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des bénéfices, le paiement des dixmes & autres droits; fur
les défordres des eccléfiaftiques, fur les vicaires perpétuels,
les difpenfes, les duels, que le concile défend fous peine
d'excommunication. Le concile termine ce décret par un
avertiffement qu'il donne aux princes catholiques, de faire
rendre au clergé par leurs fujets le refpect qu'ils lui doivent,
& d'empêcher que leurs officiers ne donnent atteinte à fa
jurisdiction & à ses immunités; afin que Dieu puiffe être
fervi faintement, & que les miniftres de l'Eglife puiffent
travailler tranquillement & fans obftacle à l'instruction & à
la fanctification des peuples.

de

Voici de quelle maniere commence le chapitre qui regarde l'excommunication: Quoique le glaive de l'excommunication foit le nerf de la difcipline eccléfiaftique, & qu'il foit très-falutaire pour contenir les peuples dans leur devoir, il faut cependant en ufer fobrement & avec beaucoup circonfpection; l'expérience faifant voir que fi l'on s'en fert imprudemment & pour des caufes légeres, il eft plus méprifé qu'il n'eft craint, & fait plus de mal que de bien. Dans le chapitre qui concerne la vie des prélats, le concile parle ainfi: Ceux qui font élevés à l'épifcopat, doivent favoir quelles font leurs obligations, & bien comprendre qu'ils n'ont pas été appellés à cette dignité, pour y chercher leurs propres intérêts, pour amaffer des richeffes, ni pour y vivre dans le luxe & l'abondance; mais pour y travailler à procurer la gloire de Dieu, & pour y paffer leur vie dans une follicitude & une vigilance continuelle. Les fideles feront certainement animés à vivre dans la piété & dans l'innocence, quand ils verront ceux qui font chargés de leur conduite, s'appliquer au falut des ames, & s'occuper de la patric céleste & non des chofes du monde. C'eft pourquoi le faint concile considérant ce point comme le plus important pour le rétablissement de la difcipline eccléfiaftique, avertit tous les évêques d'y faire très-fouvent réflexion. En se conduisant dans toutes leurs actions d'une maniere conforme à la fainteté de leur état, leur vie fera comme une prédication continuelle. Ils doivent fur-tout régler tellement toute leur con

XXXIV. Sur l'excom munication.

Sur la vie que doivent mener

les évêques. Ibid. n. 73& 75.

XXXV. Sui.e de la acrniere fef

fur les indul

fion. Décret gences. Fin du Ib. 1. claviij. n. 1. & fuiv.

concile.

duite extérieure, que les fideles puiflent trouver en eux des modéles de frugalité, de modeftie, de pureté, & de cette fainte humilité qui nous rend fi agréables à Dieu.

C'eft pour cela, continue le concile, qu'à l'imitation de nos peres affemblés autrefois au concile de Carthage, le préfent concile ordonne que les évêques, non-feulement se contentent de meubles modeftes, & d'une table frugale; mais qu'ils aient encore grand foin que dans tout le refte de leur conduite & dans toute leur maifon, il ne paroiffe rien qui ne refpire la fimplicité, le zèle de Dieu, & le mépris des vanités du fiecle. De plus, le concile leur défend abfolument, d'enrichir des revenus de l'Eglife leurs parens ni leurs domeftiques. Si leurs parens font pauvres, ils peuvent les affifter, mais feulement en cette qualité de pauvres. Le faint concile les avertit de fe dépouiller de cette tendrefle humaine, pour leurs freres, leurs neveux & leurs autres parens, qui eft une fource de tant de maux dans l'Eglife. Or tout ce qui eft dit ici pour les évêques, non-feulement doit être obfervé par tous ceux qui poffédent des bénéfices eccléfiaftiques, tant féculiers que réguliers; mais même le concile déclare que tout cela regarde auffi les cardinaux de la fainte Eglife Romaine. Ce réglement du concile touchant la conduite des évêques, eft fans doute très-beau & très-refpectable; mais dom Barthélemi des Martyrs le trouvoit trop

général. Il faut convenir que celui qu'il propofoit alloit bien davantage au but, & qu'il auroit été beaucoup plus efficace. Mais le malheur des temps, comme le difoit le légat Moron, ne permettoit pas de faire mieux.

