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temps que leur sang coule dans vos veines, votre âme est bien faite à leur image, et vous n'êtes pas moins persécuteurs acharnés des envoyés de Dieu qu'ils le furent eux-mêmes autrefois, « Achevez donc de combler la mesure de vos pères, » en portant vos mains impies et altérées de sang, non seulement sur les prophètes inspirés et envoyés de Dieu, mais sur le Fils unique de Dieu luimême, sur celui qui vous parle en ce moment, dont je sais que vous conjurez maintenant la mort. « Serpents, races de vipère, comment échapperez-vous au jugement de la géhenne, » de la vallée de feu, à la damnation éternelle qui vous attend? « Voilà que » moi qui suis le Messie, le Fils unique de Dieu, « je vous envoie des prophètes, des sages et des docteurs. » des apôtres, chargés de vous annoncer la bonne nouvelle du salut, et, marchant sur les traces de vos pères, au lieu d'écouter leur parole, de vous convertir et de recevoir les grâces qui vous sont offertes, « vous tuerez et crucifierez les uns, vous flagellerez les autres dans vos synagogues, vous les poursuivrez de ville en ville, afin que sur vous retombe tout le sang innocent qui a été répandu sur la terre, depuis le sang d'Abel le juste, jusqu'au sang de Zacharie, fils de Barachias (c), que vous avez tué entre le temple et l'autel, » que le roi Jonas fit lapider dans le parvis du temple (Voy. II. Paral., XXI, 20). « Je vous le dis, en vérité, tout cela va retomber sur la génération actuelle; » elle a comblé la mesure arrêtée par la justice divine, et elle portera le fardeau et de ses propres crimes et de ceux de ses pères (d).

32. Et vos implete mensuram patrum vestrorum. 33. Serpentes, genimina viperarum, quomodo fugietis a judicio gehennæ ? - 34. Ideo ecce ego mitto ad vos prophetas, et sapientes, et scribas, et ex illis occidetis, et crucifigetis, et ex eis flagellabitis in synagogis vestris, et persequemini de civitate in civitatem : 35. Ut veniat super vos omnis sanguis justus qui effusus est super terram, à sanguine Abel justi usque ad sanguinem Zachariæ, filii Barachiæ, quem Dccidistis inter templum et altare. 36. Amen dico vobis, venient

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hæc omnia super generationem istam.

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(c) Autrement nommé Joïda ou Joad (il n'était pas extraordinaire chez les Juifs de porter deux noms).

(a) « Ratione unitatis istius, quâ unus est populus, et in quo posteri sunt aliquid majorum et majores aliquid posterorum, fit ut facta majorum filiis impu

« Jérusalem, Jérusalem, » ville sainte, ville autrefois privilégiée et chérie de Dieu, « toi qui,» en retour de tant de miséricorde et d'amour, « tues les prophètes et lapides ceux qui sont envoyés vers toi, que de fois n'ai-je pas voulu,» avec une tendresse ineffable « ramener tes enfants » vers Dieu et vers le salut, « comme la poule » inquiète « rassemble ses petits sous ses ailes, afin de les dérober au danger qui les menace? « et toi, » dans ton endurcissement obstiné, « tu ne l'as pas voulu! » Tous les efforts de mon amour ont été inutiles; tu as opiniâtrement repoussé toutes mes avances, tu m'as repoussé moi-même, et tu es prête à crucifier ton Sauveur et ton Dieu. Rien ne peut plus, maintenant, arrêter la malédiction divine qui va tomber sur toi. O habitants aveugles et endurcis de cette ville malheureuse, « voilà que s'approche le temps où votre demeure sera déserte, » où votre ville toute entière, ravagée par le fer et le feu, ne présentera plus qu'un amas de ruines et de décombres. « Car je vous le dis en vérité, vous ne me verrez plus désormais,» moi, par qui seul vous pouvez être sauvés; je serai pour vous un étranger, je ne serai plus là pour vous défendre, pour vous protéger, pour vous éclairer et vous conduire au salut. « jusqu'à ce que,» à la fin des temps, vous me reconnaissiez enfin pour le Messie rédempteur prédit par les prophètes, « et que vous disiez » à votre tour : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. » Ces paroles de Jésus-Christ renferment donc à la fois

37. Jerusalem, Jerusalem, quæ occidis prophetas, et lapidas eos qui ad te missi sunt, quoties volui congregare filios tuos, quemadmodum gallina congregat pullos suos sub alas, et noluisti! 38. Ecce relinquetur vobis domus vestra deserta. 39. Dico enim vobis, non me videbitis amodo, donec dicatis: Benedictus qui venit in nomine Domini.

