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XIII. Douziéme & derniere fef

le.

AN. 1517.

& des autres. Mais la bulle qu'il donna à ce fujet, renfermant plufieurs articles qui donnoient atteinte à l'autorité des évêques, elle ne fut point reçue unanimement dans le concile: elle paffa seulement à la pluralité des voix.

Ce fut dans cette même feffion que l'on reçut les députés du patriarche des Maronites du mont Liban, qui apportoient une lettre , par laquelle le clergé & le peuple des Maronites déclaroient leur foumiffion & leur attachement au pape. Mais ce qui fe paffa de plus remarquable dans la onzieme feffion, fut la grande affaire du concordat & de la pragmatique-fanction. Nous la réfervons pour l'article fui

vant.

des

peres

pour

faire la

Le feizieme de Mars [ 1517] on tint la douzième & derniere feffion. La meffe fut célébrée folemnellement par le fion du conci- cardinal de Sainte-Croix, qui avoit été un des principaux Ibid. 1. cxxy. auteurs du concile de Pife. Un évêque y prêcha fur la din. 1. & fuiv. gnité & l'autorité des conciles, & parla auffi du zèle qui devoit animer les princes pour délivrer la Grece de l'oppreffion des Turcs. On y lut une lettre de l'empereur Maximilien, qui promettoit d'entrer dans les vûes du pape & du concile guerre à ces infideles. Enfin on y publia une bulle, qui portoit en fubftance, que comme les caufes pour lefquelles le concile avoit été affemblé ne fubfiftoient plus; que la paix étoit établie entre les princes chrétiens; que la réformation des mœurs & de la cour de Rome avoit été réglée, le conciliabule de Pise aboli; on confirmoit par la préfente bulle tout ce qui avoit été fait & arrêté dans les onze feffions précédentes, & que rien n'empêchoit plus de terminer le concile. La même bulle ordonnoit une impofition de décimes pour faire la guerre aux Turcs. Plufieurs peres dirent qu'il y avoit encore beaucoup de choses à régler, & qu'il ne falloit pas fitôt finir le concile; mais la pluralité des voix l'emporta. Le cardinal de Saint-Eustache dit à haute voix : Meffieurs, allez en paix. Les chantres de la chapelle du pape répondirent fur le même ton: Rendons graces à Dieu. Et auffi-tôt après on chanta le Te Deum. Ainfi finit le cinquième concile de La

tran, qui avoit duré près de cinq ans. Léon X. en avoit dirigé les principales actions: auffi n'y fit-on rien de folide pour la réforme, dont on paroiffoit néanmoins fort occupé. On reconnut hautement que la cour & le clergé de Rome en avoient un extrême besoin; mais on n'employa que de petits remedes, qui n'alloient point à la fource du mal, & qui le laifferent fubfifter tout entier. Les Ultramontains ont voulu faire paffer ce concile pour œcuménique; mais la France & d'autres royaumes ne l'ont jamais reconnu pour tel; & il feroit aisé de montrer qu'il s'en faut beaucoup qu'il en ait les caracteres.

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On trouve à la fin des œuvres de Pic de la Mirande un 'difcours que quelques auteurs prétendent avoir été lû dans la derniere feffion du cinquiéme concile de Latran; mais on ne voit dans les actes que celui de Maxime Corvin, évêque de Sergine. Le difcours de Pic de la Mirande attaque fortement les défordres de ce tems-là.,, On a fouvent propofé, dit-il, d'établir de nouvelles loix; mais il fuffiroit de maintenir & de faire obferver les anciennes, contre le luxe, la cupidité, l'avarice. On ne voit plus, ajoute-t-il, ni piété, ni juftice. Les prélats qui doivent être la lumiere du monde, & éclairer les peuples par leur doctrine & les édifier par leur piété, n'ont prefque plus pour la plupart, ni pudeur, ni religion, ni modeftie. La juftice eft changée „ en brigandage, la piété a presque dégénéré en fuperfti„ tion, du vice on fait une vertu. Le gouvernement des églises eft confié à des ministres déréglés, & la bergerie du bon pasteur à des loups raviffans; enfin l'on fait un trafic honteux des chofes les plus faintes.,, Le même auteur exhorte le pape à remédier à de fi grands maux, & il lui propofe, pour l'animer, l'exemple du grand-prêtre Héli, qui fut puni fi féverement pour n'avoir pas réprimé les défordres de fes enfans.

