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dans la conscience. Indépendante des faveurs, supérieure aux disgrâces, toute passive qu'elle est, elle porte le noble caractère de la liberté. Celui-là est vraiment libre, qui ne craint que de déplaire à Dieu. Nous devons rendre aux hommes ce qui leur est dû, l'honneur, la justice, la charité; et à Dieu ce que nous lui devons, l'adoration, l'obéissance, l'amour. « Si me totum debeo pro me facto, quid addam jam pro refecto, et refecto hoc modo?... Qui me tantùm et semel dicendo (dixit et facta sunt), fecit in reficiendo perfecto, et dixit multa, et gessit mira, et pertulit dura et indigna. In primo opere me mihi dedit, in secundo, se.. Quid ergo retribuam Domino, pro omnibus quæ retribuit mihi? » (S. Aug.)

V. 22. « Cette réponse les remplit d'admiration, et, le quittant, ils s'en allèrent. » Rien de plus habile, et souvent de plus facile, que de confondre les ennemis de la vérité par leurs propres paroles. La ruse, pas plus que la violence, ne peut rien contre Jésus-Christ et son Eglise.

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B. Les Sadducéens confondus.

v. 23. « Le même jour, des Sadducéens, qui niaient la résurrection, vinrent à lui, et lui proposèrent cette question: Maître, Moïse a dit, etc... » Les objections les plus futiles suffisent pour affermir les ennemis de la foi dans leur incrédulité. Ils ne sont pas difficiles à cet égard. Ne cherchant qu'un prétexte pour ne pas croire, ils finissent bientòt par le trouver.

v. 29. « Jésus leur répondit: Vous vous trompez, ne comprenant ni les Ecritures, ni la puissance de Dieu. » - La plupart des objections des incrédules viennent de leur ignorance ét des fausses idées qu'ils se font du dogme catholique : il suffit, le plus souvent, pour les résoudre, de les ramener au catéchisme et d'exposer clairement la croyance de l'Eglise.

v. 30. « Après la résurrection, les hommes n'auront point de femmes, ni les femmes de maris; mais ils seront comme les anges de Dieu dans le ciel. » << Dans la vie future, l'homme sera renouvelé dans son corps et dans son âme ; il n'y aura plus rien en nous de corruptible. On sera comme les anges. sans aucune infirmité des sens, sans avoir besoin de les satisfaire. Dieu sera tout en tous (I Cor., xv, 28). — Commençons donc dès cette vie ce que nous ferons dans toute l'éternité. Commençons à nous détacher des sens, et à vivre selon cette partie divine et immortelle qui est en nous. Nous, qui vivons dans le célibat, puisque nous voulons dès à présent imiter les anges, soyons purs comme eux. Ne vivons que pour Dieu, et prenons tout comme en passant, sans y attacher notre cœur, lorsqu'on le possède, ni se troubler quand on le perd; car le temps de jouir des biens de la

terre est court; ce n'est qu'un moment, et ce n'est pas la peine de s'y arrêter.» (Bossuet.)

C. Le plus grand des commandements.

v. 35, 36. « L'un d'eux, docteur de la loi, lui demanda pour le tenter: Maître, quel est le plus grand commandement de la loi? » Un cœur simple et droit ne chicane pas sur le plus ou moins d'importance d'un précepte: tous les commandements de Dieu sont saints pour lui. Il lui suffit qu'il sache qu'une action déplait à Dieu, pour qu'il évite à tout prix de la faire.

v. 37. « Jésus lui dit : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. C'est là le plus grand et le premier commandement. » Le précepte de l'amour de Dieu est, 1) le premier des commandements. a) C'est le plus ancien: il a commencé avec la création du premier homme. b) Il renferme tous les autres commandements, comme l'arbre tout entier est renfermé dans le germe, dans la racine. Celui qui aime Dieu fait nécessairement sa volonté. Toutes les vertus sont les fleurs de l'amour divin. c) Il est pour la vie spirituelle, ce que la sève est pour la vie végétale, ce que le sang est pour la vie animale. On ne peut observer aucun commandement sans observer celui-là.

