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une félicité durable. Le ton général de la fin du livre de Sophonie est messianique, quoique aucun trait ne se rapporte explicitement à la personne de Notre-Seigneur.

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Avec Aggée, le dixième des petits prophètes, nous entrons lans une période de l'histoire du peuple de Dieu complètement différente de celle pendant laquelle avaient prophétisé ses prédécesseurs; nous sommes maintenant arrivés à l'époque qui suivit la captivité de Babylone. D'après le Talmud, Aggée était membre de la grande synagogue; d'après les Pères, il avait été captif en Chaldée, et en était revenu avec Zorobabel. Dieu lui donna pour mission de presser le peuple d'achever le second temple, 1, 2, 4; il y réussit, 1, 14; I Esd., v, 1; vi, 14; Josèphe, Ant. jud., XI, iv. La reconstruction du temple avait été commencée sous le règne de Cyrus, en 535. L'hostilité des Samaritains avait fait suspendre les travaux sous le règne de Cambyse et du faux Smerdis. Ils furent repris, sur les instances d'Aggée et de Zacharie, après l'avènement de Darius, fils d'Hystaspe, en 520, et poussés avec vigueur. La dédicace du nouveau temple fut faite la sixième année de Darius, en 515.

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Le style d'Aggée ne s'élève guère au-dessus de la prose; il y a cependant un certain rythme dans sa prophétie, 1, 6, 9, 10; II, 6, 8, 22, et il s'efforce d'y mettre du mouvement et de la vie par de fréquentes interrogations, 1, 4, 9; II, 4, 13, 14, 20. Il a quelques formules favorites qu'il répète souvent, 1, 2, 5, 7; 11, 5; (trois fois dicit Dominus, et trois fois confortare; 1, 14; trois fois spiritus); 1, 11, etc. (1).

(1) Les noms d'Aggée et de Zacharie se lisent en tête de plusieurs

1107. Analyse de la prophétie d'Aggée.

La prophétie d'Aggée, malgré sa brièveté, renferme quatre oracles distincts et datés, I, II, 1-10; 11-20; 21-24; ils ont tous le même objet et sont tous de la même année, la seconde de Darius, fils d'Hystaspe, 520 av. J.-C. Le premier temple avait été détruit en 588; il y avait encore des vieillards qui, dans leur jeunesse, avaient vu sa magnificence, 11, 4.

1o Dans sa première prophétie, I, Aggée reproche au peuple son indifférence et sa négligence à relever le temple; il lui montre dans la sécheresse, qui a amené une disette, une punition de cette faute; il exhorte Zorobabel et Jésus, fils de Josédec, le grand-prêtre, à reprendre les travaux, 2-11. Ses avis furent écoutés et l'oeuvre reprise, 12-16.

2o La seconde prophétie, II, 1-10, faite vingt-trois jours après la première, célèbre la gloire du nouveau temple. C'est eassage le plus important de ce livre. En voici la traduction :

Le Seigneur des armées dit ceci :

Encore un peu, et j'ébranlerai le ciel, la terre, les mers et le
J'ébranlerai toutes les nations,

Et il viendra, le Désiré de toutes les nations,

Et je remplira cette maison [le temple] de gloire,

Dit le Seigneur des armées, 11, 7-8.

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Le Désiré de toutes les nations, c'est le Messie, cf. Gen., XLIX, 10, qui est né un peu plus de 500 ans après la prophétie Aggée (1). On a prétendu que cette prophétie ne s'était pai

psaumes, dans les Septante, cxXXVII, CXLV-CXLVIII; dans la Vulgate, cxi et CXLV; dans la version syriaque, cxxv; CXXVI; CXLV-CXLVIII. Les psaumes qui portent leur nom dans la Vulgate peuvent être leur ceuvre; cependant la réunion des deux noms pourrait indiquer plutôt qu'ils en avaient introduit l'usage dans la liturgie juive en les y adaptant. C'est peut être là le sens du passage du Ps.-Épiphane « Aggæus... templi Hierosolymitani instaurationem prævidit; primus illic alleluia ceciuit. » De vitis prophetarum, c. xx, t. XLIII, col. 411. Les prophéties d'Aggée sont indiquées I Esd., v, 1; VI. 14; Heb., XII, 26; cf. Agg, 11, 7.