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tentur imo in illis non solùm à Deo, sed et ab hominibus compensentur, sivè in bonum, sivè in malum. Et hinc est quod Amalecile exciduntur propter facta parentum à quadringentis annis perpetrata... hoc autem non semper, sed tunc fieri solet, quando filii peccata majorum imitantur, et itâ complent mensuram ab illis inchoatam: tunc enim excidium à perverså natione promeritum in illam quidem cadit, sed in posteris illius nationis exercetur. » Jansen. (Vid. Aug., cont. Adim. 7).

la prédiction de la ruine de Jérusalem, de la réprobation des Juifs et de leur conversion future à la fin des temps.

B. LE DENIER DE LA VEUVE.

Après ce discours, et avant de sortir du temple, « Jésus, assis à proximité du tronc (a) » destiné à recevoir les offrandes des Juifs pour l'entretien du temple et le culte du Seigneur, « regardait la foule jeter son argent dans ce tronc. Il y vit des riches qui y déposaient de grandes offrandes; après eux, il remarqua une pauvre veuve qui y mit deux pièces de monnaie (b) de cuivre,

Mr. XII. 44. Et sedens Jesus contra gazophylacium, aspiciebat quomodò turba jactaret æs in gazophylacium, et multi divites jactabant multa. 42. Cùm venisset autem vidua una pauper misit duo

minuta,

(a) Les troncs placés dans le temple pour recevoir les offrandes s'appelaient trompettes, à cause de leur forme. Il y en avait treize, d'après le nombre des rideaux, des portes du temple, des lieux consacrés à la prière, et des tables du sanctuaire. Chacun avait sa destination particulière. L'un était destiné à recevoir l'impôt de l'année, l'autre les arrérages, uu troisième l'argent avec lequel on payait les colombes pour les sacrifices: c'était là les trois grandes bottes que l'on ouvrait seulement aux trois grandes fêtes de l'année. Il y avait des troncs particuliers pour les autres oiseaux, pour le bois du temple, pour l'encens. Le septième était la cassette d'or, où l'on déposait les pièces d'or que l'on vouait à Dieu. Le huitième était consacré aux frais des sacrifices expiatoires, le neuvième à la purification des souillures légales et involontaires, le dixième pour les femmes en couche, ou qui avaient un flux de sang. Puis, il y avait la boîte des Nazaréens, celle des lépreux et celle des dons volontaires pour les holocaustes. Une inscription indiquait la destination particulière de ces boîtes; chacune aussi portait son numéro en grec et en hébreu. Ces dix dernières étaient ouvertes tous les mois. Toutes ces boîtes étaient dans le portique des femmes, où il y avait, d'ailleurs, des siéges pour ceux qui voulaient s'asseoir (Sepp).

(b) L'écu juif s'appelait stater, ou séckel; il valait quatre dragmes ou deniers. Un denier était le prix ordinaire d'une journée de travail, et contenait 6 mea, 12 pondion, 24 as, 48 musmes, 95 quadrants et 192 pruta. Ces noms indiquent qu'il y avait en Palestine des monnaies juives, grecques et romaines, suivant le mélange des diverses populations. Les impôts les plus anciens, ceux qui existaient avant la domination des Romains, sont évalués d'après la monnaie grecque, comme par exemple l'impôt du temple. C'était sur le pied de cette monnaie que l'on payait les offrandes. Mais, dans le commerce journalier et pour les impôts les plus récents, ou ceux que l'on payait aux Romains, on comptait d'après la monnaie romaine par as et deniers. Lorsque l'on considère les données éparses, çà et là dans les Evangélistes, on ne peut s'empêcher d'admirer l'exactitude minutieuse des Evangélistes en tout ce qui concerne les monnaies : c'est une preuve manifeste que ces livres divins ont été écrits lorsque le peuple juif jouissait encore de sa nationalité, mais était sur le point de la perdre, et qu'ils ont pour auteurs des hommes qui ont vécu au milieu de ces rapports et de ces circonstances (Sepp).

qui valaient chacune le quart d'un as, » ou d'un sou, « et faisant approcher ses disciples, il leur dit : En vérité, je vous le déclare, cette pauvre veuve, avec une chétive offrande, « a plus donné que tous ceux qui ont mis avant elle dans le tronc; car tous les autres ont donné de leur abondance, » de leur superflu, « mais celle-ci à donné de son indigence même; elle a donné tout ce qu'elle possédait, tout ce qu'elle avait pour vivre. »

ENSEIGNEMENTS PRATIQUES.

