la cour de Rome ; & cet avis fut fortement appuyé par le célebre Dom Barthélemi des Martyrs, archevêque de Brague. Nous parlerons ailleurs de ce grand homme. D'autres peres, fans être oppofés à la réformation du clergé & de la cour de Rome, vouloient qu'on attendît, pour traiter ce point fi important, qu'il y eût à Trente un plus grand nombre d'évêques, & qu'il en fût arrivé au moins quelqu'un de la France & de l'Alles magne, V. Plaintes contre les cardiIbid. n. 35. Quelques prélats ayant demandé fi les cardinaux devoient être compris dans la réformation générale du clergé, il y en eut parmi les vieux, qui dirent que les illuftriffi- naux. mes cardinaux n'avoient pas befoin d'être réformés. Mais &36. le même archevêque de Brague dit d'un ton ferme, que pour lui il croyoit au contraire, que les très-illuftres cardinaux avoient befoin d'une très-illuftre réforme. La premiere chose, ajouta-t-il, qu'ils devroient changer, eft la maniere dont ils traitent aujourd'hui les évêques. L'autorité épifcol'on a introduit ce pale a été comme anéantie depuis que nouvel ordre des cardinaux, qui étoit autrefois inconnu à l'Eglife. On les avoit toujours mis au rang des autres prêtres & des diacres ; & ce n'eft que depuis le dixieme fiecle qu'ils ont commencé de s'élever au-dessus de leur état, mais néanmoins fans ofer tout d'un coup fe comparer aux évêques. Ils les ont encore reconnus pour leurs fupérieurs jufqu'au douzieme fiecle : mais alors ils fe font tellement élevés au-deffus d'eux, qu'ils les foulent maintenant aux pieds, & les tiennent dans leurs palais au rang de leurs ferviteurs. Il n'y a point, continue ce généreux prélat, d'efpérance d'établir une véritable réformation dans l'Eglife, tant que les évêques ne jouiront point de l'autorité qui leur appartient. Tel eft l'ordre de Dieu, qui, comme le dit S. Paul, a lui-même placé chaque membre dans le corps de JefusChrist, qui eft fon Eglife, felon le rang qui lui eft propre. Il conclut en difant, que lorfqu'il confidere ce que les évêques & les cardinaux étoient autrefois & ce qu'ils font aujourd'hui, il ne peut s'empêcher de dire en gémiffant devant Dieu, & en fe plaignant à l'Eglise de l'Eglise même, que les chofes n'étoient pas ainfi au commencement. Ab Matt.xix. 8. initio non fuit fic. Ce difcours de Dom Barthélemi des Martyrs furprit beaucoup de perfonnes de l'affemblée; mais tout le monde y applaudit, parcequ'on favoit qu'il ne parloit que par zèle pour la gloire de Dieu & l'utilité de l'Eglife. Les cardinaux eux-mêmes écouterent tranquillement fes remontrances, & ne lui en témoignerent pas moins d'estime & de confiance dans la fuite. Cependant fon avis, qui ainfi 432 étoit de commencer la réforme du clergé par les cardinaux, ne fut point fuivi, & on réfolut de s'attacher d'abord à ce qu'il y avoit de plus aifé. On finit cette congrégation du onzieme de Mars, par la lecture de douze articles de réfor mation, que l'on propofa à examiner, & qui furent difcu, tés dans les congrégations fuivantes. I I I. V I. nouveau réfidence. Les ment le pape de la difpofition où font les Tout le reste du mois fut employé en cérémonies pour On agite de la réception de quelques ambaffadeurs. On reprit au comqueftion de la mencement d'Avril l'examen des articles de la réforme; & dans plufieurs congrégations, on agita de nouveau la grande queftion de la réfidence des évêques; favoir, fi elle étoit de droit divin, c'est-à-dire, fi Jesus-Christ en établissant les évêques pafteurs du troupeau qu'il s'eft acquis par fon fang, leur a ordonné de veiller fur ce troupeau & de le garder; ou, s'il leur a laiffé la liberté de le quitter, pour vaquer à d'autres affaires. On n'auroit jamais ofé, comme nous l'avons déja dit, propofer une pareille queftion dans les beaux fiecles de l'Eglife; & elle auroit été bientôt décidée au concile de Trente, fi la cour de Rome n'y avoit pas pris un auffi vif intérêt qu'elle le faifoit. On difputa long-temps fur cette question dans les congrégations dont nous parlons; & on ne conclut rien. Dans le même temps les légats dé puterent à Rome un théologien, pour informer le pape de l'état du concile. Ils lui mandoient, que dès qu'ils étoient arrivés à Trente, ils avoient reconnu que tous les peres souhaitoient une véritable & fincère réformation de la difcipline; qu'ils la regardoient comme le feul remede qu'on pût appliquer avec fuccès aux nouvelles héréfies; que des décrets & des définitions étoient des remedes trop foibles; eu égard à la grandeur du mal, comme il étoit aifé d'en juger par l'experience de ce qu'on avoit fait fous le pontificat des deux derniers papes ; que tous les peres publioient hautement qu'on ne pouvoit rendre la réformation durable & folide, fans toucher à la cour de Rome & fans la réfor mer peres du con au fujet de la réforme. Ibid. n. 37. & fuiy. mer. Les légats ajoutoient, que le pape devoit leur mar- I V. VII. Les peres fe plaignent de ce qu'on ne fuit fur la réfiden leur avis Ibid. n. 73. No Les peres qui étoient pour la réfidence de droit divin, fe 8 Iii |