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1o La Palestine proprement dite est bornée au nord par le Liban, à l'ouest par la Méditerranée, au sud par le désert, à l'est par le Jourdain et la mer Morte (1). Elle s'étend du 31° 11' jusqu'au 33° 15' de latitude nord, et du 32° jusqu'au 33° 20' de longitude est. Sa superficie est d'environ 15,500 kilomètres carrés: 223 kilomètres de Dan à Bersabée, 64 kilomètres de largeur moyenne. 2° « En Palestine, comme en Grèce, tous les voyageurs sont frappés de l'exiguïté du territoire. Même après tout ce qu'ils ont déjà entendu raconter, ils sont surpris de pouvoir, en une seule journée, se rendre de la capitale de la Judée à celle du royaume de Samarie; de voir, dans huit heures d'intervalle, trois localités célèbres

(1) Les limites de la Terre Promise, dans toute son étendue, sont énumérées dans les promesses faites à Abraham, Gen., XII, 7; XIII, 15; xv, 18. Cf. Ex., XXIII, 31 (22-23); Jos., XXIII, 13-16; Jud., II, 20-23; II Reg., VIII, 3-8; elles sont indiquées par Moïse avant sa mort, Num., XXXIV, 1-12; cf. XXXII, 1-33; XXXIII, 50-54. Quand Josué distribua le pays conquis aux tribus, il leur donna la partie de territoire décrite, Num., XXXII; Jos., XIII, 8-32; XV-XIX. La frontière sud était la même que dans Num., xxxiv, 3-5; Jos., xv, 2-4; ainsi que celle de l'ouest, Jos., XV, 11; XVI, 3, 8; XVII, 9-10; XIX, 29. Celle du nord partait de Sidon, sur la côte, et se dirigeait vers le sud-est, à travers le Liban, vers Ahion et Dan, Jos., XIX, 28; III Reg., xv, 20, d'où, en passant par la pointe méridionale de l'Hermon, elle s'arrêtait à l'extrémité septentrionale des montagnes de Basan, Num., XXXII, 33; Deut., III, 8-14; Jos., XII, 4-6. La frontière orientale n'est pas délimitée en détail : Salécha et Basan sont nommés comme points déterminants, Jos., XII, 4; XIII, 11; Deut., III, 10. De Salécha elle paraît s'être dirigée au sudouest, le long du désert d'Arabie, jusqu'à l'Arnon, Jos., xII, 1; là elle tournait à l'ouest et suivait la rivière jusqu'à la mer Morte, en laissant de côté Moab et Ammon. Dans l'intérieur du pays ainsi délimité, des parties du territoire restèrent entre les mains de leurs anciens possesseurs, les Philistins et les Phéniciens à l'ouest, Gessur et Maacha à l'est, dans Basan, Jud., 1, 19, 31, 33; Jos., XIII, 13. Sur la manière dont Dieu tint la promesse qu'il avait faite de donner la terre de Chanaan à son peuple, voir Théodoret, Quæst. II in Josuam, t. LXXX, col. 459-466; S. Augustin, Ourst. in Hept., 1. VI, no xx1,t. xxxiv, col. 785-788.

comme Hébron, Bethléem et Jérusalem. Le contraste entre la petitesse de la Palestine et la vaste étendue des empires voisins de sa frontière septentrionale et méridionale est presque toujours présent à l'esprit des prophètes et des psalmistes. Il les aide à sentir plus vivement la bonté de Dieu envers leur patrie, quand ils chantent leurs petites collines et leurs torrents desséchés, qu'ils comparent aux hauts sommets du Liban et de l'Hermon et aux fleuves larges comme une mer de la Mésopotamie. Ce n'est pas d'ailleurs seulement par son peu d'étendue, mais aussi par son peu de largeur que cette contrée est remarquable. De tous les points élevés, sa largeur est visible dans sa totalité, de la longue muraille des collines de Moab à l'est jusqu'à la mer Méditerranée à T'ouest »> (1).

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1o La Palestine est essentiellement un pays montagneux, un massif de collines entrecoupées seulement de quelques vallées ou gorges plus ou moins profondes, creusées par les pluies d'hiver et appelées aujourd'hui ouadis; il n'y a guère de plaines que sur les bords de la mer Méditerranée. Elle comprend trois principaux massifs, celui des montagnes de Nephtali, nommées plus tard de Galilée; celui des montagnes d'Éphraïm et celui des montagnes de Juda. -1° Les montagnes de Galilée sont le prolongement du Liban, si célèbre dans les Livres Saints. Le mont Liban ou « mont Blanc » s'étend au nord de la Palestine, parallèlement à l'Anti-Liban, dont il est séparé par une vallée profonde, connue des anciens sous le nom de Cœlésyrie ou Syrie creuse. Le plus haut sommet du Liban, le Dhor-el-Khédif, couvert de neiges éternelles, a 3060 mètres. L'Hermon, aujourd'hui Djébel-esch-Scheik, à l'extrémité méridionale de l'Anti-Liban et également couvert de neiges, n'est guère moins élevé (2); il est visible d'une grande partie de la Palestine. Les dernières ramifications

(1) Stanley, Sinai and Palestine, 1856, p. 111-112. Cf. Ps. LXVii, 16 17; Is., II, 2; Ps. XLV, 5-6.

