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port dogmatique, la Vulgate doit être placée au premier rang..., sous le rapport esthétique, le Codex du Vatican (ou le grec ordinaire) doit être regardé comme le meilleur travail sur l'original (1). »

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Le nom de Tobie est en hébreu Tobiyah (voir I Esd., 11, 60; II Esd., II, 10; iv, 3, etc.; Zach., vi, 10, etc.). En grec et en latin, on a ajouté la terminaison as, comme on l'a fait pour tous les noms terminés en yah : Isaias, Jeremias, Adonias, etc. Il signifie : « Jéhovah est mon bien. » Quant à la forme Tobit des versions grecques et Tobis de l'ancienne italique, il y a tout lieu de croire que le t et l's sont de simples terminaisons ajoutées à la forme hébraïque Tobi, et que cette forme hébraïque Tobi n'est qu'une abréviation du nom complet, Tobiyah, car le second élément, yah, pouvait se sous-entendre dans les noms propres (2).

525.

Caractère historique du livre de Tobie.

1o La question la plus importante à étudier au sujet du livre de Tobie est celle de son caractère historique. Tous les protestants le regardent aujourd'hui comme un roman pieux, et ils ont entraîné quelques catholiques, comme Jahn, Movers et, en partie, Dereser (3).

(1) Gutberlet, Das Buch Tobias, p. 19.

(2) Voir II Reg., III, 15, comparé avec I Reg., xxv, 44. Dans le premier passage, nous lisous : Paltiel ou Dieu est mon libérateur, et dans le second simplement Palti, eu sous-entendant El, Dieu.

(3) « Les difficultés qui naissent de cette description [d'Asmodée] sont graves, dit Movers, pour celui qui prend le récit du livre de Tobic dans sa teneur historique; mais ce livre de l'Ancien Testament, d'ailleurs si remarquable et d'une exécution incomparable dans sa tendance didactique, renferme beaucoup d'autres éléments traditionnels qui démontrent que l'auteur n'a voulu que transmettre fidèlement, comme il l'avait trouvée, la matière de son récit, et n'en faire qu'un ouvrage de morale. » Dictionnaire encyclopédique de la théologie catholique, trad. Goschler, 1864, t. II, p. 61, art. Asmodée. Ce langage embarrassé est la négation du caractère historique du livre de Tobie. Nous répondrons, no 531, aux objections tirées du rôle d'Asmodée. Il faut

2o La réalité de l'histoire de Tobie est attestée par les détails minutieux du récit, la généalogie du principal personnage, qui est longuement donnée dans le texte grec le plus complet (Codex Sinaiticus), 1, 1, 8, 13, 21, etc.; les renseignements précis sur la géographie, l'histoire, la chronologie, etc.

3o Les difficultés qu'on allègue contre le caractère historique du livre de Tobie sont tirées : 1° des faits merveilleux qui y sont racontés. Les miracles contenus dans un récit ne prouvent point par eux-mêmes qu'il est historique, mais ils ne prouvent pas non plus qu'il soit fictif, puisque Dieu peut, quand il lui plaît, intervenir surnaturellement dans les affaires de ce monde. - 2o Des inexactitudes, qu'on prétend rencontrer dans la narration. Ragès, la ville de Médie que notre auteur fait exister au vin siècle av. J.-C., ne fut bâtie, dit-on, que plusieurs siècles plus tard, par Séleucus Nicator, d'après le témoignage de Strabon (1).-Cela est faux: Strabon dit seulement que Séleucus changea le nom de Ragès, lui donnant celui d'Eurôpos. Le Zend-Avesta la mentionne comme une ville déjà ancienne. -3° C'est Téglatphalasar, IV Reg., xv, 29, et non Salmanasar, Tob., 1, 2, objecte-t-on, qui avait déporté la tribu de Nephtali. - C'est peut-être Sargon qu'il faut lire au . 2, comme il faut le lire au ỳ. 18, au lieu de l'Enemessaros, nom altéré, que porte le texte grec. Mais, quoi qu'il en soit, Téglatphalasar n'avait pas emmené en Assyrie la tribu de Nephtali tout entière, et Salmanasar ou Sargon purent encore trouver des hommes de cette tribu en Palestine. 4° Quelques autres difficultés géographiques s'expliquent par la perte de l'original ou les altérations des copistes des versions.

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Date de la composition; auteur.

1° Plusieurs critiques modernes retardent jusqu'au temps d'Adrien, qui règna de 117 à 138 de notre ère, la composi

remarquer d'ailleurs que dans le même ouvrage, t. XXIII, p. 460-461, Welte soutient que le livre de Tobie est une véritable histoire.

