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selon l'ordre ordinaire, sans division strophique. Le premier loue Dieu des bienfaits qu'il a accordés à Israël, à diverses époques de son histoire; le second proclame le bonheur de celui qui craint Dieu, c'est-à-dire, est fidèle à pratiquer ses commandements; tous les deux affirment la justice divine, qui a toujours le dernier mot (1). La poésie des Psaumes cx et cxi ressemble à celle de plusieurs parties des Proverbes.

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Psaume cx1, hébreu cxII: Beatus vir qui timet Dominum.
Bonheur du juste.

Voir psaume cx. Ce Ps., sans titre en hébreu, porte dans la Vulgate celui de Reversionis Aggæi et Zachariæ, ce qui signifie sans doute qu'il fut chanté après le retour de la captivité, du temps des prophètes Aggée et Zacharie, et par leur conseil.

782.

- Psaume CXII, hébreu cxIII: Laudate, pueri, Dominum.

Gloire au Dieu Très-Haut, soutien du faible.

G

-

Sans titre. Ce psaume qui a, pour le fond, des analogies avec le cantique d'Anne, I Reg., II, et avec le Magnificat, est un hymne de louange à Dieu. Il commence le Hallel que les Juifs récitent aux trois grandes fêtes de l'année, à la fête de la Dédicace et aux Néoménies. Les autres Ps. du Hallel sont CXIII-CXVII, et cxxxv, lequel est appelé spécialement le grand Hallel. — Le Ps. cxII est très régulier, il renferme trois strophes de 6 vers, 1-3; 4-6; 7-9; et est très facile à comprendre. La 1re strophe est une invitation à louer Dieu; la 2o exalte la grandeur du Très-Haut; la 3°, établissant un contraste entre cette élévation et la bonté divine, loue le Seigneur de ce qu'il s'abaisse jusqu'aux petits et aux faibles pour les soutenir et les consoler.

783.

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Psaume CXIII, hébreu cXIV: In exitu Israël de Ægypto. Merveilles opérées par Dieu en faveur de son peuple la sortie d'Égypte.

Sans titre. Psaume historique. Il résume en quelques

(1) Cf. cx, 3b, 5b, gb, 10c, et CX1, 3b, 9b,

traits, avec des images fortes et hardies, les miracles opérés par le Seigneur pour délivrer son peuple de l'armée du Pharaon, qui le poursuivait à la sortie d'Égypte (1). Les Égyptiens y sont appelés un peuple barbare, dans le sens primitif du mot, ancien indien barbaras, analogue à balbus, celui qui bégaie, c'est-à-dire, ici, celui qui parle une langue étrangère, qu'on ne comprend pas. — Quatre strophes régulières de 4 vers: 1-2; 3-4; 5-6; 7-8. Ce Psaume est un modèle de parallélisme synonymique.

784.

Psaume cxv, hébreu : Non nobis, Domine, non nolis.
Prière pour obtenir le secours de Dieu en commençant une guerre.

Ce Psaume, quoique il ait une numérotation particulière, pour les versets, dans notre Vulgate, ne compte que pour un avec le précédent, non seulement dans les Septante, nos éditions latines et la liturgie, mais aussi dans les versions syriaque, éthiopienne et arabe. Le beau sentiment

