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167 LE PREMIER LIVRE DES MACHABÉES. Machabées a été contestée ou même niée au XVIIe siècle par les protestants (1), qui n'en ont jamais admis la canonicité. Aujourd'hui ils reconnaissent universellement que cet ouvrage est digne de foi et parfaitement historique dans tout ce qu'il raconte de la Palestine et des Machabées (2), mais ils prétendent que l'auteur se trompe sur plusieurs points relatifs aux peuples étrangers, dont il parle, disent-ils, non d'après la vérité, mais d'après les fausses rumeurs populaires qui avaient cours en Palestine. Ainsi, selon eux, il est dans l'erreur, 1° quand il dit qu'Alexandre avait divisé son royaume, avant sa mort, entre ses généraux, 1, 7; 2o quand il représente les Romains comme acquiesçant à toutes les requêtes qu'on leur adresse, vIII, 1-16; 3° quand il nous montre dans les Spartiates des frères des Hébreux, XII, 6.

1 Réponse à la 1 difficulté : [Alexander] divisit illis regnum suum, cum adhuc viveret, 1, 7. Credidere quidam, dit Quinte-Curce, x, 10, 5, testamento Alexandri distributas esse provincias, sed famam ejus rei, quanquam ab auctoribus tradita est, vanam fuisse comperimus. Tel est le passage sur lequel on s'appuie pour accuser d'erreur le premier livre des Machabées. Sans examiner ici pourquoi on préfère

(1) Le P. Froehlich, S. J., ayant publié à Vienne, en 1744, ses Annales compendiarii regum et rerum Syriæ nummis veteribus illustrati, dans lesquelles il soutenait la véracité des deux livres des Machabées, fut attaqué par E.-F. Wensdorff, Prolusio de fontibus historiæ Syriæ in libris Machabæorum, Leipzig, 1746. Le P. Froehlich répliqua par son De fontibus historiæ Syriæ in libris Machabæorum prolusio in examen vocata, Vienne, 1746. Le frère de l'auteur, Gtl. Wernsdorff, essaya de répondre au savant Jésuite par sa Commentatio historico-critica de fide librorum Machabæorum, Breslau, 1747. Le P. Khell, S. J., réfuta, sous le voile de l'anonyme, cette nouvelle attaque dans Auctoritas utriusque libri Machabæorum canonico-historica asserta, et Fræhlichiani Annales Syriæ defensi adversus Commentationem historico-criticam G. Wernsdorffii, Vienne, 1749. Ce dernier ouvrage demeura sans réponse. - Le travail le plus remarqable qui ait paru dans ces derniers temps sur les deux livres des Machabées est celui du P. Patrizi, De Consensu utriusque libri Machabæorum, Rome, 1856.

(2) La véracité et l'exactitude de l'auteur de I Machabées sont pleinement établies, pour tout ce qui regarde l'histoire de la Syrie et de l'Egypte, par les historiens grecs et romains; sa chronologie est aussi justifiée par les monnaies des Séleucides.

le témoignage d'un auteur latin à celui d'un écrivaiâ plus ancien, nous nous bornerons à remarquer que l'historien juif ne parle point de testament, et que ce qu'il avance est confirmé par une tradition très répandue en Orient (1). Les récits antiques sur la mort d'Alexandre et la manière dont il régla sa succession sont contradictoires (2); dans cet état de choses, on n'a point le droit de déclarer que l'auteur de I Machabées s'est trompé. Du reste, l'auteur sacré ne dit point qu'Alexandre partagea son empire entre ses généraux et les éleva à la dignité royale; il dit, au contraire, un peu plus loin, 1, 9-10, qu'ils ne devinrent rois qu'après sa mort. Le sens de sa phrase, c'est qu'Alexandre mit à la tête de chaque province un de ses généraux pour la gouverner en son nom (3).

2o L'objection faite au sujet de ce qui est dit des Romains, I Mac., vIII, 1-16, ne repose sur rien de sérieux. L'auteur parle de ce grand peuple avec les sentiments qu'en avaient alors ses compatriotes, il ne se préoccupe pas de démêler les motifs qui inspiraient la politique du sénat; son récit ne contient point d'erreurs.

