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chofes qui font au-dessus de nôtre capacité avec beaucoup de précaution, avec un cœur plein de religion, & comme il est écrit, avec tremblement; en gardant cette regle d'une foi pure & faine, que nous nous nourriffions avec joie des veritez que nous pouvons entendre, les trouvant conformes à la foi dont nous avons été inftruits. Quant à celles qui furpassent nôtre intelligence, ne les pouvant acerder avec la regle invariable de la foi, differans à un autre tems de les entendre; mais ne differons pas d'un moment de les croire fans le moindre doute: c'est à dire, qu'encore qu'il fe trouve quelque chofe qui nous paffe, nous demeurions néanmoins perfuadez qu'il n'y a rien qui ne foit bon & veritable.

Rien n'eft fi fage & fi jufte que cet avis; mais rien n'eft plus humble ni plus: capable de confondre l'orgueil de ces efprits vains & préfomtueux qui croient pouvoir tout entendre par eux-mêmes,. ou qui fe flatent d'avoir toûjours l'esprit: d'intelligence pour pénétrer le vrai fens des endroits les plus difficiles; rien, disje, n'eft plus capable de les couvrir deconfufion, que ce que ce grand Saint: nous aprend enfuite de fa propre difpofi pion. Car cet efprit fi fublime & fi pé

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nétrant se mettant au rang des enfans & des difciples, ne rougit point d'avouer fon ignorance, & le befoin qu'il a de recourir à la lumiere de Dieu, & à l'autorité de l'Eglife pour avoir la vraie in telligence des Ecritures Penfez un piss mes freres, dit-il à fon peuple, qui je Juis pour entreprendre de vous entretenir fur l'Evangile, & quelles veritez je me fuis chargé de vous expliquer ; des veritez ton tes divines, n'étant qu'un homme ; des mifteres tout fpirituels, étant tout charnel; les fecrets de l'éternité, vivant dans un corps mortel. Loin de moi, mes chers fre-res, loin de moi toute vaine présomption, fi je veux conferver la fanté de mon ame dans la maifon de Dieu, qui eft l'Eglife de Disn vivant, la colomne & la base de la vérité. Fe reçois moi-même felon ma petite capacit ce que je vous prefente quand la verité s'ouvre à moi, je m'en nourris avec vous; quand elle fe ferme à mon efprit, je fraze avec vous à fa porte. Il frapoit à la porte, mes freres, quand la lumiere fui man-quoit: mais il ne croioit pas qu'elleshi manquâr quand il avoit celle de l'Eglife, qu'il regardoit comme la colomne & la bafe de la verité, comme le juge & l'interprete de la parole de Dieu, & dont

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il ne faifoit point difficulté de dire : Je ne croirois point à l'Evangile, fi l'au torité de l'Eglife Catholique ne m'y obligeoit.

En effet, d'où vient que d'un fi grand nombre d'Evangiles écrits par toutes. fortes de perfonnes, nous n'en reconnoiffons & n'en recevons que quatre pour veritables, finon parce que l'Eglife & la Tradition n'en ont jamais reconnu ni reçû davantage ? C'est l'Eglise comme juge de la Tradition qui en a fait le difcernement, & fon jugement doit être nôtre regle. Car feroit-ce reconnoître l'Eglife pour fa mere, fa mere, que de ne vouloir pas recevoir d'elle la nourriture? Si l'ancien & le Nouveau Teftament font comme les deux mamelles que nous devons fucer pour être nourris du lait des enfans, n'eft-ce pas au fein de L'Eglife que ces deux mamelles font atachées ? N'eft-ce pas à cette mere de les presenter à ses enfans, & non pas aux enfans de s'en vouloir rendre les juges. independamment de leur mere!

Une autre difpofition pour lire l'Evangile avec fruit, que nous pouvons encore tirer des paroles de S. Paul, c'est une grande eftime & un grand refpect

Aux

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pour les chofes mêmes qui paroiffent baffes ou petites aux yeux de la chair. Ceux qui les regardent des yeux de la foi, quand ils y étudient la juftice & la vie de la foi, difent avec faint Paul, qu'ils. n'ont garde de rougir de l'Evangile ;. parce que c'eft la vertu de Dieu pour le Rom.1. lut de tous ceux qui y croient. S. Paul en difant que c'est la vertu de Dien, dit par ce feul mot, tout ce qu'on peut dire de plus grand & de plus magnifique à l'avantage de ce Livre divin. Car il veut dire, que fi l'on confidere les veritez éternelles qui y font annoncées, c'eft: Dieu qui y parle, & qui y parle de Dieu, & qui y parle en Dieu; parce qu'il y parle en même tems d'une maniere digne de fa grandeur & de fa majefté infinie, & de la profondeur des misteres qu'il y annonce; & d'une maniere proportionnée à la petiteffe de ceux qu'il infruit, & à la differente capacité de ceux qui lifent ces oracles céléftes. Si on y confidere les faits déja paffez, dont la memoire y eft confervée, que peut-on trouver dans toutes les hiftoires qui aproche de celle-ci ? Un Dieu qui naît dans une crêche, & qui meurt fur une croix ; & en même tems un Dieu-homme, dont

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toute

toute la vie n'est qu'une fuite de miracles qui ne pouvoient être que l'effet d'une puiffance divine, & dont les humiliations, les fouffrances, & la mort ont encore paru plus puiffantes & plus miraculeuses fes miracles mêmes; que ceux-ci n'aiant prefque fait qu'endurcir les hommes qui paroiffoient les plus fages & les plus faints de fon peuple, & celles-là aiant même converti fes ennemis & fes bourreaux.

Quant aux chofes futures qui y font prédites par ce Dieu-homme, rien n'a jamais été en même tems ni fi croiable, ni fi incroiable. La deftruction de ce temple, de cette Ville, de ce peuple que Dieu avoit établi par tant de merveilles, & par la ruine de tant d'autres nations; l'établiffement d'un autre peuple qui devoit remplir toute la terre aprés avoir été formé par douze pêcheurs au milieu des perfecutions & d'un déluge de fang, & malgré toutes les puiffances de la terre, (ces merveilles déja acomplies étant fi vifibles, qu'elles fervent de garant pour ce qui refte encore à acomplir; le jugement univerfel de tous les hommes, qu'un Dieu crucifié N. T. Tome I.

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