(1) La Harpe dit, au sujet de ce psaume: « Si ce n'est pas là de la poésie lyrique et du premier ordre, il n'y en eut jamais; et si je voulais donner un modèle de la manière dont l'ode doit procéder dans les grands sujets, je n'en choisirais pas un autre il n'y en a pas de plus accompli. Le début est un exposé simple, rapide et imposant. Le poète raconte des merveilles inouïes comme il raconterait des faits ordinaires : pas un accent de surprise ni d'admiration, comme n'y aurait pas manqué tout autre poète. Le Psalmiste ne veut pas parler lui-même de l'idée qu'il faut avoir des merveilles qu'il trace. Il veut que ce soit toute la nature qui rende témoignage au Maître auquel elle obéit. I l'interroge donc tout de suite, et de quel ton! Mer, pourquoi as-tu fui? Jourdain, etc. Je cherche quelque chose de comparable à cette brusque et frappante apostrophe, et je ne trouve rien qui en approche. Il interpelle la mer, le fleuve, les montagnes, les collines, et avec quelle sublime brièveté! Et dans l'instant vous entendez la mer, le fleuve, les montagnes, les collines qui répondent ensemble: Eh! ne voyez-vous pas que la terre s'est émue à la face du Seigneur? Et comment ne serait-elle pas émue à la face de Celui qui change la pierre en fontaine et la roche en source d'eau vive? Car ce sont là les liaisons supprimées dans cette poésie rapide. Le poète aurait pu aussi mettre en récit ce miracle, comme il a fait des autres; mais il préfère de le mettre dans la bouche des êtres inanimés; est-ce là un art vulgaire ? » Le Psautier en français, traduction nouvelle, Discours préliminaire, Ile partie, 1811, p. 35-37.

qu'exprime le Non nobis, Domine, non nobis, sed nomini tuo da gloriam, à la suite des merveilles de la sortie d'Égypte, semble, en effet, relier ce Psaume au précédent : le chantre sacré, comme ébloui et accablé à la vue de tant de miracles, et tout pénétré du sentiment de l'infirmité de l'homme, pouvait s'écrier naturellement : Non nobis. Mais la différence de sujet et de rythme paraît donner raison au partage du Ps. In exitu, dans la Bible hébraïque. C'est une prière d'Israël adressée à Dieu pour obtenir son secours dans une guerre contre les ennemis idolâtres. On le chantait peut-être solennellement au moment de marcher contre l'ennemi. -Cinq strophes irrégulières de 7, 11, 6, 7, et 8 vers 1-3; 4-8; 9-11; 12-14; 15-18.1 str., 1-3: Que Dieu glorifie son nom en accordant sa victoire aux siens contre les idolâtres (1). — 2° str., 4-8: Les dieux des païens ne sont rien. 3° str., 9-11: Que les guerriers d'Israël soient donc pleins de confiance, car c'est le vrai Dieu qui est leur soutien. Comme cette dernière idée est celle que le Psalmiste veut inculquer le plus profondément dans le cœur des soldats, elle est répétée trois fois dans cette strophe, à la 3a personne. Les vers 14-15, sont à la 2e personne; ce changement pro- vient, sans doute, de ce que le refrain était chanté par le choeur de ceux qui ne partaient point pour la guerre, tandis que les guerriers chantaient eux-mêmes le reste du psaume, d'où l'emploi de la 1re personne : 1, 3, 12, 18. 4e str., 12-14 : Promesse que Dieu bénira son peuple. -5 str., 15-18 Même pensée exprimée en d'autres termes : Dieu conservera à Israël la terre qu'il lui a donnée, et les Israélites le loueront, avant de descendre dans la tombe.

(1) Le dimanche 12 septembre 1683, Jean Sobieski livra la fameuse bataille qui délivra Vienne, assiégée par les Tures, en brandissant sa framée au premier rang de ses troupes et en répétant à grands cris ce verset: Non nobis, non nobis, Domine exercituum, sed nomini tuo da gloriam. A cette voix, à ces accents, « les Tartares et les Spahis le reconuurent et reculèrent, » dit l'historien de la Pologne. Salvandy, Histoire de la Pologne avant et sous le roi Jean Sobieski, 1829, t. III, p. 91.

785.

- Psaumes CXIV et cxv, hébreu CXVI: Ditexi quoniam exaudiet Dominus et Credidi propter quod locutus sum.

Chant d'action de grâces d'un malade qui a échappé à la mort.

