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de Dieu, les sacrifices étaient devenus vains et sans effet, le sacerdoce d'Aaron détruit, les cérémonies de la loi abrogées, et par suite, la majesté du temple déchue. En déchirant le voile qui interdisait l'approche du Saint des saints, Dieu nous fait connaître que la mort du Rédempteur a détruit l'inimitié de Dieu et le péché, qui nous fermaient à jamais le ciel, et ouvert aux enfants des hommes les portes de l'Eternel sanctuaire où Dieu se manifeste à ses élus.

« La terre trembla, et les rochers se fendirent. » Annonce symbolique et prophétique de la destruction de Jérusalem, la cité déïcide, de l'agitation, du bouleversement de toute la terre, alors que le mystère de Jésus crucifié lui serait annoncé ; du soulèvement des princes et des peuples pour arrêter le cours de la prédication évangélique, de la chute de l'idolâtrie, et de l'établissement de l'église, qui devait agiter toutes les nations, et changer la face de tout l'univers... (Le P. Ventura.)

« Le centurion, placé en face de la croix, en entendant le cri que poussa Jésus avant d'expirer, et en voyant ces prodiges, rendit gloire au Seigneur: certainement dit-il, cet homme était un juste; c'était vraiment le Fils de Dieu; et tous ceux qui, avec lui, gardaient Jésus, voyant le tremblement de terre, et tout ce qui se passait, furent saisis d'une grande frayeur, et répétaient avec lui: Vraiment, c'était le Fils de Dieu. Et tous ceux qui virent ces choses s'en retournaient en frappant leur poitrine. » Premier effet de la mort de Jésus-Christ: elle convertit ses propres bourreaux... Tandis que les prêtres Juifs, adorateurs du vrai Dieu, vomissent le blasphême et l'insulte contre le Fils de Dieu, leur Sauveur, des idolâtres, des soldats romains, nés au sein de la Gentilité, ignorants du vrai Dieu, de ses mystères et de ses promesses, se convertissent en un instant, et glorifient le vrai Dieu, et reconnaissent en Jésus-Christ un être supérieur à l'humanité. Admirable prophétie qui annonce que, bientôt, la vraie croyance passera de la Synagogue à l'Eglise, de Jérusalem à Rome. Hélas! Les Juifs n'ont pas été les seuls qui se soient rendus coupables de la mort de Jésus-Christ; tous, nous y avons coopéré frappons aussi notre poitrine, et excitons en nos cœurs le regret sincère de nos fautes: « percutientes pectora sua revertebantur. »

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Jo. 33-34. « Etant venu à Jésus, l'un des soldats lui ouvre le côté du fer de sa lance, et aussitôt, il en sortit du sang et de l'eau. » Jésus a voulu que son côté fût ouvert, pour nous montrer l'excès de son amour. Le cœur est le siége de l'amour, Jésus veut que ce cœur, qu'il nous sacrifie, nous soit ouvert, que

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nous en voyions sortir les dernières gouttes de son sang, répandu pour nous, que nous y entrions, comme dans une fournaise de charité, pour y fondre les glaces de notre propre cœur, pour nous y embraser d'amour, et ne plus vivre que pour lui.

« Or, au lieu où Jésus avait été crucifié, il y avait un jardin, et, dans ce jardin, un sépulcre neuf, creusé dans le roc... Ils se hátèrent d'y déposer Jésus. » - Nous voyons ici le symbole de la régénération spirituelle. Saint Paul nous apprend que nous devons partager spirituellement la mort et la sépulture de J.-C., si nous voulons avoir part à sa résurrection. « Ne savez-vous pas que, nous tous, qui avons été baptisés en Jésus-Christ, nous avons été baptisés en sa mort? En effet. nous avons été ensevelis avec lui par le baptême, pour la mort du péché, afin que, comme Jésus-Christ est ressuscité d'entre les morts pour la gloire de son Père, nous marchions aussi dans une vie nouvelle. Sachons que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché soit détruit, et que désormais nous ne soyions plus l'esclave du péché. Considérez-vous donc comme étant morts au péché, pour ne plus vivre que pour Dieu, en Jésus-Christ Notre Seigneur. » (Rom. vi, 3-12.) - Celui qui est mort et enseveli est entièrement séparé de la société des vivants, et n'a plus avec eux aucun rapport. C'est ainsi que nous devons être entièrement séparés des hommes pécheurs, du monde, de ses maximes et de ses usages. « Si donc, poursuit saint Paul, vous êtes morts à ces puérilités du monde, pourquoi vous en faites-vous encore des lois, comme si vous viviez dans le monde ? » (Col. 11, 20.) Les frivolités, les dissipations, les honneurs, les hochets du monde, ses plaisirs criminels, doivent vous faire aussi peu d'impression que si vous étiez mort et enseveli. « Soyons donc morts, et que notre vie soit cachée en Dieu, avec JésusChrist. » (Col. IJI, 3.) « Que si nous sommes morts, nous croyons que nous vivrons aussi éternellement avec Jésus-Christ. » (Rom. vi, 8.)

