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que vous avez souffert tous ces tourments... Et moi, je ne puis rien souffrir pour expier mes crimes..., mes plaisirs criminels....

« Ils lui jettent sur les épaules un manteau; ils tressent une couronne d'épines, la lui placent sur la tête; ils lui mettent un roseau dans les mains, et se prosternent, en disant : Salut, Roi des Juifs.» Oui, Jésus est mon Roi, le Roi de l'univers; le Roi du dévouement et de l'amour, qui donne sa vie pour ses sujets... Sa couronne d'épines est plus glorieuse que toutes les couronnes d'or et de perles qui brillent sur la tête des rois de la terre. Son manteau royal, rougi de son sang, fait pâlir la pourpre des rois. Son sceptre de roseau brisera le sceptre de fer de ses ennemis, et bientôt, il verra tout l'univers à ses pieds.

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v. 5. « Jésus parut donc, portant la couronne d'épines et le manteau de pourpre, et Pilate leur dit : Voilà l'homme! » « Ecce homo! » Ō pécheur, voilà l'homme, tel que l'ont fait tes péchés! C'est un ver de terre, plutôt qu'un homme... « Vermis, et non homo... » Vois à quel degré d'abjection l'a réduit l'amour qu'il a pour toi !... Voilà l'homme que nous devons prendre pour modèle, sur les traces duquel nous devons marcher..., si nous voulons partager l'héritage des enfants de Dieu !... O chrétien, lui ressembles-tu? C'est l'homme de douleur..., et tu es l'homme de la sensualité et des plaisirs... ; c'est l'homme au comble de l'humiliation..., et tu es bouffi d'orgueil. Avec sa couronne d'épines et son sceptre de roseau, ce n'en est pas moins le Roi de l'univers et de tous les siècles; ce n'en est pas moins notre Roi... Sommes-nous ses fidèles sujets?... N'attendons pas, pour le reconnaître, qu'il descende sur les nuées du ciel pour nous juger...

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« Les Juifs se mirent à crier : Si vous le délivrez, vous n'êtes pas l'ami de César. » « Quiconque voudra être l'ami de ce monde, deviendra l'ennemi de Dieu. » Jac. Iv, 4. On ne peut servir deux maîtres.

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« Pilate dit aux Juifs: Voilà votre Roi. Mais eux, criaient : Qu'il meure, qu'il meure, crucifiez-le. Nous n'avons d'autre Ro que César. Les aveugles, ils préférent le joug honteux d'un empereur païen à celui de leur Roi véritable et légitime, de leur Messie libérateur, que leur promettaient depuis si longtemps les prophètes... Ainsi le pécheur préfère au joug paternel de Dieu, le joug de fer de Satan...; à l'exemple des Juifs, il s'écrie : Je ne veux d'autre Roi que le démon de l'avarice ou de l'impureté... Quant à Jésus, qu'il meure, qu'il soit crucifié... Ils connaîtront un jour, à leurs dépens, le Maître qu'ils ont choisi, qu'ils ont préféré à Dieu... Dieu, à son tour, les reniera, les repoussera... « Discedite à me, maledicti. »

«Pilate... se fit apporter de l'eau, et se lavant les mains,

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devant le peuple, il dit: Je suis innocent du sang de ce juste à vous d'en répondre. » Pilate a beau se laver les mains; la tache de sang qui s'y est imprimée ne s'effacera pas. On peut essayer de sauver les apparences devant les hommes: on ne peut tromper Dieu, qui pénètre les cœurs.

«Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants. » Terrible malédiction, qui ne s'est que trop littéralement accomplie sur le peuple malheureux qui l'a proférée...! Ne jouons pas avec la justice divine: elle nous atteindra tôt ou tard. « Deus non irridetur. » Gardons-nous des imprécations; Dieu permet souvent qu'elles portent coup. « Maledictio matris eradicat lundamenta.» (Eccl. m.)

