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18. ch. 8. Self. 22. ch. 8.

ch. 4.6.& 8.

ch. 10.

(7) Seff. 25.

difpofition entiere des hôpitaux. Il accorde (ƒ) aux évêques ch. 15. Seff.
le pouvoir de contraindre les habitans à donner un revenu
aux curés, & à faire les réparations des églises, & de met- (f) Self. 21.
tre les fruits des bénéfices en féqueftre. Il leur permet (g)(g) Seff. 22.
de mulcter les notaires impériaux & royaux, & de leur in-
terdire l'exercice & la fonction de leur charge. Il donne (h)
encore aux évêques pouvoir de commuer les volontés des
teftateurs. Il confirme (i) la conftitution de Boniface VIII.
par laquelle les clercs tonfurés, quoique mariés, font exempts
de la jurisdiction laïque. Il permet (4) aux ordinaires de ban-
nir les concubinaires, & de les punir même de plus gran-
des peines. Il permet aux juges eccléfiaftiques (7) de faire
exécuter leurs fentences contre les laïcs, par la faifie des ch. 3.
fruits de leurs biens, & même par l'emprisonnement de
leurs perfonnes. Il donne (m) pouvoir aux évêques de con-
vertir les revenus des hôpitaux en d'autres ufages. Tous ces
décrets par lefquels le concile s'attribue ou accorde aux
évêques une autorité fur les biens & les perfonnes, parurent
aux magistrats une entreprise de jurifdiction. Mais ce qui
choquoit davantage, eft que le concile fembloit renverler
les fondemens des libertés de l'Eglife Gallicane, & en rui-
ner les principaux articles. La fupériorité des conciles gé-
néraux au-dessus du pape en eft le fondement. Le concile
de Trente, non-feulement ne l'a point reconnue, comme
avoient fait les conciles de Conftance & de Bafle; mais il
paroît avoir favorifé l'opinion contraire, en foumettant fes
décrets, comme il a fait dans la derniere feffion, au juge-
ment du pape, en ordonnant qu'on lui en demandât la con-
firmation, & en déclarant dans le chapitre 21 de la réfor-
mation, que tous les décrets du concile devoient être en-
tendus & expliqués, sauf l'autorité du faint fiége aposto-
lique.

Un des principaux articles des libertés de l'Eglife Gallicane, eft l'ufage ancien par rapport à la maniere de juger les évêques. Le concile de Trente s'en est éloigné dans la feffion 24. chapitre 5. en difant qu'ils ne pourroient être dépofés, méme pour caufe d'héréfie, que par le feul pontife

(h) Ib. ch. 8.

(i) Seff. 23. ch. 6.

(k) Self. 24. ch. 8.

(m) Ib. ch. 8. & 9.

Romain. Cette ordonnance eft entierement contraire à la difcipline des anciens canons & à l'ufage autorisé en Françe: elle eft même contraire au concordat & aux loix du royaume, qui ne permettent pas que les fujets du roi foient obligés d'aller en perfonne plaider hors de fes états. Le concile, dans la fixiéme feffion, chapitre 1. de la réformation, donne auffi pouvoir au pape de dépofer les évêques qui ne réfident pas, & d'en mettre d'autres à leur place. C'eft encore une entreprise contre l'autorité des évêques & une infraction du concordat. Le concile, dans la feffion 24. chapitre 20. permet au pape d'évoquer à Rome les caufes des eccléfiaftiques pendantes devant l'ordinaire; ce qui eft contraire aux droits & aux libertés de l'Eglife Gallicane. Le concile femble encore avilir le caractere épifcopal, & ôter aux évêques la jurifdiction qui leur appartient de droit divin, en ne leur donnant pouvoir de l'exercer en plufieurs occafions, qu'en qualité de délégués du faint fiége. Enfin le concile de Trente déroge en plufieurs endroits aux usages reçus dans le royaume, par exemple, aux appels comme d'abus & au droit de patronage laïc. Ce font là les princi paux motifs pour lefquels les magiftrats fe font oppofés jufqu'à préfent à la réception & à la publication du concile de Trente en France, & qui ont empêché nos rois de l'accorder. Mais quoiqu'il ne faffe point loi dans le royaume, on doit néanmoins avoir pour cette fainte & augufte affemblée, une très-profonde vénération, & la regarder comme un concile vraiment œcuménique. Sa doctrine a toujours été enfeignée en France comme dans toutes les autres parties de l'Eglife; & il a fait, même par rapport à la difcipline, plufieurs réglemens très-utiles, que l'Eglife de France a adoptés, comme étant conformes à l'efprit des anciens ca