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PROJETS HOMILÉTIQUES.

A. JÉSUS CHARGÉ DE SA CROIX (2o Station du Chemin de la Croix). I. Supplice douloureux.

1) La croix était, par elle-même, lourde et pesante: « Bajulans sibi crucem. » 2) Jésus était épuisé par son agonie au jardin des Olives, la flagellation, la couronne d'épines, les mauvais traitements qu'il avait reçus, le jeûne, etc. 3) La croix reposait sur ses épaules meurtries et ensanglantées par la flagellation. 4) En prenant la croix, Jésus se chargeait du fardeau bien autrement lourd des péchés du monde entier.

II. Supplice ignominieux.

4) Jésus est assimilé, par là, aux plus vils criminels, aux malfaiteurs les plus décriés. - 2) Il marche à la suite de deux malfaiteurs, voleurs et assassins, qui doivent partager son supplice. 3) L'instrument ignominieux de son supplice, il le porte a) en plein jour, aux rayons du soleil de midi; b) traversant, d'un côté à l'autre, la ville de Jérusalem; c) précédé d'un héraut proclamant sa condamnation à haute voix et au son de la trompette; d) suivi des Pharisiens, des Princes des prêtres, triomphants de leur victoire, d'une foule innombrable de Juifs accourus de toutes parts pour la fête de Pâques.

III. Nous aussi, nous devons porter notre croix.

1) Pourquoi? a) Jésus-Christ lui-même nous en fait un précepte: « Qui non bajulat crucem suam post me, non est me dignus; » b) JésusChrist est notre chef, notre modèle et notre guide; nous devons marcher à sa suite: « Non est discipulus super magistrum. » c) Il prend pour lui la croix la plus lourde. d) La croix que nous portons sera la mesure de notre gloire future. e) Il est d'ailleurs impossible d'échapper à la croix la vie n'est qu'un cimetière où elles se pressent l'une sur l'autre faisons de nécessité vertu. Nos efforts pour nous y soustraire ne serviraient qu'à la rendre plus lourde.

2) Comment devons-nous la porter? — a) Avec résignation, disant avec Jésus-Christ: Mon Père, que votre volonté soit faite, et non la mienne; b) avec confiance dans la grâce de Jésus-Christ, qui nous aidera à la porter; c) avec joie. C'est le chemin du ciel.

B JÉSUS TOMBE POUR LA PREMIÈRE FOIS (3o Station).

I. Pourquoi Jésus tombe-t-il?

4) Par faiblesse, parce que ses forces sont épuisées. La tiédeur, le péché véniel nous affaiblissent, et nous disposent à des chutes plus graves: « Qui spernit modica, paulatim decidet. » 2) Par défaut de nourriture. Il n'a rien pris depuis la veille au soir. C'est aussi le manque de nourriture spirituelle, de la prière, de la méditation, de la parole de Dieu, des bonnes lectures, de la réception des sacrements, etc., qui sont la cause la plus fréquente de nos tristes chutes. 3) Par la brutalité de ses bourreaux qui, pour le faire avancer, le pressent, le poussent de leurs bâtons armés de pointes de fer, et contribuent à le faire tomber. Que d'ennemis nous environnent aussi, nous pressent, nous poussent vers le péché, vers l'abîme par leurs scandales, leurs moqueries, leurs superstitions, leurs embûches, etc.! - Demandons à Jésus-Christ la force de leur résister.

II. Comment il se relève.

Ne

4) Au milieu de mille souffrances, de mauvais traitements. nous laissons pas décourager par les peines que nous coûtera notre résurrection spirituelle. 2) Au milieu des moqueries, des railleries insultantes des bourreaux et des Juifs. Attendons-nous aussi aux moqueries, aux railleries du monde, et méprisons-les : « Qui piè volunt

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vivere, persecutionem patientur. »3) Reprenant de nouveau, sur ses épaules, le pesant fardeau de sa croix. C'est aussi par la croix, par la pénitence, que nous nous relèverons de nos chutes. C'est notre seule planche de salut après le naufrage. 4) Il poursuit de nouveau sa route pénible vers le Ĉalvaire. Marchons aussi à sa suite jusqu'au bout, avec courage.

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C. RENCONTRE DE JÉSUS ET DE SA MÈRE (40 Station).