2) Il a 2,860 mètres, Kiepert, Lehrbuch der alten Geographie, 1878, p. 158.

du Liban meurent dans la plaine de Jezraël ou d'Esdrelon, bornée à l'est par la vallée du Jourdain, au sud par les montagnes d'Ephraïm, et à l'ouest par le Carmel et la Méditerranée. 2o Le Carmel, haut de 600 mètres, forme un promontoire dans la Méditerranée et va se perdre au sud-est, dans le massif central des montagnes d'Ephraïm, appelées depuis montagnes de Samarie. Ces montagnes sont comme la forteresse d'Israël et le cœur du pays. Elles s'étendent depuis la plaine d'Esdrelon jusqu'aux environs de Jérusalem et offrent de loin, du côté de la mer, l'aspect d'un immense mur. Leur altitude est d'environ 700 mètres. Elles se perdent à l'est dans la vallée du Jourdain, et à l'ouest, au sud du Carmel, dans la plaine de Saron, qui se développe sur le rivage de la mer. -3° Le troisième groupe de montagnes, connu sous le nom de Juda; est celui du sud, il est formé par de hauts plateaux qui s'élèvent, en allant de Jérusalem vers Hébron, à une hauteur de mille mètres. Ils sont étroitement reliés, au nord, aux montagnes d'Éphraïm; au sud, ils se perdent dans le désert; à l'ouest, ils s'abaissent de manière à former la plaine de la Séphéla ou pays bas, qu'habitaient les Philistins; à l'est, ils finissent à la mer Morte.

2o A l'est du Jourdain, dans la contrée que du temps de Notre-Seigneur on appelait la Pérée, court aussi une chaîne de montagnes calcaires, dépendante de l'Hermon, et séparée de la Palestine strictement dite par le Jourdain. Le point le plus élevé a une altitude de 1200 mètres. Cette région, qui formait le pays de Basan et de Galaad, était très boisée, n° 442 (1).

3o Les montagnes de la Terre Sainte en faisaient la force et la sécurité. Un des traits les plus caractérisques de ce pays, ce sont les villages qui sont partout construits au sommet des collines. Il n'y a presque aucune éminence qui ne soit couronnée de maisons habitées ou en ruines. Une ville au fond d'une vallée est une exception. On cherchait, pour y établir sa demeure, les endroits dont l'accès était le plus dif

(1) Kiepert, Lehrbuch der alten Geographie, p. 179.

ficile, afin d'échapper ainsi aux surprises et aux brusques attaques des ennemis, contre lesquels on avait toujours besoin de se tenir en défiance. Toutes les montagnes de la Palestine, et particulièrement celles de Juda, étant de formation calcaire, sont percées de nombreuses cavernes, en partie naturelles, en partie artificielles, quelques-unes très spacieuses. Elles servaient de refuge aux habitants, en temps d'invasion, et elles ont joué un rôle assez important dans l'histoire du peuple de Dieu.

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1° La Terre Sainte est traversée du nord au sud par le Jourdain. Il tire probablemeut son nom de la rapidité de son cours. Il a trois sources principales: 1° celle de Banias, la Césarée de Philippe du temps de Notre-Seigneur, qui jaillit du fond d'une grotte creusée dans le roc (1); 2° celle de Dan, la plus abondante, à cinq quarts d'heure de Banias, à Tell-el-Khadi (2); 3° celle de l'ouadi Hasbani ou d'Hasbeya, située près du village de ce nom, sur l'Hermon (3). Il roule ses eaux d'un jaune sale à travers les marécages de l'Ard-elHouléh et forme ensuite le lac Mérom ou lac élevé, appelé aujourd'hui Houléh, Bahr-el-Houléh (4). Ce lac, de forme triangulaire, a six kilomètres en moyenne de largeur sur autant de longueur; ses eaux sont de deux mètres environ audessus du niveau de la Méditerranée (5). Elles sont douces et claires; leur profondeur varie entre trois et cinq mètres. Le Bahr-el-Houléh est couvert en partie par une plante à larges feuilles; les oiseaux aquatiques y abondent.

2o Après avoir traversé le lac Houléh, le Jourdain se dirige

(1) Josèphe, Antiq. jud., XXI, 111, 2; De Bell. jud., III, x, 7. (2) Josèphe, Antiq. Jud., I, x, 1; De Bell. jud., IV, 1, 1.

(3) La source d'Hasbeya a une altitude de 563 mètres au-dessus du niveau de la mer; celle de Banias, 383, et celle de Tell-el-Khadi, 185. Vignes, Extrait des notes d'un voyage d'exploration à la mer Morte, in-40, Paris, 1865, p. 12.

(4) Josèphe, De Bell. jud., III, x, 7; IV, 1, 1.

(5) D'après l'Ordnance Survey anglaise.

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