nons.

REFLEXIONS

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REFLEXIONS

Sur l'état de l'Eglife pendant le feizieme fiecle.

I.

PLUSIEUR

LUSIEURS réflexions que nous avons déja eu lieu de faire fur les maux des derniers ficcles, reviennent ici naturellement & même avec une nouvelle force. L'état où nous avons vû l'Eglife pendant le cours du feizieme fiecle, n'auroit pas paru poffible avant l'événement; & les épreuves auxquelles elle fut expofée, l'auroient fait périr fans reffource, fi elle n'étoit point appuyée fur des promeffes immuables, contre lefquelles tous les efforts de l'enfer viendront toujours se brifer. Les différens fcandales qui avoient été féparés dans les fiecles précédens, furent réunis dans celui-ci ; & l'efprit féducteur en ajouta même de nouveaux, dont on n'avoit point eu d'exemple jusqu'alors. L'Eglife eut à foutenir des combats de tout genre, & elle fut dans une agitation qui a dû nous causer le plus grand étonnement. C'est dans ce trifte fiecle que les malheurs précédens ont trouvé leur confommation à l'égard de plufieurs grandes portions de l'Eglife: & c'eft auffi dans ce même fiecle, que des maux d'une nouvelle efpece ont eu leur principe & leur germe, qui ont produit depuis les fruits les plus empoifonnés. A la vûe d'un tel fpectacle, nos pieds feroient chancelans, fi nous n'entrions point dans le fanctuaire de Dieu, pour y confidérer avec admiration la fidélité inviolable de fa parole. Nous attendions ces grands fcandales, parcequ'ils ont été prédits; & leur accompliffement, bien loin de donner atteinte à la certitude de la religion, vient dépofer en faveur de fa divinité. Mais d'ailleurs, ce fiecle fi fécond en malheurs, nous a présenté plufieurs objets confolans. En les envisageant avec foi, nous nous fommes convaincus de plus en plus, que fi fatan a reçu le pouvoir de livrer à l'Eglife les plus terribles attaques, il n'a point eu celui de la renverfer; Tome VIII.

Vuu

I.

Idée générale de l'état de l'E glife dans le feizieme fiecle.

& que fi la barque où Jesus-Chrift repofe peut être en grand péril & violemment agitée, elle ne fauroit jamais être submergée. Nous réunirons dans cet article, comme dans un grand tableau, fuivant notre méthode ordinaire, tous les principaux traits propres à nous donner une idée jufte des biens & des maux de l'Eglife, & par conféquent à nous faire connoître fon état pendant la durée du seizieme fiecle.

1 I.

II.

Vœux ardens de toute la

Chrétienté Four la réfor

de l'Eglife faite

de Latran.

variations.

