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continuent à vivre dans l'injustice, le châtiment sera terrible! Après avoir proféré cette menace, que le Seigneur l'a chargé de faire entendre en son nom à Juda, le prophète demande à Dieu pardon pour les coupables, VII, 1-14. Dieu se laisse toucher, il promet de renouveler les merveilles d'autrefois, 15-17, et Michée termine en le remerciant de sa bonté et de sa miséricorde, 18-20.

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Nahum (consolation ou celui qui console), le septième des petits prophètes, était originaire d'Elqôsch, petit village de Galilée (4). Il prophétisa contre Ninive, avec une telle vivacité de couleurs, que plusieurs critiques ont cru qu'il avait vu de ses yeux la capitale de l'Assyrie, ce qui est néanmoins fort peu probable. Il vivait en Palestine, et il écrivait après la ruine du royaume des dix tribus et l'invasion de Sennacherib. La date de son livre, qui a été contestée jusque dans ces derniers temps, nous est maintenant donnée d'une manière certaine par les documents assyriens. Il fut rédigé peu après la ruine de la ville de No Amon, c'est-à-dire Thèbes, appelée dans la Vulgate Alexandrie (2), III, 8; or cet événement eut lieu vers l'an 665 av. J.-C. L'authenticité de la prophétie de Nahum est admise par tout le monde.

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(1) « Quidam putant Helkesæum patrem esse Nahum et secundum Ilebræam traditionem etiam ipsum prophetam fuisse, cum Helkesæi usque hodie in Galilæa viculus sit, parvus quidem et vix ruinis veterum ædificiorum indicans vestigia, sed tamen notus Judæis et mihi quoque a circumducente monstratus. » S. Jérôme, In Nahum, Prolog., 1. xxv, col. 1232. Cf. Nestle, Wo ist der Geburtsort des Propheten Nahum zu suchen? Zeitschrift des deutschen Palästina-Vereins,t. 1, 1878, p. 222-225. (2) S. Jérôme ignorant quelle ville désignait No Amon, crut qu'il s'agissait, non pas d'Alexandrie, qui n'existait pas du temps de Nahum, mais d'une ville qui aurait fleuri antérieurement à la même place, In Is., XVIII, éd. Paris, 1704, t. III, col. 125. Cf. La Bible et les découvertes modernes, 4o édit., 1884, t. IV, p. 263-266.

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Nahum avait une imagination vive et riche (1); son style, malgré quelques emprunts aux écrivains antérieurs (2), se distingue par son originalité; il est remarquable par sa pureté et sa clarté; le parallélisme en est très régulier (3).

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1o La prophétie de Nahum porte le titre de Massâ, onus, comme les prophéties d'Isaïe contre les nations étrangères, n° 936. Elle annonce la ruine de Ninive et de la puissance assyrienne, qui non seulement avait anéanti Samarie, II, 2, mais avait aussi profondément abaissé Juda, 1, 9, 11, 12. Ninive est alors dans tout l'éclat de sa gloire, 1, 12; II, 11-12; III, 9; mais à cause de ses péchés, 1, 1, 4, elle périra, 1, 13; 11, 10; m, 7.

2° Nahum divise son oracle en trois parties, 1, 1-14; I, 15-11; III. La première fait connaître le jugement que Dieu a prononcé contre la capitale de l'Assyrie; la seconde, la prise, le pillage et la destruction de cette ville; la troisième, ses

(1) « Ex omnibus minoribus prophetis, dit Lowth, De sacra poesi Hebræorum, nemo videtur æquare sublimitatem, ardorem et audaces spiritus Nahumi. » Præl. xxi, éd. 1763, p. 281.

(2) Cf. Nah., 1, 3 et Ex., xx, 5; xxxiv, 6; Num., XIV, 18; Nah., I, 7 et Ps. XXXIV (Vulg. XXXIII), 9; Nah., I, 4 et Is., L, 2; XXXIII, 9; Nah., II, 2 (H., 1) et Is., LII, 1-7; Nah., 11, 10 (H., 11) et Is., XXII, 5; XXIV, 1; XXI, 3: Joel, 11, 6; Nah., III, 5 et Is., XLVII, 3, 9.