Le pécheur qui pèche de propos délibéré dit, comme les Juifs : «Que le sang de Jésus-Christ retombe sur moi. » C'est une chose terrible, que d'être coupable du sang de Jésus-Christ... C'est le sort du sacrilége : « Quiconque mangera ce pain, ou boira le sang de Jésus-Christ indignement, sera coupable du corps et du sang du Seigneur. » (I. Cor. x1, 27.) « Qué l'homme donc s'éprouve soi-même. » (29.)

PROJETS HOMILÉTIQUES.

A. FLAGELLATION ET COURONNEMENT D'ÉPINES.

I. Flagellation.

1) Sa nature. Flagellation: a) inique, puisque le juge reconnaît l'innocence de celui qu'il condamne : « Nullam causam mortis invenio in eo corripiam ergo illum, et dimittam; » b) ignominieuse; c'était le supplice des esclaves. Jésus est dépouillé de ses vêtements devant une foule grossière : « Congregaverunt ad eum universam cohortem, et exuentes eum, etc.; » c) cruelle, si l'on considère aa) les instruments dont se servent les bourreaux, les fouets armés de balles de plomb, etc.: « Flagellavit; » bb) la barbarie des soldats romains, plein de mépris pour les Juifs..., soudoyés par les Pharisiens..., excités par l'enfer; cc) la complexion délicate du corps de Jésus; dd) la multitude des coups donnés sans mesure, pour forcer Jésus à un aveu de culpabilité impossible de sa part...

2) Vertus dont Jésus nous offre l'admirable exemple, durant la flagellation: a) Son amour pour les hommes, qui l'engage à prendre sur lui-même le châtiment que nous avons mérité, qui lui fait supporter des tourments si cruels pour notre salut: « Attritus est propter scelera nostra; » b) Son humilitè, qui lui fait accepter ie supplice infamant des esclaves: Vidimus eum despectum, et novissimum virorum. » c) Sa patience inaltérable, au milieu des tourments : « Tanquam gigas imperterritus stetit » (Laur. Justin.). « Patientiam hujusmodi nemo hominum perpetraret » (Tertul.). d) Sa soumission complète, empressée, joyeuse, à la volonté de son Père : « Consuisti saccum meum et circumdedisti me lætitia. »

II. Le couronnement d'épines.

4) Nature de ce supplice: a) barbare; la tête, le siége des muscles, les nerfs, etc., percés de longues épines: « Plectentes coronam de spinis, posuerunt super caput ejus; » b) ignominieux... Jésus est traité comme un roi de théâtre par une vile soldatesque : « Illudebant ei, dicentes: Ave rex Judæorum; c) brutal; on fait subir à Jésus-Christ les derniers outrages, on couvre sa face divine d'ignobles crachats, etc: Et ex puentes in eum, dabant ei alapas, et percutiebant caput ejus arundine. »

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2) Mystères qu'il renferme. a) Jésus est bien véritablement le Roi du ciel et de la terre : « Ave rex Judæorum; » b) sa couronne est une couronne d'épines... C'est par la croix qu'il triomphe et qu'il établit son royaume : « Plectentes coronam de spinis, posuerunt super caput ejus. » La couronne des élus doit être aussi une couronne d'épines. Lâches que nous sommes, nous nous couronnons de roses, et laissons les épines à Jésus-Christ : « Non agnosco sub spinoso capite membrum delicatum. » c) Il est couvert d'un manteau d'écarlate : « Chlamydem coccineam circumdederunt ei; » symbole du sang qu'il a versé; c'est le Roi des martyrs; d) on lui donne pour sceptre un roseau : « Et arundinem in dextera ejus. » La faiblesse apparente de Jésus-Christ est plus forte que toute la puissance humaine. Le royaume de Jésus-Christ semble abandonné de tout appui humain; mais il est soutenu par une main divine « Cum enim infirmor, tunc potens sum. Infirma mundi elegit Deus, ut confundat fortia. »

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I. Jésus.