1. Rencontre bien douloureuse :

1) Pour la mère de Dieu, a) par les souvenirs du passé qu'elle réveille. aa) Où sont ces heureux temps où Marie pressait Jésus entre ses bras, où elle vivait avec lui..., où elle le voyait béni par tous les malheureux? Maintenant quel contraste! bb) Voilà bien l'accomplissement de la prophétie de Siméon. cc) Que n'a-t-elle pas souffert déjà, en suivant son Fils dans toutes les épreuves de sa Passion! b) Par le spectacle qui s'offre présentement à ses yeux. aa) Elle voit son Fils dans l'état le plus déplorable, traité comme un vil criminel, accablé de douleurs et d'ignominies; bb) toutes les douleurs de son Fils retentissent au fond de son cœur maternel, et elle les éprouve elle-même aussi vivement que lui. Cette Mère de douleur n'a-t-elle pas bien le droit de dire « Videte si est dolor sicut dolor meus? » c) Par la pensée de ce qui va arriver tout à l'heure. Elle sait qu'il n'y a plus d'espoir.., qu'un gibet infâme attend Jésus...., que les bourreaux s'apprêtent pour le crucifier.

2) Pour Jésus lui-même. Ce n'est pas assez de ce qu'il endure lui-même, il faut encore qu'il souffre des douleurs de sa mère. — Jésus n'est pas non plus indifférent à nos propres douleurs, et il souffre avec nous : « Quicumque enim fecerit voluntatem Patris mei....., ipse meus frater, et soror, et mater est. »

II. Rencontre instructive pour nous.

4) Ce sont nos péchés qui ont causé les souffrances de Jésus, qui ont enfoncé dans le cœur de Marie ce glaive de douleurs... Pleuronsles, du moins, et détestons-les. - 2) Marie voulait témoigner à Jésus, au milieu de ses douleurs, son amour, sa tendre commisération. Elle fit littéralement la première le chemin de la croix; faisons-le après elle, et, autant que possible, avec les mêmes dispositions. 3) Marie est véritablement la Reine des martyrs, « Regina martyrum. » a) Elle a partagé volontairement les douleurs de la Passion de son divin Fils, et elle a été avide de les partager. 6) Elle a mérité ainsi les joies les plus pures..., la joie de voir son Fils ressuscité..., de le retrouver dans le ciel..., d'être auprès de son trône, la dispensatrice de ses grâces, la Reine du ciel et de la terre. Souffrons avec Jésus, avec Marie, si nous voulons être glorifiés avec Jésus, avec Marie: « Compatiamur, ut conglorificemur. »

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D. SIMON DE CYRÈNE AIDE JÉSUS A PORTER SA CROIX (5o Station). I. A l'exemple de Simon, beaucoup refusent de porter la croix de Jésus-Christ, de se soumettre au joug du christianisme :

« Hunc angariaverunt ut tolleret. »

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4) Par l'orgueil d'une vaine raison, qui se croit plus éclairée que le vulgaire, pour qui la croix de Jésus-Christ est une folie. 2) Par amour du plaisir et de ses aises. On ne peut se résoudre à boire la coupe amère, mais salutaire, de la pénitence, de la mortification chrétienne; la voie étroite est trop dure pour ces pieds efféminés. On préfère la voie large, bien qu'elle conduise à l'abîme. 3) Par respect humain, par crainte des censures et des railleries du monde. rougissent de Jésus-Christ, qui rougira d'eux à son tour.

II. Beaucoup ne la portent que malgré eux, qu'à contre-cœur.

Ils

1) Ils accomplissent, il est vrai, les devoirs essentiels du chrétien, mais à contre-cœur, à demi, remettant toujours au dernier moment, par crainte de l'enfer, plutôt que par amour pour Jésus-Christ. Ils supportent les croix que Dieu leur envoie, mais à contre-cœur, en murmurant, et parce qu'ils ne peuvent faire autrement. 2) Leurs répugnances viennent de leur esprit tout charnel, et trop attaché aux biens de la terre. Simon vient de sa maison des champs, et se rend à la ville il ne se soucie, ne s'inquiète guère de Jésus. Par attachement à ses intérêts temporels, on est dur envers les pauvres, etc.

2) Elle vient aussi de ce qu'on ne connaît pas le véritable esprit du christianisme. On ignore les consolations de la piété, parce qu'on ne fait rien pour les mériter. On ne voit dans la religion qu'un joug importun et odieux. Si Simon avait connu Jésus-Christ, il se serait trouvé heureux de porter sa croix.

III. C'est parce que Jésus-Christ a sur nous des vues de miséricorde, qu'il nous force à porter sa croix.

4) D'abord, cette croix nous est imposée malgré nous, en dépit de nos résistances, comme elle l'a été à Šimon. 2) Nous finissons par faire de nécessité vertu, par nous soumettre à la volonté de Dieu. 3) Cette croix devient pour nous, comme elle l'a été pour Simon, une source de bénédictions et de grâces. - Soyons heureux de porter notre croix à la suite de Jésus-Christ.

E. VÉRONIQUE ESSUIE LA FACE DE JÉSUS (60 Station). Considérons :

I. L'action de Véronique.

4) Elle fait, à l'égard de Jésus-Christ, ce qu'elle peut. Ne pouvant le délivrer de ses souffrances, elle cherche, du moins, à les adoucir. A son exemple, a) secourons nos frères, quand, et autant que nous le pouvons; b) essayons au moins d'adoucir leurs peines, de les encou

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