vantoient d'être les enfans de Dieu ; . Jean. 8. Celui qui eft enfant de Dieu écoute les ра-, 47. roles de Dieu. C'est pour cela que vous

ne les écoutez point , parce que vous n'êtes point les enfans de Dien.

Ce n'est pas seulement l'iraclination des enfans de vouloir écouter leur pere, & être instruits de la bouche ; mais c'est un des droits du Pere sur ses enfans, de Dieu sur ses creatures, de s'en faire, écouter , quand il lui plaît , en la maniere & par l'organe de qui il lui plaît. Il s'en est montré jaloux dans tous les âges & dans tous les états de la Religion: & enfin dans le christianisme, ce droit est devolu , pour ainsi dire , à JESU SCHRIST comme Fils de Dieu par l'In- ' carnation , & comme le fondateur & le Prêtre universel de l'Eglise chrétienne. Dieu , dit faint Paul, dés l'entrée de l'Epître aux Hebreux , aiant autrefois parlé à nos peres en divers tems en difa

: ferentes manieres par les Prophetes , nous a parlé enfin en ce dernier âge par son Fils , qu'il a établi l heritier de toutes cho-, ses, par lequel il a fait les siecles.

L'Apôtre aiant là delle in de relever la grandeur & l'excellence de la Religion chrétienne par un éloge magnif

que , n'a pas cru le pouvoir commencer par rien de plus grand que cette parole : Que Dieu nous a parlé par son Fils , que c'est par le Seigneur même que le salut nous a été annoncé. C'est-àdire , que ce n'est ni par un Prophete , ni par aucun Ange que Dieu veur traiter avec nous, & nous faire entendre les volontez ; mais par son propre Fils.

; C'est lui qui est le grand Prophete de l'Eglise chrétienne , le Legislateur de la nouvelle loi, l'Ange de l'alliance éternelle , le Docteur de la justice , qui est venu lui-même en enfeigner à l'Eglise les voies, non en 'lui parlanit par des inspirations secretes, ou par des voix confuses , ou par des signes obscurs, ou par des figures enigmatiques, ou par des fonges misterieux ; mais en lui parlant lui-meme de sa propre bouche , comme un ami à fon ami, un frere à fon frere un pere à ses enfans, un maître à ses disciples.

Mais afin que cet avantage & ce bienfait ne fût pas seulement pour ceux qui l'ont vu de leurs yeux , & Pont enrendu de leurs oreilles durant les jours de sa chair, Dieu a trouvé moien de nous rendre presentes & la personne in.

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carnée de fon Fils avec tous les misteres de sa yie & de la mort , & ses instructions divines; la personne & son corps adorable dans le Saint Sacrement de l’Eucharistie , fa vie & ses paroles dans le sacrement des saints Evangiles , s'il m'est permis de parler ainsi. Et pourquoi ne le pourrois-je pas, en prenant le mot de Sacrement en general pour le ligne & le canal d'une chose sacrée, puisque rien n'est plus facré, ni plus salutaire que ce que Dieu a renfermé & caché sous le signe visible de la parole évangelique , &

que

les saints Peres n'ont pas fait difficulté de comparer l'un avec l'autre ces deux dons celestes que Dieu a faits à son Eglise ?

L'incomparable auteur du livre de l'Imitation de Jesus-CHRIST, fi éclairé de la science du falut, ne peut s'empêcher de declarer ouvertement la sainte passion de son coeur pour ces deux objets, dans son 4.livre chap.1.dont le titre eft : Que rica n'est plus necessaire à l'ame fi delle care le corps de Jesus-CHRIST, ja pa: ole. Je sens, dit ce faint homme, qu'il y a deux choses qui me font si cabfolument necesaires que je ne m'en faurois pafler, fans me rendre la vie tout-à-fait irj uportable, Renfermé

dans la prijon de ce corps , j'ai besoin de lumiere & de nourriture. Vous me donnee vôtre chair sacrée pour la nourriture de mon amie,

en même de mon corps, vous me donnez votre parole pour être la lampe qui éclaire mes pas. Non je ne pourroio vivre si ces deux chofes me manquoient : car vôtre parole eft la lumiere de mon ame , ole vôtre Sacrement of be pain dont elle vit.

On n'aura pas de peine à entrer dans les sentimens de cet excellent maître de la pieté chrétienne , si on considere

quc l'Evangile contient la science du Sauveur & du falut. Mais comme on ne sauroit bien connoître ni l'un ni l'autre si on ne connoît l'homme corrompu & sa corruption par le peché, on peut dire que l'Evangile est une vive image de ces deux hommes dans lesquels tout le genre humain eft renfermé, selon la doctrine

S. Au de S. Auguftin: Vt totum genus humanum quodammodo fint homines duo ,

primus e

au der. fecundus. Tout le genre humain est “nieroureduit à deux hommes, au premier &“ vrage au second. Tous ceux qui font nez du « contre

Julien, premier , font partie du premier ; &“ tous ceux qui sont regenerez dans le " C.163: fecond, apartiennent au (ccond. " Liv, de

ز

» C'est proprement dans la cause de ces

deux homines qu'est renfermée toute

la loi chrétienne , dit ailleurs le mêine » Saint : de ces deux hommes, par l'on desquels nous avons été vendus pour

ĉtre esclaves du peché, & dont l'autre „, nous a rachetez de la servitude de nos

pechez : par l'un précipitez dans la » mort , par l'autre delivrez pour jouir de la vie ;

le premier nous aiant perdus en lui-mêne en faisant sa propre volonté, au lieu de faire la volonté

de celui qui l'avoit créé ; le second », nous aiant sauvez en lui-même en fai

sant non sa volonté propre , mais la : volonté de celui qui l'avoit envoie.

Ce sont ces deux hommes que nous avons à étudier dans l'Evangile : l'Hoinme-Dieu,

anéanti

pour nous, ce grand objet de notre confiance & de notre amour ; l'homme pecheur , que nous portons en nous-même , & qui doit être le sujet de notre confusion, de nôtre crainte , & de- nôtre haine l'heriter de l'iniquité & de l'orgueil d'Adam.

Nous ne saurions ouvrir l'Evangile fans y trouver sous nos yeux le portrait de cet homme de peché, qui est le

comme