C'est, 2) le plus grand des commandements. a) Par sa dignité. Il nous élève jusqu'à Dieu, jusqu'à la possession du souverain Bien. « Dieu est amour; et quiconque demeure dans l'amour demeure en Dieu, et Dieu en lui » (1, Jo., Iv, 16). b) Par sa nécessité. Ce précepte oblige pour tous les temps, pour tous les lieux, pour toutes les circonstances; c) par sa durée. La foi doit faire place à la claire vue, l'espérance à la jouissance..., la charité ne cessera jamais... C'est une dette toujours acquittée, jamais soldée; d) par son objet, qui est Dieu même, l'Etre infini, le souverain Bien. La raison d'aimer Dieu, c'est Dieu lui-même,

Mais en quoi consiste le précepte d'aimer Dieu? — Pesons-en tous les mots. a) « Diliges, tu aimeras. » Dieu est amour, et il demande l'amour. Est-il donc nécessaire que Dieu nous commande de l'aimer? ne nous suffit-il pas qu'il veuille bien le permettre? Aimer la bonté, la beauté par essence..., voilà, il faut l'avouer, un commandement bien doux et bien facile. Tu aimeras, b)« Dominum, le Seigneur; » le Maître du ciel et de la terre, ton Créateur, ton Père, ton Rédempteur, ton Rémunérateur; c) « Deum, Dieu, » l'Etre infini, celui qui seul peut combler tes désirs, étancher la soif insatiable de bonheur qui te dévore; d) « Deum tuum, ton Dieu, » un Dieu qui s'est donné à toi, qui s'est sacrifié pour toi, la fin dernière vers laquelle tu dois nécessairement tendre, et pour laquelle seule tu as été créé.

Et comment dois-tu l'aimer? e) « Ex toto corde tuo, de tout ton cœur, » c'est-à-dire, en lui consacrant tout ton amour, en le préférant à toutes choses, en l'aimant sans partage; « Ex totâ animâ tuâ, de toute ton âme, » c'est-à-dire, n'ayant d'autre désir et d'autre but que de lui plaire et de procurer sa gloire, ne connaissant d'autre joie que de faire sa volonté, d'autre douleur que de le voir offensé; g) « Ex totâ mente tuâ, de tout ton esprit, » c'est-à-dire, l'ayant toujours présent dans ta mémoire, et lui consacrant toutes les pensées; t'appliquant à croître sans cesse dans sa connaissance et dans son amour; h) « Ex totâ virtute tua, de toutes tes forces, » c'est-à-dire, lui dévouant toutes tes actions, toutes tes facultés, ta vie toute entière.

v. 39. « Le second est semblable à celui-là: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » 1) Sans l'amour du prochain, point de véritable amour de Dieu. a) Celui-là n'aime pas Dieu, qui ne fait pas ce que Dieu lui a commandé ; or,

Dieu nous

a commandé l'amour du prochain. b) Celui-là n'aime pas Dieu, qui n'aime pas ce que Dieu aime. Qui aime le père, aime les enfants; qui aime Dieu, aime l'image de Dieu.-2) Sans l'amour de Dieu, point de véritable amour du prochain. Sans l'amour de Dieu, l'amour du prochain a) n'est pas méritoire il manque ce qui fait le mérite de toutes nos œuvres, l'intention de plaire à Dieu; b) n'est pas universel: on n'aime que ceux qui nous aiment..., ou qui nous sont utiles... ; c) n'est pas sincère: la bienfaisance, l'humanité des philantropes n'est que sur leurs lèvres..; il y a grand étalage de paroles, et peu d'effet; d) n'est pas actif. L'amour ne reste pas oisif: « Celui qui possède les richesses de ce monde et qui, voyant son frère dans la détresse, lui ferme son cœur et ses entrailles, comment aurait-il en soi l'amour de Dieu! Mes petits enfants, n'aimons ni de parole, ni de langue, mais par les œuvres et en vérité. » (1, Jo., ш, 17, 18). e) N'est pas persévérant. Sans le feu de l'amour de Dieu, l'amour du prochain ne tarde pas à s'attiédir et à s'éteindre.

