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«

ce juge, c'est la parole » même « que je vous ai annoncée, et qui le jugera au dernier jour, parce que je n'ai point parlé de moi-même,» par ma propre volonté, « mais le Père qui m'a envoyé m'a lui-mème commandé de parler et prescrit ce que je devais faire, et je sais que son commandement » conduit « à la vie éternelle. Ce que je dis, donc, je le dis comme mon Père me l'a dit, » et c'est lui-même qui vous parle par ma bouche.

D. COMPLOT DES JUIFS CONTRE JÉSUS-CHRIST. PACTE DE JUDAS. (Mt. xxvi, 3-5; Mr. xix, 1–2; L. xxii, 2-6.)

Depuis longtemps, « les Princes des Prêtres et les Docteurs de la loi cherchaient comment ils pourraient mettre à mort Jésus. » Déjà, ils avaient essayé plusieurs fois de lui tendre des piéges; mais Jésus, par sa sagesse, avait toujours su les éluder et les faire tourner à leur confusion. Il avait démasqué leur hypocrisie, s'était élevé avec force contre leur orgueil et leur endurcissement: le peuple commençait à ouvrir les yeux, à se détacher des loups ravissants, et à s'attacher à celui dont l'éloquence toute divine les remplissait d'admiration, dont la puissance surhumaine guérissait leurs maladies, dont l'ineffable bonté les attirait et gagnait tous les cœurs. La haine et la jalousie dévoraient, comme un ver rongeur, le cœur des Pharisiens, des chefs principaux de la Synagogue: ils comprenaient que si Jésus l'emportait sur eux, c'en était fait de leur autorité, de leur influence. Il fallait donc renverser cet obstacle et se délivrer de Jésus à tout prix; mais ils ne savaient trop de quelle manière s'y prendre. « Ils s'assemblaient donc, pour en délibérer, « avec les anciens de la nation dans le vestibule de la maison du grand-prêtre, appelé Caïphe. »

sermo quem locutus sum, ille judicabit eum in novissimo die. 49. Quia ego ex me ipso non sum locutus, sed qui misit me Pater, ipse mihi mandatum dedit quid dicam et quid loquar. 50. Et scio quia mandatum ejus vita æterna est. Quæ ergo ego loquor, sicut dixit mihi Pater, sic loquor. L. 2. Et quærebant principes sacerdotum et Scribæ, quomodo Jesum interficerent. congregati sunt principes sacerdotum, et seniores populi, in atrium principis sacerdotum, qui dicebatur Calphas,

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Mt. 3. Tunc

Nous avons déjà eu occasion de dire que le Sanhedrin, ou le Grand-Conseil des Juifs, était composé de trois chambres, de ving-trois membres chacune; celle des Prêtres, composée d'hommes choisis parmi les chefs des vingt-quatre familles sacerdotales, celle des Docteurs de la loi, et celle des Anciens, recrutée entre les personnages les plus considérables de la nation, en dehors des deux autres catégories. La loi religieuse et la loi civile ne faisant qu'un chez les Juifs, le Sanhedrin renfermait à la fois l'élément ecclésiastique et l'élément laïc, les théologiens et les jurisconsultes.

Le Sanhedrin était présidé par le grand-prêtre, qui avait le droit de le rassembler chez lui. D'après la loi de Moïse, il ne devait y avoir, à la fois, qu'un seul grand-prêtre, dont la dignité était à vie. Mais, à l'époque où nous sommes, cette dignité était entièrement tombée sous la dépendance des gouverneurs romains, et ceuxci ne se faisaient aucun scrupule de déposer le grandprêtre qui ne leur plaisait pas, pour y en substituer un autre, et de vendre même cette place au plus offrant, ce qui était, pour eux, un excellent revenu. Le Thalmud parle des boisseaux remplis de pièces d'argent, et même de pièces d'or, offert au gouverneur romain par les candidats de cette place, et chaque année, presque, voyait ainsi de nouveaux changements. D'après Josèphe (Arch. XVIII, 2) Ananus, le même qui est appelé Anne par les Evangélistes, fut substitué, par Quirinius au grand-prêtre Joasar; Valerius Gratus donna ensuite cette dignité à Eléazar, fils d'Ananus. Un an après, elle échut à Simon, fils de Kanith, auquel a succédé Joseph, surnommé Caïapha, ou Caïphe. Ce dernier posséda cette dignité sous Valerius Gratus et sous Ponce-Pilate, l'espace de dix années, ce qui était extraordinaire, pour ce temps-là, et ce qui indique, de la part de Caiphe, beaucoup de souplesse et d'habileté, pour se maintenir dans la faveur des gouverneurs ro

mains.

