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1.

LE LAC DE GÉNÉSARETH, d'après une photographie. Au premier plan, la ville actuelle de Tibériade; derrière le lac, les montagnes de la Pérée.

vers le lac de Génésareth. l'un des plus beaux qui soient au monde. Il a 20 kilomètres de long sur 10 de large; sa forme est un ovale irrégulier; il est situé à 212 mètres au-dessous du niveau de la Méditerranée (1). Son eau est claire, limpide et fraîche; il abonde en poissons. On l'appelait aussi autrefois lac de Tibériade et mer de Galilée; aujourd'hui il porte le nom de Bahr Tabariyeh.

3o Au sortir du lac de Génésareth, le Jourdain précipite sa course, jusqu'à son embouchure dans la mer Morte, où il disparaît. Il y déverse environ six millions de tonnes d'eau par jour.

4° Il n'a pas d'affluent proprement dit sur sa rive droite. Sur la rive gauche, il reçoit, au-dessous du lac de Tibériade, l'Hiéromax et le Jabbok, appelés aujourd'hui le Yarmouk et Je Zerka.

5o La vallée du Jourdain, de la mer de Galilée à la mer Morte, s'appelle aujourd'hui El-Ghôr. On y remarque en divers endroits des traces d'anciennes éruptions volcaniques.

6o I es traits caractéristiques du cours du Jourdain sont la profondeur de son lit et ses nombreuses sinuosités. De sa source au point où il se perd, il suit une pente interrompue de temps en temps par des rapides et des chutes; du lac de Tibériade à la mer Morte, le lieutenant Lynch descendit vingt-sept rapides. Ses sinuosités sont moins grandes audessus qu'au-dessous de la mer de Galilée. Leur somme totale est telle qu'elle fait plus que tripler la longueur de son cours : il n'est que de 97 kilomètres à vol d'oiseau, mais en réalité il en a plus de 300 (2). La largeur moyenne du Jourdain est de 20 mètres ; il n'est pas navigable; il ne peut non plus servir pour l'irrigation, à cause de la profondeur de son lit. Il déborde tous les ans, à l'époque de la fonte des neiges, en mars et avril Avant l'époque romaine, il n'a été couvert d'aucun pont; on ne pouvait le franchir que par

(1) D'après M. Lortet, Académie des Sciences, comptes-rendus, 13 septembre 1880, p. 500. Sa plus grande profondeur est de 250 mètres à l'extrémité nord.

(2) Ad. Chauvet et Isambert, Syrie, Palestine, 1882, p. 83.

trois ou quatre gués, qui ont été reconnus par les explorateurs modernes : l'un deux est presque vis-à-vis de l'ouadi Zerka, l'autre vis-à-vis de Jéricho. Différant en ce point, comme en tant d'autres, de tous les grands fleuves, le Jourdain n'a vu jamais aucune cité fleurir sur ses rives, no 421. << Ses eaux sont douces et agréables à boire, quoique légèrement troubles » (1).

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1o La mer Morte (2), dans laquelle se jette le Jourdain, n'est pas moins singulière que le fleuve qui l'alimente. Elle porte plusieurs noms qui dépeignent chacun quelqu'un de ses traits distinctifs: mer Morte, parce qu'elle ne contient aucun être vivant, si l'on ne tient pas compte de quelques animalcules insignifiants; mer de sel, parce que ses eaux sont extraordinairement salées; lac Asphaltite, parce qu'on y rencontre beaucoup d'asphalte et de bitume.

2o Cette petite mer est un des endroits les plus remarquables du monde, à cause de la profondeur de ses eaux, de leur salure et de la dépression de sa surface. Le niveau varie un peu suivant les saisons, qui lui apportent une quantité de liquide plus ou moins considérable. D'après les mesures moyennes, elle est à 393 mètres au-dessous de l'Océan (3).

(1) Vignes, Extrait des notes d'un voyage d'exploration à la mer Morte, p. 6.

(2) « Le lac Asphaltite ne mérite pas seulement le nom de mer à cause de sa profondeur et de sa forte salure; il a aussi son courant principal, se dirigeant du nord au midi en continuant le cours du Jourdain, et ses autres courants, refluant à droite ou à gauche, parallèlement au littoral. » Vignes, Voyage d'exploration à la mer Morte, p. 7; Élisée Reclus, La Terre, 1870, t. 1, p. 536.

(3) « D'après Wilson, le niveau du lac Asphaltite est, en moyenne, de 393 mètres inférieur à celui des océans. La plus grande profondeur constatée par Vignes dépasse 349 mètres et se trouve par conséquent à 744 mètres au-dessous du niveau de la Méditerranée. Ainsi, la dépression dans laquelle va se jeter le Jourdain est plus creuse que ne le sont, dans toute leur étendue, la mer Adriatique et plusieurs autres bassins maritimes en communication avec l'Océan. » É. Reclus, ibid., p. 536. Jérusalem (latitude, 31° 46' 30", longitude, 32° 53' 8") est élevée de 779 mètres au-dessus du niveau de la Méditerranée, et de 1171

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Elle est de forme oblongue, d'une longueur de soixante-quatre kilomètres 360 mètres, et de seize kilomètres dans sa plus grande largeur. Elle se compose de deux parties très distinctes, la partie septentrionale, qui est une coupe gigantesque, et la partie méridionale, qui est une sorte de plaine unie. Très profonde au nord, où elle atteint jusqu'à 400 mètres, elle ne forme au sud qu'une sorte de lagune de cinq à six mètres de profondeur. L'énorme dépression du sol est cause que la chaleur y est très intense et y produit une évaporation extraordinaire égale en moyenne à la quantité d'eau reçue. Cette évaporation couvre constamment le lac de vapeurs.