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V I.

XIV. Difcours fur

les maux de l'Eglife.

Ibid. n. 4.

XV. Conjuration

Peu de tems après la fin du concile, le pape fut averti d'une conjuration formée contre lui par deux cardinaux, contre le pape.

Ibid. n. 8

& 6.

Alphonfe Petrucci, cardinal de Sienne, & Bendinelli de Sauli, Génois. Ils étoient tous deux indignés de ce qu'il avoit enlevé au neveu de Jules II. le duché d'Urbin, qui lui appartenoit, pour le donner à Laurent de Médicis fon neveu. Mais Petrucci avoit une raison particuliere & perfonnelle d'être mécontent. Léon X. l'avoit dépouillé lui & fon frere Borghèse du gouvernement de Sienne, quoiqu'il fût comme héréditaire dans leur famille, & que Pandolphe leur pere, qui le poffédoit, eût beaucoup contribué à rétablir la famille des Médicis à Florence. Petrucci pour fe venger, prit donc l'étrange résolution de rétablir le Duc d'Urbin dans fa fouveraineté, ou de faire empoifonner le fouverain pontife. Après avoir tenté inutilement de mettre dans fon parti quelques cardinaux, il gagna un chirurgien qui traitoit actuellement le pape d'un ulcere. Mais ce moyen ne lui ayant pas réuffi, il fortit de Rome avec Bendinelli fon complice, & ils allerent fe joindre tous deux au dục d'Urbin. Le pape en étant informé, écrivit à Petrucci pour l'engager à revenir à Rome. Le cardinal reçut fort mal cet avis, & continua de travailler à foulever la république de Sienne contre Léon X. Mais voyant qu'il ne pouvoit y réuffir, il revint à fon premier deffein, qui étoit d'empoifonner pape. Quelques lettres qu'il avoit écrites & qui furent interceptées, découvrirent tout le complot. Léon craignant pour fa perfonne, diffimula, & tâcha d'attirer Petrucci à Rome, en lui faisant espérer qu'il le rétabliroit à Sienne. Ce cardinal donna dans le piége, & fe rendit à Rome. Le pape le fit fur le champ mettre en prifon avec Bendinelli fon confrere, assembla les cardinaux & les ambassadeurs, & leur apprit la caufe de cette détention. Les coupables furent mis à la question; & fur leur aveu, ils furent dégradés par fentence des cardinaux & livrés aux juges féculiers, qui les condamnerent à mort. Le cardinal Petrucci fut étranglé dans la prifon; mais le pape accorda grace à Bendinelli, & changea fon fupplice en une prifon perpétuelle. Il fut même rétabli peu de temps après à force d'argent, à condition néanmoins qu'il n'auroit aucune voix ni

le

active

active ni paffive dans le confiftoire. Les cardinaux de Voltere & de faint Chryfogone, du nombre de ceux que Pétrucci avoit tâché de gagner, vinrent fe jetter aux pieds du pape, & s'accuferent d'avoir été inftruits du crime & de ne l'avoir pas révélé. Ils furent dégradés: d'autres en furent quittes pour de l'argent. Ceux des complices qui étoient d'une famille peu confidérable furent écartelés.

XVI. Promotion nombreufe de

Ibid. n. 7.

