Il semble même que nous avons sur les premiers un fort grand avantage. Ils voioient }esus-Christ, il est vrai ; ils étoient témoins des merveilles qu'il operoit par tout , & du bien qu'il faisoit à tout le monde ; ils écouroient les veritez qui sortoient de la bouche divine,& qu'il prononçoit avec cette force qui n'apartient qu'à Dieu, Mais quel contrepoids ne trouvoient-ils pas dans l'infirmité de sa chair , dans une vie commune & ordinaire , dans les oprobres & les hamiliations ausquelles il s'assujettissoit , & dont le scandale suivi de celui de la croix, n'avoit point encore été levé par la gloire de la resurrection , ni par toutes les merveilles qui en confirmerent la verité dans les fiécles suivans ? Mais nous qui recevons maintenant cet Evangile de JesusCHRIST scelé du sang de Jesus. CHRIST même , confirmé par fa Resurrection & son Ascension glorieuse, par la mission & les operations visibles de son Esprit par l'acomplissement des Prophecies & des promesses, par la foi de tous les peuples, & par le lang de tous les martirs, qui dans toutes les parties du monde ont donné avec joie leur vie pour la verité de ce Livre divin : Nous encore qui re : cevons l'Evangile de Jesus-CHRIST de la main de son Epouse , l'Eglise Catholique, d'une Eglise qui l'a reçû de Jesus. CHRIST, de les Apôtres, & de leurs successeurs, qui de main en main & par une tradition continuelle l'one transmis jusqu'à nous ; d'une Eglise repanduë dans toutes les nations & dans tous les liécles, établie par les miracles, & fondée mêine par la prédication de cette parole que le monde enrier a reçûë de la bouche de disciples pauvres, sans [cience & sans apui, ce qui est le plus grand de tous les mira. cles : Nous donc à qui l'Evangile a été donné dans toutes ces circonstances & avec tous ces secours , au lieu de regreter injustement & inutilement de ne l'ae voir pas entendu de la bouche du Sau- . veur, louons-le de nous avoir fait naître dans un siécle, où c'est une aussi grande & au réelle folie de ne le pas recevoir comme la parole de Dieu , que c'en étoit aurrefois une aux yeux des Gentils & des Infidelles, de le recevoir comme quelque chose de divin , & comine l'in & Itrument du falut. Recevons-le donc avec respect & reconnoiffance ; lisons le avec amour & avec religion ; faisons-en nos delices & 9 tous les saints usages que l'on doit faire ples du Sauyeur ont écrit ce qu'il a fait . Evang. ce n'est pas lui qui l'a écrit ; puisque ce sont 1.1.6.35. Ses membres qui l'ont composé, fans y rien écrire que ce que leur chef leur a fait connois tre da leur a diété lui-même. Car tout ce qu'il a voulu que nous lüssions de ses actions de ses paroles , il le leur a fait écrire comme par les propres mains. Quelle consolation à notre foi, d'a- . voir un fondement aussi inébranlable que celui-là ! Quelle joie pour nôtre elperance, de ne pouvoir non plus douter de la certitude des promesses que nous fait l'Evangile , que li la verité même incarnée nous les faisoit maintenant de la propre bouche ! Quel secours pour notre charité, d'être assurez de trouver dans ce Livre adorable le mediateur , sans les quel nous ne pouvons être reconciliez avec Dieu ; la voie sans laquelle nous ne pouvons aller à lui ; le guide qui seul nous y peut conduire ; la lumiere hors laquelle tout est tenebres; la victime dans le sang de laquelle nous devons être lavez; le Prêtre toûjours vivant, toûjours present, toûjours agissant pour nous devant la face de Dieu ; le Maître que nous devons écouter ; le modelle sur lequel nous devons former notre vie ; l'exemple de toutes les vertus qui doivent nous rendre semblables à nôtre chef; en un mot ce chef adorable comme le principe de la vie, de la foi & de l'esprit de la grace dans ses membres, & comme le souverain Juge des vivans & des morts ! Que si nous voulons bien étudier la justice & la vie de la foi, qui est la vie des Chrétiens, il faut que ce soit avec ke respect , la docilité, la retenuë, l'humilité, la foúmnislion , & la simplicité de la foi ; loin d'y aporter la présomption, l'orgueil , la hardiesse , & cer esprit de sufflance & d'independance que l'heresie donne insensiblement à tous ceux qu'elle a seduirs. Et il ne faut pas s'étonner qu'ils inspirent cet esprit, eux qui ne font tombez dans l'erreur & dans l'herefie, que parce que voulant interpreter par eux-mêmes & independamment de la Tradition & du jugement de l'Eglise, les Ecritures saintes, ils les ont expliquées dans un sens faux & contraire à celu du saint Esprir. Car rien n'est plus vrai que ce que dit saint Augustin au Traité 18. sur l'Evangile de saint Jean , où il enseigne à son peuple comment il doit écouter & lire l'Evangile. Les heresies , dit-il, les dogmes pernicieux qui jervent de piéges aux ames, ob les précipitent dans l'abime , xe que de ce que les Ecritures bonnes en elles même font interpretées en un maxvais fens, elle de ce qu'enfuite on friūtient avec temerité & avec hardieffe le mauvais sens qu'on y a donné. Mais pour faire éviter ce malheur aux fidelles les plus simples qui lisoient l'Evangile de S. Joan le plus sublime de tous, ce saint Docteur leur donne une regle qu'il apelle une regle propre à les conserver dans une foi saine: Regulam fanitatis ; à la faveur de laquelle ils pussent sans peril se nourrir du pain de la parole de Dieu. Il faut , mes chers freres , leur dit-il, låre on écouter les font nés |