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lythéisme, xiv, 22-31. — 3o XV-XIX. Il revient alors de nouveau aux plaies de l'Égypte et s'en sert pour faire ressortir le contraste qui existe entre les adorateurs du vrai Dieu et les païens: c'est par là que cette dernière subdivision se rattache à ce qui précède. Il signale en premier lieu le contraste en général, xv, 1-17, et puis spécialement le contraste qui se manifeste, d'une manière si éclatante, entre les fidèles serviteurs de la sagesse et les Égyptiens adonnés à l'idolâtrie, lorsque Dieu afflige ces derniers par toute sorte de plaies, tandis que les premiers en sont affranchis. Le Seigneur emploie contre les adorateurs des animaux et de la nature l'action des bêtes, xv, 18-xvi, 13, et celle des forces de la nature, l'eau et le feu avec les ténèbres, XVI, 14-xvIII, 4; enfin la mort, xvIII, 5-xix, 5. Dans sa conclusion, l'auteur montre les Hébreux fidèles sauvés, et ceux d'entre eux qui désobéissent à Dieu punis, xix, 6-20.

874. Doctrine de l'auteur sur la nature de la sagesse.

« Ce que dit le livre de la Sagesse sur l'origine de la Sagesse elle-même en établit indubitablement le caractère spirituel et bypostatique, et montre qu'elle est substantiellement identique avec Dieu le Père. L'auteur la nomme, vII, 23: Vapor (žτpíç) virtutis Dei et emanatio quædam claritatis omnipotentis Dei sincera. La première expression est semblable à celles qu'emploie l'Ecclésiastique, xxiv, 5-6, au sujet de l'origine de la Sagesse : Ego ex ore Altissimi prodivi... et sicut nebula texi omnem terram. Incontestablement ce passage est un écho de celui de la Genèse, 1, 2, d'après lequel: Spiritus Domini ferebatur super aquas... Tout le morceau de l'Ecclésiastique peut être considéré comme le complément de celui de la Sagesse, quand ce dernier livre dit expressément qu'elle est sortie de la bouche du Très-Haut, comme « le souffle de la force de Dieu, » comme « un écoulement de sa gloire. » Et ce que nous lisons ensuite, Sap., VII, 26: Candor est lucis æternæ et speculum sine macula Dei majestatis et imago bonitatis illius, n'est que le développement de la même pensée que la sagesse est d'essence divine, hypo

statique (1). Nous rencontrons les mêmes images dans le Nouveau Testament, Heb., I, dans les Pères, les théologiens et les symboles, pour exprimer les rapports du Fils avec le Père. Ils nous représentent la génération du Fils comme un écoulement, une copie et surtout comme le Verbe du Père. Par conséquent, supposer... que l'auteur enseigne ici l'émanation, comme Philon, est inadmissible. Vouloir entendre les mots emanatio claritatis, vapor virtutis Dei, de la sagesse créée, ce serait attribuer à celui qui les a écrits le plus grossier panthéisme. Car ils expriment incontestablement l'unité de substance de Dieu et de la Sagesse. Vapor autem notat, dit Cornelius à Lapide, primo sapientiam ejusdem cum Deo esse substantiæ; secundo eamdem a Deo oriri... esseque plane puram et mundam (2). »

875.

Enseignements contenus dans le livre de la Sagesse.

Outre ce qu'il nous enseigne sur la nature de la Sagesse incréée, le livre que nous étudions nous expose avec beaucoup de clarté et de précision d'autres vérités importantes. 1° Il nous dit que Dieu n'est pas l'auteur de la mort, mais qu'il a fait l'homme immortel à son image, et s'est complu dans la création (3); la mort est entrée dans le monde par la jalousie du diable, 11, 24. Les Juifs croyaient certainement que le serpent qui avait séduit Ève était le démon, mais cette vérité, que nous retrouvons dans le Nouveau Testament (4), est énoncée ici pour la première fois en termes aussi nets.2o La croyance à une autre vie et au jugement dernier est affirmée très clairement et très fortement (5).