Le pape s'appercevoit depuis quelque tems que la plûpart des cardinaux ne lui étoient pas fort attachés ; & la févérité qu'il venoit de faire paroître devoit naturellement cardinaux. les indifpofer de plus en plus contre lui. Il le fentit bien, & ce fut ce qui le détermina à faire une chose qui n'avoit point encore d'exemple. Il créa au mois de Juin 1517. trente-un cardinaux en un même jour, quoiqu'il en eût déja nommé huit depuis qu'il étoit monté fur le faint fiége. Cette multiplication exceffive des cardinaux étoit une contravention fcandaleuse à un réglement du concile de Bafle, renouvellé depuis par le facré collége dans un conclave; mais Léon X. n'étoit jamais arrêté, lorsqu'il ne s'agiffoit que de paffer par-deffus les regles pour arriver à son but. On juger fi dans cette abondante diftribution de chapeaux, fa famille fut oubliée. Il en gratifia trois de fes neveux, & fon coufin, qu'il avoit fait archevêque de Florence le jour de fon couronnement.

que

VII.

peut

On a fans doute été furpris, en voyant un prince tel Louis XII. reconnoître le concile de Latran, & renoncer à celui de Pife, après en avoir pris fi hautement la défenfe. Ce qui contribua le plus à lui faire prendre ce parti, fut fa trop grande complaifance pour la reine fon épouse. Comme elle avoit une dévotion peu éclairée, elle s'imaginoit qu'il n'étoit jamais permis de s'opposer aux volontés pape, & elle ne ceffoit de tourmenter le roi pour l'engager à fe foumettre à ce qu'exigeoit de lui la cour de Rome. Il réfifta long-temps; mais il céda enfin à ses importunités, dans l'efpérance que le pape se ligueroit enfuite Tome VIII.

du

G

XVII. Fin du regne de Louis XII. Ibid. 1. cxxiv. n. 1. & fuiv.

AN. 1515.

XVIII. Eloge de ce prince.

Ibid. n. 31.

avec lui pour le faire rentrer en poffeffion de fes domaines d'Italie. Léon X. témoigna en effet être fort content de fa foumission; mais en même-temps il excita fous main l'empereur à lui faire la guerre, afin de l'empêcher de fonger à revenir en Italie. La reine ne furvécut pas long-temps à cette efpece de réconciliation qu'elle avoit tant defirée. Elle mourut le neuvieme de Janvier 1514. au château de Blois, âgée de trente-fept ans. La douleur qu'en eut le roi fut d'autant plus grande, qu'il n'avoit point d'enfans mâles, mais feulement deux princeffes. Cinq mois après, Claude de France, qui étoit l'aînée, épousa François, comte d'Angoulême & duc de Valois, héritier préfomptif de la couronhe. Le roi, qui le connoissoit bien, n'étoit nullement porté d'inclination pour ce mariage; mais il crut que le bien de l'état le demandoit. La conduite du duc de Valois & les hauteurs de la comteffe d'Angoulême fa mere lui devinrent bientôt infupportables, & lui firent prendre la réfolution de fe remarier, dans l'efpérance d'éloigner du trône ce jeune prince. Dans ces circonstances, le roi d'Angleterre témoigna qu'il ne feroit pas fâché de faire la paix avec la France, mais à des conditions que Louis XII. ne pouvoit accepter. Pour lever les difficultés, le duc de Longueville, qui étoit prifonnier à Londres, parla à Henri VIII. de marier fa four Marie à Louis XII. & Henri rabattit auffitôt de fes prétentions. Le traité de paix fut figné le feptieme d'Août, & le mariage célébré le neuvieme d'Octobre 1514. Cette alliance procura aux François la paix avec l'Angleterre; mais elle ne donna point à Louis XII. d'héritier de fa couronne. Il mourut à Paris le premier Janvier 1515. dans fon palais des Tournelles, en la cinquante-quatrieme année de fon âge, & la dix-feptieme de fon regne. Ce palais a été détruit.

Jamais prince n'aima plus tendrement ses sujets. Il fembloit n'être occupé qu'à chercher les moyens de les foulager, & à gagner leur cœur par fes bienfaits. Il leur remit le préfent de cent mille écus qu'ils vouloient lui faire à fon couronnement. Il ôta le tiers des impôts qu'il avoit trouvé

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