Ces deux psaumes, sans titres, n'en forment qu'un seul en hébreu. La Vulgate ne les compte aussi que pour un dans la numérotation des versets. Quoique on puisse très bien les couper en deux, ils paraissent cependant étroitement unis et forment quatre strophes de 9, 10, 10 et 11 vers: 1-4; 5-9; 10-14; 15-19, lesquelles se correspondent exactement. Les deux premières racontent à quel péril de mort a échappé le Psalmiste: les deux dernières remercient Dieu de cette délivrance les quatre strophes se correspondent même deux à deux pour la forme, y. 10 à 1, et 15 à 5.. 13, le calice du salut, figure du calice eucharistique, désigne la coupe qu'on offrait à Dieu pour le remercier de ses bienfaits, et qu'on buvait ensuite (1). Le y. 15 rappelle la mort dont le Psalmiste a parlé, Ps. cxiv, et à laquelle il a échappé. En disant que la mort du juste est précieuse aux yeux de Dieu, il affirme par là même l'existence de l'autre vie.

:

786. Psaume CXVI, hébreu CXVII: Laudate Dominum, omnes gentes. Invitation à tous les peuples à louer Dieu.

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Sans titre. Ce quatrain est comme une prophétie de la conversion des Gentils. Rom., xv, 11.

787.-Psaume CXVII, hébreu CXVIII: Confitemini Domino quoniam bonus.

Hymne d'action de grâces pour la dédicace du second temple.

Ce Psaume dont la forme même,

Sans titre. la quadruple invitation de 1-4, le refrain répété après chaque vers 1-4, etc., indique qu'il avait été composé pour une cérémonie publique, fut probablement chanté à la Dédicace

(1) Poculum gratiarum actionis, dit Kimchi. La troisième des quatre coupes que buvaient les Juifs, dans la célébration de la fête de Pâques, était appelée la coupe de bénédiction ou d'actions de grâces. f. I Cor., X, 16; Matth., XXVI, 27; Luc, XXII, 17; Jer., XVI, 7; II Reg, III, 35; Prov., xxx1, 6; III Mac., vi, 27, dans les Septante,

du second temple, I Esd., vi, 15-16. On n'y distingue pas de strophes régulières, mais il se divise en divers groupes, destinés à être chantés à des moments différents. Au commencement de la cerémonie, quand la procession se met en marche, elle loue la bonté de Dieu, 1-4; pendant la marche, elle rappelle comment Dieu a délivré Israël de la captivité, et elle l'en remercie, 5-18; à l'entrée du temple, elle demande que les portes du temple lui soient ouvertes, pour y glorifier Dieu, 19. Ceux qui reçoivent la procession répondent que c'est la porte de Dieu, et que les justes seuls y entrent, 20; ils remercient Dieu de l'érection du nouveau temple, et de la joie qu'il leur donne en cette fête, 21-23 (1); ils accueillent enfin ceux qui arrivent, et ordonnent de conduire les victimes du sacrifice à l'autel, 24-27. La procession répond en glorifiant Dieu, 28. Enfin tous ensemble, ceux qui arrivent et ceux qui attendaient, répètent les deux premiers vers qui réşument tout le Psaume :

788.

Confitemini Domino quoniam bonus :

Quoniam in sæculum misericordia ejus.

· Psaume CXVIII, hébreu CXIX: Beati immaculati in via.
Bonheur de celui qui observe la loi de Dieu.

Sans titre. Ce psaume, le plus long de tous, est alphabétique, mais les lettres de l'alphabet ne commencent pas seulement un vers, comme dans les autres psaumes alphabétiques, elles commencent les huit premiers vers des huit distiques que renferme chaque strophe (2). Les strophes sont égales en nombre à celui des lettres hébraïques, c'est-àdire 22, formant par conséquent 8 x 22 176 distiques ou 352 vers. La pensée principale développée dans ce psaume est que notre devoir capital consiste dans l'observation de la

(1) Sur le y. 22, voir Is., XXVIII, 16; Rom., IX, 33; 1 Petr., II, 6-7; Matth., XXI, 42-44; Marc, XII, 10 sq., Luc., xx, 17; Act., Iv, 11; S. J. Chrys., in Ps. CXVII, no 5, t. cv, col. 335-336.

(2)« Consummatio nostræ doctrinæ et eruditionis nostræ, dit S. Hilaire, sub perfecti hujus numeri (octo) absolutione per singula elementa concluditur. » Tractatus in cxviii Ps., t. ix, col. 503,

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