Divinité de Jésus-Christ.

v. 41. « Les Pharisiens étant rassemblés, Jésus leur fit eette question: Que vous semble du Christ? De qui est-il le fils? » Après le premier des préceptes, le premier des dogmes. - Le mystère de la divinité de Jésus-Christ, a) révélé par David b) caché aux Pharisiens, c) confirmé par Jésus-Christ, d) clairement révélé pour nous.

C'est par la connaissance de Jésus-Christ et de sa divinité que nous parvenons à l'amour de Dieu. C'est en Jésus-Christ s'incarnant et mourant pour nous sur la croix, que l'amour de Dieu pour l'homme s'est manifesté dans tout son éclat. Avant

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S CV. LE DENIER DE CÉSAR. 17 Jésus-Christ, l'amour de Dieu était un sentiment à peu près inconnu chez les Juifs, totalement inconnu chez les Gentils. Aristote ne croit pas possible que nous puissions aimer un être que nous ne pouvons pas voir. Le règne de Jésus-Christ est un règne d'amour. L'amour est l'essence du christianisme. Il sort de l'amour, il consiste dans l'amour, il inspire et commande l'amour, il se consomme dans l'amour.

PROJETS HOMILÉTIQUES.

A. LES PHARISIENS ET JÉSUS-CHRIST.

I. Malice diabolique des Pharisiens.

4) Ils affectent un grand zèle pour la vérité et la justice : « Miserunt insidiatores qui se justos simularent. » (L. 20); et au fond du cœur, ils ne roulent que des pensées de haine et d'homicide : « Ut traderent illum principatui et potestati præsidis. » 2) Les sectes les plus hostiles et les plus inconciliables se réunissent, dès qu'il s'agit de perdre Jésus-Christ, et de rendre leurs embûches plus inévitables : a Miserunt discipulos suos cum Herodianis. » 3) Tandis que leur cœur est rempli de fiel, leur langue est pleine de flatteries; leurs lèvres hypocrites et mensongères osent louer, pour les faire arriver à leurs desseins criminels, la droiture et la sincérité de Jésus : « Magister scimus quia verax es, et viam Dei in veritate doces, etc. » — Ils proposent à Jésus une question dangereuse et brûlante, qui, suivant eux, ne peut manquer de le perdre, soit auprès des Romains, soit auprès du peuple « Dic nobis quid tibi videtur, licet censum dare Cæsari, an non?-Leurs mesures sont si bien prises, que Jésus ne peut échapper. Ayons en horreur l'hypocrisie, la méchanceté, la flatterie, la fausseté..., des prétendus habiles du monde.

II. Sagesse toute divine de Jésus-Christ.

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4) Rien n'échappe à son regard; il pénètre le fond des cœurs et le masque de l'hypocrisie tombe devant lui : « Cognitá nequitia eorum, dixit eis: Quid me tentatis, hypocritæ? » 2) Il déjoue les piéges de ses ennemis, les tourne contre eux-mêmes, et les confond par leur propre bouche : « Ait illis: Cujus imago hæc et circumscriptio? Dicunt ei, Cæsaris. » 3) Il fait connaître, à la fois, les devoirs des peuples envers le souverain, et les devoirs des fidèles à l'égard de Dieu : « Reddite quæ sunt Cæsaris, Cæsari, et quæ sunt Dei, Deo. » force ses ennemis au silence et à l'admiration : « Audientes, mirati sunt, et relicto eo, abierunt. »> La véritable sagesse, et la véritable habileté, c'est la simplicité et la droiture.

