Page images
PDF
EPUB
[merged small][ocr errors]

ANCIEN TESTAMENT

PREMIÈRE PARTIE

LIVRES HISTORIQUES

SECONDE SECTION.

HISTOIRE DU PEUPLE DE DIEU DEPUIS SON ÉTABLISSEMENT DANS

LA TE.. PROMISE JUSQU'AUX MACHABÉES.

[merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small]

Après avoir fait connaître, dans le Pentateuque, les commencements du genre humain et les origines du peuple de Dieu, l'Ancien Testament nous raconte, dans une série de livres appelés historiques à cause de leur contenu, l'histoire des Israélites, depuis leur établissement dans la Terre Promise, sous Josué, jusqu'aux Machabées, environ 130 ans avant J.-C. Nous allons étudier chacun de ces livres en neuf chapitres 1° Josué; 2o les Juges et Ruth; 3° les Rois; 4o les Paralipomènes; 5o Esdras et Néhémie; 6o Tobie; 7° Judith; 8° Esther; 9° les Machabées.

412.

Caractère général des livres historiques. Les livres historiques dont nous venons d'énumérer les noms continuent l'histoire du peuple de Dieu, commencée dans l'Exode, les Nombres et le Deutéronome. Ils ne sont pas

1

tous écrits de la même manière et dans la même forme, mais ils ont cependant des caractères communs quant au fond et quant au style.

1° Quant au fond, ils s'attachent principalement à faire ressortir l'intervention continuelle de la Providence, qui se manifeste fréquemment, dans le gouvernement de son peuple, par des miracles et par des prophéties. Tout ce qui ne tend pas à faire ressortir l'action de Dieu sur Israël est volontairement négligé et passé sous silence, ou du moins n'est mentionné qu'accidentellement et par voie d'allusion.

2° Quant à la forme, elle est simple et naturelle; tantôt brève et laconique, tantôt abondante et diffuse; les répétitions y sont assez fréquentes; les transitions font défaut et la liaison même des événements n'est pas indiquée. Un des traits les plus importants à signaler dans les historiographes hébreux, antérieurs à la captivité, c'est qu'à la différence des écrivains occidentaux, ils racontent toujours purement et simplement les faits, sans jamais les juger. Ils constatent que le peuple de Dieu est heureux, quand il est fidèle à la loi, malheureux, quand il la transgresse, Jud., 11, 12-20, etc.; c'est là, pour ainsi dire, leur philosophie de l'histoire; mais à part cette indication du rôle de la Providence, ils sont simples narrateurs. Ainsi la conduite de Samson, se laissant entraîner par ses passions désordonnées, n'est point blâmée expressément par l'auteur sacré, et celle de David, épargnant la vie de Saül, son ennemi, quand le sort de ce roi est entre ses mains, n'est l'objet d'aucun éloge formel. L'historien ne prononce non plus lui-même aucun mot de désapprobation contre les différents actes répréhensibles de ce prince; et si les crimes contre Urie et Bethsabée sont justement condamnés dans ses écrits, ce n'est pas directement par l'écrivain, mais indirectement, par le prophète Nathan, II Reg., XII. L'orgueil de David, dans le dénombrement de son peuple, n'est également réprouvé que par la confession du coupable lui-même et par les paroles du prophète Gad, II Reg., XXIV, 10, 17; 13.

3o Cette manière impersonnelle d'écrire l'histoire se re

marque dans le Pentateuque comme dans les autres livres historiques de l'Ancien et du Nouveau Testament, à l'exception du second livre des Machabées, où l'auteur inspiré a jugé les faits à la façon des historiens grecs. Elle est très importante à noter, parce qu'elle fournit la solution de beaucoup d'objections qu'on a soulevées contre les Livres Saints. On a prétendu qu'ils approuvent les actions coupables qu'ils rapportent, parce qu'ils ne les censurent point. Rien n'est plus faux ils n'approuvent ni ne désapprouvent les événements qu'ils racontent; au théologien et au critique de les apprécier d'après leur nature et leurs conséquences. Neque approbavit hoc Scriptura neque reprobavit, dit S. Augustin, au sujet d'actes répréhensibles rapportés par les Écritures, sed, justitia et lege Dei consulta, æstimandum pensandumque dimisit..., ut noster intellectus in judicando exerceretur (1).