Rassemblés dans le palais de ce pontife, les synédristes « tinrent conseil pour se saisir de Jésus par

Mt. 4. Et consilium fecerunt ut Jesum dolo tenerent,

ruse, afin de le mettre à mort. » Ils n'osaient employer la violence ouverte, car ils redoutaient le peuple, » porté pour Jésus, « et ils disaient: Il ne faut pas que » cette exécution « ait lieu durant la fête, de peur qu'il ne se fasse un émeute. »

Les Juifs avaient coutume de garder les malfaiteurs condamnés à mort, et de différer leur exécution jusqu'à la fête solennelle la plus prochaine, afin d'inspirer une frayeur salutaire à la foule rassemblée à Jérusalem; mais la crainte d'une sédition de la part du peuple, et surtout, des partisans de Jésus, sédition qui n'aurait pas manqué de leur attirer, de la part des Romains, de nouvelles rigueurs, les engageait à remettre leurs projets de mort jusqu'après la fête de Pâques. Mais, la Providence en avait décidé autrement : il était arrêté, dans les desseins de Dieu, que Jésus, le nouvel Agneau pascal, serait immolé, pour le salut du monde, le jour même de Pâques. Un traître, sorti du cercle des amis intimes de Jésus, l'infâme Judas, poussé par l'enfer, offrit tout à coup, aux ennemis du Sauveur, au moment où ils s'y attendaient le moins, l'occasion si impatiemment attendue de satisfaire leur haine, en s'emparant de Jésus, et ils ne la laissèrent pas échapper.

« Or, Satan entra dans Judas, surnommé Iscariote, l'un des douze. Cet homme s'en alla trouver les Princes des prêtres » pour comploter sa trahison avec eux; « il leur dit : Que voulez-vous me donner, et je vous le livrerai. L'ayant écouté, ils furent pleins de joie : ils convinrent de lui donner trente sicles d'argent. » Le sicle ou sekel valait quatre dragmes attiques; le tout pouvait équivaloir à cent francs de notre monnaie. C'était, chez les Juifs, le prix ordinaire d'un esclave.

et occiderent. L. Timebant verò plebem. Mt. 5. Dicebant autem: non in die festo, ne fortè tumutus fieret in populo. L. 3. Intravit autem Satanas in Judam, qui cognominabatur Iscariotes, unum de duodecim. L. 4. Et abiit, et locutus est cum principibus sacerdotum et magistratibus, quemadmodum illum traderet eis. Mt. 45. Et ait illis Quid vultis mihi dare, et ego vobis eum tradam? At illi constituerunt ei triginta argenteos.

« Il leur engagea sa parole, et dès ce moment, il cherchait l'occasion de le leur livrer à l'insu du peuple. »

ENSEIGNEMENTS PRATIQUES.

Jo. xi. 20. « Parmi ceux qui étaient venus pour adorer en ces jours de fête, il se trouvait quelques Gentils.» - Première semence de l'Evangile parmi les Gentils.

v. 21. « Et ils le prièrent, disant: nous voudrions voir Jésus. » Les Gentils recherchent Jésus-Christ que les Juifs repoussent: mystère de la vocation des uns, de la réprobation des autres.

v. 24. « Si le grain de froment ne tombe en terre et n'y meurt, il demeure stérile: mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruits. » C'est au prix de sa mort que J.-C. doit renouveler le monde. Nous aussi, nous sommes le grain de froment, mais il faut que tout meure en nous, que l'homme de la chair et du péché, que l'homme des sens, des passions et de la concupiscence périsse, pour que l'homme intérieur se développe, et vive de la vie divine.