(3) « Tum vero non universum solum vaticinium suo ordine probe dispositum est, verum singulæ etiam orationis partes secundum sententiarum indolem et varietatem subtiliter pone atque artificiose numeris descriptæ exhibentur; quo in genere primi potissimum capitis priores duæ partes egregium præbent exemplum. Utraque enim quinque versibus absolvitur; prima autem stropha, qua tremenda Domini judicium exsequentis species adumbratur, bipartita deinceps habet versuum membra, duobus vel tribus quatuorve verbis certo quodam ordine composita; altera autem stropha, quæ bonitatem Dei et clementiam addit, qua per hostium interitum eos redimit atque salvat, qui ei confidunt, longe diversam exibet imaginem: nam, quasi effusus undarum cursus cohibeatur, alterum tantummodo cujusque versus mem. brum s. Sakeph partitum est, et numerus etiam verborum minor est excepto nono versu, qui ad prioris particulæ naturam vergit. » O. Strauss, Nahumi de Nino vaticinium, Berlin, 1853, p. LXXI-LXXII.

crimes et sa ruine irréparable. Cette prédiction a été si littéralement accomplie que jusqu'en l'année 1842, on a ignoré jusqu'à l'emplacement qu'avait occupé Ninive (1).

ARTICLE VIII.

Habacuc.

Vie, époque, style d'Habacuc. Analyse de sa prophétie.

1099. Vie, époque d'Habacuc.

Habacuc (2), le huitième des petits prophètes, était de la tribu de Lévi (3).. Nous apprenons, par le livre de Daniel, que lorsque celui-ci eut été jeté dans la fosse aux lions, Dieu se servit miraculeusement du ministère d'Habacuc pour nourrir son serviteur, respecté par les bêtes féroces (4). C'est tout ce que nous savons d'authentique sur sa personne. Sa prophétie n'est point datée, mais, d'après le contenu, nous voyons qu'elle est antérieure à l'invasion des Chaldéens en Palestine, 1, 6. Cette invasion est annoncée comme prochaine, in diebus vestris, 1, 5; c'est par conséquent entre l'an 650 et l'an 627 qu'a prophétisé Habacuc.

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Il a écrit dans une forme poétique très régulière. Sa prière,

(1) Cf. La Bible et les découvertes modernes, 3o èdit., t. 1, p. 140-143. Sur Nahum, voir ibid., t. IV, p. 292.

(2) Le nom d'Habacuc est écrit très différemment par les auteurs anciens Ambakoum, Ambakouk, Abbakoum, Abbakouk, par les Grecs; Habbacuc, Abacuc, Ambacum, Ambacuc, par les Latins.

(3) On peut le conclure légitimement des derniers mots de sa prophétie, III, 19. Elle est adressée lamnatsénkh bineginôthâï, mots qu'on lit Ps. IV; VI; LIV; LV; LXVII; LXXVI (hébreu) avec le suffixe en moins; et qui signifient: « Au maître de chœur, avec accompagnement de mon instrument à cordes. » Voir no 666. Habacuc faisait donc partie des chœurs des prêtres ou des lévites qui chantaient dans le temple. La version syro-hexaplaire, dans l'histoire de Bel et du dragon, dit formellement que Habacuc était de la tribu de Lévi. Codex Chisianus, tiré des Tétraples d'Origène.

(4) Dan., XIV, 32-38. Tout ce qui regarde cet épisode de la vie du prophète Habacuc a été recueilli par Delitzsch, De Habacuci prophetæ sita atque ætate, Leipzig, 1842, p. 23-47.

П, est une composition sans rivale pour la hardiesse de la conception, la sublimité de la pensée et la majesté de la diction. L'authenticité de son livre est hors de contestation.