(1) Le texte hébreu porte: Venient desiderium omnium gentium, mais la Vulgate rend bien le sens de la locution hébraïque, qui siguitie que les désirs de toutes les nations sout comme concentrés dans le Messie, lequel est ainsi réellement le Désiré de tous. Cf. Suétoue, Vespasian., 4. Il faut remarquer cependant que les Septante et les Pères grecs ont

[1107] accomplie, parce que Notre-Seigneur n'était pas entré dans le second temple, mais dans le troisième, reconstruit par Hérode. A cette difficulté on répond ordinairement qu'Hérode n'avait abattu qu'en partie celui de Zorobabel; cependant il est plus probable que le prophète entendait simplement parler du temple du vrai Dieu à Jérusalem, saus même distinguer entre le premier et le second. On applique la prophétie exclusivement au second temple à cause du ỹ. 10: Magna erit gloria domus istius novissimæ plus quam primæ. Si l'on traduit le texte original comme l'a fait la Vulgate, il y a une difficulté ; elle disparaît, en traduisant autrement, comme on en a le droit à la suite des Septante: « La gloire postérieure de cette maison [le temple], sera plus grande que sa [gloire] première (1). » Le temple de Salomon, celui de Zorobabel et

entendu ce passage non de la personne de Jésus-Christ, mais des Gentils convertis : « Venient electa omnium gentium... Fuerunt enim innu. meri ex omni gente, insignes et electi, qui crediderunt, et quasi splendida quædam anathemata, seu donaria in domum Dei congregati, et illi ita decus conciliantes, eamque gloriosam et celebrem reddentes, a Christo vicissim glorificati sunt. » S. Cyrille d'Alex., In Agg., c. xiii, t. LXXI, col. 1046-1047.

(1) Magna erit gloria domus isitus, novissima super primam. « Aggée avait déjà parlé du temple présent comme identique avec celui qui était antérieur à la captivité : Quis in vobis est derelictus qui vidit domum istam, in gloria sua prima? et quid vos videtis hanc nunc? Il avait parlé de sa première gloire. Il dit maintenant, par contraste, que sa gloire postérieure sera plus grande que celle de son temps le plus glorieux. De cette manière, la question de savoir si le temple d'Hérode était un édifice matériellement différent de celui de Zorobabel est sans importance... [Du reste], un temple érigé 1800 ans après la ruine de celui-là, alors même que l'Antechrist viendrait maintenant et élèverait un temple à Jérusalem, ne pourrait être un accomplissement de cette prophétie. » Pusey, The Minor Prophets, 1875, p. 497. - S. Augustin donne une autre explication de ce passage d'Aggée : « Hæc prophetia partim jam completa cernitur, partim speratur in fine complenda. Movit enim cœlum, angelorum et siderum testimonio, quando incarnatus est Christus. Movit terram ingenti miraculo, de ipso Virginis partu. Movit mare et aridam, cum et in insulis et in orbe toto Christus annuntiatur. Ita moveri omnes gentes videmus ad fidem. Jam vero quod sequitur: Et veniet Desideratus cunctis gentibus, de novissimo ejus exspectatur adventu. » De Civ. Dei, 1. XVIII, c. xxxv, t. XLI, col. 593. 11 développe plus longuement cette idée, c. XLVIII, col. 610 : « Prophetiam Aggæi, qua dixit majorem futuram gloriam domus Dei quam pri

d'Hérode, båtis sur le même emplacement et sur un plan semblable, sont considérés comme le même édifice. La gloire que lui procurera le Messie par sa venue dépassera celle qu'il avait eue du temps de Salomon. Le prophète remarque notamment que Notre-Seigneur y apportera la paix : In loco isto dabo pacem, 11, 10, ce qui est un des traits les plus caractéristiques du règne messianique, Is., IX, 6.

3o Trois mois après la seconde prophétie, Aggée en fit une nouvelle, 1, 11-20 (1). Le peuple avait repris les travaux du temple, Dieu lui annonce que la disette par laquelle il avait puni sa négligence touche à son terme, et qu'il va lui donner une abondante récolte.

