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ANALYSE ET EXPLIC. DU LIVRE DE JOB. 229 le bonheur des méchants qu'il vient d'affirmer, ou en soutenant que ce bonheur ne prouve rien en sa faveur. Éliphaz ne fait directement ni l'un ni l'autre : il considère le discours de Job comme non avenu; il déplace la question et prétend toujours avec la même assurance que les souffrances de son ami sont la punition de ses péchés. Devenant de plus en plus agressif, 1° il accuse Job d'un grand nombre de crimes, 2-11; 2° il l'avertit de ne pas s'attirer par son obstination et son impénitence un jugement sévère comme celui que Dieu porte contre les impies, 12-20; 3o il lui promet, s'il s'amende, un retour de bonheur et une prospérité plus grande qu'autrefois, 21-30.

634. VIII discours de Job: III réponse à Éliphaz, xxIII-XXIV.

Malgré la vivacité des attaques d'Éliphaz, Job reste maintenant calme. 1° Il réitère d'abord son souhait de se justifier devant Dieu. Ses plaintes sont regardées comme une révolte contre lui; cependant il lui permettrait, lui, de s'exprimer librement en sa présence. Mais Job voit bien qu'il n'obtiendra pas la faveur d'être admis en sa présence, XXIII, 2-9. 2° Quoi qu'il en soit, il est certain d'avoir observé les commandements de Dieu. Pourquoi donc Dieu le châtie-t-il ? Il l'ignore, XIII, 10-17. 3o Mais qui peut comprendre pourquoi tant d'innocents souffrent dans le monde, XXIV, 1-12, et 4° pourquoi, au contraire, les méchants ne sont pas punis comme ils le méritent et vivent heureux jusqu'à leur mort? XXIV, 13-25.

635. III discours de Baldad; xxv.

Au lieu de répondre à Job, il parle comme s'il n'avait rien entendu et ajoute seulement au discours d'Éliphaz quelques mots courts et solennels (1) sur l'incompréhensible majesté de Dieu et le néant de l'homme. Devant Dieu, les créatures les plus saintes ne sont point pures. Il veut faire entendre par là à Job qu'il ne peut être pur lui-même devant Dieu,

(1) « Ultimum hocce classicum, dit Schultens, quod a parte triumvirorum sonuit, magis receptui canentis videtur quam prælium renovantis. » Liber Job, in xxv, 1; Liège, 1737, t. I, p. 692.

2-6. C'est le dernier mot de ses amis. Sophar n'intervient

plus.

636.

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IX discours de Job: IIIe réponse à Baldad, xxvI.

Job répond brièvement au dernier discours de Baldad. 1o Il lui reproche ironiquement l'inutilité de ce qu'il vient de dire, 2-4, et il lui montre ensuite qu'il peut peindre, aussi bien que lui, la puissance de Dieu, ce qu'il fait en effet d'une manière supérieure. 2o Il décrit la puissance divine dans l'enfer (le scheôl), 5-7 ; 3° dans les airs, 8-10; 4o dans le ciel et sur les mers, 11-14.

637. Xe discours de Job, XXVII-XXVIII.

Les amis de Job ne lui répondant plus, il reste comme maître du champ de bataille. Il en profite pour compléter sa victoire dans deux discours. Dans le premier, en pensant à ses amis, dans le second, en ne songeant plus à eux, il ouvre toute son âme, il développe ses idées et ses croyances, il exprime ses craintes par rapport à son propre sort et fait connaître ses vues sur la Providence, Au commencement du premier discours, 1° il atteste à ses amis que sa vie tout entière dément leur accusation; il ne peut s'avouer coupable, car il ne l'est pas s'il le faisait, il trahirait la vérité et méri terait ainsi ses souffrances, XXVII, 2-12. 2o Il reconnaît d'ailleurs que la Providence punit souvent le pécheur, même en ce monde, mais cette loi souffre des exceptions, xxvII, 13-23. 3o Les voies de Dieu sont cachées; l'homme peut bien sonder les profondeurs de la terre, xxvIII, 1-11; 4o mais non les profondeurs de Dieu; l'enfer ou le scheôl lui-même ne le peut, xxvIII, 12-22. 5° Seul, Dieu connaît ses propres secrets; à l'homme d'avoir la crainte de Dieu, XXVIII, 23-28.

638. XI discours de Job, XXIX-XXXI.

En décrivant d'une manière si éloquente l'impénétrabilité de la sagesse divine, Job a montré à ses amis combien il était téméraire de leur part de vouloir assigner les raisons pour lesquelles Dieu le faisait souffrir. Comme ils ne lui répondent rien, Job commence un long discours, divisé en

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29.

CHASSE AU BUFFLE. (P. 237. Job, XXXIX, 9-12, rhinocéros de la Vulgate.) (Bas-relief assyrien de Nimroud.)

trois parties: I. il décrit sa félicité passée, qu'il ne peut se rappeler sans douleur dans son état présent; II. il décrit ensuite ses douleurs actuelles; III. enfin il dit combien elles sont pour lui inexplicables, parce qu'il n'a pas conscience de les avoir méritées par ses péchés. Ce discours est moins une continuation de la discussion qu'une récapitulation méthodique et complète de ce qu'il avait avancé déjà : 1° qu'il n'a point mérité son malheur et 2° qu'il en ignore la cause.

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1 partie : Félicité passée, XXIX. 1o Souvenirs mélancoliques du bonheur, des honneurs et de la considération dont il a autrefois joui, 2-11. 2° La considération dont il jouissait était méritée par son zèle à défendre les droits de l'opprimé; c'est pourquoi il croyait pouvoir compter sur la stabilité de son bonheur, 12-20. 3° Il inspirait à tous confiance, et cette confiance était fondée sur la peine qu'il prenait pour l'intérêt du prochain, 21-25.

II partie Malheurs présents, xxx. - Ils sont décrits en trois tableaux qui commencent tous par le mot nunc. 1° Maintenant les hommes les plus méprisables s'élèvent contre lui, 1-8; 2° maintenant il est pour eux un objet de moquerie; ils l'attaquent de toutes leurs forces, 9-15; 3o maintenant il a cependant assez à souffrir, sans cette peine de surcroît, de la part de ses propres maux et de la part de Dieu, 16-23. 4° Combien moins ses amis devraient-ils se tourner contre lui, puisque sa félicité passée s'est changée en une douleur si cruelle ! 24-31.

III partie : Conscience de son innocence, XXXI. Du moins sa conscience est-elle pour lui. 1° Il ne s'est jamais abandonné à ses passions, 1-12; 2° il ne s'est jamais servi de sa force pour traiter injustement les faibles, 13-23; 3° il n'a jamais été arrogant, comme on le lui a reproché, ni envers Dieu ni envers les hommes, 24-40.

III partie : Intervention d'Éliu, xxxII-XXXVII.

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La conclusion de Job, c'est qu'étant innocent il ne sait pas

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