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La prophétie d'Habacuc se divise en deux parties. — 1° La première, I-II, est un dialogue entre Dieu et le prophète, annonçant le châtiment de Juda par les Chaldéens, 1, et puis la ruine des Chaldéens eux-mêmes, 11. Habacuc se plaint des succès des Juifs impies, 1, 2-4. Le Seigneur lui répond qu'il va armer contre eux les Chaldéens. Ceux-ci, néanmoins, se rendront coupables à leur tour, parce qu'ils attribueront leur victoire, non à lui, mais à leurs idoles, 5-11. Le prophète intercède alors pour son peuple, afin que Dieu en ait pitié quand il l'aura châtié, 12-17. Dieu annonce que les Chaldéens périront; il prononce cinq fois Væ contre eux, II, à cause de leurs cinq principaux crimes: 1° Leur insatiable ambition, 6-8; 2o leur cupidité, 9-11; 3° leur cruauté, 12-14; 4° leur ivrognerie, 15-17, et 5° leur idolâtrie, 18-20 (1). La seconde partie, III, contient une prière d'Habacuc en faveur de Juda; il implore la miséricorde céleste, 2; il décrit la majesté de Dieu qui vient juger le monde, 3-15; il tremble d'abord devant lui, 16-17, mais le sentiment de la confiance l'emporte et il termine par des accents d'espérance et de joie, 18-19.

ARTICLE IX.

Sophonie.

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Sophonie, le neuvième des petits prophètes, descendait

(1) Ces cinq va forment cinq strophes d'une symétrie remarquable. Elles se composent toutes de trois versets. Les quatre premières commencent par le mot ', hóï, væ, et se terminent par un verset com mençant par ", ki, quia; le premier verset décrit le caractère du péché, le second développe la malédiction, le troisième la confirme. La cinquième strophe diffère des quatre premières dans sa forme : elle a un premier verset qui en forme l'introduction.

d'Ézéchias, à la quatrième génération, 1, 1. Ézéchias n'est pas qualifié de roi, mais il y a tout lieu de penser qu'il s'agit bien du monarque sous lequel prophétisait Isaïe, car les autres prophètes ne nomment jamais que leur père; si Sophonie remonte plus haut, cela ne peut être que pour arriver à un personnage historique célèbre (1). Il nous apprend luimême qu'il vivait du temps de Josias, 1, 1; c'était dans les commencements du règne de ce roi, puisque le culte de Baal était encore en honneur, 1, 4-5; cf. IV Reg., XXIII, 4-5; II Par., XXXIV, 3-8, et que Ninive était encore debout, II, 13 (2).

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Le style de Sophonie est pur, facile, vif, mais il manque un peu d'originalité : il est plein de réminiscences et d'emprunts faits aux anciens prophètes (3).

1104. — Analyse de la prophétie de Sophonie.

La prophétie de Sophonie forme un tout suivi : les deux premiers chapitres annoncent le châtiment; le troisième contient les promesses. En punition de son idolâtrie et des crimes des grands et du peuple, Juda sera désolé, 1, 3-13. Le jour approche où la colère de Dieu livrera tous les coupables à la ruine, 14-18. Le ch. II est une exhortation à la pénitence, 11, 1-3. Tous les voisins et les ennemis de Juda, Ninive ellemême, éprouveront la colère du ciel; que les enfants de Jacob reviennent donc à Dieu, 4-15. La récompense de la conversion, ce sera la destruction de tous ceux qui ont fait du mal à Juda, le retour des captifs, l'extirpation du mal et

(1) C'est sans doute parce qu'il le croit descendant du roi Ézéchias que S. Cyrille d'Alexandrie dit de lui: genere haud ignobilis. In Sophoniam, Proœmium, t. LXXI, col. 943.

(2) La date de la ruine de Ninive est incertaine; mais elle avait eu lieu peu après la fin du règne de Josias, vers 608 ou 607.

(3) Cf. Soph., 1, 7, et Hab., 11, 20; Joel, 1, 15; III, 14; Is., XIII, 3; Soph., 1, 13, et Am., v, 11; Soph., I, 14-15, et Joel, 11, 1-2; Soph., I, 16, et Am., II, 2; Soph., 1, 18, et Is., x, 23; xxvIII, 22; Soph., II, 8, 10, et Is., XVI, 8; Am., I, 13; Soph., II, 14, et Is., XIII, 21-22; xxxiv, 11; Soph., II, 15, et Is., XLVII, 8, 10; Soph., ш, 10, et Is., XVIII, 1, 7; Soph., III, 11, et Is., XIII, 3; Soph., III, 19, et Mich., Iv, 6-7.

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