3o Les rapports de parenté entre les Juifs et les Spartiates, mentionnés dans une lettre rapportée, XII, 6-8, peuvent sans doute surprendre, mais rien ne prouve qu'ils n'existaient pas. Le progrès des études historiques constate tous les jours des relations qu'on n'avait pas soupçonnées jusqu'ici entre la

(1) Cf. d'Herbelot, Bibliothèque orientale, 1697, p. 318; Moïse de Khorêne († 470), Hist. Armen. cum vers. Whiston, t. II, p. 11; Jean Malalas, Chronograph., VIII, éd. Bonn, p. 195.

(2) Voir, outre les auteurs déjà indiqués, Arrien, VII, 26, et Q. Curce, X, v, 5, qui prétendent qu'il laissa son royaume au plus digne; Diodore de Sicile, XVIII, 2; Justin, XII, 15; Q. Curce, X, v, 4, qui disent qu'il remit son anneau à Perdiccas. Cf. encore Ammien Marcellin, XXIII, 6; Jornandès, De Get. rebus, x, Migne, Patr. lat., t. LXIX, col. 1260.

(3) Cette interprétation, donnée par le P. Patrizi, s'accorde avec le récit de Justin, disant, xv, 2, 13: « Hujus [regii] honoris ornamentis, tamdiu omnes abstinuerunt, quamdiu filii regis sui superesse potuerunt. Tanta in illis verecundia fuit, ut cum opes regias haberent, regum tamen nominibus æquo animo carcerunt, quoad Alexandro justus hæres fuit. »

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Alexandre le Grand, roi de Macédoine (336-323).- Tête d'Alexandre coiffée d'une peau de lion.—Ê (Revers). AAEZANAPĒY. Jupiter assis, tenant un aigle de la main droite, la gauche appuyée sur son sceptre (I Mac., 1, 1-9; vi, 2; Dan., vii, 6; viii, 5-8, 21-22; X1, 3-4). Cf. no 563. AR (réunis), argentum, signifie que la médaille est en argent.

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Séleucus Ier Nicator (312-280 av. J.-C.; 1-32 de l'ère des Séleucides). Voir Fig. 52, U, p. 614. — La première année de l'ère des Séleucides commence à l'automne 312 et finit à l'automne 311 av. J.-C., suivant le comput syro-macédonien. D'après le calcul ordinaire des Juifs, elle commence au printemps 312 et finit au printemps 311 av. J.-C. C'est le premier calcul que nous sui

vons.

Antiochus Ier Soter (associé au trône du vivant de son père, règue seul de 280 à 261 avant J.-C.; 35-51 de l'ère des Séleucides). Antiochus II Théos (261-246 av. J.-C.; 51-66 de l'ère des Séleucides). Voir Fig. 53, V, p. 616.

Séleucus II Callinicus (246-226 av. J.-C.; 66-86 de l'ère des Séleucides). Voir Fig. 54, X, p. 616.

Antiochus Hiérax (?-227 av. J.-C.; ?-85 de l'ère des Séleucides). Séleucus III Céraunus (226-222 av. J.-C.; 86-90 de l'ère des Séleucides). Voir Fig. 55, Y, p. 616.

Antiochus, fils de Séleucus III (222 av. J.-C.; 90 de l'ère des Séleucides).

16. B. Antiochus III le Grand, roi de Syrie, frère de Séleucus III (222-187 av. J.-C.; de l'ère des Séleucides, 90-126). — Tête diadémée d'Antiochus III. - R. BAZIAENE ANTIOXoY. Apollon assis, tenant une flèche de la main droite et l'arc de la main gauche (I Mac., vIII, 6 et suiv.; Dan., XI, 13-19). Cf. no 577.

Molon, satrape révolté (?-220 av. J.-C.; ?-92 de l'ère des Séleucides). Achæus, satrape révolté (214 av. J.-C.; ?-98 de l'ère des Séleucides).