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Mt. XXIII. v. 1-3. « Les Scribes et les Pharisiens sont assis sur la chaire de Moïse. Observez donc et faites tout ce qu'ils vous disent, mais n'imitez pas leurs œuvres, car ils disent et ne font pas. » — Malheur au prédicateur dont la conduite contredit la doctrine, et qui ne fait pas lui même ce qu'il enseigne ! Sa prédication produira peu de fruits, car l'exemple fait plus sur les auditeurs que les beaux discours. Nous devons, malgré cela, respecter l'autorité du saint ministère, même en ceux qui en seraient indignes, et honorer Dieu dans leur personne. La parole de Dieu est toujours la parole de Dieu, de quelque bouche qu'elle sorte; nous devons prendre le bien où il se trouve, et laisser le mal. Ne discutons pas, sans nécessité, la vie du pasteur; ne l'approuvons pas, si elle est déréglée; contentons-nous d'en gémir devant Dieu, et ne nous en autorisons pas pour justifier nos propres désordres.

v. 4. « Ils chargent les épaules des autres de fardeaux pesants, impossibles à porter, et qu'eux ne veulent pas même remuer du doigt. » La véritable piété est sévère pour elle-même, indulgente pour les autres. Les directeurs des âmes les plus sévères ne sont pas toujours les guides les plus sûrs; on connaît le rigorisme des jansénistes. Les pasteurs des âmes doivent user de ménagements envers les nouveaux convertis, les chrétiens encore faibles, les traiter avec douceur et une charité compatissante, ne pas éteindre la mêche qui fume encore, et les accoutumer peu à peu à porter le joug de Jésus-Christ. Il faut éviter une morale trop sévère et une morale trop relâchée. personne ne compte parmi les lourds fardeaux l'exacte obser

Que

quod est quadrans. 43. Et convocans discipulos suos, ait illis : Amen dico vobis, quoniam vidua hæc pauper plus omnibus misit, qui miserunt in gazophylacium. 44. Omnes enim ex eo quod abundabat illis, miserunt, hæc vero de penuriâ suâ omnia quæ habuit misit, totum victum suum.

vance des préceptes évangéliques : « Jugum Christi suave est, et onus leve. Alia sarcina pondus habet, Christi sarcina pennas habet. Alia sarcina premit te, Christi sarcina sublevat te. Omnia fiunt levia charitate, cui uni Christi sarcina levis est. » (S. Aug.)

v. « Ils font toutes les œuvres, pour être vus des hommes. » Le pasteur doit donner bon exemple pour édifier son troupeau, non pour s'attirer l'estime des hommes. Qui ne travaille que pour ce but futile n'a rien à attendre de Dieu, que la punition de sa vanité. Poison de la vanité, poison subtil, qui se recueille sur la fleur des plus belles vertus, qu'aperçoit à peine celui qui en est atteint; poison perfide et mortel qui change en vice la vertu, et en péché les œuvres les plus saintes!

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« Ils portent de plus larges phylactères et des franges plus longues. » Les Pharisiens affectaient dans les habits la propreté, l'élégance, l'amplitude et la magnificence. Qu'il serait déplorable de voir le même ridicule, la même petitesse se renouveler parmi les ministres d'un Dieu qui ne prêche que l'humilité et le détachement de toutes choses! Pourrait-on concilier avec la gravité de leur caractère ce que l'on condamnerait dans une femme chrétienne?

v. 6. « Ils aiment les premières places dans les festins, et les premiers siéges dans les synagogues?»- La vanité se repaît des plus futiles distinctions. On peut prendre la première place quand elle est due au rang et à la dignité, ou quand la civilité vous la défère; mais on ne doit jamais la rechercher, s'y placer par amour pour la préférence.

v. 8. « Pour vous, ne veuillez point être appelés maîtres, car vous n'avez qu'un maître, et nous sommes tous frères. » Aux yeux de la foi, toutes les distinctions disparaissent et s'évanouissent devant Dieu, à qui seul appartient l'honneur et la gloire. Accordons volontiers aux autres les titres honorifiques qui sont dus à leur dignité, à leur position, à leur mérite; mais ne les recherchons pas pour nous-mêmes, n'y attachons aucune importance, ne soyons pas ce que Tertullien appelait des << animaux de gloire; » et ne perdons jamais de vue notre néant, notre indigence et notre misère personnelle. « Car vous n'avez qu'un maître, le Christ. » Notre véritable Maître, notre véritable Docteur, c'est Jésus-Christ, c'est le Verbe divin; c'est lui qui est « la lumière véritable, qui éclaire tout homme venant en ce monde; » il nous parle par la voix de l'Eglise, celle de notre pasteur, celle de notre conscience et l'inspiration secrète de la grâce. «Parlez, Seigneur, votre serviteur écoute: Justificationes tuas doce me. Da mihi intellectum, ut discam mandata tua. »

v. 11. « Le plus grand, parmi vous, sera votre serviteur. » —

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