Le lecteur a fans doute remarqué la réunion & le concert des grands hommes & des faints qui ont vécu dans le cours du fiecle précédent, pour peindre & déplorer les malheurs mation. Pein de l'Eglife. Tout le monde confeffoit qu'elle avoit befoin ture des maux d'être réformée dans fon chef & dans fes membres. Cette dans le concile parole, dit M. Boffuet, étoit à la bouche non-feulement Hifloire des des docteurs particuliers, mais encore des conciles, foit provinciaux, foit œcuméniques. On fait, ajoûte ce favant prélat, ce qui arriva dans le concile de Bâle, où la réfor mation fut malheureusement éludée. Ce cri général dont toute l'Eglife avoit retenti dans le quinzieme fiecle, continua dans le feizieme, fans que rien fût capable de l'étouffer. On fe rappelle avec quelle force on parla de la néceffité Tome VIII. d'une férieufe réforme, dans un difcours prononcé à l'ouverture du cinquieme (a) concile de Latran. Dans la fixieme feffion, un évêque ne s'exprima pas moins librement fur le trifte état auquel l'Eglise étoit réduite. Il appliqua à l'Eglife, depuis fi long-temps couverte d'opprobres, ces paroles de Lam. I. 6. Jérémie : Tout ce que la fille de Sion avoit de beau, lui a été enlevé: fes ennemis font entrés dans fon fanctuaire. Eft-ce-là cette Jerufalem, dit ce prélat en plein concile, cette ville d'une beauté fi parfaite, qui faifoit la joie & les délices de toute la terre? Eft-ce-là cette fille de Sion, que nos peres ont confervée fans tache par l'effufion de leur fang, &

art. ij. n. 6.

& IC.

(a) [Expreffion ultramontaine qui échape ici à l'auteur: car ne reconnoiffant pas se concile pour œcuménique, il n'auroit pas dû l'appeller cinquieme: mais nous ne you lous rien changer dans fon texte. ]

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qu'ils ont travaillé à embellir par leur pénitence, leurs prie-
res & leurs larmes? Dans la dixieme feffion l'archevêque de
Patras parla ainfi: " Dieu ne peut pas fouffrir plus long-
temps les abus, les vices & les iniquités qui regnent dans
,, toute l'Eglife, de peur qu'une corruption fi générale ne
faffe blafphémer contre la majefté, & qu'on ne lui repro-
;, che de négliger ce qui fe pafle ici-bas. Car, mes révé-
rends peres, il y a dans notre fiecle une multitude de
perfonnes, qui bien loin de s'attacher à conferver le bien
» qui fubfiftoit avant eux, ne travaillent qu'à renverser la
loi divine, & qu'à établir fur les ruines de cette loi pure
& fans tache qui convertit les ames, des maximes cor-
» rompues, qui ne font propres qu'à les pervertir. Hélas!
», que vois-je dans l'avenir? Peut-il y avoir un temps plus
malheureux celui où nous vivons ? De quelque côté
qu'on fe tourne, on ne voit qu'iniquités. Depuis le plus
petit jufqu'au plus grand, chacun a corrompu fa voie. Les

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29

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que

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,, faints apôtres faifoient des miracles, & nous des abomi-
nations: ils acquéroient l'eftime & l'affection de tout le
monde par leurs vertus ; & nous la haine & l'indignation
de l'univers par nos déréglemens. Malheur à ceux qui
» gouvernent mal le peuple chrétien, & qui ne fongeant
qu'à leurs propres intérêts, négligent le falut des ames;
& qui non-feulement ne défendent pas le troupeau contre
les loups raviffans, mais qui laiffent combler par leur né-
gligence les petits ruiffeaux où les brebis pouvoient en-
,, core fe défaltérer.,,

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On ne tenoit prefque aucune affemblée, où l'on ne parlât de la néceffité de la réformation. Les papes eux-mêmes dans leurs bulles & dans les inftructions qu'ils donnoient à leurs nonces, s'élevoient fortement contre les abus, & avouoient qu'il falloit absolument y remédier. Les auteurs eccléfiaftiques & les prédicateurs les plus célebres parloient fans ceffe des maux de l'Eglife, & ne fe laffoient point d'en faire les plus tristes peintures. Mais, dit le grand Boffuet, Hift. des vaparmi ceux qui étoient touchés de l'état de l'Eglife & qui demandoient la réforme, il y avoit deux fortes d'efprits,

riations.

III. Deux fortes

d'efprits demandent la ré

formation.

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