[blocks in formation]

Le livre de Josué nous introduit dans la Terre Promise que nous ne quitterons plus désormais qu'un moment à l'époque de la captivité. Nous diviserons en trois articles ce que nous avons à dire sur ce livre : 1° Introduction au livre de Josué; 2o Conquête de la Terre Promise; 3o Partage de la Terre Promise.

ARTICLE I.

Introduction au livre de Josué.

Objet et division du livre de Josué. - Quel en est l'auteur?

et son intégrité.

414.

[ocr errors]
[blocks in formation]

- Sa véracité. — Enseignements qu'il contient.

Objet et division du livre de Josué.

Le livre de Josué (2) raconte l'histoire de la conquête de

(1) S. Aug., Quæst. in Heptat., I. VII, no XLIX, t. xxxiv, col. 812. (2) Il existe sous le même titre une chronique samaritaine qui diffère

la Terre Promise et le partage du pays conquis entre les tribus d'Israël. De là, sa division en deux parties principales : 1° conquête de la Palestine, I-XII; 2° partage du territoire, XIII-XXI. Il se termine par un appendice ou supplément contenant 1° le récit de faits divers et de réunions concernant les tribus d'au-delà du Jourdain, xx11; 2o les avis de Josué à Israël à la fin de sa vie, xxIII; 3° ses adieux et son exhortalion dernière, xxiv, 1-24; 4° le renouvellement de l'alliance des Hébreux avec Dieu, XXIV, 25-28; 5o le récit de la mort de Josué et d'Éléazar, XXIV, 29-33 (1).

[blocks in formation]

1° On ne sait point d'une manière certaine quel est l'auteur du livre de Josué; mais la tradition juive, consignée dans le Talmud et acceptée par un grand nombre de critiques, en attribue la composition à Josué lui-même, à l'exception du récit de sa mort et de celle d'Éléazar, 29-33. Elle s'appuie sur le y. 26 du ch. XXIV: Scripsit omnia verba hæc in volumine legis Domini. On a voulu restreindre le sens de ce passage à ses dernières exhortations, XXIII-XXIV, mais il est bien plus naturel de l'entendre du livre entier. Il y avait une

de notre livre par un grand nombre de changements et d'additions: Chronicon Samaritanum arabice conscriptum, cui titulus est Liber Josuæ, edidit, latine vertit Joh. Juynboll, in-4o, Liége, 1848.

(1) Commentateurs catholiques: Origène, Eclecta in Jesum Nave; Homiliæ in Librum Jesu Nave, t. XII, col. 819 et 825; S. Éphrem, In Josue, Opera Syriaca, t. 1, p. 292-307; Théodoret de Cyr, Quæst. in Josuam, t. LXXX, col. 457-486; S. Augustin, Locutiones in Heptateuchum, 1. VI, t. XXXIV, col. 537-542; Quæstiones in Heptateuchum, 1. VI, ibid., col. 775-792; Procope de Gaza, Comment. in Josue, t. LXXXVII, pars 1, col. 991-1042; S. Isidore de Séville, In Josue, t. LXXXIII, col. 371-380; V. Bède, Quæstiones super Jesu Nave librum, t. XCIII, col. 417-422; Maes ou Masius, Josue imperatoris historia illustrata atque explicata; « opti. mis in libros Veteris Testamenti commentariis adnumerandus est, »> dit Rosenmüller; Migne, Cursus completus Scripturæ Sacræ, t. vii et VIII; Ariæ Montani Liber de optimo imperio, in-4o, Anvers, 1583; N. Serarii, Commentarius in librum Josue, 2 in-fol., Mayence, 16091610; Paris, 1610; J. Bonfrère, Josua, Judices et Ruth, in-fol., Paris, 1631; Clair, Le livre de Josué, in-8°, 1877 (Bible de M. Lethielleux). Nous n'indiquons pas les commentaires complets de la Bible, comme ceux de Cornélius a Lapide, Calmet, Ménochius, etc.

« PreviousContinue »