(1) « 'Añaúɣaoμ¤ [que traduit le mot candor] peut signifier rayonnement (lumen emissum qã; ¿x qwtóç, lumen de lumine, dans les symboles de Nicée et de Constantinople) et marquer ainsi l'origine divine de la sagesse ou bien signifier reflet (lumen repercussum), la lumière réfléchie par un objet, l'image produite par cette réflexion, et indiquer ainsi la Sagesse considérée dans sa nature divine fondée sur son origine. » (2) Klasen, Die alttestamentliche Weisheit, 1878, p. 63-64. (3) Sap., 1, 13-14; II, 23; XI, 25; cf. Rom., VIII, 20-21.

(4) Joa., VIII, 44; Apoc., XII, 9; xx, 2.

(5) Sap., 1, 15-16; III, 1-8; VI, 19-21; vIII, 17; cf. III, 8, avec Matth., XIX, 28; I Cor., vi, 2; Apoc., 11, 26; 111, 21; xx, 4-6.

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Le livre que nous appelons l'Ecclésiastique porte, en grec, le titre de Sagesse de Jésus fils de Sirach, Σοφία Ἰησοῦ υἱοῦ Epáx, parce qu'il nous enseigne à pratiquer la sagesse, et qu'il a été composé par Jésus ben Sirach. Son nom latin, formé d'après l'analogie de celui de l'Ecclésiaste (1), lui vient de l'usage qu'on en faisait dans l'Eglise où on le lisait publiquement pour l'édification des fidèles (2): c'était le livre de l'Église, de l'assemblée. Il mérite, du reste, par excellence la dénomination de Sagesse qu'il a dans les Septante, comme le titre de Taváρstos ou recueil de toutes les vertus, qu'on lui

(1) On rencontre pour la première fois le nom d'Ecclésiastique dans S. Cyprien, Testim. adv. Judæos, 1. III, c. 35, 95; t. IV. col. 755 et 775. Dans les citations abrégées, pour distinguer l'Ecclésiaste et l'Ecclésiastique, on écrit le premier Eccl. ou Eccle., le second Eccli.

(2) « In libro, qui apud nos quidem inter Salomonis volumina haberi solet, et Ecclesiasticus dici, apud Græcos vero Sapientia Jesu filii Sirach appellatur..., » dit Rufin dans sa traduction d'Origène, Hom. XVIII in Num., no 3; Pat. gr., t. XII, col. 714. Le même auteur dit aussi ailleurs, Comm. in Symb., no 38, t. xxí, col. 374 : « Alia Sapientia, quæ dicitur filii Sirach..., apud Latinos,hoc ipso generali vocabulo Ecclesiasticus appellatur, quo vocabulo non auctor libelli, sed Scripturæ qualitas cognominata est. » Cf. dans S. Athanase, Epist. ad Amunem monachum, un extrait de sa 39 lettre festivale, où, donnant ie canon des livres Saints et parlant de l'Ecclésiastique, en même temps que des autres livres deutérocaniques, il dit d'eux : « Cum illi in canonem redacti sunt, hi legantur. » T. XXVI, col. 1178. Dans le missel, l'Ecclésiastique est désigné sous le titre de Liber Sapientiæ, de même que la Sagesse et les trois livres de Salomon.

a spécialement donné, car il embrasse tout le domaine de la sagesse et nous enseigne la pratique de toutes les vertus. C'est, sans doute, pour le distinguer plus commodément du livre que nous appelons exclusivement aujourd'hui la Sagesse, que nos Pères prirent l'habitude de le nommer Ecclésiastique.