X.

Comme on ne put achever dans la feffion la lecture de tous les décrets, & qu'il en reftoit encore plufieurs fur des matieres importantes, on fe raffembla le lendemain quatrieme de Décembre. On tint le matin une congrégation générale, pour délibérer fur les articles que l'on vouloit propofer l'après-midi, & qui devoient enfin terminer le concile.

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On y agita fortement la question des indulgences, & on
dreffa fur cette matiere un décret, qui fut lû l'après-midi.
Après avoir dit, que dès les premiers temps, l'Eglife a fait
ufage de la puiffance qu'elle a reçue de Jefus Chrift, d'ac-
corder des indulgences, le concile prononce qu'on doit
garder & retenir dans l'Eglife l'usage des Indulgences, & en
même temps
dit anathême à tous ceux ou qui difent qu'elles
font inutiles, ou qui nient que l'Eglife ait le pouvoir d'en
accorder. Le concile defire néanmoins que, fuivant l'an-
cienne & louable coutume de l'Eglife, on les accorde avec
reserve & modération; de peur que par trop de facilité, la
difcipline eccléfiaftique ne s'affoibliffe ; & il veut qu'on re-
médie aux abus qui s'y font gliffés. Le concile exhorte en-
fuite tous les pafteurs à recommander les abftinences & les
jeûnes prefcrits par l'Eglife, & la fanctification des jours de
fêtes. Il ordonne que le catalogue des livres fufpects & dan-
gereux, qui avoit été fait par quelques prélats choifis pour
cela par le concile, foit porté au pape qui le publiera, s'il le
juge à propos. La même chofe eft ordonnée par rapport au
catéchifme, dont quelques peres avoient été chargés. A
l'égard des difficultés qui pourroient s'élever au fujet des
décrets du concile, il efpere que le pape aura foin de les
lever. Enfin le concile demanda que tous les décrets qu'il
avoit faits fous le pontificat de Paul III. & de Jules III. fuffent
lûs de nouveau. Après cette lecture, le fecrétaire qui l'avoit
faite, vint au milieu de l'affemblée, & demanda aux peres
s'ils vouloient que l'on finît le concile, & que les légats de-
mandaffent en fon nom au pape, la confirmation de tous
fes décrets. Tous répondirent qu'ils le vouloient, à l'excep-
tion de trois qui dirent qu'ils ne demandoient pas cette
confirmation. Ensuite le cardinal Moron, premier légat &
préfident, donna la bénédiction au faint concile, & dit:
Après avoir rendu graces à Dieu, révérendiffimes peres,
etirez-vous. Ils répondirent: Ainsi soit-il.

La plupart pleuroient de joie de se voir enfin au comble de leurs defirs; & ceux qui avoient confervé quelque froideur ou quelque animofité entre eux, s'embrafferent de tout