(1) Strabon, XI, XIII, 6, éd. Didot, p. 450. Cf. XI, 1x, 1, p. 441.

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« Les diverses représentations de ce sujet qui sont arrivées jusqu'à nous, dit Martigny, suivent à peu près la succession des événements de la touchante histoire de Tobie. Une fresque des catacombes, présumée du deuxième siècle (D'Agincourt, Histoire de l'art par les monuments, t. v, Peinture, pl. vi, no 3), fait voir Tobie au début de son voyage et conduit par l'ange (Voir notre Figure 10). Une autre peinture (Bottari, Roma sotterranea, tav. LXV), le représente... portant de la main droite un poisson suspendu à un hameçon, et de la gauche le bâton du voyageur. Dans une troisième fresque, découverte en 1849 (Perret, Les catacombes de Rome, vol. I, pl. xxvi), au cimetière des Saints-Thrason-et-Saturnin, et que nous reproduisons parce que la scène y est représentée d'une manière plus complète, il est vu présentant le poisson à l'ange vêtu d'une longue tunique (Voir notre Figure 11)... M. de Rossi cite (De christian. monum. IXOYN exhibent., p. 13 note) une peinture du cimetière de Saint-Saturnin, nouvellement trouvée, qui retrace toute cette histoire d'une manière plus complète qu'aucun autre monument jusqu'ici connu. Enfin on voit, dans une fresque des catacombes (Figure 12), le jeune Tobie, précédé de son chien, et portant à la main un objet qu'on croit être le cœur et le fiel du poisson (Hagioglypta, p. 76), et sur un sarcophage de Vérone (Verona illustrata, part. II, p. 54), devant une maison et un portique, un chien caressant un vieillard. C'est le retour de Tobie (Tob., x1, 9)... Il n'est pas hors de propos d'observer ici que ces représentations, si souvent répétées dans la primitive Église alors que rien ne se faisait en ce genre, soit dans les cimetières, soit dans les basiliques, sans l'autorité des pasteurs, prouvent jusqu'à l'évidence que le livre de Tobie fut dès les premiers temps placé dans le canon des Livres Saints. » Dictionnaire des antiquités chrétiennes, 2o édit., in-4o, 1877, p. 760-761. Cf. no 33.

tion du livre de Tobie. Ils s'appuient sur des raisons futiles, tirées de la tendance qu'ils attribuent à l'auteur, celle, par exemple, de montrer que l'ensevelissement des morts est une œuvre agréable à Dieu, comme si l'on avait eu besoin d'attendre l'époque de l'empereur Adrien pour soupçonner que c'était là un acte de charité !

2o La tradition a toujours attribué à Tobie père et fils la rédaction de leur histoire : 1° parce que, dans toutes les versions, (celle de S. Jérôme, et en partie, le nouveau texte chaldéen exceptés), Tobic parle à la première personne, depuis le chapitre I jusqu'au commencement de l'histoire de Sara, III, 7. 2o Le texte grec, XII, 20, porte que l'ange Raphaël commanda à Tobie d'écrire son histoire, et l'on ne peut douter qu'il n'ait obéi à cet ordre, comme l'insinue le verset suivant, xIII, 1, dans les éditions grecques. Le livre de Tobie a donc été écrit très probablement dans les premiers temps qui suivirent la déportation des Israélites du nord en Assyrie, puisque c'est à cette époque que vivait le héros de cette histoire, et qu'il en est vraisemblablement l'auteur. Les deux derniers versets, XIV, 16-17, sont d'une main étrangère. Le concile de Trente a déclaré le livre de Tobie canonique, no 35 (1).

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Ce livre forme un tout parfaitement coordonné et disposé avec un art admirable. Il est partagé en six sections formant autant de tableaux : 1o Vertus et épreuves de Tobie, 1-111, 6; 2o Vertus et épreuves de Sara, III, 7-23; 3° Voyage du jeune Tobie en Médie, ш, 24-v1, 9; 4° Son mariage avec Sara, vi, 10-IX; 5° Son retour à Ninive, X-XI; 6° Conclusion: manifestation de l'ange Raphaël, dernières années de Tcbie, XII-XIV (2).

(1) Sur la canonicité du livre de Tobie, voir Vieusse, La Bible mutilée par les protestants, 2e édit., 1847, p. 149-159.

(2) Commentateurs catholiques: S. Ambr., De Tobia liber unus, t, XIV,

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