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Il nous fait connaître lui-même son nom: Doctrinam sapientiæ et disciplinæ scripsit in codice isto Jesus filius Sirach, Jerosolymita, L, 29. Son petit-fils nous apprend de plus, dans le Prologue, les détails suivants : « Avus meus Jesus, postquam se amplius dedit ad diligentiam lectionis legis, et prophetarum, et aliorum librorum, qui nobis a parentibus nostris traditi sunt (1): voluit et ipse scribere aliquid horum, quæ ad doctrinam et sapientiam pertinent. » Cf. LI, 18-20. D'après XXXIV, 12-13, il avait beaucoup voyagé et couru aussi de grands périls. S'il fallait prendre dans le sens propre LI, 3-7, il aurait rempli de hautes fonctions à la cour d'un roi, mais calomnié par ses ennemis, il aurait failli perdre la vie par suite de leurs accusations; cependant, son langage n'est pas assez précis pour que l'on puisse affirmer un tel fait; peut-être faut-il entendre ses paroles dans un sens métaphorique. Nous ne savons rien de plus sur sa vie et sa personne. On a supposé qu'il était médecin, à cause de l'éloge qu'il fait de la médecine, XXXVIII, 1-15; prêtre, pour une raison semblable, vir, 33-35; XLV, 7-31; XLIX, 14; L; mais les louanges données à ces deux états n'impliquent point qu'il appartînt à l'un ou à l'autre. Quelques-uns ont

(1) Jésus, fils de Sirach, avait particulièrement étudié les livres de Salomon: il les imite dans son œuvre. «Quorum priorem [παváρεtov Jesu filii Sirach librum] dit S. Jérôme, Præf. in lib. Salom., t. XXVIII, col. 1242, hebraicum reperi, non Ecclesiasticum, ut apud Latinos, sed Parabolas prænotatum, cui juncti erant Ecclesiastes et Canticum Canticorum, ut similitudinem Salomonis non solum librorum numero sed etiam materiarum genere coæquaret. » On trouve en effet dans l'Ecclésiastique des paraboles ou proverbes, semblables à ceux des Proverbes de Salomon; des discours comme dans l'Ecclésiaste et un cantique, XLIV, 1, qui a pour titre en grec, IIaτépwv üpvos.

voulu le confondre, tout à fait à tort, avec l'impie Jason, II Mach., iv, 7-11 ·(1).

878.

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A quelle époque a vécu l'auteur de l'Ecclésiastique. Qnant à l'époque où il florissait, elle est incertaine. Son livre nous fournit un moyen de résoudre la question en nous indiquant le nom du grand-prêtre juif, Simon, fils d'Onias, L, 1-21, sous lequel il avait vécu, et qu'il avait vu officier dans le temple; mais comme le même nom a été porté par deux pontifes différents, tous deux fils d'Onias: Simon I, dit le Juste, qui vivait du temps de Ptolémée, fils de Lagus, vers 290 av. J.-C., et Simon II, qui était grand-prêtre quand Ptolémée IV Philopator voulut entrer de vive force dans le temple de Jérusalem, III Mach., 1, 2 (dans la Bible grecque), les critiques se partagent: les uns font Jésus contemporain du Simon le plus ancien, les autres du plus récent. Le prologue du traducteur fournit une autre donnée chronologique : il nous dit qu'il alla lui-même en Égypte sous le règne de Ptolémée Évergète. Par malheur, il y a aussi deux rois qui ont porté ce surnom; l'un, Ptolémée III, fils et successeur de Ptolémée II Philadelphe, 247-222; l'autre, Ptolémée VII, dit aussi Physcon, frère de Ptolémée Philométor, 170-117; de sorte qu'il est également difficile de décider quel est le roi d'Égypte dont parle le petit-fils de l'auteur de l'Ecclésiastique. L'opinion la plus communément reçue place la composition de l'ouvrage vers 280, la traduction vers 230 (2); elle fait vivre Jésus ben Sirach du temps de Simon I, et son petit-fils sous Ptolémée III Évergète I. Quoique elle ne soit pas à l'abri de toute difficulté, elle est

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(1) Les anciens Pères, Origène, Hom. XVIII in Num., no 3, t. xII, col. 714; S. Cyprien, Test., 1. III, c. vi; XII; t. IV, col. 735, 741; S. Optat, Cont. Donat., III, 3; t. XI, col. 1006; S. Leo M., Serm. XXXIX de Quadrag., 1, 3, t. LIV, col. 265, etc., ont cité quelquefois l'Ecclésiastique sous le nom de Salomon, probablement à cause de la ressemblance de ce livre avec les Proverbes; mais il est bien certain que l'auteur n'a rien de commun avec Salomon.

(2) L'opinion opposée assigne à la composition de l'Ecclésiastique la date de l'an 180 environ et à la traduction celle de l'an 130.

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