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v. 25. « Qui aime son âme, la perd. » L'amour aveugle et déréglé de soi-même, qui recherche ses aises, ses commodités, son plaisir, son repos, est l'ennemi le plus dangereux que nous ayons à craindre. C'est en mourant à soi-même, que l'on naît à la vie véritable; c'est en renonçant à tout, que l'on gagne tout. En renonçant à l'amour des créatures, l'âme trouve Dieu, qui est sa vie, son tout, ce qui lui tient lieu de tout. Qu'importe que le monde me méprise, si le Père céleste me reçoit dans sa gloire. Que m'importe de vivre ici-bas dans la pauvreté, les privations et l'indigence, si tous les trésors du ciel doivent être mon héri– tage. Qu'importe que le monde me repousse et me persécute, si J.-C. daigne m'accueillir au nombre de ses amis et de ses serviteurs.

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Si

Pour

v. 26. « Si quelqu'un me sert, mon Père l'honorera. » quelqu'un veut être mon serviteur, qu'il me suive. » rions-nous ne pas répondre à cette invitation de Jésus?... Lui, notre Roi, il marche le premier et à notre tête dans la voie douloureuse de la croix, il prend pour lui la tâche la plus rude. Qu'il fait bon servir un si bon maître! Pour quelques souffrances légères et passagères, il nous réserve un poids immense de gloire.

L. 6. Et spopondit. Et quærebat opportunitatem ut traderet illum sine turbis.

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v. 27. « Maintenant mon âme est troublée. » La nature répugne aux souffrances, mais la grâce triomphe de la nature. v. 28. « Mon Père, glorifiez votre nom. » Le but unique de la vie entière, de toutes les actions, de toutes les souffrances de Jésus-Christ et de sa mort même, c'est la gloire de son Père céleste et le salut des âmes. Tel doit être aussi le but de notre vie entière,

v. 31. « C'est maintenant que le monde va être jugé. » Le monde a condamné J.-C.; J.-C., à son tour, condamne et réprouve le monde.

v. 32. « Quand j'aurai été élevé, j'attirerai tout à moi. » — Nous avons maintenant sous les yeux l'accomplissement de cette étonnante prophétie. C'est la croix sur laquelle J.-C. est mort qui a dévoilé au monde les richesses ineffables de son amour pour les hommes. C'est là ce qui attire à lui les cœurs les plus rebelles.

v. 35. « Celui qui marche dans les ténèbres ne sait où il va. » Celui qui est privé des lumières de la foi erre au hasard et dans les ténèbres, ne connaissant ni le but vers lequel il doit tendre, ni le chemin qui y conduit.

v. 40. « Il a aveuglé leurs yeux et endurci leurs cœurs. » Dieu retire ses grâces à ceux qui le repoussent, ou qui en abusent, et ils tombent alors dans l'endurcissement. C'est le chàtiment le plus redoutable que Dieu puisse infliger à un pécheur. Malheur à celui qui vit dans une fausse et funeste sécurité sur son salut éternel; c'est par cela même qu'il ne tremble pas, qu'il a plus sujet de trembler.

PROJETS HOMILÉTIQUES.

A. SI NOUS SEMONS DANS LES LARMES, NOUS MOISSONNERONS DANS LA

JOIE.

I. Nous devons semer dans les larmes.

4) La vie de l'homme, comme celle de Jésus-Christ, est une semence pour l'éternité: « Granum frumenti cadens in terram; » elle doit être employée, consacrée tout entière à la gloire de Dieu et à mériter le ciel. 2) Pour cela, il faut que notre vie soit une mort continuelle: « Quotidiè morior » (1. Cor., xv, 34); il faut que le vieil homme meure en nous, par le renoncement à nous-mêmes : « Nisi granum frumenti, cadens in terram, mortuum fuerit. » 3) Cette mort spirituelle consiste, a) à renoncer, pour l'amour de Dieu, aux jouissances coupables ou dangereuses : « Qui amat animam suam perdet eam; » b) à réprimer ses passions, et à subordonner constamment sa volonté à la volonté divine : « Qui odit animam suam in hoc mundo; » c) à sacrifier même notre vie, s'il le faut, pour Jésus-Christ ou pour nos frères : « Qui odit cnimam suam. »

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