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B. NATURE DE LA SOUVERAINETÉ.

4) II

NOS DEVOIRS ENVERS ELLE.

I. Nature de la souveraineté.

4) Elle est nécessaire: a) sans elle, sans un gouvernement quelconque, aucune société ne pourrait subsister: il n'y aurait aucune

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sécurité pour les personnes, pour la propriété, aucun ordre, aucune paix : « Übi non est gubernator, populus corruet. » (Prov., x1, 14). - by A minori. Que deviendrait une maison sans chef, un navire sans pilote, une armée sans général? 2) Elle vient de Dieu : a) « Non est potestas, nisi à Deo » (Rom., XIII, 4)... « Per me reges regnant (Prov., vIII, 15). « Ipse confert regna, atque constituit » (Deut., II, 24). 6) Même les mauvais princes viennent de Dieu, qui dirige tout par sa providence: « Qui regnare facit hominem hypocritam, propter peccata populi » (Job., xxxiv, 30).—c) Ce sans quoi la société ne saurait subsister, vient de Dieu, qui a créé l'homme pour la société. 3) Elle est responsable devant Dieu, et soumise à son jugement. C'est ce que déclarent ouvertement les Livres saints: « Judicium durissimum his qui præsunt fiet » (Sap. vi, 6. Voy. 11, Par. xix, 6). - b) Leurs principaux devoirs sont: aa) de remplir leur charge avec application, sagesse, prudence, sans se laisser guider par la passion; bb) de protéger la religion; cc) de maintenir la paix et la sécurité; dd) de chercher tout ce qui peut contribuer au bonheur, à la prospérité du pays; ee) de combattre le mal, réprimer les méchants, les désordres, etc.; ff) de donner bon exemple; gg) de favoriser la religion, autant qu'il dépend d'eux.

II. Devoirs des sujets envers leur souverain.

Ils lui doivent :

a

1) Le respect. Il tient la place de Dieu : « Time Dominum, mi fili, et Regem (Prov., xxiv, 21). Dei enim minister est tibi in bonum (Rom., xiii, 4). Reddite omnibus debita..., cui honorem, honorem. »

2) L'amour: il est le bienfaiteur et le père de toute la nation, se dévouant à procurer le bien-être de la grande famille que Dieu lui a confiée.

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3) L'obéissance: comment sans cela, pourrait-il maintenir l'ordre et faire régner la justice? « Obedite præpositis vestris et subjacete eis » (Rom., XIII, 7). « Subditi estote, non solùm propter iram, sed etiam propter conscientiam » Rom., XIII, 5). Il n'y a qu'une exception à l'obéissance qui est due au prince, c'est quand il commande ce que Dieu défend. De même qu'on ne doit pas obéir au gouverneur contre les ordres du roi, on ne doit pas obéir à ce dernier contre les ordres de Dieu, qui est le premier et le souverain Roi d'où tous les autres relèvent. C'est le cas de dire alors avec les Apôtres : « Obedire oportet Deo magis quam hominibus » (Act. Ap., v. 29).

4) Le tribut: « Reddite omnibus debitum.., cui tributum, tributum ; cui vectigal, vectigal » (Rom., XIII). La raison en est que tout l'état doit contribuer aux nécessités publiques auxquelles le prince doit pourvoir, chacun donnant au prince une petite partie de son bien, afin qu'il puisse sauver le tout.

5) La fidélité

(Rom., xiii, 2).

Qui resistit potestati, Dei ordinationi resistit »

6) La prière : « Obsecro.... fieri orationes..... pro regibus et omnibus qui in potestate sunt, ut quietam et tranquillam vitam agamus. Hoc enim bonum es» (1. Tim., II, 4-3).

«Christianus nullius est hostis, nedum Imperatoris: quem sciens à

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