« ple... Où est donc mon intérêt? Hélas! « quand mon frère s'est converti au catho«licisme et s'est fait prêtre, j'ai été de << toute la famille celui qui l'a persécuté << avec le plus d'acharnement. Nous étions « brouillés; moi du moins je le détestais, « car lui il m'avait pardonné. A l'époque « de mes fiançailles, je me dis qu'il fallait « me réconcilier avec mon frère; je lui écri« vis quelques lignes bien froides, et il me « répondit par une lettre pleine de ten«dresse et de charité... « L'un de mes jeunes neveux mourut il « y a dix-huit mois. Mon frère l'abbé vou<< lut le baptiser; quand je le sus, je fus « comme un furieux. ..... J'espère que Dieu m'enverra de << cruelles épreuves, afin de lui rendre << gloire, et de prouver au monde que je <<< suis de bonne foi. >>> Oui, il est de bonne foi l'homme qui, à l'âge de vingt-huit ans, sacrifie toutes les joies de son cœur, toutes les espérances de sa vie, pour obéir à sa conscience. Car il a apprécié toutes les conséquences de sa résolution; car il sait déjà que le christianisme, c'est le culte de la croix; on lui a dit et répété toutes les épreuves qui l'attendent, tous les devoirs qu'impose la religion nouvelle dans laquelle il brûle d'entrer. Dès le premier moment où il a demandé le baptême, on l'a conduit auprès du vénérable Père qui dirige une Société bien chère à tous les amis de Dieu. Celui-ci, après l'avoir écouté avec une douce bonté, mais en même temps avec une grande gravité, lui a fait considérer attentivement les sacrifices qu'il aurait à faire, les graves obligations qu'il aurait à remplir, les combats particuliers qui l'attendaient, les tentations, les épreuves de toute nature auxquelles une résolution semblable allait l'exposer; et lui montrant un crucifix, qui était sur sa table: << Cette croix, lui dit-il, que vous avez vue « pendant votre sommeil, quand une fois << vous serez baptisé, non-seulement il fau<< dra l'adorer, mais la porter; » puis, ouvrant le livre des saintes Écritures, il chercha le 2o chapitre de l'Ecclésiastique, et lut à M. Ratisbonne ces paroles : « Mon fils, lorsque vous vous engagez au « service de Dieu, préparez votre âme à la tentation et à l'épreuve, et deineurez << ferme dans la justice et dans la crainte << du Seigneur; tenez votre âme humiliée, et affendez dans la patience; prêtez l'orcille « aux paroles de la sagesse, et ne perdez « point courage au moment de l'épreuve'; souffrez avec patience l'attente et les re<< tards de Dieu. Demeurez uni à Dieu, ét ne vous lassez pas d'attendre, acceptez de bon cœur tout ce qui vous arrivera, de«meurez en paix dans votre douleur, et au << temps de votre humiliation conservez la << patience, car l'or et l'argent s'épurent « par le feu, mais les hommes que Dieu a veut recevoir au nombre des siens, il les << éprouve dans le creuset des humiliations « et de la douleur. Ayez donc confiance en << Dieu, et il vous tirera de tous vos maux; a espérez en lui, conservez sa crainte, et a vieillissez dans son amour. >>> La lecture de ces divines paroles fit sur Ratisbonne une profonde impression. Loin de le décourager, elles affermirent sa résolution, en le faisant entrer dès lors dans les sentiments du christianisme le plus sérieux et le plus fort. Il les écouta néanmoins en silence; mais à la fin de la retraite qui précéda son baptême, la veille de cette grande journée, il alla, le soir, trouver le saint prêtre qui lui avait lu ces paroles huit jours auparavant, et lui en demanda une copie, en disant, qu'il voulait les conserver, et les méditer tous les jours de sa vie. Tels sont les faits que je livre à la méditation de tous les hommes sérieux. Je les ai exposés sans art, dans toute leur simplicité, dans toute leur vérité, pour l'édification de ceux qui croient, pour l'enseignement de ceux qui cherchent encore le lieu de leur repos; heureux si, après avoir erré trop longtemps moi-même dans les ténèbres et les contradictions des sectes protestantes, je pouvais, par ce simple récit, inspirer à quelque frère égaré la volonté de s'écrier, comme l'aveugle de l'Évangile: Seigneur, faites que je voie; car celui qui prie ouvre bientôt les yeux au soleil de la vérité catholique. Les personnes pieuses, qui se trouvaient réunies aujourd'hui dans l'église du Jésus, conserveront longtemps le souvenir de la solennité qui a couronné, de la manière la plus éclatante, l'événement extraordinaire dont la ville entière est encore tout émue, et constaté aux yeux de tous un de ces miracles de la grâce, dont la miséricorde infinie se sert pour ranimer la foi des tièdes, et attirer dans une voie meilleure ceux qui marchaient encore dans les ténèbres. M. Ratisbonne a fait, entre les mains du cardinal vicaire, profession de la foi catholique; il a reçu le baptême, la confirma |