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3o La pesanteur spécifique de ses eaux n'est pas partout la même en moyenne, elles pèsent deux dixièmes de plus que l'eau distillée (1), ce qui permet d'y nager plus facilement qu'ailleurs. Cette densité considérable provient de la quantité de sels minéraux qui y sont en dissolution. Elle en contient 25 pour 100, tandis que l'eau de mer ordinaire n'en contient guère que quatre. Le sel ordinaire entre pour près d'un tiers dans ces éléments minéraux, le chlorure de magnésium y entre pour près de deux et lui communique un goût amer et nauséabond. Le chlorure de calcium, qu'elle renferme aussi, la rend huileuse au toucher (2). Elle est d'ailleurs limpide (3). Tous les éléments qui la composent se trouvent

au-dessus de la mer Morte. La dépression extraordinaire de la mer Morte n'avait pas même été soupçonnée avant 1836. Voir Vivien de Saint-Martin, Histoire de la découverte de la dépression de la mer Morte, dans l'Année géographique, t. Iv, 1865, p. 167 sq.

(1) « La densité des eaux varie entre 1,160 et 1,230. » Vignes, Extrait des notes, p. 4.

(2) D'après l'analyse de M. Lynch, l'eau de la mer Morte contient : chlorure de sodium, 78,554; chlorure de potassium, 6,586; chlorure de magnesium, 145,897; chlorure de calcium, 31,075; sels de brome, 1,374; sulfate de chaux, 0,701. Total des éléments minéraux: 264, 187. Eau : 735, 813. W.-F. Lynch, Official Report of the United States'Expedition to explore the Dead Sea and the River Jordan, in-4o, 1852, p. 204.

(3) « L'aspect général de la mer Morte est celui de toutes les mers. Ses eaux sont limpides, mais désagréables au toucher; elles laissent aux mains une impression huileuse et à la longue déterminent des pustules. » Vignes, Extrait des notes d'un voyage d'exploration à la mer Morte, p. 6.

dans les montagnes environnantes ou dans les pays que traversent ses affluents.

4° On admet généralement aujourd'hui que la mer Morte existait avant l'arrivée d'Abraham en Palestine. Sa forme a pu cependant être modifiée en partie, lors de la catastrophe de Sodome (1). Les eaux du Jourdain se sont, en tout cas, toujours déchargées dans cette petite mer intérieure, qui est sans issue. L'étude géologique du pays a prouvé que son cours ne se prolongeait pas jusqu'à la mer Rouge.

5o Les bords de la mer Morte sont désolés et stériles (2). Elle est encaissée, dans toute sa longueur, entre deux chaînes de collines élevées, coupées seulement par quelques affluents, qui sont, à l'est, le Zerka-Maïn, dont les eaux chaudes et sulfureuses (31° 5 à l'embouchure) viennent des sources de Callirhoé; l'Arnon, aujourd'hui Ouadi-Modjib; le BeniHemad; au sud, le Kourahy; à l'ouest, l'Ain-Djidi (3). Pendant la saison des pluies, le torrent de Cédron déverse aussi ses eaux dans la mer Morte, au nord-ouest. A l'ouest s'élèvent sur ses bords de vraies montagnes de sel gemme.

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4° Il n'y a guère que deux saisons en Palestine, l'hiver et

(1) M. Lartet, géologue de l'expédition du duc de Luynes à la mer Morte, dit, dans une Note sur la formation de la mer Morte et sur les changements survenus dans le niveau de ce lac (Comptes rendus de l'Académie des sciences, 17 avril 1865, p. 796 sq.), que le niveau des eaux s'y est abaissé de plus de 100 mètres depuis les temps géologiques. « Les sources thermales ou minérales, ainsi que les émanations bitumineuses qui ont accompagné ou suivi les éruptions volcaniques, sont, ajoute-t-il, avec les tremblements de terre qui agitent encore ces contrées, les derniers phénomènes importants dont le bassin de la mer Morte a été le théâtre. >>

(2) « Les rives sont arides sur la plupart des points; mais partout où coule un peu d'eau douce ou saumâtre, les roseaux et les palmiers abondent. Une espèce de gommier se montre fréquemment dans les terrains secs, ainsi que le pommier de Sodome, dont le fruit, engageant à l'œil, ne renferme qu'un tissu pulvérulent. » Vignes, Extrait des notes, p. 6-7.

(3) Sur ces sources et quelques autres, voir Vignes, Extrait des notes, p. 6,

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