Considérons ce qu'il a bien voulu souffrir pour nous. 1) Il subit le supplice cruel et barbare de la flagellation: «Tunc apprehendit Pilatus Jesum, et flagellavit. » Il est couronné d'épines, traité avec moquerie, comme un roi de théâtre : « Et milites plectentes coronam de spinis, imposuerunt capiti ejus, et veste purpurea circumdederunt eum. » 3) On ne lui épargne pas les plus grossières insultes, les outrages les plus révoltants : « Et veniebant ad eum, et dicebant : Ave, Rex Judæorum, et dabant ei alapas. » — - 4) Il est montré au peuple, comme un objet de pitié et de compassion : « Exivit Jesus portans coronam spineam, et purpureum vestimentum, et dicit eis: Ecce homo. » 5) Les Juifs restent insensibles à ce spectacle attendrissant, et y répondent par des cris de fureur et de mort : « Cum vidissent eum pontifices et ministri, clamabant dicentes: Crucifige, cruci fige eum. » 6) Dénoncé par les Juifs comme blasphémateur, parce qu'il se dit le Fils de Dieu, il inspire à Pilate une terreur religieuse : «Nos legem habemus, et secundum legem debet mori, quia Filium Dei se fecit. Cum audisset Pilatus hunc sermonem, magis timuit. » 7) Conduit de nouveau devant Pilate, sommé de s'expliquer, il garde le silence, parce qu'il veut mourir pour nous : « Et dixit ad Jesum: Unde es tu? Jesus autem responsum non dedit ei. » — 8) Intrépide devant celui qui tient son sort entre ses mains, il fait sentir à Pilate quo

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sa puissance lui vient d'en haut, qu'il rendra compte de l'usage qu'il en aura fait, et semble lui-même le juge de celui qui vient le juger : « Respondit Jesus: Non haberes potestatem adversum me ullam, nisi tibi datum esset desuper. » — 9) Il fait connaître le crime de ceux qui veulent le faire mourir, et désigne à chacun d'eux le degré de responsabilité qui pèse sur leurs têtes : « Proptereà, qui me tradidit tibi,majus peccatum habet. » — 10) Il est enfin condamné à mort par un juge faible, qui reconnaît son innocence, mais n'a pas la force de résister aux Juifs, et tremble de perdre la faveur de César : « Si hunc dimittis, non es amicus Cæsaris... Volens satisfacere populo, adjudicavit fieri petitionem eorum. »

II. Les Juifs.

1) La vue de l'état affreux où la flagellation a réduit le Sauveur n'excite en eux aucune pitié : la haine éteint tous les sentiments de l'humanité : « Cum vidissent eum, clamabant: Crucifige. » — 2) Les obstacles que Pilate oppose à leur haine sanguinaire ne font que les irriter davantage et les rendre plus opiniâtres dans leur réclamation : « Dicit eis Pilatus: ego non invenio in eo causam.... Responderunt ei Judæi, etc. » - 3) Quand ils voient qu'ils ne peuvent faire mourir Jésus-Christ comme séditieux, ils reviennent à l'accusation abandonnée de blasphême et de crime religieux : « Secundum legem debet mori quia Filium Dei se fecit. » — 4) Ils reviennent de nouveau à l'accusation politique, et ne craignent pas, dans leur hypocrisie, d'accuser Jésus-Christ d'un crime dont ils le savent innocent, mais dont ils sont coupables eux-mêmes, du moins par leurs désirs : « Omnis qui se regem facit contradicit Cæsari. » — 5) Ils effraient le faible gouverneur en le menaçant de le dénoncer à César, et affectent pour l'empereur un intérêt hypocrite qui est bien loin de leur cœur : « Si hunc dimitis, non es amicus Cæsaris. » — 6) Plutôt que de recevoir le Messie véritable, qui est venu au milieu d'eux pour les sauver, ils sont prêts à accepter le joug odieux et détesté des païens, et à renoncer à leur affranchissement et à leurs espérances messianiques : « Non habemus regem, nisi Cæsarem. » - 7) Par un souhait horrible, ils prennent sur eux la responsabilité du sang versé, ils appellent sur leurs têtes et sur celles de leurs descendants la vengeance divine.......; souhait qui ne fut que trop exaucé : « Et respondens universus populus, dixit: Sanguis ejus super nos, et super filios nostros. » Comprenons où peuvent conduire la haine et la jalousie, et gardons-nous de leur donner entrée dans notre cœur.