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par

ieur cœur, & fe féliciterent mutuellement d'avoir mis la derniere main à ce grand ouvrage, commencé depuis dix-huit ans, & continué au milieu de tant d'embarras & de difficultés. Les acclamations retentiffoient de toutes parts, pour imiter ce qui s'étoit pratiqué dans les anciens conciles. Mais pour y oblerver quelque ordre, le cardinal de Lorraine en compofa lui-même, & les prononça à haute voix. Elles renfermoient des fouhaits, des bénédictions & des actions de graces, pour le pape, l'empereur, les rois, les princes, les républiques, les légats préfidens du concile, les cardinaux, les ambaffadeurs & les évêques. Tous les peres répondoient en applaudiffant. Le cardinal termina les acclamations un applaudiffement aux decrers du concile, en difant: Ceft la foi de faint Pierre & des apôtres ; c'est la foi des peres; c'eft la foi des orthodoxes. Enfin les peres prononcerent tous enfemble deux fois anathême contre les hérétiques. Les légats défendirent enfuite à tous les peres, fous peine d'excommunication, de fe retirer de Trente fans avoir figné de leur propre main les actes du concile, & fans les avoir tous approuvés. Le promoteur chargea tous les fecrétaires qui étoient préfens, de les infcrire. Après qu'on eut chanté le Te Deum, le légat Moron qui l'avoit entonné, donna la bénédiction aux peres, & leur dit: Allez en paix. Les fecrétaires firent un recueil de tous les décrets, & reçurent les fignatures des peres, comme il leur avoit été ordonné. Ceux qui foufcrivirent étoient au nombre de deux cens cinquante-cinq: favoir, quatre légats, deux cardinaux, trois patriarches, vingt-cinq archevêques, cent foixante-huit évêques, trente-neuf procureurs revêtus de pouvoirs pour les abfens, fept abbés, fept généraux d'ordres. Tous, à ce mot, J'ai foufcrit, ajouterent, en définiffant, excepté les procureurs, à qui on n'avoit point accordé le droit de fuffrage.

Après toutes ces foufcriptions, ces actes furent atteftés comme vrais & finceres, par Ange Maffarel, évêque de Telefe, fecrétaire du faint concile de Trente; Marc-Antoine Péregrin de Côme, greffier du même concile; Cinthius

Pamphile,

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Pamphile, clerc du diocèse de Camerin, auffi greffier. Deux
jours après que le concile eut été terminé, tous les ambassa-
deurs qui étoient à Trente, excepté celui d'Efpagne, reçu-
rent les decrets & y foufcrivirent: ceux de France étoient
reftés à Venife. Dès que le pape eut reçu la nouvelle de la
conclufion du concile, il affembla les cardinaux pour leur
en faire part, & ordonna que le lendemain treizieme de
Décembre, on fit une proceffion en actions de graces,
depuis l'église de faint Pierre jusqu'à celle de la Minerve,
accordant des indulgences à tous ceux qui y affifteroient,
Palavicin dit qu'on ne peut exprimer combien le
pape eut de
joie en apprenant la conclufion du concile. Le même auteur
ajoute que le pape étoit bien aise d'avoir été malade, puisque
fa maladie avoit été fi avantageuse à l'Eglife. Pendant ce
temps-là les prélats & les autres députés au concile, s'en re-
tournerent chez eux, & les légats fe hâterent d'aller à Rome,
pour rendre compte au pape de ce qui s'étoit paffé au con-
cile, c'est-à-dire, pour lui répéter de vive voix tout ce qu'il
favoit déja, en ayant continuellement été informé par leurs
lettres.

X I.

Quelques jours avant la fin du concile, le cardinal de
Lorraine avoit fait une déclaration par écrit, au nom de
l'Eglife Gallicane, & demandé qu'elle fût inférée dans les
actes. Elle eft conçue en ces termes: Il y a quelques jours,
que difant mon avis fur quelques articles de réformation, je
déclarai en même temps, que je fouhaitois que l'on rétablit
l'Eglife dans fon ancienne discipline. Mais néanmoins con-
fidérant qu'en un fiecle auffi malheureux que le nôtre, &
dans une si grande dépravation de mours, on ne peut pas
fi
employer d'abord les remedes qu'on juge être les plus nécef-
faires; je fuis contraint de recevoir cependant, & d'approu-
ver les decrets qui ont été faits touchant la réformation:non
pas que je juge qu'ils foient fuffifans pour guérir entiérement
les maladies de l'Eglife; mais parceque j'efpere qu'après qu'on
aura ufé de ces remedes plus doux, l'Eglife fera capable d'en
Tome VIII.
Τις

Déclaration

XXXVII. du cardinal de Lorraine au

nom de

de France fur difcipline

la

par le

concile,

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