4o La quatrième et dernière prophétie, 1, 21-24, la plug courte de toutes, eut lieu le même jour que la troisième : c'est une promesse par laquelle Dieu s'engage à garder et à protéger Zorobabel, le représentant de la maison de David, au milieu de tous les bouleversements politiques qui vont ébranler le monde. Ces derniers mots nous font entrevoir le règne du Messie.

mum fuisset, non in reædificatione templi, sed in Ecclesia Christi esse completam. S. Justin soutient la même opinion. Dial. cum Tryph., mais elle n'est pas généralement adoptée.

(1) Dieu charge le prophète de demander aux prêtres une explication sur la loi : Interroga sacerdotes legem, II, 12. S. Jérôme commente longuement ces mots, In Agg., t. xxv, col. 1406, et il conclut, col. 1407, par ces paroles dignes d'attention : « Hæc prolixius posui, ut tam ex Veteri quam ex Novo Testamento, sacerdotum esse officium noverimus, scire legem Dei et respondere ad quæ fuerint interrogati. Nec simplicitatem et ciborum continentiam in magistro sufficere: nisi quod ipse facit, possit et alios erudire. Certe quia responsuros puto: hoc eorum esse qui se ab adolescentia præparant ad docendum, frequenter autem judicio Domini, et populorum suffragio in sacerdotium simplices eligi saltem illud habeant ut postquam sacerdotes fuerint ordinati, discant legem Dei, ut possint docere quod didicerint, et augeant scienliam magis quam opes et non erubescant a laicis discere, qui noverint ea quæ ad officium pertinent sacerdotum : magisqué noctes et dies in Scripturarum tractatu quam in ratiociniis et supputatione consumant. »

ARTICLE XI.

Zacharie.

Vie. Division de ses prophéties. - Ses visions. Réponse aux envoyés de Béthel. Prophéties contre Hadrach et Israël. — Leur authenticité.

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Zacharie, «< celui dont Jéhovah se souvient, » est le onzième des petits prophètes. Il était de race sacerdotale, fils de Barachie et petit-fils d'Addo, 1, 1, 7. Addo était le chef d'une des familles sacerdotales revenues de captivité avec Zorobabel, II Esd., XII, 4, 16. A cause de sa renommée, Zacharie est appelé son fils, par omission du nom de Barachie, dans I Esd., v, 1; vi, 14 (1). Il commença à prophétiser la même année qu'Aggée, deux mois après lui, l'an 520 avant J-C., I, 1. La prophétie du ch. vii est de l'an 518, VII, 1; ses deux derniers oracles, IX-XIV, sont postérieurs à celui de 518, mais nous en ignorons la date précise, de sorte qu'il est impossible de savoir combien de temps dura son ministère prophétique. Une partie du livre renferme des visions et des symboles, 1, 7-v1; une autre, de simples discours, VII-VIII; les derniers chapitres, IX-XIV, sont de magnifiques tableaux. Le style est vif, coloré; la langue pure et presque sans aramaïsmes.

1109.

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Division générale des prophéties de Zacharie.

La prophétie de Zacharie se divise en trois parties très distinctes 1° Une série de visions, 1, 7-v1; 2° un discours contenant une réponse de Dieu aux envoyés de Béthel, au sujet du jeûne institué en mémoire de la prise de Jérusalem

(1) C'est l'explication la plus simple de Zach., I, 1 et de I Esd., v, 1; VI, 14; elle est d'accord avec notre Vulgate, Zach., 1, 1. S. Jérôme, In Zach., 1, 1, t. xxv, col. 1417, semble supposer que le père de Zacharie avait deux noms, Barachie et Addo. S. Cyrille d'Alexandrie dit que Barachie était le père de Zacharie selon la chair et qu'Addo l'était selon l'esprit, lui ayant servi de maître, In Zach. Proœm. La tradition juive, Tr. Megilla, fol. 17, 2-18, 1; Raschi, ad Baba Bathra, fol. 15 a; fait de Zacharie comme d'Aggée un membre de la grande Synagogue,

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