17. C. Séleucus IV Philopator, roi de Syrie, fils d'Antiochus III (187-175 av. J.-C.; de l'ère des Séleucides, 126-137). — Tête diadémée de Séleucus IV. — R. BAZIAENE ZEAEYKOY. Apollon assis, comme Figure 16, B. (I Mac., vii, 1; II Mac., III, 3, 7; Iv, 7; XIV, 1; Dan., xi, 20).

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18. D. Antiochus IV Epiphane, roi de Syrie, le plus jeune fils d'Antiochus III (175-164 av. J.-C.; de l'ère des Séleucides, 137149). · Tête barbue et laurée du roi Antiochus IV, en Jupiter. 1). ΒΑΣΙΛΕΩΣ ΑΝΤΙΟΧΟΥ ΘΕΟΥ ΕΠΙΦΑΝΟΥΣ ΝΙΚΗΦ.Ρο[υ]. Jupiter, assis sur son trône, tient de la main droite une Victoire et s'appuie, de la gauche, sur son sceptre. (I Mac., 1, 11, 17-64; II Mac., iv, 7; v, vi, vii; Dan., xı, 21-45). Cf. no 577.

Grèce et l'Asie. Des liens de consanguinité pouvaient donc exister entre les Juifs et les Spartiates (1). L'auteur du second livre des Machabées, v, 9, fait allusion à cette tradition (2).

4° On a reproché aussi à l'auteur du premier livre des Machabées des exagérations dans le récit des victoires des Juifs sur les Syriens (3). C'est à tort. Ce livre ayant été écrit en hébreu et par un Hébreu, on ne devrait point être surpris d'y rencontrer quelques hyperboles, dans le goût des Orientaux; mais en réalité, l'historien y parle commc les autres historiens de l'Ancien Testament, ou même avec plus de sobriété.

5° Enfin, quelques critiques ont nié l'authenticité des documents officiels contenus dans ce livre (4). Mais ils ne peuvent donner aucune preuve de leur négation. Les moyens

(1) Les protestants sont allés jusqu'à nier l'authenticité des lettres reproduites par le premier livre des Machabées. Ils ont été réfutés par H. J. E. Palmer, De epistolarum, quas Spartani atque Judæi invicem sibi misisse dicuntur, veritate, in-4o, Darmstadt, 1828. 1o Palmer a très bien montré qu'il était tout à fait contraire aux idées juives d'inventer une telle parenté avec des païens. Pour qu'un écrivain de la race d'Abraham émît une pareille assertion, il fallait qu'elle fût fondée.

2o Quelques critiques ont pensé qu'il ne s'agissait pas ici de Sparte Lacédémone, mais d'une autre Sparte dont le nom hébreu est Sépharad, Abdias, . 20 (Bosphore, dans la Vulgate), et où il y aurait eu un petit royaume juif. Bost, L'époque des Machabées, Histoire du peuple juif depuis le retour de l'exil jusqu'à la destruction de Jérusalem, in-12, 1862, p. 248-250. Cette explication est inconciliable avec II Mac., v, 9, qui porte Lacédémone, nom qu'on ne peut identifier avec l'hébreu Sépharad. 30 Haneberg prétend, Histoire de la révélation biblique, t. ií, p. 107, que la parenté des Juifs et des Spartiates est une erreur, imputable du reste non à l'auteur sacré, mais au roi de Sparte. Nous ne voyons pas comment cette explication peut se concilier avec II Mac., v, 9.

(2, Josèphe a reproduit ces documents, Ant. jud., XIII, v, 8; XII, iv, 10. M. Clermont-Ganneau a signalé de curieux rapprochements entre les usages juifs et ceux d'Élis dans le Péloponèse, Le Dieu Sa. trape et les Phéniciens dans le Péloponèse, Journal asiatique, 1877, t. II, p. 157-236.

(3) 1 Mac., IV, 14; V, 34; VI, 47; VII, 46; XI, 45-51.

(1) I Mac., VIII, 23-32; x, 18-20, 25-45; XI, 30-37; XII, 6-23; XIII, 36-40; XIV, 20-23; 27-49; xv, 2-9, 16-21.

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