III. Pilate.

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Il nous apparaît à la fois, 1) impérieux, dédaigneux, à l'égard des Juifs, et en fin de compte, condescendant à toutes leurs volontés : « Tunc apprehendit Pilatus Jesum, et flagellavit. » 2) Sceptique, indifférent en matière religieuse (XVIII, 37-38), et éprouvant une frayeur superstitieuse, lorsqu'il apprend que Jésus se disait le Fils de « Cum audisset hunc sermonem, magis timuit. » 3) Orgueilleux et fier du pouvoir qu'il tient de l'empereur : « Nescis quia potestatem habeo crucifigere te? etc., » et trop faible pour en faire usage en

Dieu

faveur de l'innocence.

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4) Amer et sarcastique envers les chefs du peuple juif, dont il pénètre la duplicité, l'hypocrisie, la haine envieuse, etc., et servant toutefois d'instrument à leur passion sanguinaire: « Regem vestrum crucifigam? » 5) Inquiet et désarmé, dès qu'il se voit menacé de perdre la faveur de César, et d'être accusé par les Juifs: « Si hunc dimittis, non es amicus Cæsaris. » 6) Versatile et faible; ayant bonne envie de sauver Jésus-Christ dont il connaît l'innocence; mais le sacrifiant à la crainte d'être desservi auprès de l'empereur: « Adjudicavit fieri petitionem eorum, Jesum vero tradidit eis ut crucifigeretur » Un caractère faible, irrésolu, est capable de tous les crimes. N'espérons pas pouvoir servir à la fois Dieu et le monde.

C. JÉSUS CONDAMNÉ A MORT.

I. Par qui?

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Par Pilate, qui condamne Jésus-Christ, non suivant la justice, puisqu'il avoue hautement son innocence, mais par une lâche condescendance envers les ennemis de Jésus-Christ, 1) montrant ainsi a) un cœur ambitieux, sans conscience, préférant à la justice la faveur de César, et une vaine popularité; (b un caractère faible et irrésolu. Une simple parole, dite avec résolution aurait sauvé Jésus, mais il n'ose la prononcer; il voudrait sauver Jésus, et il l'abandonne à la fureur de ses ennemis, par lâcheté, malgré sa conscience. c) Un cœur dur et cruel, dans son égoïsme. Il veut délivrer Jésus, et il lui fait subir le supplice barbare de la flagellation, il permet aux soldats les outrages du couronnement d'épines, il le condamne à une mort infâme et douloureuse. Quelle leçon, pour ceux qui veulent allier à la fois le service de Dieu et le service du monde! pour les supérieurs, les chefs de famille, qui ne savent pas user de leur autorité pour faire triompher la justice!

2) Essayant d'étourdir sa conscience par la vaine comédie du lavement des mains. Combien de pécheurs, à son exemple, cherchent à se faire une fausse conscience! mais leurs vaines excuses, a) sont inutiles. Pilate a beau laver ses mains, il ne lave pas sa conscience.

Adam ne s'excuse pas aux yeux de Dieu, en rejetant sa faute sur le serpent; b) elles sont même, au contraire, nuisibles; elles ne servent qu'à nous aveugler, à nous entraîner dans l'impénitence; c) elles sont cause de mauvaises confessions, soit que l'on cache ses péchés, soit qu'on ne les confesse qu'à demi.

II. Devant qui?

En présence, 1) des ennemis acharnés de Jésus-Christ, dont cette senience comble tous les désirs; 2) des Juifs faibles, irrésolus, qui, oublieux des bienfaits de Jésus-Christ, se laissent entraîner, séduire, par les princes des prêtres; 3) des soldats romains, égoïstes et indifférents, fustigeant et crucifiant Jésus-Christ, parce qu'on le leur commande; que leur importe, après tout? Sa patience leur paraît lâcheté, son silence, stupidité. Combien, dans le monde, d'ennemis déclarés de Jésus-Christ, de cœurs irrésolus, d'indifférents, qui ne pensent qu'à la terre?

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