Page images
PDF
EPUB

pourquoi Dieu l'afflige. Éliu intervient et veut lui apprendre la raison de ses souffrances. C'est un jeune homme, issu probablement d'une branche collatérale de la famille d'Abraham, XXXII, 2, 6; cf. Gen., XXII, 21. Il a écouté en silence, comme il convenait à sa jeunesse, mais non sans indignation, des hommes plus âgés que lui, xxxII, 6-7, qui lui paraissent avoir avancé beaucoup d'erreurs. Poussé par une inspiration divine, il s'adresse maintenant aux deux partis. Ils se sont tous trompés, puisqu'ils n'ont vu ni les uns ni les autres un des principaux buts de la souffrance: c'est que Dieu parle à l'homme par la voix de la douleur et lui enseigne toutes les vertus. Tout en faisant ressortir ce caractère médicinal, préventif et didactique de la souffrance, Éliu redresse accessoirement ce qui lui a paru faux à un degré quelconque dans les paroles de Job et de ses amis. Ses discours sont au nombre de quatre. Les Pères les ont sévèrement jugés. << Magna Eliu ac valde fortia protulit, dit S. Grégoire le Grand, sed hoc unusquisque arrogans habere proprium solet, quod dum vera ac mystica loquitur, subito per tumorem cordis quædam inania et superba permiscet (1). » Éliu est en effet présomptueux et avide de faire étalage de sa science, mais il n'en fait pas moins ressortir une vérité nouvelle, qui n'avait pas encore été présentée, celle de l'utilité de la souffrance pour purifier l'homme et l'instruire; ce qui montre que le juste lui-même peut être affligé. Il prépare ainsi la manifestation de Dieu, en faisant cesser les plaintes de Job; Dieu n'a plus, en paraissant, qu'à faire confesser à Job qu'il a eu tort de se plaindre.

640. ler discours d'Éliu : L'homme n'est point sans tache

aux yeux de Dieu, XXXII-XXXIII.

Après une introduction historique, en prose, xxxII, 1-6, dans laquelle sont mentionnées l'indignation de Job contre ses amis, 1-3, et les raisons qu'a eues Éliu de se taire d'abord

(1) S. Greg. Mag., Moralia in Job, 1. XXIV, c. XII, no 36, t. LXXVI, col, 397. Cf. Olympiodore, dans Nicetas, Catena in Job, Londres, 1637, p. 484.

[graphic]
[merged small][ocr errors]

L'ONAGRE DU DÉSERT. (P. 237. Job, XXXIX, 5-8; VI, 5; XI, 12; XXIV, 5.) (Bas-relief assyrien de Ninive.)

UN

OF

10

ANALYSE ET EXPLIC. DU LIVRE DE JOB. 233 et de parler maintenant, 1° Éliu commence en disant qu'il a laissé parler les amis plus âgés de Job, dans l'espérance qu'ils le réfuteraient, mais puisqu'il s'est trompé (1), il prend la parole, XXXII, 6b - 14. 2° Quand ils ont eu fini leurs discours, il s'est tu quelque temps encore; l'esprit le pousse maintenant à exposer sans partialité ce qu'il pense, XXXII, 15-22. 3° Que Job l'écoute, car il sera sincère et clair; Job n'a pas d'ailleurs à craindre devant lui comme devant Dieu, puisqu'il est son semblable, xxxIII, 1-7. 4° Quand il a fini ce long exorde, il entre dans le cœur de son sujet. Job s'est déclaré innocent à l'encontre de Dieu, mais il est faux que Dieu ne manifeste pas à l'homme sa volonté, il la lui manifeste de plusieurs manières, d'abord par des visions de nuit, xxxIII, 8-18; 5° ensuite par la souffrance et par la maladie, qui est un des langages de Dieu. Ces coups ne doivent point décourager l'homme, mais plutôt, au moyen de l'intercession des saints, lui faire reconnaître ses péchés, xxxIII, 19-30. 6o Pé. roraison Job peut continuer à l'écouter tranquillement ou lui répondre, xxxIII, 31-33.

641.

[ocr errors]

Il discours d'Éliu: Apologie de la justice divine, XXXIV. Job ne lui répond rien. Éliu a consacré en partie son premier discours à montrer que Dieu n'est pas injuste envers l'homme; il consacre le second tout entier à développer cette idée et à établir que Dieu gouverne le monde avec équité. 1o Il prie les assistants de l'écouter et de prononcer. Job accuse Dieu de ne point le traiter avec justice, 2-9; 2o mais comment Dieu pourrait-il être injuste, puisqu'il crée et gouverne le monde librement, 10-18? 3° la justice de Dieu envers ses créatures éclate de toutes parts: sa toute-puis

(1)«Non sunt longævi sapientes nec senes intelligunt judicium, » XXXII, 9. Cordier dit là-dessus, dans son Job elucidatus, p. 588. « Sæpo a Deo juvenes magno pretio æstimantur, senes vero pro nihilo habentur, quia hi morum levitate repuerascunt, illi virtutum muturitate consenescunt... Hinc est illa frequens Sacrarum Litterarum consuetudo, ut seniores propter morum intemperantiam pueri dicantur; juniores propter virtutum excellentiam senes appellentur. » D'où le nom de presbyteri, donné même aux jeunes prêtres.

sance et sa science infinie lui permettent de juger avec pleine justice, 19-28. 4° Comment pourrait-on calomnier les voies de Dieu, puisqu'il se propose comme but le bien des hommes? On doit plutôt s'humilier devant lui, et c'est parce que Job ne le fait pas qu'il mérite le châtiment divin, 29-37.

[ocr errors]

642. Ille discours d'Éliu : réfutation de la seconde affirmation de Job sur l'inutilité de la confiance en Dieu, xxxv.

Il développe dans ce discours l'idée qu'il avait déjà exprimée contre Job, XXXIV, 9, et il affirme que, par la piété ou l'impiété, l'homme se rend utile ou nuisible à lui-même. 1° Quand Job dit que la piété est inutile à l'homme, croit-il par là que l'homme puisse donner ou enlever quelque chose à Dieu ? 2-8. 2o Ceux-là se plaignent en vain qui négligent, par présomption, de recourir à Dieu; que Job prenne garde de leur devenir semblable! 9-16

643. IVe discours d'Éliu: Dieu afflige l'homme pour le garder du péché et l'exciter au repentir, XXXVI-XXXVII.

Dans son dernier discours, Éliu expose encore plus complè ment les motifs pour lesquels Dieu permet que le juste soit affligé c'est pour le tenir en garde contre le péché, ou, s'il a péché, pour l'exciter au repentir. 1° Son exorde annonce des raisons décisives en faveur de sa thèse, XXXVI, 2-4. 2o Dieu est tout-puissant, mais il ne dédaigne personne, et c'est ce qu'il montre en éprouvant ceux qu'il aime, XXXVI, 5-12. 3° C'est pour le plus grand bien de Job que Dieu l'afflige; il doit donc veiller à ne pas perdre par sa faute la bénédiction que Dieu veut répandre sur lui, XXXVI, 13-22. 4° L'homme doit louer humblement ce maître incomparable qui manifeste sa puissance et sa sagesse par ses œuvres merveilleuses et par les phénomènes atmosphériques, xXXVI, 23-33. 5° Éliu décrit en détail l'orage, sa magnificence et ses suites, XXXVII, 1-13 (1).

(1) « Dans le XXXVIIe chapitre,... on sent que les accidents météorologiques qui se produisent dans la région des nuages, les vapeurs qui se condensent ou se dissipent, suivant la direction des vents, les jeux

« PreviousContinue »